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ElNino27

Séisme à Haïti

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On n'a pas encore de nombre de tués, mais vu tous les bâtiments qui se sont effondrés, la puissance et la profondeur du séisme, cela risque de faire une énorme catastrophe ! :crying:

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On parle d'un séisme de magnitude 7 ou 7,3 pour l'instant, suivi de deux violentes répliques de magnitude 5,9 et 5,5. Il y aurait des centaines, peut être même des milliers de morts. J'ai mal pour ce pays et ses habitants. :crying: Que Dieu les garde.

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Je viens de voir quelques images sur Euronews, c'est terrible!

Il ne reste rien...et de quoi parle-t-on du palais présidentiel et de la base de l'ONU.... misérable....

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Pauvres gens, ils n'ont déja pas grand chose...

:(

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10 kilomètres de profondeur ... Putain c'est rien !

J'ai l'impression que c'est plus grave qu'en Indonésie !

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Et l'épicentre est juste à côté de la capitale. C'est vraiment la pire des possibilité. :crying:

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Et l'épicentre est juste à côté de la capitale. C'est vraiment la pire des possibilité. :crying:

et la terre n'arrête pas de trembler... depuis le séisme de magnitude 7, une quinzaine d'autres ont été enregistrés depuis et de forte magnitude également : 4,8, 5...

il est normal que le palais présidentiel soit évoqué dans les reportages... c'est de là qu'en principe aurait du s'organiser la mise en place des secours et donc de la cellule d'urgence. c'est un endroit stratégique... enfin cela devait l'être...

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C'est vraiment énorme , pourquoi le sort s'acharne toujours sur les pays les plus pauvre ... toutes les personnes qui vivent la son pauvre . Mais maintenant c'est pas qu'elles sont pauvre c'est qu'elles ont plus rien ... avec des morts en plus ..... :(

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Tout comme la Turquie il y a de cela quelques annees, il y a fort a parier que la qualite de la construction y est pour quelque chose dans le drame qui secoue haiti.

On sait qu'a l'epoque, nombreux ont etes les turcs a denoncer les politiques qui ont laisses faire tout et n'importe quoi au niveau urbanistique.

1) En Haiti, pays qui est l'un des moins riche au monde, les fonds en provenance des pays etranger aident a developper les infrastructures et parmis celle-ci la construction d'ecoles, de batiments publiques et bien d'autres choses encore comme l'instalaltion d'eau courante.

Malheureusement, Haiti a ete dirigee durant de nombreuses annees par des dictateurs et l'argent qui devait servir le peuple a ete detourne au profit des dirigeants.

2) Le fait aussi qu'Haiti n'est pas une zone sismique habituelle* a egalement permis de realiser des constructions au "standard" local. C'est a dire avec les moyens du bord et sans regles de securite et/ou sans entretien pour les batiments les plus anciens. Ce n'est evidemment pas le Japon.

*Le dernier tremblement de terre a Haiti remonte a plus de 200 ans, de quoi largement oublier.

3) Les frequents ouragans, tempetes et depressions tropicales qui chaque annee viennent apporter leurs litres de pluies dilluviennes. Notamment les inondations en 2008 qui ont certainement fragilise petit a petit les infrastructures.

4) La profondeur a laquelle le tremblement de terre s'est declare a egalement permis cette catastrophe.

On parle de 10 Km de profondeur, pour ainsi dire c'est en surface.

Apres le Tsunami en Asie du Sud-Est, le systeme de detection a enfin ete mis en place pour eviter un nouveau drame.

Maintenant que la capitale haitienne est detruite, peut-etre y aura-t-il a une nouvelle maniere de voir les choses sur l'ile et dans les Antilles

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http://www.lemonde.fr/ameriques/article/20...#ens_id=1290927

Romancier récompensé à l'automne 2009 par le prix Médicis pour L'Enigme du retour (Grasset), Dany Laferrière faisait partie des écrivains invités au festival Etonnants Voyageurs en Haïti, qui devait avoir lieu à Port-au-Prince du 14 au 21 janvier. Après plusieurs jours passés dans la capitale haïtienne, de retour à Montréal, où il réside depuis de longues années, il nous a accordé, vendredi 15 janvier, un entretien.

Où étiez-vous lorsque le séisme s'est produit ?

J'étais à l'Hôtel Karibé, qui se situe à Pétionville, en compagnie de l'éditeur Rodney Saint-Eloi. Il venait juste d'arriver et voulait aller dans sa chambre. Comme j'avais faim, je l'ai entraîné au restaurant et cela l'a peut-être sauvé… Nous étions donc en train de dîner lorsque nous avons entendu un bruit très fort. Dans un premier temps, j'ai pensé que c'était une explosion qui venait des cuisines, puis ensuite j'ai compris qu'il s'agissait d'un tremblement de terre. Je suis aussitôt sorti dans la cour et me suis couché par terre. Il y a eu soixante secondes interminables où j'ai eu l'impression que ça allait non seulement jamais finir, mais que le sol pouvait s'ouvrir. C'est énorme. On a le sentiment que la terre devient une feuille de papier. Il n'y plus de densité, vous ne sentez plus rien, le sol est totalement mou.

Et après ces soixante secondes ?

Nous nous sommes relevés et nous nous sommes dit qu'il fallait s'éloigner de l'hôtel, qui est un bâtiment assez haut, donc peu sûr. Nous sommes alors descendus vers le terrain de tennis, où tout le monde s'est regroupé. Deux ou trois minutes plus tard, nous avons commencé à entendre des cris… Près de l'hôtel, où il n'y avait que peu de dégâts, il y a, dans la cour, de petits immeubles où les gens vivent à l'année. Tous étaient effondrés. On a dénombré neuf morts. Alors qu'on redoutait d'autres secousses, des personnes se sont levées pour commencer à porter secours.

Un énorme silence est tombé sur la ville. Personne ne bougeait ou presque. Chacun essayait d'imaginer où pouvaient se trouver ses proches. Car lorsque le séisme s'est produit, mardi 12 janvier, Port-au-Prince était en plein mouvement. A 16heures, les élèves traînent encore après les cours. C'est le moment où les gens font leurs dernières courses avant de rentrer et où il y a des embouteillages. Une heure d'éclatement total de la société, d'éparpillement. Entre 15 et 16heures, vous savez où se trouvent vos proches mais pas à 16h50. L'angoisse était totale. Elle a créé un silence étourdissant qui a duré des heures. Ensuite, on a commencé à rechercher les gens. Nous sommes retournés à l'hôtel et, grâce à la radio américaine et au bouche-à-oreille, on a appris que le palais présidentiel s'était effondré mais que le président Préval était sauf. Mais personne autourde nous n'avait de nouvelles de sa famille.

Comment en avez-vous eu ?

Grâce à mon ami, le romancier Lyonel Trouillot, admirable. Bien qu'il ait des difficultés pour marcher, il est venu à pied jusqu'à l'hôtel. Nous étions sur le terrain de tennis, il ne nous a pas vus. Il est revenu le lendemain en voiture pour m'emmener chez ma mère. Après quoi, nous sommes passés voir le grand Frankétienne [dramaturge et écrivain], qui avait sa maison fissurée et qui était en larmes. Juste avant le séisme, il répétait le solo d'une de ses pièces de théâtre qui évoque un tremblement de terre à Port-au-Prince. Il m'a dit: "On ne peut plus jouer cette pièce."

Je lui ai répondu: "Ne laisse pas tomber, c'est la culture qui nous sauvera. Fais ce que tu sais faire." Ce tremblement de terre est un événement tragique, mais la culture, c'est ce qui structure ce pays. Je l'ai incité à sortir en lui disant que les gens avaient besoin de le voir. Lorsque les repères physiques tombent, il reste les repères humains. Frankétienne, cet immense artiste, est une métaphore de Port-au-Prince. Il fallait qu'il sorte de chez lui. En me rendant chez ma mère, j'étais angoissé car j'ai vu des immeubles en apparence solides totalement détruits, et aussi d'innombrables victimes.

Même à Pétionville, moins touchée ?

Oui, beaucoup. J'ai commencé à les compter, puis j'ai cessé… C'étaient des piles de corps que les gens disposaient avec soin, le long des routes, en les couvrant d'un drap ou d'un tissu. Après le temps de silence et d'angoisse, les gens ont commencé à sortir et à s'organiser, à colmater leurs maisons. Car ce qui a sauvé cette ville c'est l'énergie des plus pauvres. Pour aider, pour aller chercher à manger, tous ces gens ont créé une grande énergie dans toute la ville. Ils ont donné l'impression que la ville était vivante. Sans eux, Port-au-Prince serait restée une ville morte, car les gens qui ont de quoi vivre sont restés chez eux pour la plupart.

C'est pour témoigner de cette énergie que vous êtes rentré ?

En effet, mais pas seulement. Lorsque l'ambassade du Canada m'a proposé d'embarquer vendredi, j'ai accepté car je craignais que cette catastrophe ne provoque un discours très stéréotypé. Il faut cesser d'employer ce terme de malédiction. C'est un mot insultant qui sous-entend qu'Haïti a fait quelque chose de mal et qu'il le paye.

C'est un mot qui ne veut rien dire scientifiquement. On a subi des cyclones, pour des raisons précises, il n'y a pas eu de tremblement de terre d'une telle magnitude depuis deux cents ans. Si c'était une malédiction, alors il faudrait dire aussi que la Californie ou le Japon sont maudits. Passe encore que des télévangélistes américains prétendent que les Haïtiens ont passé un pacte avec le diable, mais pas les médias… Ils feraient mieux de parler de cette énergie incroyable que j'ai vue, de ces hommes et de ces femmes qui, avec courage et dignité, s'entraident. Bien que la ville soit en partie détruite et que l'Etat soit décapité, les gens restent, travaillent et vivent. Alors de grâce, cessez d'employer le terme de malédiction, Haïti n'a rien fait, ne paye rien, c'est une catastrophe qui pourrait arriver n'importe où.

Il y a une autre expression qu'il faudrait cesser d'employer à tort et à travers, c'est celle de pillage. Quand les gens, au péril de leur vie, vont dans les décombres chercher de quoi boire et se nourrir avant que des grues ne viennent tout raser, cela ne s'apparente pas à du pillage mais à de la survie. Il y aura sans doute du pillage plus tard, car toute ville de deux millions d'habitants possède son quota de bandits, mais jusqu'ici ce que j'ai vu ce ne sont que des gens qui font ce qu'ils peuvent pour survivre.

Comment est perçue la mobilisation internationale ?

Les gens sentent que cette fois, cette aide est sérieuse, que ce n'est pas un geste théâtral comme cela a pu se produire par le passé. On perçoit que les gouvernements étrangers veulent vraiment faire quelque pour chose pour Haïti, et aussi que dans le pays personne ne veut détourner cette aide. Car ce qui vient de se produire est bien trop grave. Il y a tant à faire, à commencer par ramasser les morts. Cela prendra sans doute plusieurs semaines. Ensuite, il faudra déblayer toute la ville pour éviter les épidémies. Mais le problème numéro un, c'est l'eau, car à Port-au-Prince, elle est polluée. Habituellement, on la fait bouillir pour la boire, mais il n'y a plus de gaz.

Les Haïtiens espèrent beaucoup de la communauté internationale. Si des choses sont décidées à un très haut niveau, dans le cadre d'un vaste plan de reconstruction, alors les Haïtiens sont prêts à accepter cette dernière souffrance. La représentation de l'Etat, à travers le gouvernement décimé, étant touchée, c'est le moment d'aller droit vers le peuple et de faire enfin quelque chose d'audacieux pour ce pays.

Propos recueillis par Christine Rousseau

Modifié par paix

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http://news.blog.lemonde.fr/2010/01/19/red...s-leur-dignite/

Redonner aux morts leur dignité

Une semaine après la catastrophe qui a frappé Haïti, mardi 12 janvier, la priorité va bien sûr aux survivants : porter secours aux rescapés, soigner les blessés, leur amener eau et nourriture. Mais la question des cadavres devient de plus en plus cruciale. Les morgues, lorsqu’elles sont encore en état de fonctionnement, sont saturées. Des corps jonchent encore les rues des principales localités touchées par le séisme, regroupés sur des trottoirs. La plupart seront enterrés dans des fosses communes, souvent sans avoir été identifiés ni comptabilisés. Certains seront simplement incinérés sur place.

Pour les familles qui ont perdu des proches, les efforts pour retrouver les corps des disparus seront quasiment vains. Bien peu sont ceux qui bénéficieront d’une sépulture digne de ce nom. Plusieurs organismes s’inquiètent de cette situation, redoutant que pour les survivants, le travail de deuil soit impossible.

En 2004, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Organisation pan-américaine de la santé ont édité un manuel, à destination des secouristes, sur la gestion des dépouilles mortelles lors de catastrophes. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a fait de même pour ses équipes, preuve que la question est centrale pour les organes de secours.

“La mort d’un proche laisse une marque indélébile sur les survivants, note l’OMS en introduction de son manuel. Malheureusement, par manque d’information, les familles souffrent d’autant plus que les corps de leurs morts n’ont pas été pris en charge de manière satisfaisante. Cette souffrance additionnelle est inacceptable, surtout lorsqu’elle est la conséquence directe d’actions menées par les autorités ou les humanitaires.”

Ne pas enterrer les morts dans l’urgence

Le CICR a dépêché deux experts médico-légaux en Haïti. Ute Hofmeister, leur coordinatrice à Genève, explique ainsi leur démarche : “Généralement, en cas de catastrophe naturelle, nous conseillons de conserver les dépouilles de victimes le plus longtemps possible dans des chambres froides, pour permettre leur identification ultérieure. Car contrairement à une idée reçue, les victimes mortes des suites de leurs blessures ou de déshydratation ne sont pas porteuses de maladies infectieuses.” En d’autres termes, au moment de leur mort, la majorité des victimes d’Haïti étaient en bonne santé.

“Il n’y a pas d’urgence à enterrer ou incinérer les corps”, poursuit Mme Hofmeister. Mais dans le cas d’Haïti, la destruction des infrastructures locales est telle qu’il est impossible de les entreposer dans des chambres froides. Or, “nous ne pouvons les laisser dans la rue, car cela pose un problème d’hygiène”. Outre leur odeur à la limite du supportable, les corps continuent de rejeter des matières fécales qui peuvent contaminer rivières et autres sources d’eau, et provoquer des maladies diarrhéiques. Mais surtout, insiste Ute Hofmeister, l’amoncellement de corps à la vue de tous est contraire à leur dignité et cause de souffrances psychologiques. Le CICR a envoyé des sacs pour protéger les dépouilles. Mais leur nombre, 3 000, semble bien dérisoire. La plupart des cadavres sont couverts d’un simple drap ou d’un bout de carton.

“Nous conseillons alors de traiter les corps de façon très simple et digne. L’idéal est de tenir un registre élémentaire, gardant la trace de quelques informations simples : où le corps a été trouvé, avec éventuellement une photo et un bout de vêtement, et une indication sur le lieu où il a été enterré.” Mais dans l’urgence à laquelle fait face Haïti, ces conseils sont difficilement applicables, reconnaît la médecin de la Croix-Rouge.

Un employé de la morgue de Port-au-Prince, le 15 janvier.Les enterrements dans les fosses communes sont parfois pris en charge par les autorités locales. Le plus souvent, ce sont des voisins volontaires qui se chargent de transporter les corps. Vu l’ampleur de la tâche et la désorganisation, la tenue d’un registre semble illusoire. Le CICR et l’OMS tentent malgré tout d’encourager leurs équipes locales à garder une trace des corps enterrés.

Travail de deuil

Quant à l’identification des victimes, elle risque d’être relativement “artisanale”, malgré l’envoi sur place de plusieurs équipes d’experts (par Interpol notamment). Ute Hofmeister ne croit guère à une identification “scientifique” des victimes d’Haïti par prélèvements d’ADN, des empreintes digitales ou des mâchoires.

Comment dès lors permettre aux familles de faire leur deuil ? Ce sera tout le travail des équipes de soutien psycho-social qui prendront le relais des secouristes, une fois l’urgence passée. Cet accompagnement des familles doit pallier le manque d’informations sur ce qu’il advenu d’un disparu, et surtout, prendre en compte les traditions locales et le rapport aux morts.

Les rites funéraires sont centraux dans la vie des Haïtiens, très religieux, et font partie des cérémonies les plus sacrées. La religion vaudoue, selon laquelle les morts continuent de vivre et que les familles doivent rester connectées avec leurs ancêtres, est très répandue dans le pays. En Haïti, ne pas pouvoir dire adieu est considéré comme une insulte.

Mathilde Gérard

Modifié par paix

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Encore plus superficiel que l'autre ? Bientôt, il y aura des tremblements de terre aériens ! :blink:

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Je ne suis pas abonné au Monde, mais je trouve qu'ils font parfois des articles de qualités, dont celui là :

http://www.lemonde.fr/ameriques/article/20...#ens_id=1290927

Quitter Port-au-Prince. Ou plutôt fuir. Fuir cette ville qui a tremblé une nouvelle fois, au petit matin du mercredi 20 janvier, une semaine après le séisme. La secousse, de magnitude 6,1, a mis à terre plusieurs bâtiments, mais n'a pas fait de nouvelles victimes. Les habitants dormaient à l'extérieur.

Fuir n'importe où pourvu qu'on y respire. Quitter la capitale d'Haïti aux allures de fin du monde. Quitter les ruines devenues sépultures. La foule, les sirènes, l'odeur poivrée de la mort, les fleuves d'immondices. Des milliers d'habitants ne pensent plus qu'à cela. Partir. Et les autorités l'observent sans déplaisir. "On encourage l'exode, pourquoi ne pas le dire ?, reconnaît le maire de Port-au-Prince, Jean-Yves Jason. Le désengorgement de la ville ne peut que nous servir. Que les familles qui le peuvent repartent vers la province dont beaucoup sont originaires. Qu'elles y trouvent temporairement un peu de paix. Nous avons tant à faire, ici, avant de les accueillir à nouveau."

Ils partent, donc. Combien ? Impossible de savoir. Des dizaines et des dizaines de milliers. Stressés. Epuisés. Angoissés. Port-au-Prince qui, toujours, joua le rôle d'aimant pour les gens de province en quête de travail et de mieux-être, est aujourd'hui repoussoir. "A la moindre crise, les habitants de la capitale, ville de transit de près de 2,5 millions d'habitants, ont toujours eu le réflexe du retour au village, explique Gregory Brandt, président de la chambre franco-haïtienne de commerce et d'industrie. Après ce coup de massue, ils retournent aux racines. Ceux qui sont contraints de rester se sentent pris au piège." Comme dans une souricière.

Firmin Louisaint a garé sa voiture devant sa maison branlante et dispose dans le coffre des cartons et bagages. Trois fils et quatre de ses nièces sont déjà entassés sur les sièges. "Ma femme n'est pas revenue de son travail dans un collège de la ville, dit-il. J'ai attendu. Aujourd'hui, je fuis. Je dois mettre au plus vite les enfants à l'abri. Port-au-Prince n'est plus une ville d'enfants. D'ailleurs, il faut être réaliste. Avec 80 % d'écoles détruites, ils sont perdus pour les études pour un bon moment. Autant les mettre au vert. Je pars au Cap-Haïtien", au nord du pays. Les sorties de la ville sont encombrées de taxis et de voitures familiales sur le chemin de l'exode.

René Préval, le président d'Haïti, a réuni les syndicats de transporteurs pour leur demander de mettre un maximum d'autobus à disposition de ceux qui veulent rallier la province. Une véritable réquisition qui a jeté sur les routes, jeudi 21 janvier, des bus blancs, gratuits, appelés "Dignité", et dont la radio diffuse déjà les circuits et destinations. En attendant, les gares routières sont engorgées. Pris d'assaut malgré le triplement du prix de certains billets, d'énormes camions-bus bariolés se frôlent, abusent de leur puissant klaxon, et s'ébranlent dans des nuages de fumée noire.

Dans le bus "Jésus Unique Solution" - la formule flamboie au-dessus du pare-brise -, Désiré Junior, mécanicien, garde un oeil anxieux sur sa femme et son fils, blessés, qu'il entend faire soigner aux Cayes, la ville de ses parents, à 3 h 30 de là. Ernest Guy, lui, part avec sa mère et sa soeur chez une tante, parce qu'il a peur. "Maison cassée, lycée cassé, église cassée. Je pars. Ma vie aussi est cassée." Dans le bus "Tout est vanité", Isménie, 21 ans, fait le deuil de ses études de médecine. "Je n'ai plus les moyens, plus l'énergie, plus l'envie, je dors dans la rue depuis cinq jours. Chez ma grand-mère, au moins, j'aurai de l'air, de l'eau et à manger. Basique. Précieux. Je laisse les morts à Port-au-Prince."

Le bus "Fraîcheur du Messie" démarre en trombe et Chelchele Hebel, qui y a déposé son amie, reste comme pétrifiée. "Je n'ai personne en province, et ma famille est sous les décombres. Je dois attendre qu'on les trouve. Un jour, je partirai à l'étranger. Pour le moment, ma place est dans la ville des morts."

Courez aussi au port, a suggéré quelqu'un. Vous y constaterez la "séculaire résignation" des Haïtiens. On a couru. Et ce qu'on y a vu, en se frayant avec difficulté un chemin dans une foule gigantesque et compacte, était en effet stupéfiant.

Sur le bord d'une jetée éventrée, des milliers et des milliers de personnes, familles avec enfants, lycéens, grands-parents, attendaient d'embarquer depuis deux jours, sur des bateaux déjà débordants de passagers, et immobilisés faute de carburant. Des mamans allaitaient des nourrissons, assises sur des sacs de linge, le visage impassible. Les enfants se regardaient, bâillaient, n'avaient besoin d'aucune consigne pour se montrer sages. Les hommes regardaient la mer, du moins ceux qui étaient parvenus à se glisser aux premiers rangs. Deux jours sans bouger pour ne pas perdre une place.

Et la nuit ? La question ne suscite chez une maman qu'un pâle sourire. "On veut tous aller à Jérémie. Il y a de l'air là-bas, du vert, des fruits. Et la sécurité. C'est à douze heures d'ici." Pas une plainte. Pas de violence. A peine l'expression d'une incompréhension : "Le gouvernement devrait tout de même fournir le carburant." Et la détermination à laisser Port-au-Prince derrière soi.

Des ONG s'inquiètent de l'afflux massif de réfugiés dans certaines villes à l'équilibre déjà fragile. Les programmes alimentaires devront être mis en oeuvre bien au-delà des régions touchées par le séisme. On redoute l'inflation. Le maire de Port-au-Prince, lui, a hâte de donner aux habitants de sa ville quelques messages d'espoir. Mais le maire est formel : "Dans ce type de situation, on regarde la mort en face. Et elle baisse les yeux."

Annick Cojean

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On a dépassé les 200 000 morts. :(

http://www.lesoir.be/dossiers/Haiti/article_751827.shtml

Le nombre de morts des suites du séisme du 12 janvier en Haïti dépasse 200.000, selon les derniers chiffres du gouvernement, sur fond de colère de la population contre les autorités qui affirment maîtriser la situation.

Haïti : le bilan s’alourdit à 200.000 morts

« Plus de 200.000 » Haïtiens ont perdu la vie, a annoncé le Premier ministre Jean-Max Bellerive à l’AFP, révisant à la hausse un précédent bilan de 170.000 morts. Il a également parlé de 300.000 blessés et annoncé que 4.000 personnes avaient été amputées à la suite de la catastrophe.

« C’est un désastre au niveau planétaire », a jugé M. Bellerive.

Mais « le gouvernement a toujours été en prise avec les événements et contrôle la situation », a-t-il affirmé dans une interview à l’AFP.

Malgré ces propos, la colère de la population contre le gouvernement s’est exprimée lors de plusieurs manifestations mardi et mercredi.

« Le gouvernement haïtien n’a rien fait pour nous, nous n’avons pas trouvé de travail. Ils ne nous ont pas donné la nourriture qu’il faut », a déclaré à l’AFP Sandrac Baptiste, qui manifestait dans la matinée à Pétion-Ville, dans la banlieue de Port-au-Prince.

Un autre protestataire, un bloc de ciment à la main, a crié qu’il était prêt à se battre. « Si la police tire sur nous, nous mettrons le feu », ont dit en choeur les manifestants.

Anthony Chan, directeur adjoint de l’agence gouvernementale américaine d’aide au développement (USAID), a estimé qu’il était « naturel que (les Haïtiens) se sentent ainsi après un séisme de cette magnitude » et a promis l’embauche de 20.000 personnes d’ici un mois pour distribuer de l’aide, sans convaincre les journalistes haïtiens venus l’écouter, manifestement excédés.

La ministre chargée des femmes, Marjorie Michel, a signalé à l’AFP que des comités de quartier avaient fait état d’une augmentation du nombre de viols dans les camps ces derniers jours, sans fournir d’indication chiffrée. Les victimes refusent de se faire connaître car elles considèrent cela comme « une atteinte à la pudeur », a expliqué la ministre.

Trafic d’enfants : les Américains déférés au Parquet jeudi

Les dix ressortissants américains, soupçonnés d’avoir enlevé une trentaine de petits Haïtiens seront déférés jeudi au Parquet de Port-au-Prince qui doit décider d’engager d’éventuelles poursuites contre eux, a annoncé mercredi le juge chargé du dossier.

La secrétaire d’État américaine Hillary Clinton a qualifié cette affaire de « malencontreuse » et souligné que l’administration Obama avait fait en sorte que seuls puissent voyager vers les Etats-Unis les enfants dont l’éligibilité à l’adoption avait été parfaitement établie par les autorités haïtiennes.

Le nombre d’orphelins haïtiens arrivés aux Etats-Unis depuis le séisme était de 625 mercredi, a indiqué le département d’État.

Le gouvernement du Québec a annoncé pour sa part un assouplissement de ses critères d’immigration familiale pour permettre à 3.000 Haïtiens de venir exceptionnellement retrouver des proches installés dans la province francophone canadienne.

Le Programme alimentaire mondial (PAM) s’est félicité d’avoir récolté près de 230 millions de dollars pour aider Haïti, estimant que le coût global de son intervention pourrait dépasser 800 millions.

Sur le plan institutionnel, l’ONU a demandé à l’ex-président américain Bill Clinton, son émissaire spécial en Haïti, de coordonner l’aide internationale.

Le président français Nicolas Sarkozy se rendra le 17 février prochain à Port-au-Prince tandis que la commissaire européenne désignée à l’Aide humanitaire, la Bulgare Kristalina Georgieva, a promis qu’Haïti serait sa « toute première priorité ».

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:(

http://www.lemonde.fr/ameriques/article/20...03550_3222.html

Un supermarché s'écroule à Haïti avec plusieurs personnes à l'intérieur

LEMONDE.FR avec AFP | 10.02.10 | 06h52 • Mis à jour le 10.02.10 | 07h13

Un des plus grands supermarchés de Port-au-Prince, déjà lourdement endommagé par le séisme, s'est écroulé, mardi 9 février, avec plusieurs personnes à l'intérieur, accentuant l'angoisse d'Haïtiens déjà confrontés au manque de médicaments ou à la difficulté de trouver un emploi. Le Carribean Market, un grand supermarché de Port-au-Prince dont plusieurs étages s'étaient écrasés les uns sur les autres le 12 janvier, s'est effondré en début de soirée sur une poignée de pillards qui se trouvaient à l'intérieur. "Il y avait des pilleurs à l'intérieur du bâtiment, de cinq à huit personnes. J'essayais de les faire sortir quand tout s'est effondré", a raconté le responsable des opérations de déblaiement du site. Des équipes de secours internationales et l'ONU étaient à pied d'œuvre mardi soir pour extraire les victimes des ruines. Une au moins en est sortie vivante après l'effondrement.

Ce nouveau drame a replongé les Port-au-Princiens dans l'effroi de la catastrophe alors que l'histoire miraculeuse d'un homme qui semble avoir vécu vingt-sept jours sous les décombres faisait le tour de la ville mardi. Des médecins qui ont soigné Evans Monsigrace, 28 ans, ont affirmé mardi qu'ils pensaient qu'il avait survécu dans les ruines au séisme du 12 janvier, qui a fait plus de deux cent mille

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http://www.lefigaro.fr/international/2010/...nstruction-.php

Haïti : le périlleux pari de la reconstruction

Thierry Oberlé - Envoyé spécial à Port-au-Prince

02/02/2010 | Mise à jour : 07:58

L'île, qui compte déjà l'une des plus fortes densités d'humanitaires au kilomètre carré, risque aussi de se transformer dans quelques mois en barnum de la charité.

La concurrence entre organismes internationaux, pays donateurs et ONG s'annonce rude. Elle pourrait tourner à la foire d'empoigne.

La reconstruction d'Haïti promet d'être acrobatique. D'une faiblesse chronique, l'État a perdu avec le séisme ses acquis les plus récents. Ses services de douanes et d'impôts, qui constituaient ses principales sources de financement, ont disparu. Son président, René Préval, souffre d'un déficit de crédibilité. Il est critiqué pour son manque de présence au lendemain du désastre. Ce désaveu intervient alors qu'il achève à l'automne son mandat. Ce personnage plutôt effacé n'a pas de successeur désigné et aucun Churchill haïtien n'apparaît.

Les partenaires internationaux qui exerçaient une tutelle de fait sur le pays vont devoir composer avec des dirigeants en posture délicate. «Il sera pourtant crucial de renforcer les struc­tures de l'État, juge Hérard Jarotte, éditeur et universitaire, car, pour le reste, les bailleurs de fonds disposent déjà d'instruments de contrôle pour superviser les projets.»

Grâce à un élan mondial de générosité, Haïti devrait bénéficier, si les promesses d'aide sont tenues, de 4 milliards d'aide. «Le sommet international qui va se tenir en mars à New York devrait entériner la création d'une agence nationale de reconstruction sur le modèle de celles créées en Indonésie après le tsunami ou au Liban pour la reconstruction de Beyrouth», explique un diplomate européen. Le pilo­tage de l'agence devrait être haïtien, avec une forte présence d'experts internationaux. La nouvelle entité sera chargée de recenser et de coordonner les plans de redressement, tandis que le gouvernement gérera les affaires courantes.

Fortes rivalités et divergences

Sur le terrain, la concurrence entre organismes internationaux, pays donateurs et ONG s'annonce rude. Elle pourrait tourner à la foire d'empoigne, tant les rivalités et les divergences sont fortes. Les Nations unies entendent conserver et accroître leurs prérogatives. Les États-Unis ont décidé d'exercer leur leadership. Les Canadiens jouent leur propre carte. Les Européens manquent parfois d'unité. La France exerce un rôle à part en raison de l'histoire et de la langue communes. C'est grâce à une initiative haïtienne que le français est la deuxième langue de travail des Nations unies. En 1945, à la conférence de San Francisco, la délégation haïtienne a réussi à entraîner en faveur de sa proposition le vote latino-américain et à arracher la décision malgré l'hostilité des Anglo-Saxons.

L'île, qui compte déjà l'une des plus fortes densités d'humanitaires au kilomètre carré, risque aussi de se transformer dans quelques mois en barnum de la charité. L'afflux de mouvements caritatifs va aspirer les cadres locaux de bon niveau qui n'ont pas pris le chemin de l'exil. Reste que la mobilisation générale a le mérite de faire d'un pays laissé au bord de la route un enjeu. Dans son rapport sur «Haïti et la France» publié en 2004, Régis Debray écrivait : Haïti est «le témoin de ce que peut faire la communauté internationale pour tirer du gouffre une de ces zones grises qui deviennent ce que les trous noirs sont au cosmos». Un propos plus que jamais de circonstance.

http://www.lemonde.fr/opinions/article/201...#ens_id=1290927

Point de vue

Haïti : l'urgence de la reconstruction institutionnelle, par Laurent Viguier et Eric Yvonnet

LEMONDE.FR | 04.02.10 | 20h00

Sur un fond d'images de dévastation, de souffrance et de mort, on a peine à l'écrire, mais, en Haïti, l'urgence est aussi une urgence institutionnelle.

Dès avant la catastrophe qui a frappé ce pays, l'Etat et les administrations publiques y étaient en ruines. Cette situation n'avait pas seulement pour effet de priver la population de l'accès immédiat aux services de base, ceux-là mêmes que nous considérons comme normaux, dans nos Etats développés, de voir délivrés correctement et sans frais par la puissance publique : l'éducation, la santé par exemple. Elle avait aussi pour conséquence de priver Haïti du résultat des efforts que les " partenaires du développement " étaient prêts à consentir pour elle. Les bailleurs de fonds, même les plus généreux et les mieux intentionnés, ont besoin d'avoir face à eux un Etat local remplissant un minimum de ses fonctions administratives, ne serait-ce que parce qu'ils sont eux-mêmes des bureaucraties complexes et mal coordonnées entre elles, et qu'un minimum de capacité administrative est ainsi indispensable pour dialoguer avec eux. Des sommes considérables, destinées à la plupart des secteurs d'importance cruciale pour la population, étaient ainsi stérilisées faute de trouver leur canal d'emploi.

La communauté internationale est, aujourd'hui, dans l'urgence, au chevet d'Haïti. Elle y apporte, et les Etats-Unis en premier lieu, une capacité d'action matérielle et de gestion de l'urgence sans aucune commune mesure avec les aptitudes d'un Etat haïtien dont la catastrophe a achevé de détruire les faibles capacités. Non seulement les infrastructures publiques, déjà mal adaptées auparavant, sont détruites comme tant d'installations, mais on peut hélas préjuger que beaucoup des trop peu nombreux cadres de valeur de l'administration haïtienne qui n'étaient pas expatriés ont péri dans le séisme.

Le résultat de tout cela est que les partenaires d'Haïti vont très vite se trouver face à un dilemme. Ou bien ils maintiendront une considération minimale pour l'indépendance d'Haïti et en préserveront au moins les apparences, et la question des capacités d'absorption de l'aide qui se posait déjà auparavant se posera de manière décuplée, entravant la reconstruction, prolongeant la désespérance de la population, et menaçant au total une nouvelle fois la stabilité du pays. Ou bien ils choisiront de prendre en mains l'administration du pays. En supposant qu'ils parviennent à le faire d'une manière coordonnée, ce qui ne va déjà pas de soi, il est plus que douteux que les Haïtiens accepteront longtemps une remise en cause trop marquée des apparences de leur souveraineté. L'accueil pour le moins froid réservé localement à la pourtant généreuse proposition de Régis Debray d'accorder au pays un statut de "pupille de l'humanité" suffit à en attester.

Le seul moyen de sortir de ce dilemme est de ne pas négliger, aux côtés de la reconstruction physique du pays, sa reconstruction institutionnelle qui n'est pas une priorité moins urgente. Il est ainsi impératif d'aider les Haïtiens, dans une manière d'opération "coup de poing", à mettre sur pied une équipe de coordination gouvernementale de haut niveau. Elle devra être rapidement apte à jouer un rôle de coordination des interventions des bailleurs de fonds et des ONG. Elle aura ainsi à assurer la visibilité d'une action proprement haïtienne dans la reconstruction, ce qui est peut-être une occasion rare d'asseoir enfin une légitimité minimale de l'Etat dans ce pays. Elle devra enfin projeter, à moyen et long termes, une stratégie de développement institutionnel dont les principes étaient admis avant la catastrophe, et dont les modalités sont à revoir à la lumière de ses conséquences. Il faut que cette équipe soit composée des meilleurs cadres disponibles, et qu'elle reçoive l'appui nécessaire d'une assistance technique de haut niveau mise à disposition d'urgence par les bailleurs de fonds.

Dans cette action sans doute moins spectaculaire que le secours aux victimes, mais tout aussi essentielle pour les années à venir, la France s'honorerait de jouer un rôle d'entraînement auquel tant son savoir-faire que le partage de la langue la prédestinent.

Laurent Viguier est diplomate et chargé de mission pour l'ONU.

Eric Yvonnet est chargé de communication de crise au ministère de l'intérieur.

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http://www.lefigaro.fr/actualite-france/20...rs-d-haiti-.php

Ces souvenirs qui hantent les sauveteurs d'Haïti

Tanguy Berthemet et Cyrille Louis

05/02/2010 | Mise à jour : 08:58 |

Au total, les hommes de la Sécurité civile française ont extrait des décombres15 des 134 survivants retrouvés depuis le séisme.

Confrontés au dénuement des victimes et à la mort omniprésente, ils ont aussi découvert leurs propres limites.

À l'autre bout du fil, on le devine, l'adjudant-chef Éric Dubois vient de ravaler un sanglot. «Je crois que le plus dur, aujourd'hui, ce sont les souvenirs de l'orphelinat…» À défaut de le connaître, on imagine ce gradé de l'escadron de gendarmerie mobile d'Antibes en solide gaillard rompu aux rudesses du maintien de l'ordre. Il n'empêche : le militaire n'a rien oublié de l'épreuve vécue le 18 janvier dernier dans les décombres d'une pouponnière de Port-au-Prince. Ce jour-là, il avait reçu l'ordre de sécuriser l'intervention des sauveteurs français. Sous ses yeux , soixante-huit petits cadavres ont été extraits des décombres. «Depuis, je m'efforce de passer à autre chose, explique-t-il, pudique. Après tout, ce genre de scènes fait partie du métier.»

Après quinze jours à Haïti, nombre des 550 sauveteurs de la Sécurité civile et des 108 gendarmes, dépêchés dès le lendemain du séisme, sont rentrés en France. Ils seront reçus lundi par le premier ministre. Beaucoup, à l'instar de l'adjudant-chef Dubois, confessent avoir été confrontés à des scènes et des émotions d'une violence peu commune. «C'était un peu comme dans un film de guerre» , relate le colonel Franck Louvier qui, issu du corps départemental des pompiers du Val-d'Oise, a coordonné pendant deux semaines l'intervention des médecins français dans les quatre hôpitaux de Port-au-Prince. Tout aussi secoué, un gendarme évoque «un spectacle comparable à celui des villes détruites par les bombardements de la Seconde Guerre mondiale» . D'autres encore décrivent «un chantier gigantesque par sa superficie» ,«des blessures épouvantables» ,«un véritable cauchemar» …

Engagés de 7 heures du matin à 20 heures et plus chaque jour depuis leur arrivée, souvent novices, certains militaires ont parfois peiné à dissimuler leur fatigue. Rencontré le 15 janvier au pied des ruines de l'hôtel Montana, un capitaine médecin avait par exemple renoncé à retenir ses larmes. Il y avait là de la fatigue, de la frustration et une vraie tristesse. Dans ce petit matin, l'officier dut avouer son impuissance. La jeune femme qu'il avait tenté durant huit heures de sauver des décombres était morte. Il avait pourtant tout tenté, restant à genoux sous des tonnes de bétons pour faire une anesthésie générale. «Une partie de son corps était écrasée par des débris, expliquait-il. Elle n'a pas survécu à son extraction.»

Expert en sauvetage-déblaiement, le lieutenant Christophe Carrier, affecté à l'unité d'intervention de Nogent-le-Rotrou, tempère : «C'est vrai que c'est difficile de passer plusieurs jours à sonder les décombres sans parvenir à trouver des survivants. Parfois, on en vient même à se dire qu'on n'a pas bien fait le boulot… Et puis, fort heureusement, on trouve l'énergie de repartir chaque matin et ça finit par payer.» Au total, les hommes de la Sécurité civile française ont extrait des décombres 15 des 134 survivants retrouvés depuis le séisme. Le 28 janvier, soit quinze jours après le tremblement de terre, ils ont notamment sauvé une jeune fille de 16 ans qui se trouvait dans un état d'extrême déshydratation. «Sur le moment, on était tellement concentré sur la nécessité d'aller vite qu'on n'a pas bien pris la mesure de ce miracle, raconte le lieutenant Carrier. C'est seulement au bout d'un quart d'heure que j'ai soudain été parcouru de frissons…»

Une «énorme cohésion»

Responsable de l'hôpital de campagne aménagé dans les jardins de l'ambassade de France, où près de 140 interventions chirurgicales lourdes ont été effectuées depuis le 17 janvier, le médecin-colonel Michel Orcel estime que l'«énorme cohésion» de son unité représente son principal atout. «Bien sûr, on a tous un coup de mou lorsqu'on perd une patiente de 20 ans pour laquelle on s'est battu pendant des heures en mobilisant tous nos moyens de réanimation, confie-t-il. Mais dès que l'un d'entre nous flanche vraiment, il est aussitôt pris en charge par les autres.» Moins catégorique, un jeune sauveteur confie qu'en dépit d'années d'entraînement, il ne s'attendait pas totalement à «ça» - c'est-à-dire aux milliers de cadavres rencontrés sur son chemin depuis son arrivée en ville. «Chaque fois que l'on rentre dans des ruines on en croise un ou deux. À la fin cela devient dur.» La prise de conscience de ses propres limites a également constitué une épreuve. «On devait prendre du temps, se reposer, c'est humain. Mais on savait aussi qu'il y avait des dizaines d'Haïtiens, des enfants peut-être, qui étaient coincés sous les ruines, qui nous attendaient et qui n'avaient guère de temps…»

Confrontés à un flot inédit de fractures ouvertes, de plaies profondes et autres membres broyés, les médecins français se sont souvent raccrochés aux «beaux moments de la vie» surgissant ici ou là. «Nous avons fait plusieurs accouchements qui, à chaque fois, nous redonnaient un peu de force» , sourit le colonel Louvier. Christophe Carrier témoigne avoir été «stupéfait» par «la capacité de ce peuple à rebondir en rouvrant de petits marchés un peu partout - alors que sur les bords de routes, on trouvait encore des chiens et des cochons en train de manger des restes humains.» Un militaire, enfin, salue l'«immense dignité des Haïtiens face à leur douleur physique» .

«Grâce à leur entraînement, nous avons pour l'heure le sentiment que nos personnels ont plutôt bien encaissé le coup» , indique Damien Deluz, le psychologue des sapeurs-pompiers du Val-de-Marne. À toutes fins utiles, tous les militaires engagés se sont vu imposer un «débrief» de 24 heures à Fort-de-France. Un suivi psychologique individualisé leur a également été proposé. «Pour nous, les militaires, ce n'est pas évident de faire appel à ce type de soutien » , estime cependant l'adjudant-chef Éric Dubois.

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217 000, sans doute 230 000 morts. :crying:

Face à l'immensité de la désolation, que dire ? Les mots n'ont plus de sens, les chiffres n'ont plus de sens. On est juste là, à savoir qu'une catastrophe qui nous dépasse a eu lieu. :(

http://www.radio-canada.ca/nouvelles/Inter...iti_bilan.shtml

Le bilan grimpe à 230 000 morts

Une poupée de chiffon est suspendue à des débris d'un immeuble de Port-au-Prince.

En Haïti, le bilan du tremblement de terre du 12 janvier continue de s'alourdir. La ministre des Communications, Marie-Laurence Jocelyn Lassegue, a affirmé mardi que le gouvernement recense maintenant 230 000 morts.

Il s'agit d'une hausse de 18 000 depuis le dernier bilan fourni par les autorités.

Mme Lassegue ajoute que le bilan risque de s'alourdir encore davantage.

Le nombre exact de morts ne sera jamais connu avec exactitude cependant.

Dans les jours qui ont suivi le séisme, des Haïtiens ont été enterrés par milliers dans des fosses communes. Or, une partie de la population n'a tout simplement pas de papiers d'identité.

Selon le gouvernement haïtien, le séisme a fait 300 000 blessés et 1,2 million de sans-abri.

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