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La technique Dvorak

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On ne panique pas :lol2: :lol2:

Y en a beaucoup à lire, mais ce n'est pas du très compliqué.

Je vais partir en vacances cette fin de semaine, et je ne pourrais pas accéder à MB pendant une semaine et demi. Donc, si vous attendez une réponse de ma part, ne vous inquiétez pas si je vous laisse dans le vent un certain temps :blush:

Je vais faire une courte intro. Pendant des siècles, les cyclones tropicaux et les humains se sont livrés une lutte sans pitié et aveugle. L'Ouragan de Terre Neuve, 1775 ; le Grand Ouragan de 1780 ; l'Ouragan de Galveston, 1900 ; le typhon Cobra, 1944 ; autant de cyclones tropicaux qui ont laissé un sillage de mort et de dévastation, frappant aveuglément et sans prévenir. La météorologie a longtemps été impuissante face à ces monstres océaniques, inaccessible à l'observation. Les seules données disponibles provenait de bateau pris dans la tourmente, et en ayant réchappé, ou de terres précédemment frappées par le cyclone. La prévision de l'Ouragan de Galveston, 1900 ; et la prévision de l'Ouragan de la Nouvelle Angleterre, 1938 ; peuvent à eux seul l'attester.

À partir de 1943, des reconnaissances aériennes commencent à être menées. Elles restent cependant irrégulières, et il faudra attendre 1946 pour voir une organisation de ces vols pas comme les autres.

Quelques années plus tard, dans les années 1950, les radars météos commencent à se répandre.

Hurricane_Alice_01_jan_1955_radar.jpg

Couplé aux reconnaissance aériennes, les météorologistes perdent leur œillères, et peuvent mieux suivre les cyclones.

En 1959, Explorer 6 prend les premières photos de la Terre vu de l'espace. Dans les années 60, l'Histoire avance, de nouveau satellite sont lancés régulièrement. On peut enfin voir ces dépressions gigantesque des tropiques.

Hurricane_Anna_1961.JPG

La principale utilisation des satellite à l'époque est alors comparable à celle des radars. Repéré tout cyclone tropical, voir sa trajectoire pour extrapoler son évolution, et dirigé les courageux chasseurs d'ouragans.

Dans les années 1960, des gars comme Fett, Fritz, Hubert et Timchalk, tentent d'inférer la puissance du cyclone par sa présentation sur l'image satellite, mais ces tentatives échouent.

Et, en 1972, puis 1973, tel Zorro monté sur son fidèle Tornado, arrive Dvorak Vernon, qui travaille alors pour l'ESSA, l'ancêtre de la NOAA. Il propose dans une note technique une méthode rigoureuse pour déduire de l'intensité du cyclone tropical au vu de sa présentation sur l'image satellite.

En 1975, il publie un papier, qui fonde les bases de ce qui deviendra la technique Dvorak. Plusieurs fois retouchée, elle ne sera jamais remise en cause pour autant, et sert encore de base au travail de toute agence surveillant les cyclones tropicaux.

1975 donc.

1975 est le moment décisif, où Monsieur Dvorak propose une théorie opérationnelle complète, exploitable sur le champ par n'importe qui n'importe quand n'importe où, du moment qu'il s'agit d'un cyclone tropical.

À sa mort, il ne fera sans doute pas les gros titres des journaux, mais il a apporté à la science des cyclones tropicaux une énorme aide, qui encore aujourd'hui sauve des milliers de vie par an.

Après avoir terminé dans le pathos, on va rentrer dans le lard du fait :P . Je ne vais pas vous faire toute la méthodo de la technique Dvorak, cela se trouve facilement sur Internet, mais plutôt discuter de cette technique.

Un point est déjà à soulever avec la technique de Dvorak, avant même de partir dans une évaluation de l'intensité de l'ouragan. La persistance, la persistance encore, la persistance toujours, la persistance encore et toujours.

La technique se base initialement sur une évaluation des images à 24 heures d'intervalles. Maintenant, nous avons des images toutes les demi heures, et de grande qualité. L'application de la technique ne doit pas pour autant se faire toute les ½ heures, cela n'aurait aucun sens. Actuellement, un nombre Dvorak est établi en lisant les caractéristiques des cyclones sur 3 heures, mais toujours en se basant sur l'évolution des dernières 24 heures. Il peut apparaître des variations court terme très important qui ne sont représentative de rien du tout. Il ne faut jamais oublier que la technique Dvorak a été conçu pour une échelle de temps de 24 heures, et que les oscillations, les ouragans, ils aiment bien.

Initialement, la technique se base sur les images visuelles. Les images IR n'avaient pas encore la qualité que nous leur connaissons, et si Vernon Dvorak a bien conscience de leur possible importance dès le début des années 70, elles ne semblent pas être exploitable dans l'immédiat. Il publiera un nouveau papier en 1984 pour compléter sa théorie et y inclure les images IR.

Sa théorie a ceci de magnifique quand partant d'une observation tout ce qu'il y a de plus empirique, il propose pourtant une théorie générale qui n'a toujours pas trouvé de réponses physiques claires.

J'arrête de causer, et je rentre plus avant dans le lard du sujet :P

Elle se base sur le présupposé que les quatre caractéristiques physique suivantes :

La vorticité (tourbillon en bon français....), qui est directement liée au vents,

Le cisaillement de vent

La température du sommet des nuages

La convection

déforme l'organisation des nuages en schémas généraux et universels.

Et ce schéma s'établit en deux composantes qui prennent un nombre limité (très limité :D ) de configurations :

La composante centrale du système, d'une part (CF, central feature en anglais).

La composante périphérique de la convection d'autre part (BF, banding feature en anglais).

Je vais déjà essayer de détailler les idées au sujet des caractéristiques physiques précitées.

La vorticité, c'est le fait de tourner en rond. Par définition, la vorticité est directement lié aux vents et à la taille du système. Dans l'hémisphère Nord la vorticité est positive pour un cyclone et elle est négative pour un anticyclone. Les nuages suivent le tourbillon et viennent alors s'enrouler autour du centre en bandes convectives. Quand le tourbillon augmente, les bandes convectives viennent s'enrouler plus fortement autour du centre. Bref, ça bande, ça bande.... Et plus ça bande, plus c'est intéressant...

Le cisaillement de vent, c'est le fait d'avoir des vents de vitesse et direction différente à travers les différentes couches de l'atmosphère. Dans ce cas, la convection est déplacée par rapport au centre, ce qui est l'indicateur nécessaire et suffisant d'un cisaillement de vent. De plus, le cisaillement de vent déforme le tourbillon, ce qui fait que le cyclone perd son enroulement nuageux. Plus ça cisaille, moins il y a de chance de voir le cyclone se développer.

La température du sommet des nuages, c'est assez clair, mais sur une image visible, cela semble quelque peu saugrenu, n'est-il pas ? En fait, il faut se souvenir que la troposphère est limité par la tropopause. Plus la convection pousse fort, plus les sommets sont froid. Et le cumulonimbus au sommet froid va donc s'écraser contre la tropopause, en donnant un aspect lisse, régulier. Au contraire, on récupéra un aspect grumeleux, caractéristique d'une convection qui a encore de la place pour monter, si la convection ne pousse pas tant que cela. De plus, les cumulonimbus centraux ne sont pas seul à s'élever, les copains plus périphériques suivent aussi, même si plus faiblement. Si au centre, on déforme notablement la tropopause, les copains périphériques vont suivre aussi, et s'étaler contre la tropopause, même si ils montent moins haut, et ainsi de suite de proche en proche. Donc plus la nappe lisse et régulière s'étend loin, plus la convection est vigoureuse, et plus la température au sommet central est basse.

Et pour la convection, je viens d'en causer en fait. C'est le fait que l'air se met à entrer en ascension pour échanger de l'énergie, et donc cela rejoint le point précédent. Plus ça convecte, plus l'aspect de la nappe de cirrus est lisse et étalé.

Évidemment, sur les images IR, ces deux derniers points sont plus intuitifs. La température au sommet, et l'extension de la nappe de températures froides, est visible immédiatement.

Bref, ce bazar dit, on n'a toujours pas vraiment parlé de cyclones tropicaux....

Et là vient une question cruciale. Il est où le centre du cyclone ?

Parce que ce n'est pas le tout d'avoir un cyclone tropical, il faut aussi trouver son centre. Et là, il n'y a pas de recette miracle, juste de l'expérience, des bonnes images, et un soupçon de chance.

Sur les images visibles, cela est souvent plus facile. Il faut suivre les enroulements nuageux et tracer une spirale qui converge plus ou moins au centre. Quand on peut, il faut essayer de suivre les nuages de bas niveau. En effet, le centre d'un cyclone est divisé en deux partie distincte. Le MLC (Mid Level Center), qui est une caractéristique récurrente des ondes tropicales et cyclone tropicaux. Et le LLC (Low Level Center), qui lui est la caractéristique nécessaire mais non suffisante d'un cyclone tropical. Cependant, la réalité offre rarement des cas d'école, et même si on peut souvent s'en sortir en image visible, ce n'est pas toujours vrai. Les cartes de cisaillement de vent peuvent aussi aider. Si le cyclone est cisaillé du Sud Ouest, et qu'on trouve un centre au Nord de la convection, il y a un problème quelque part...

On peut aussi s'aider des images en micro ondes, qui sondent l'intérieur du système. En général, elles sont adaptées à cet exercice, mais ces images ne sont pas souvent disponibles.

Sinon, il y a l'extrapolation à partir de la prévision de la trajectoire. Cela donne tout de même des résultats assez aléatoire....

Quand on a le centre, on remarque que souvent, les cyclones tropicaux, adoptent une configuration en virgule, avec un centre plus ou moins couvert de nuages. Des bandes convectives d'orages viennent s'enrouler autour du centre, qui présente une convection plus soutenu. Une image pour être plus clair :

post-3513-1278519905_thumb.png

On définit un nombre BF pour la composante périphérique, un nombre CF pour la composante centrale, on pose DT = CF + BF , et on vient de définir une part de la technique Dvorak. Quand la configuration ne souffre aucune ambiguïté, le DT est pris comme étant le T number (T# pour les intimes... ), puis on ajuste le T# pour en faire un nombre CI, pour Current Intensity.

Je reviendrais plus tard sur les contraintes qui lie DT, T# et CI, elles sont riches d'enseignement.

Pour référence, je vous donne ici une table qui lie CI et intensité :

  CI        MWS         MWS         MSLP           MSLP          Saffir-Simpson   
Number    (Knots)      (MPH)     (Atlantic)    (NW Pacific)         Category     
1         25 KTS      29 MPH                                     (Approximate)
1.5       25 KTS      29 MPH      
2         30 KTS      35 MPH      1009 mb        1000 mb
2.5       35 KTS      40 MPH      1005 mb         997 mb
3         45 KTS      52 MPH      1000 mb         991 mb
3.5       55 KTS      63 MPH       994 mb         984 mb
4         65 KTS      75 MPH       987 mb         976 mb        1  (64-83 KTS)
4.5       77 KTS      89 MPH       979 mb         966 mb        1  (64-83 KTS); 2  (84-96 KTS)
5         90 KTS     104 MPH       970 mb         954 mb        2  (84-96 KTS); 3  (97-113 KTS)
5.5      102 KTS     117 MPH       960 mb         941 mb        3  (97-113 KTS)
6        115 KTS     132 MPH       948 mb         927 mb        4  (114-135 KTS)
6.5      127 KTS     146 MPH       935 mb         914 mb        4  (114-135 KTS)
7        140 KTS     161 MPH       921 mb         898 mb        5  (136+  KTS)
7.5      155 KTS     178 MPH       906 mb         879 mb        5  (136+  KTS)
8        170 KTS     196 MPH       890 mb         858 mb        5  (136+  KTS)

Les règles sur l'établissement du nombre CF et BF ont varié au cours des publications. J'essayerais toujours de donner la version la plus « up to date » et la plus « light », je vous fait grâce de la méthodo in extenso. Généralement, il n'y a pas de grosses différences, mais les définitions sont plus rigoureuses et mieux quantifiées avec le temps.

Les bandes convectives font donc partie de la composante périphérique, et en sont d'ailleurs la seule déclinaison. Plus la bande convective et large et plus elle tourne en rond autour du centre, mieux c'est. Si une bande se forme, ces caractéristiques sont ainsi directement lié au tourbillon et à la force de la convection dont je parlais précédemment, même si tout un tas de facteurs intervient pour sculpter une bande convective. On va commencer par rentrer dans le quantitatif. Un nombre noté BF (banding feature) est donc attribué à ces bandes convectives.

BF prend les valeurs (en IR, en visible c'est un poil différent, mais ce n'est pas un poil épais) :

0 quand il y a absence de bande convective ou aucune d'importance.

0,5 quand une bande fait ¼ tour ou plus.

1 quand une bande fait ½ de tour ou plus

1,5 quand une bande fait ¾ de tour ou plus

2 quand une bande fait 1 tour ou plus

2,5, le maximum théorique. Je n'ai pas souvent rencontré ce niveau souvent tout de même ….

Et on en a fini avec BF.

C'est bien beau ces histoires de bandes convectives, m'enfin, ce n'est pas le cœur d'un cyclone. Donc, sans autre transition que ces deux phrases, voyons la composante centrale.

Et là, la question angoissante, à quoi cela ressemble un cyclone tropical ? Et bien, à tout sauf à une joli spirale.

Il y a quatre présentations générales et suivant des règles précises, la composante centrale reçoit un nombre noté CF de 1 à 8 (Central Feature en anglais). Je vous mélange aussi la technique IR et visible. Il n'y a pas de gouffre entre les deux, mais de subtiles différences tout de même.

La bande incurvée, qui se décline en différentes versions.

Le CF de 1 à 4,5 fait que la bande incurvée est souvent le seul moyen de décrire les précurseurs des cyclones tropicaux (T# 1 et 1,5).

Il y a eu différentes définition de la bande incurvée. La plus ancienne que je connaisse se basait sur la largeur de la bande et le diamètre de la courbe. La définition actuelle est basé sur une spirale logarithmique de 10°.

Lorsqu'on approche un tour de rotation, on parle de banding eye en anglais, c'est-à-dire d'œil en cours d'enroulement. Cela définit généralement un ouragan de catégorie 1.

La bande incurvée s'arrête à CF = DT = 4,5 . Il n'y a en effet pas de bandes périphériques, donc BF = 0 . Au delà de 4,5, l'enroulement dépasse 1, on passe à une configuration en œil avec à nouveau un nombre BF.

Le CDO, ou central dense overcast. Dit aussi Embedded pattern pour les images IR.

Le CF est limité entre 2 et 5 ici. Plus le CDO est régulier, lisse, étendu, mieux c'est. Il est important de noter que même un ouragan catégorie 3 peut avoir un CDO...

En IR, on évite de parler de CDO, car les images IR montrent bien souvent la couverture de cirrus de manière si optimale quand on ne voit plus grand chose d'autre en fait. On préfère parler d'Embedded Center avec une technique un peu différente et un CF de 3,5 à 5.

L'œil. Je ne fais pas de dessin, je suppose... Là aussi, il existe une version IR de l'œil.

Le CF est ici compris entre 3 et 8 (assez variable avec les ajustements possibles, en IR l'œil commence plutôt vers 3,5). Par contre, préparez vous à un choc.... Un ouragan de catégorie 1 n'a pas souvent d'œil. Un œil est surtout une configuration des ouragans majeurs en réalité. Il est important de noter qu'une règle veut qu'une configuration œil ne puisse être décrite que si durant les 24 dernières heures le T# a était supérieur à 2. Cela pour éviter la détection de pseudo œil qui apparaissent parfois dans les dépressions et faible tempête.

On pourra noter que l'œil est le seul schéma à ne pas exister de lui même, mais a dérivé, soit d'une bande incurvée, soit d'un creusement du CDO. En prenant les CF maximum de la bande incurvée ou du CDO, et le CF minimum d'un schéma d'œil, on se rend compte qu'il existe une continuité claire. Ce qui fait qu'il est souvent considéré comme un schéma à part entière, sans pour autant en être vraiment un...

Un point important à noter, en IR, la technique de Dvorak est particulièrement fiable avec un œil. La température de l'œil et du mur de l'œil sont des indicateurs très précis de l'intensité réel d'un ouragan.

Le Central Cold Cover indique un arrêt du développement. C'est un cas un peu particulier, marqué par un détachement et un épaississement de la couverture de cirrus.

La configuration cisaillé. Le CF est coincé entre 1,5 et 3,5. Donc, aucun espoir de voir un ouragan cisaillé, c'est totalement incompatible. Elle s'étudie en déterminant la vigueur et l'enroulement de la convection, et son éloignement au centre. Plus la convection et faible et déporté, plus le cyclone est faible (souvenir de Danny, Erika, Henri, …. )

Pour mémoire, on mélange les deux en un nombre DT, tel que DT = BF + CF, c'est la première partie de la technique de Dvorak.

Maintenant, une partie plus curieuse de la technique Dvorak, qui était déjà établi dans les années 70, et qui n'a toujours pas trouvé une réponse physique complète :

dvorakmodel.png

C'est ce qu'on appelle le modèle Dvorak, qui donne un nombre MET, le Model Expected T number.

On détermine si le cyclone se renforce (D pour developping), s'affaiblit (W pour weakening), ou est stable (S pour Stable). On regarde l'évolution du cyclone, on va chercher le T# d'il y a 24 heures, et on suit la courbe pour trouver le MET en fonction de l'évolution qu'on vient d'établir.

Il y a trop rythme pour D et W :

+/- 0,5, lent

+/- 1, typique

+/-1,5, rapide.

Sauf quelque cas d'effondrement très rapide (crash sur de la terre ferme et cisaillement de vent fort ; SST en chute libre et cisaillement de vent fort )et attaque de martiens, les cyclones tropicaux suivent ainsi une évolution régulière. Bien sûr, un cyclone peut passer d'un W lent à un D typique, ou d'un … (je vous passe toutes les solutions possibles :D ) au cours de sa vie, mais le fait est que l'évolution d'un cyclone se fait selon un rythme défini, et que le rythme d'1 unité du T# est souvent respecté sur 24 heures.

Par exemple, pour une configuration bande incurvée sur 5 jours :

dvorak5days.png

Cette image est fondamentale dans la technique de Dvorak, et doit bien être la seule retenue si vous oubliez tout le reste. (Intensity, c'est pour CI, et T-number, c'est bien sûr T#)

Une autre conséquence est qu'un changement d'une unité du T# indique un même changement des conditions physiques, qu'on soit en bas de l'échelle ou au sommet. Pour être plus clair, passer d'un T# 8 (170 nœuds, le max théorique) à un T# 7 (140 nœuds, un catégorie 5) est strictement équivalent à passer d'un T# 3 (45 nœuds, tempête tropicale) à un T# 2 (30 nœuds dépression tropicale). Et cette remarque est aussi valable dans le sens d'une intensification....

Une autre curiosité encore, et qu'on peut s'attendre à un pic d'intensité de 4 (mouvement vers le Nord) à 6 (mouvement vers l'Ouest) jours après le T#1.

J'avais précédemment dit que DT = BF + CF, et que généralement T# = DF sauf ambiguïté. Je reviens donc à ce DT et ce T# que j'avais évoqué tantôt.

Une ambiguïté, c'est quand le MET est franchement différent du DT. Dans l'idée de la technique de Dvorak, le MET et le DT sont deux processus quasi indépendant qui doivent se rejoindre. Il existe également une troisième voie, plus « bourrin » cella là. Elle consiste à choisir parmi un nombre de visuels standardisés, celui qui s'approche le plus de l'image satellite. Ce nombre n'est pratiquement pas ajusté, et est noté PT.

En résumé, on utilise DT = T#

Si ambiguïté avec DT, on utilise un ajustement entre PT et MET.

Le nombre CI, dont je n'ai pratiquement pas parlé, et en fait le T# avec quelques contraintes. La principale est représenté sur le graphe ci dessus. Quand le T# baisse, CI ne suit pas immédiatement, du à l'inertie des vents. Souvent, la convection s'effondre avant les vents. On a donc un rythme de variation de CI différent du T# dans ce cas, avec trois rythme différent (rapide, lent, typique), tel que représenté sur le graphe encore au dessus.

À ce stade, on a fini...

Généralement, les résultats de ce triturage de cerveau sont présenté sous la forme T# / CI par la NOAA :

DATE/TIME LAT LON CLASSIFICATION STORM

07/0545 UTC 21.4N 89.7W T1.0/1.0 96L -- Atlantic

http://www.ssd.noaa.gov/PS/TROP/tdpositions.html

La date, la position du centre, la classification Dvorak, et le nom de la bête étudiée.

La technique de Dvorak à bien sûr ses défauts. Elle est on ne peut plus subjective, et chacun peut avoir tord et raison à la fois, et cela peut vite partir en débat sans queue ni tête du genre p'têt ben que oui, p'têt ben que non. Le NHC a pour rôle de trancher dans le vif, mais bon, ils sont humains eux aussi :lol: .

Un point qu'il est très important de noter, même si cela n'est pas vraiment un défaut, est que les vents ne sont pas liés à la pression. Et ceci est un point fondamental. Les vents ne dépendent en aucun cas de la pression. Il a déjà existé des dépressions tropicales à pression positive.

Les vents sont liés au gradient de pression, et ce champ de pression, rien ni personne ne peut le deviner sans mesure direct. En général, le Pacifique Ouest a un gradient de pression plus faible, ce qui explique que la table qui lie pression et vent soit différente dans le Pacifique Ouest et l'Atlantique/Pacifique Est. Cependant, cette idée est vitale, le gradient de pression est juste supposé. Le plus brillant exemple vient d'être donné par Alex dans l'Atlantique. Une pression de 960/950 hPa, mais des vents de 65/85 nœuds seulement, dû à un gradient de pression très faible.

Ainsi, les estimations de la technique Dvorak tourné autour de 5.5 ou 6. En utilisant la table, la pression estimée était de 960 ou 948 hPa, ce qui est tout à fait valable. Pourtant, les vents n'ont jamais atteint la force d'un ouragan de catégorie 4 à cause d'un faible gradient de pression.

La technique Dvorak est conçu exclusivement pour des cyclones tropicaux. Elle ne peut être appliquée à des cyclones subtropicaux, extratropicaux, polaire, ou à une transition entre un cyclone tropical et un autre type de cyclone.

Un autre défaut est la résolution des images. Elle ne cesse de s'améliorer, et est maintenant de 1 km. Pendant longtemps, il n'avait pas existé de telle résolution, et cela exacerbait les problèmes. De plus, les satellites ne regardent pas à la verticale, mais avec un certain angle de vue. Les images satellites restent ainsi un ensemble de pixels posés les uns à côtés des autres, avec parfois une contamination par le pixel voisin du à l'angle de prise de vue. Sur des pinhole eye, des petits œils, cela peut gêner l'évaluation de leur température, élément clef de la technique de Dvorak en IR.

En IR toujours, trouver le centre et la structure d'un cyclone est plus compliquée. L'IR a une vue très « superficielle », qui rend parfois la recherche du centre et du schéma général à appliquer hasardeuse.

Donc, sauf la nuit, il vaut mieux toujours chercher le centre sur des iamges visibles. Cela explique aussi pour quoi le NHC préfère déclaré une nouvelle TD ou TS quand il y a des images visibles dispo.

Malgré tout, la technique est quand même efficace, avec un risque d'erreur faible (50% des observations sont à +/- 5 nœuds ),

post-3513-1278521151_thumb.png

Mais cette part de subjectivité a pousser certains chercheurs à développer un algorithme automatique. Au début, il y a eu l'ODT et l'AODT (Objective Dvorak Technique et Advanced Objective Dvorak Technique). Le défaut était qu'on plaquait les règles du Dvorak à la machine. Cependant, une machine et un humain ne réfléchissent pas tout à fait de la même manière.... De plus, il fallait expliquer à la machine où était le centre.

Donc, en 2007, le CIMSS a développé un nouvel algorithme, l'ADT (Advanced Dvorak Technique), mais cet algorithme, bien que très efficace, garde ses défauts. Un cas récurrent est une mauvaise identification du centre et donc/ou de schéma à appliquer. Quand l'ADT retrouve le centre et le schéma correct, il faut attendre plusieurs heures pour qu'il sorte à nouveau une estimation réaliste, du à la très forte pondération des résultats précédents pour maintenir le principe de persistance.

L'avenir semble être le couplage des images en micro ondes avec les images IR et visible. Depuis les années 2000, une recherche autour des cyclones tropicaux vu en micro ondes s'est développée. Cela pourra sans doute être une grande aide dans les années à venir.

Mais, malgré tout, le meilleur moyen de savoir l'intensité réel d'un ouragan, c'est encore, comme en 1943, de demander à des aviateurs un peu fou d'aller voir là dedans.

Références et autre joyeusetés. Si vous devez cliquez sur un seul lien, cliquez sur le premier et sur celui de cyclonextreme.com C'est vraiment le plus important pour l'établissement de la technique Dvorak. Je vous avoue que je n'ai moi même pas lu en entier tout ce que je vous balance.... :

Les papiers fondateurs de la technique. On ne clique sur ces liens que les mains moites et le souffle court … :D

ftp://satepsanone.nesdis.noaa.gov/Publica...Dvorak_1984.pdf

http://journals.ametsoc.org/doi/pdf/10.117...%3C0420%3ATCIAA

Les micro ondes :

http://journals.ametsoc.org/doi/pdf/10.117...IE%3E2.0.CO%3B2

http://journals.ametsoc.org/doi/pdf/10.117...IE%3E2.0.CO%3B2

La technique de Dvorak par le détail. Ce n'est pas compliqué, mais il faut être rigoureux et ne pas s'emmêler les pinceau :lol:

http://www.cyclonextreme.com/cyclonenewstechnique11B.htm (et en français s'il vous plaît... )

Le projet ODT :

http://cimss.ssec.wisc.edu/tropic/research...dvorak/odt.html

Le projet ADT et ses produits :

http://cimss.ssec.wisc.edu/tropic2/misc/adt/info.html

http://cimss.ssec.wisc.edu/tropic/adt/sour...7.2.3_Guide.pdf

http://cimss.ssec.wisc.edu/tropic2/real-time/adt/adt.html (l'ADT en real time, quand y a du cyclone en sortie évidement … )

Le portail des micro ondes

http://amsu.ssec.wisc.edu/

F%3E2.0.CO%3B2 (la méthode « officiel » et en anglais est dans l'appendix )

De la relation vents/pression

http://journals.ametsoc.org/doi/pdf/10.1175/WAF965.1

http://journals.ametsoc.org/doi/pdf/10.1175/BAMS-87-9-1195

Et d'autres liens encore :

http://journals.ametsoc.org/doi/pdf/10.1175/BAMS-87-9-1195

http://en.wikipedia.org/wiki/Dvorak_technique

http://www.ssd.noaa.gov/PS/TROP/CI-chart.html

http://www.ssd.noaa.gov/PS/TROP/tdpositions.html

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Application concrète au cas de Karl. Durant quelques heures il a une présentation de catégorie 5 :

--------Intensity------- -Tno Values-- ---Tno/CI Rules--- -Temperature-

Time Final/MSLPLat/Vmax Fnl Adj Ini Cnstrnt Wkng Rpd Cntr Mean Scene EstRMW MW Storm Location Fix

Date (UTC) CI MSLP /BiasAdj/(kts) Tno Raw Raw Limit Flag Wkng Region Cloud Type (km) Score Lat Lon Mthd Comments

2010SEP17 061500 5.9 951.8/ +1.4 /112.4 5.9 5.9 6.9 1.7T/6hr OFF OFF -0.56 -75.04 EYE 11 IR 43.90 19.65 94.97 COMBO

2010SEP17 064500 5.9 951.8/ +1.4 /112.4 5.9 5.9 6.9 1.7T/6hr OFF OFF -3.86 -75.89 EYE 12 IR 43.90 19.65 95.04 COMBO

2010SEP17 071500 5.9 951.8/ +1.4 /112.4 5.9 5.9 7.0 1.7T/6hr OFF OFF -2.76 -76.24 EYE -99 IR 43.90 19.65 95.10 COMBO

On voit (je sais, c'est pas forcément très lisible :D ) que le 17 septembre dans la matinée, le raw T#, c'est à dire le nombre dvorak "brut" établi juste en regardant l'image satellite de l'instant, ce raw T# était à 6.9 ou 7.0, c'est à dire celui d'un ouragan catégorie 5. D'ailleurs l'image du moment le montre bien, et suggère même plus que qu'un "petit" T7.0 :

post-3513-1284805748_thumb.png

Sur l'instant Karl avait cette anneau de convection froid qu'on ne trouve qu'au sommet des catégories 5.

Ceci a aussi déterminé mon émoi, parce que voir Karl prendre l'aspect d'un catégorie 5 juste avant de toucher terre, il y a de quoi s'inquiéter pour ceux qui vont se faire passer dessus par lui.

L'ADT a plutôt bien géré puisque que l'intensité estimé était 952 hPa et 112 noeuds, alors que le NHC donnait 961 et 105 noeuds. Petite surestimation donc pour l'ADT, mais proche du résultat final.

Ainsi, la persistance a jouée à plein. Déjà, l'ADT est fortement contraint pour éviter qu'une évolution transitoire n'influence trop le T# final. Ici, c'était un peu plus qu'une évolution transitoire, mais les contraintes de l'ADT ont permis de donner des résultats cohérents. La contrainte est ici donné à T1,7/6hr, ce qui est réellement beaucoup pour l'ADT. Il faut savoir aussi que cette contrainte est appliqué sur le raw T# et le final T#, et explique en partie la bonne tenue de l'ADT face à l'explosion de Karl.

Mon avis personnel cependant est que si l'ADT avait été totalement "débridé", le raw T# aurait sans doute été plus proche de T7.5, proche du maximum possible.

Il est certain que le Mexique a vraiment eu de la chance. Entre ce maximum de la présentation satellite et l'échouage, il s'est écoulé 10 heures. On ne va pas réécrire l'histoire, mais durant ces 10 heures, pour une raison inconnue, Karl s'est rapidement affaibli. Il me semble probable que si ces 10 heures avaient été utilisé par Karl pour que sa pression et ses vents rejoignent la présentation satellite, le Mexique se serait pris quelque chose entre la catégorie 4 et 5.

Modifié par paix

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