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cumulonimbus

Période très exceptionnelle

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Bonjour à tous,

Peu de personnes, sûrement, se sont rendues compte que nous venons de vivre une période vraiment très exceptionnelle. Et pour cause : tout s’est passé au-dessus de nos têtes et nous, pauvres observateurs collés au sol, nous n’avons rien vu.

Depuis le 3 janvier, les températures en altitude battent tous les records. Les sondages de Beauvechain, qui ne sont réalisés qu’une fois par jour (une fois par nuit à vrai dire), révèlent déjà bien des particularités.

Le 5 janvier à 22 heures, l’on voit déjà, au-dessus d’une inversion, une température de 7°C à 1757 mètres d’altitude, c’est-à-dire bien au-dessus du niveau 850 hPa. Le 7 janvier, toujours à 22 heures, l’on retrouve une énorme isothermie proche de 5°C entre 1473 et 2257 mètres d’altitude. Le 8 janvier, la température monte même jusqu’à 8°C au niveau 850 hPa, à 1541 mètres d’altitude. C’est vraiment beaucoup pour un début de janvier.

Mais le meilleur reste encore à venir, dans nos stations avoisinantes.

À De Bilt aux Pays-Bas, la température reste constamment supérieure à 4°C au niveau 850 hPa entre le 3 et le 8 janvier. Le 6 janvier à une heure du matin, on relève même 9°C à ce niveau, à une altitude de 1585 mètres. Ici, il est également question d’une énorme isothermie, avec des valeurs proches de 9°C cette fois-ci, allant de 931 à… 1842 mètres d’altitude !! En été, une telle température à plus de 1800 mètres pourrait donner au sol, dans les conditions idéales, une valeur de 28°C ! Ajoutons encore à cela que l’isotherme de 0°C, en ce cœur de l’hiver, se situe à plus de 3000 mètres d’altitude. Et les jours suivants, même si la répartition des températures change quelque peu dans les couches moyennes, l’isotherme de 0°C reste obstinément proche des 3000 mètres d’altitude.

Voyons maintenant ce qui se passe à Herstmonceux, dans le sud de l’Angleterre, dans une région plus proche du centre de l’anticyclone. Le ton est donné dès le 3 janvier à 0 heure (heure anglaise). Il fait 10°C au niveau du sol et 9°C à 400 mètres. Et puis… 14°C entre 500 et 700 mètres environ ! Ensuite l’inversion monte plus haut et les températures deviennent moins impressionnantes dans les basses couches, mais le restent dans les moyennes couches. Le 8 janvier à 0 heure par exemple, la température est de 9°C dans les toutes basses couches et descend jusqu’à un petit degré vers 1100 mètres. Puis elle remonte brusquement à 12°C ! Inversion extrêmement marquée donc, avec un gain de 11°C sur moins de 100 mètres. À 1550 mètres (niveau 850 hPa), la température est encore de 10°C, valeur digne d’un petit coup de chaleur au cœur de l’été. Notons qu’en temps normal, la température est de –1 à –2°C en janvier au niveau 850 hPa au-dessus de nos régions, avec de temps en temps une pointe jusqu’à 6 ou 7°C (en moyenne une fois par mois). Mais des valeurs de 9 ou 10°C, à cette saison, sont vraiment exceptionnelles. De même que du dégel au niveau 700 hPa (vers 3000 mètres) est excessivement rare en janvier.

Mais quelles en sont les conséquences pour nous, pauvres observateurs « collés » au sol ?

De la monotonie, encore et encore ! Du point de vue des températures, ce ne sont pas les 10,5°C d’Uccle, du 3 janvier 2013, qui cassent la baraque, ni même les 12,0°C de Passendaele, de Kruishoutem ou de Tirlemont, observés le même jour. Tout ça, parce que l’anticyclone a été terriblement mal placé pour nous, avec une circulation d’ouest à nord apportant de l’humidité et une (très relative) fraîcheur dans les basses couches.

Et les jours d’après, on a même encore observé un léger recul des températures, au contact du sol froid de nos terres. En outre, l’inversion s’est située trop haut pour que les sommets ardennais bénéficient de hautes températures. Mais surtout, ce qui a été frappant cette année, c’est l’absence totale de soleil pendant 7 jours consécutifs. À Zaventem, pendant tout ce temps, on n’a observé que des stratus ou des stratocumulus, avec un ciel désespérément couvert.

Le 3, il s’agissait de stratus fractus suivis de stratus nebulosus, avec de la bruine en matinée et un plafond jamais supérieur à 250 mètres, sauf temporairement en soirée, avec des stratus se transformant en stratocumulus.

Le 4, les stratus étaient à nouveau là, stratus fractus en dessous d’une nappe de stratocumulus à peine plus élevés, accompagnés de bruine tout au long de la journée.

Le 5, le temps est devenu plus brumeux encore, avec des stratus nebulosus toute la journée, de la bruine et un plafond ne dépassant jamais les 200 mètres. En d’autres termes, bien des buildings de la région bruxelloise ont gardé leurs sommets dans le brouillard.

Le 6, la bruine a certes cessé, mais les nuages n’ont guère évolué, stratus durant toute la journée et un plafond toujours aussi bas. Et la nuit suivante, comme la nuit précédente déjà, il y a eu une évolution temporaire en stratocumulus.

Le 7, le plafond s’est enfin relevé (400 mètres le plus souvent), la visibilité s’est améliorée, mais la nappe de statocumulus demeurait parfaitement close. Pas le moindre rayon de soleil en vue.

Le 8, le plafond se relève encore, dépasse les 800 mètres au meilleur moment, mais toujours pas de trous dans la nappe de stratocumulus.

Le 9 enfin, c’est le grand retour de la bruine, stratus et stratocumulus se partagent le ciel, avec à nouveau un plafond très bas.

Ailleurs dans le pays, la situation n’a été guère différente. Seul le littoral a bénéficié de quelques maigres éclaircies, le 3 notamment (stratus fractus, altocumulus et cirrus) et la nuit du 5 au 6 (ciel temporairement serein, sinon voilé de cirrus). En région liégeoise, le soleil a tenté de percer au travers des stratocumulus l’après-midi du 8. Sinon, même grisaille partout, de Coxyde à Saint-Hubert.

Est-ce exceptionnel ? Non. Cet aspect-là n’est pas exceptionnel. La Belgique n’est pas à vrai dire un pays de grand soleil. En 1977, pareille grisaille persistante a même été observée… en plein mois de juin, avec seulement un quart d’heure de soleil en 8 jours à Uccle, entre le 15 et le 22 juin. On se souviendra entre autres des pluies du 15 juin qui ont vite cédé la place au même temps brumeux que les derniers jours, avec stratus et petites bruines, qui ont prédominé, là aussi, pendant des jours et des jours. Les intermèdes pluvieux, avec véritables nimbostratus, ont toutefois donné plus de précipitations à l’époque que maintenant. Notons enfin, pour la petite histoire, que le 13 juin 1977 a été particulièrement chaud (31,0°C à Uccle), avec un beau soleil et juste quelques cirrus et altocumulus, et d’aucuns croyaient déjà que c’était reparti pour un grand été comme celui de l’année précédente. Mais le 13 au soir déjà, les orages étaient là et l’été, en cette année 1977, s’est bien peu manifesté par la suite, même pas après les huit jours particulièrement sombres décrits ci-dessus.

Sources

IRM

OGIMET

University of Wyoming

Infoclimat

Météociel

Modifié par cumulonimbus

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Dans le même genre, il y a eu une fameuse inversion à Payerne, d'une grosse dizaine de degrés, le 09 à 12Z :lol:

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8.2°C à 841 hPa, -3.7°C à 948 hPa et -2.3°C à la surface. Pour les amoureux de la douceur, il y a de quoi être vert ^^

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Station de Fraiture (Prov.Lux.)

Je confirme un point évoqué par cumulonimbus : voici plus d'un mois maintenant que nous n'avons plus vu le soleil.

Pratiquement tous les jours : bruine et/ou brouillard.

Après les pécipitations de décembre, le sol est toujours bien gorgé d'eau, d'anciennes sources se sont réveillées, d'autres existantes se sont étendues, tout est boueux.

Profitant de l'abondance d'eau de ruissellement, des castors se sont implantés non loin de l'ancien moulin (à eau) de Fraiture (altitude 500 m).

Par leurs 'travaux', ils ont inondé toute une parcelle de terrain devenue inaccessible.

En l'absence d'ensoleillement, le taux d'humidité plafonne en permanence à 100 %; non seulement rien ne sèche, mais, par exemple, le bois de chauffage stocké sous abris à l'extérieur, a tendance à se réhumidifier.

Ce climat a une incidence sur le moral, car peu d'activités sont possibles à l'extérieur. Vous sortez les (petits-)enfants pendant une heure, les vêtements mettront des heures à sécher ... à l'intérieur.

A quand une bonne percée du soleil ?

Bonne journée tout de même.

Michel.

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