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Les températures en altitude

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Combien de fois n’a-t-on pas entendu, dans les bulletins météorologiques, qu’en raison d’une goutte froide en altitude, le temps sera très instable aujourd’hui ? Ou alors : une couche d’air chaud en altitude, au-dessus d’une inversion, est responsable de la mauvaise dispersion des polluants.

 

Dans les bulletins plus spécialisés, on trouvera même :

– Des températures de –25°C au niveau 500 hPa sont à la base des nombreuses averses que nous connaîtrons aujourd’hui, dont certaines pourront être accompagnées de grêle…

– Grâce à des températures de 12°C au niveau 850 hPa, on pourra espérer des maxima de 27 à 29°C en Basse et Moyenne Belgique…

– Des températures de –7°C au niveau 850 hPa permettront des averses de neige même au centre du pays, avec enneigement possible en cas d’averses plus intenses…

 

Mais par rapport aux normales, –25°C au niveau 500 hPa, est-ce froid ou chaud ? Et à quelle saison est-ce froid ou chaud ? Et 12°C au niveau 850 hPa, est-ce vraiment chaud pour cette altitude ? Ou est-ce seulement le cas d’une grande différence entre sol et altitude qui donne ces 27 à 29°C en surface ?

Nous essaierons, ici, de répondre à ces questions.

 

Sans vouloir empiéter sur l’excellent travail de Pierre Hansoul sur les sondages atmosphériques et sur l’utilité de connaître le comportement de l’atmosphère à différentes altitudes, ce travail-ci donnera plutôt une vision statistique de ce qui se passe au-dessus de nos têtes.

Le travail de Pierre Hansoul peut être consulté sous le lien suivant :

http://www.ext-meteobelgium.be/presentatio...ospheriques.pps

 

Avant de commencer, définissons d’abord ce que ce sont que les niveaux 850 hPa, 500 hPa, etc.

Il s’agit en fait de surfaces isobares, c’est-à-dire des surfaces reliant tous les points de même pression. Si au sol, on mesure la pression atmosphérique pour déterminer la position des anticyclones et des dépressions, en hauteur, on détermine plutôt l’altitude des points de pression égale. Par exemple : plus le niveau 850 hPa est haut en altitude, plus la situation est anticyclonique à ce niveau, et plus le niveau 850 hPa est bas, plus la situation est dépressionnaire. Et c’est vrai, évidemment, pour tous les autres niveaux aussi.

 

En moyenne, les altitudes des différents niveaux, en atmosphère standard (ISA), sont les suivantes :

850 hPa : 1457 mètres

700 hPa : 3013 mètres

500 hPa : 5574 mètres

 

Au-dessus d’Uccle, les altitudes de ces mêmes niveaux sont en moyenne (1951-1985) les suivantes :

850 hPa : 1460 mètres (1425 mètres en février, 1504 mètres en juillet)

700 hPa : 3011 mètres (2945 mètres en février, 3088 mètres en juillet)

500 hPa : 5581 mètres (5460 mètres en février, 5717 mètres en juillet)

 

Dans notre partie du monde, les surfaces isobares, aussi nommées géopotentiels (à 850 hPa, 700 hPa…) sont donc, en moyenne annuelle, très proches de l’atmosphère standard. Nous verrons par la suite que ces géopotentiels ont quelque peu augmenté en altitude à la suite du réchauffement climatique.

 

Dans les cas extrêmes (1951-1985), les géopotentiels sont déjà monté ou descendu jusqu’au altitudes suivantes :

850 hPa : max = 1686 m ; min = 1068 m

700 hPa : max = 3280 m ; min = 2563 m

500 hPa : max = 5980 m ; min = 5032 m

 

Dans le contexte actuel de réchauffement climatique, il faudrait rajouter aux géopotentiels environ 25 à 40 mètres en hiver et environ 10 à 15 mètres d’altitude en été, en fonction de l’altitude (le moins pour le niveau 850 hPa, le plus pour le niveau 500 hPa).

Les valeurs citées ci-dessus sont extrêmes, ce qui signifie en d’autres termes qu’elles ne se produisent vraiment pas tous les jours. En règle générale, on peut affirmer sans trop risquer de se tromper que le géopotentiel à 850 hPa se situe entre 1400 et 1500 mètres en hiver et autour des 1500 mètres en été, que le géopotentiel à 700 hPa se situe entre 2900 et 3000 mètres en hiver et autour des 3100 mètres en été et que le géopotentiel à 500 hPa (plus variable) se situe entre 5400 et 5600 mètres en hiver et entre 5600 et 5800 mètres en été.

 

Maintenant, pourquoi prendre des niveaux de pression, et pas des niveaux d’altitude fixe ?

 

Il s’agit de conventions issues d’accords internationaux concernant au départ l’aéronautique, où ces niveaux de pression correspondent à des altitudes indiquées par l’altimètre barométrique. C’est sur cette base qu’ont été définis les niveaux de vol (flight levels ou FL). Pour les niveaux qui nous intéressent ici (mais il en existe un tas d’autres), les correspondances sont les suivantes :

Niveau 850 hPa = FL50 ≈ 5.000 pieds

Niveau 700 hPa = FL100 ≈ 10.000 pieds

Niveau 500 hPa = FL180 ≈ 18.000 pieds

(Niveau 300 hPa = FL300 ≈ 30.000 pieds, etc.)

 

Encore de nos jours, ces niveaux de pression sont, au niveau pratique, les plus efficaces pour assurer la sécurité aérienne, notamment à partir d’une certaine altitude et pour les vols de longue durée.

Venons-en à présent aux statistiques.

 

Le tableau suivant donne les statistiques de températures à trois niveaux standards de l’atmosphère au-dessus d’Uccle, ramenées à la période 1981-2010 pour coller au plus près à la réalité d’aujourd’hui.

 

| TEMPÉRATURES MOYENNES ET ALTITUDES CORRESPONDANTES. |

| --- | ------------- | ------------- | ------------- |

| Mois| .. 850 hPa .. | .. 700 hPa .. | .. 500 hPa .. |

| ... | T°.. Altitude | T°.. Altitude | T°.. Altitude |

| --- | ------------- | ------------- | ------------- |

| JAN |-01°C (1450 m) |-09°C (2980 m) |-25°C (5510 m) |

| FEB |-02°C (1450 m) |-09°C (2980 m) |-26°C (5500 m) |

| MAR |–00°C (1450 m) |-08°C (2990 m) |-25°C (5520 m) |

| APR | 02°C (1460 m) |-07°C (3000 m) |-23°C (5550 m) |

| MAY | 05°C (1480 m) |-04°C (3040 m) |-20°C (5620 m) |

| JUN | 08°C (1500 m) |-00°C (3080 m) |-16°C (5700 m) |

| JUL | 10°C (1510 m) | 02°C (3100 m) |-13°C (5740 m) |

| AUG | 10°C (1500 m) | 02°C (3090 m) |-14°C (5720 m) |

| SEP | 08°C (1500 m) | 00°C (3080 m) |-15°C (5700 m) |

| OCT | 06°C (1480 m) |-01°C (3050 m) |-17°C (5650 m) |

| NOV | 02°C (1450 m) |-06°C (2990 m) |-22°C (5550 m) |

| DEC |–00°C (1440 m) |-08°C (2980 m) |-24°C (5530 m) |

| --- | ------------- | ------------- | ------------- |

 

L’extrapolation a été faite, d’une part, à partir de l’évolution des températures en surface à Uccle et, d’autre part, à partir d’une étude aérologique réalisée à Trappes (près de Paris) pour déterminer le réchauffement climatique en altitude.

 

Il a été notamment constaté que le réchauffement climatique s’est répercuté de façon presque homogène sur toute l’épaisseur de la troposphère, tandis que la stratosphère s’est au contraire refroidie. Schématiquement, on peut le représenter ainsi (intervention sur MB par « Paix », avec un petit mot d’explication) :

 

paix a dit :
Warming.png

La hausse de concentration du CO2 se produit dans la troposphère et la stratosphère. Dans la stratosphère, le CO2 a un retard d'environ 1 à 6 ans avec la troposphère, le temps que tout cela s'homogénéise (l'âge du CO2 augmente avec l'altitude évidemment, il est de 1 an en basse stratosphère, 4 ans en moyenne, 6 en haute).

Puisque le CO2 absorbe bien les IRs, il les émet facilement aussi (loi de Kirchoff). Donc la stratosphère émet plus facilement des IRs, mais comme elle en reçoit aussi moins de la troposphère et que son gradient de T est positif, elle se refroidit.

 

Cependant, l’augmentation de température pour les différente surfaces isobares (ou géopotentiels) ne représente que de 80% environ de l’augmentation de température constatée au sol. C’est normal. Les géopotentiels ont gagné en altitude à la suite du réchauffement climatique (dilatation de l’air). Si l’on ramène les températures à des altitudes fixes, on retrouvera, à très peu de choses près, le même réchauffement climatique en altitude qu’en surface.

 

Pourquoi pas des statistiques directes, belges, portant sur la période 1981-2010 ?

 

Malheureusement, les séries aérologiques d’Uccle – Beauvechain sont trop incomplètes pour procéder à des statistiques fiables.

 

Ce qui revient à dire qu’il n’est pas possible non plus d’établir des records comme pour les mesures au sol. Cependant, les chiffres qui suivent représentent des situations extrêmes, et même s’il n’est pas possible d’établir si ce sont des records (purs et durs) ou non, les valeurs sont en tout cas proches du maximum/minimum possible au-dessus d’Uccle et Beauvechain. Cependant, il n’est pas à exclure que quelques valeurs extrêmes récentes (notamment du point de vue chaleur) soient passées entre les mailles du filet en raison de données manquantes.

À noter que du point de vue aérologique, les deux stations sont suffisamment semblables pour être combinées entre elles. Les valeurs postérieures à 2003 proviennent des sondages de Beauvechain ; les autres, des sondages d’Uccle.

 

| --- | --------------------------- | --------------------------- | --------------------------- |

| Mois| ..... Niveau 850 hPa ...... | ..... Niveau 700 hPa ...... | ..... Niveau 500 hPa ...... |

| ... | Température date (altitude) | Température date (altitude) | Température date (altitude) |

| --- | --------------------------- | --------------------------- | --------------------------- |

| JAN | 13°C le 29/01/1966 (1390 m) | 04°C le 06/01/1983 (3080 m) |-15°C le 06/01/1983 (5720 m) |

| JAN |-22°C le 12/01/1987 (1420 m) |-33°C le 12/01/1987 (2810 m) |-42°C le 31/01/2003 (5200 m) |

| --- | --------------------------- | --------------------------- | --------------------------- |

| FEB | 14°C le 29/02/1960 (1510 m) | 05°C le 29/02/1960 (3130 m) |-16°C le 29/02/1960 (5580 m) |

| FEB |-21°C le 02/02/1956 (1430 m) |-29°C le 01/02/1956 (2830 m) |-41°C le 02/02/1956 (5200 m) |

| --- | --------------------------- | --------------------------- | --------------------------- |

| MAR | 12°C le 29/03/1968 (1520 m) | 03°C le 12/03/1957 (3100 m) |-15°C le 11/03/1981 (5620 m) |

| MAR |-18°C le 05/03/1971 (1480 m) |-24°C le 12/03/2006 (2870 m) |-41°C le 01/03/2006 (5130 m) |

| --- | --------------------------- | --------------------------- | --------------------------- |

| APR | 15°C le 21/04/1968 (1510 m) | 04°C le 21/04/1968 (3110 m) |-15°C le 14/04/2007 (5680 m) |

| APR |-11°C le 12/04/1986 (1440 m) |-19°C le 09/04/1977 (2850 m) |-37°C le 08/04/1977 (5310 m) |

| --- | --------------------------- | --------------------------- | --------------------------- |

| MAY | 18°C le 13/05/1969 (1520 m) | 06°C le 13/05/1969 (3150 m) |-12°C le 27/05/2005 (5810 m) |

| MAY |-07°C le 05/05/1957 (1460 m) |-16°C le 04/05/1979 (2880 m) |-36°C le 04/05/1979 (5320 m) |

| --- | --------------------------- | --------------------------- | --------------------------- |

| JUN | 19°C le 18/06/2002 (1560 m) | 08°C le 18/06/2002 (3200 m) |-08°C le 18/06/2002 (5880 m) |

| JUN |-03°C le 01/06/2006 (1500 m) |-13°C le 05/06/1991 (2970 m) |-31°C le 08/06/1985 (5430 m) |

| --- | --------------------------- | --------------------------- | --------------------------- |

| JUL | 23°C le 06/07/1952 (1580 m) | 11°C le 26/07/1980 (3130 m) |-06°C le 08/07/1959 (5920 m) |

| JUL | 00°C le 03/07/1984 (1490 m) |-10°C le 03/07/1984 (3020 m) |-25°C le 03/07/1984 (5550 m) |

| --- | --------------------------- | --------------------------- | --------------------------- |

| AUG | 23°C le 01/08/1983 (1450 m) | 10°C le 01/08/1983 (3100 m) |-08°C le 02/08/1990 (5930 m) |

| AUG | 00°C le 05/08/1987 (1510 m) |-10°C le 06/08/1987 (3010 m) |-26°C le 28/08/1995 (5520 m) |

| --- | --------------------------- | --------------------------- | --------------------------- |

| SEP | 19°C le 24/09/1983 (1610 m) | 10°C le 18/09/2003 (3180 m) |-08°C le 21/09/1989 (5880 m) |

| SEP |-03°C le 30/09/1957 (1430 m) |-11°C le 22/09/1973 (2940 m) |-31°C le 29/09/1974 (5390 m) |

| --- | --------------------------- | --------------------------- | --------------------------- |

| OCT | 17°C le 11/10/1978 (1570 m) | 10°C le 09/10/1995 (3200 m) |-08°C le 09/10/1995 (5920 m) |

| OCT |-08°C le 24/10/2003 (1450 m) |-16°C le 28/10/2012 (2910 m) |-33°C le 24/10/2003 (5420 m) |

| --- | --------------------------- | --------------------------- | --------------------------- |

| NOV | 15°C le 05/11/1994 (1440 m) | 06°C le 28/11/1979 (3180 m) |-11°C le 28/11/1979 (5840 m) |

| NOV |-14°C le 22/11/1993 (1420 m) |-20°C le 27/11/1973 (2950 m) |-40°C le 27/11/1973 (5350 m) |

| --- | --------------------------- | --------------------------- | --------------------------- |

| DEC | 12°C le 28/12/1975 (1580 m) | 05°C le 24/12/1977 (3090 m) |-12°C le 01/12/2006 (5750 m) |

| DEC |-14°C le 30/12/1996 (1320 m) |-23°C le 30/12/1996 (2770 m) |-40°C le 07/12/1980 (5220 m) |

| --- | --------------------------- | --------------------------- | --------------------------- |

 

Les altitudes variables, surtout au niveau 500 hPa, sont peut-être déroutantes pour faire des comparaisons au niveau des températures. C’est pourquoi le tableau qui suit donne les températures (tant moyennes qu’extrêmes) ramenées à altitude fixe, en l’occurrence à 1.500, 3.000 et 5.500 mètres. La méthodologie utilisée sera expliquée plus loin.

 

| --- | ------------------ | ------------------ | ------------------ |

| Mois| .. Niveau 1500m .. | .. Niveau 3000m .. | .. Niveau 5500m .. |

| ... | Température (date) | Température (date) | Température (date) |

| --- | ------------------ | ------------------ | ------------------ |

| JAN |-02°C (moyenne) ... |-09°C (moyenne) ... |-25°C (moyenne) ... |

| JAN | 12°C le 29/01/1966 | 05°C le 06/01/1983 |-13°C le 06/01/1983 |

| JAN |-23°C le 12/01/1987 |-34°C le 12/01/1987 |-44°C le 31/01/2003 |

| --- | ------------------ | ------------------ | ------------------ |

| FEB |-02°C (moyenne) ... |-09°C (moyenne) ... |-26°C (moyenne) ... |

| FEB | 14°C le 29/02/1960 | 06°C le 29/02/1960 |-15°C le 29/02/1960 |

| FEB |-21°C le 02/02/1956 |-30°C le 01/02/1956 |-43°C le 02/02/1956 |

| --- | ------------------ | ------------------ | ------------------ |

| MAR |-01°C (moyenne) ... |-08°C (moyenne) ... |-24°C (moyenne) ... |

| MAR | 12°C le 29/03/1968 | 04°C le 12/03/1957 |-14°C le 11/03/1981 |

| MAR |-18°C le 05/03/1971 |-24°C le 12/03/2006 |-43°C le 01/03/2006 |

| --- | ------------------ | ------------------ | ------------------ |

| APR | 01°C (moyenne) ... |-07°C (moyenne) ... |-23°C (moyenne) ... |

| APR | 15°C le 21/04/1968 | 05°C le 21/04/1968 |-14°C le 14/04/2007 |

| APR |-12°C le 12/04/1986 |-20°C le 09/04/1977 |-40°C le 08/04/1977 |

| --- | ------------------ | ------------------ | ------------------ |

| MAY | 05°C (moyenne) ... |-04°C (moyenne) ... |-19°C (moyenne) ... |

| MAY | 18°C le 13/05/1969 | 07°C le 13/05/1969 |-09°C le 27/05/2005 |

| MAY |-07°C le 05/05/1957 |-17°C le 04/05/1979 |-37°C le 04/05/1979 |

| --- | ------------------ | ------------------ | ------------------ |

| JUN | 08°C (moyenne) ... |-01°C (moyenne) ... |-15°C (moyenne) ... |

| JUN | 20°C le 18/06/2002 | 10°C le 18/06/2002 |-06°C le 18/06/2002 |

| JUN |-03°C le 01/06/2006 |-13°C le 05/06/1991 |-32°C le 08/06/1985 |

| --- | ------------------ | ------------------ | ------------------ |

| JUL | 10°C (moyenne) ... | 03°C (moyenne) ... |-12°C (moyenne) ... |

| JUL | 24°C le 06/07/1952 | 12°C le 26/07/1980 |-03°C le 08/07/1959 |

| JUL |–00°C le 03/07/1984 |-10°C le 03/07/1984 |-25°C le 03/07/1984 |

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| AUG | 10°C (moyenne) ... | 02°C (moyenne) ... |-12°C (moyenne) ... |

| AUG | 23°C le 06/08/2003 | 11°C le 07/08/2003 |-05°C le 02/08/1990 |

| AUG | 00°C le 05/08/1987 |-10°C le 06/08/1987 |-25°C le 28/08/1995 |

| --- | ------------------ | ------------------ | ------------------ |

| SEP | 08°C (moyenne) ... | 01°C (moyenne) ... |-14°C (moyenne) ... |

| SEP | 20°C le 24/09/1983 | 11°C le 18/09/2003 |-06°C le 21/09/1989 |

| SEP |-03°C le 30/09/1957 |-11°C le 22/09/1973 |-32°C le 29/09/1974 |

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| OCT | 06°C (moyenne) ... |-01°C (moyenne) ... |-16°C (moyenne) ... |

| OCT | 18°C le 11/10/1978 | 11°C le 09/10/1995 |-05°C le 09/10/1995 |

| OCT |-08°C le 24/10/2003 |-17°C le 28/10/2012 |-33°C le 24/10/2003 |

| --- | ------------------ | ------------------ | ------------------ |

| NOV | 01°C (moyenne) ... |-06°C (moyenne) ... |-21°C (moyenne) ... |

| NOV | 14°C le 05/11/1994 | 07°C le 28/11/1979 |-09°C le 28/11/1979 |

| NOV |-15°C le 22/11/1993 |-20°C le 27/11/1973 |-42°C le 27/11/1973 |

| --- | ------------------ | ------------------ | ------------------ |

| DEC |-01°C (moyenne) ... |-08°C (moyenne) ... |-24°C (moyenne) ... |

| DEC | 12°C le 28/12/1975 | 05°C le 24/12/1977 |-11°C le 01/12/2006 |

| DEC |-15°C le 30/12/1996 |-25°C le 30/12/1996 |-43°C le 07/12/1980 |

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Pour les moyennes, les valeurs ont été obtenues en ramenant les températures des niveaux réels aux niveaux fixes (1.500, 3.000 et 5.500 mètres) selon les gradients de l’atmosphère standard (ISA), c’est-à-dire 6,5°C par 100 mètres. Les proportions, en effet, sont très proches de l’atmosphère standard au-dessus d’Uccle/Beauvechain pour ce qui concerne les moyennes.

Pour les extrêmes par contre, le choix s’est porté sur les deux niveaux qui sont les plus proches du niveau fixe (1.500, 3.000 ou 5.500 mètres) sur le sondage réel, puis le calcul a été fait en fonction du gradient réel entre ces deux niveaux. Pour les données antérieures à 1973 cependant, c’est le gradient de l’atmosphère standard qui a été utilisé, ce qui représente encore une assez bonne approximation dans la majorité des cas.

 

Quelques remarques s’imposent :

 

Le choix de ≈1.500 mètres (ou géopotentiel 850 hPa) comme niveau standard (habituellement) le plus bas n’est pas lié au hasard. En effet, il représente le premier niveau situé au-dessus de la couche limite, ce qui signifie que les variations diurnes de la température ne se font plus sentir. Cela ne signifie pas, évidemment, que la température est invariable à ce niveau. La direction du vent, la présence ou non de nuages, les mouvements ascendants, descendants et/ou turbulents peuvent avoir une énorme influence sur les températures. Mais les maxima et minima de la température peuvent se produire à n’importe quelle heure de la journée ou de la nuit. Ils ne sont plus liés au cycle diurne habituel, avec des minima en fin de nuit et des maxima durant l’après-midi.

 

Cependant, ce n’est pas encore tout à fait vrai en été, lorsque les journées sont bien ensoleillées. En effet, l’intense réchauffement du sol, par le soleil, va former une mince couche où le gradient est super-adiabatique, tandis que le gradient quasiment super-adiabatique (c’est-à-dire très proche de l’adiabatique sèche) va se répercuter jusqu’à une altitude de plus en plus élevée, entraînant turbulence et convection.

 

En plein été, cette couche turbulente va finir par dépasser les 1.500 mètres au-dessus du sol en après-midi, et à partir de ce moment, un peu de chaleur du sol va se transmettre jusqu’au niveau 850 hPa. Grâce aux sondages d’Idar-Oberstein en Allemagne (06 h, 12 h, 18 h et 00 h Z), cette variation a pu être mise en évidence.

 

Cette variation est toutefois très différente de celle qu’on observe en surface. En effet, le réchauffement n’intervient généralement que durant l’après-midi, voire en début de soirée, puis la température ne descend que très lentement durant la nuit, et continue encore à descendre en matinée et à midi, avant que la remontée ne se refasse durant l’après-midi ou début de soirée suivant.

En d’autres termes, le minimum est atteint vers midi ou en début d’après-midi, et le maximum est atteint en fin d’après-midi ou en soirée, voire en début de nuit. L’amplitude totale de cette variation ne dépasse cependant pas 2 à 3°C au maximum. Plus haut dans l’atmosphère (ainsi que déjà au niveau 850 hPa lors de la mauvaise saison), ce phénomène n’apparaît plus.

 

Anatomie d’une chaude journée d’été

 

Heures et températures, en surface, à 1.500 mètres et à 3.000 mètres d’altitude.

 

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| Heure | Temp | Temp | Temp |

| ..... | surf | 1500 | 3000 |

| ----- | ---- | ---- | ---- |

| 00h00 | 25°C | 17°C | 06°C |

| 02h00 | 22°C | 17°C | 06°C |

| 04h00 | 20°C | 17°C | 06°C |

| 06h00 | 19°C | 16°C | 06°C |

| 08h00 | 20°C | 16°C | 06°C |

| 10h00 | 23°C | 16°C | 06°C |

| 12h00 | 28°C | 15°C | 06°C |

| 14h00 | 31°C | 15°C | 06°C |

| 16h00 | 34°C | 17°C | 06°C |

| 18h00 | 33°C | 18°C | 06°C |

| 20h00 | 31°C | 18°C | 06°C |

| 22h00 | 28°C | 18°C | 06°C |

| 00h00 | 25°C | 17°C | 06°C |

| ----- | ---- | ---- | ---- |

 

Nous voyons que le gradient dépasse (en moyenne) l’adiabatique sèche dès 14 heures et que ce gradient, dans notre exemple, se renforce encore quelque peu jusqu’à 16 heures, avant que la turbulence ne s’enclenche (avec un peu de retard) et ne brasse l’air en transmettant un peu d’air chaud jusqu’au-dessus de 1.500 mètres et en limitant par la même occasion la chaleur dans les basses couches. Ensuite la chaleur acquise en altitude ne se perd que très lentement, avec maintien des hautes températures à 1.500 mètres d’altitude pendant une partie de la nuit.

 

Ceci n’est pas sans conséquence sur les orages. Pour la formation d’un orage, l’instabilité est la meilleure en début/milieu d’après-midi entre la surface et 1.500 mètres. Cependant, une fois que le mécanisme est enclenché, l’orage profitera au mieux de l’instabilité des couches moyennes, entre 1.500 et 3.000 mètres, qui est la meilleure le soir ou en début de nuit. C’est l’une des raisons (parmi tant d’autres) qui font que les orages peuvent devenir particulièrement violents la nuit.

 

Ce schéma ne vaut évidemment que pour les plaines et les zones à faible relief. Au-dessus des hauts plateaux espagnols (Meseta), par exemple, qui se trouvent à près de 700 mètres d’altitude, le comportement des températures au niveau 850 hPa sera différent, puisque le niveau n’est situé qu’ à quelques 800 mètres au-dessus du sol. Au-dessus des Hautes Plaines du Colorado, aux États-Unis, qui tournent autour des 1.500 mètres au-dessus du niveau de la mer, c’est carrément le niveau 700 hPa qui prend la relève de celui de 850 hPa car c’est lui, maintenant, qui est situé à 1.500 mètres au-dessus du sol.

 

Quelle est la corrélation habituelle entre les températures en surface et les températures en altitude ?

 

a. Niveau 850 hPa

À ce niveau, la corrélation avec les températures en surface est encore assez bonne. Les températures très basses à ce niveau sont en général synonymes de temps très froid en surface aussi. Et c’est vrai aussi pour les températures élevées, sauf en hiver où une inversion peut masquer, en surface, la présence de l’air chaud. En effet, principalement entre le 15 novembre et le 31 janvier, le soleil n’est plus assez puissant pour réchauffer le sol et si, en plus, le vent est faible, une mince couche d’air froid restera prisonnière des basses couches. C’est ainsi que les 12°C observés en altitude le 28 décembre 1975 sont restés complètement inaperçus pour l’observateur au sol, qui ne voyait qu’un ciel bouché, de petites bruines et des températures de 5°C seulement.

 

b. Niveau 700 hPa

Ici, la corrélation est moins bonne même en été. En effet, les très hautes températures à ce niveau sont souvent le fruit d’une forte subsidence liée à de puissants anticyclones, formant par la même occasion une forte inversion de subsidence. Il n’est pas exclu que dans les basses couches, il règne alors une circulation de nord-est avec un temps qui n’est que modérément chaud.

 

Les très basses températures à ce niveau sont généralement le signe d’une forte instabilité. C’est souvent le cas de masses d’air d’origine arctique qui déferlent sur nos régions au printemps (les giboulées de mars), avec certes de nombreuses averses de neige, mais cette neige fond aussitôt en raison du soleil qui réchauffe fortement les basses couches.

Mais dans certains cas, la corrélation existe si l’air est très chaud ou très froid et homogène sur une grande épaisseur.

 

c. Niveau 500 hPa

 

Ici, il s’agit surtout d’un indicateur de stabilité ou d’instabilité de l’air. Les températures extrêmement froides observées en altitude le 27 novembre 1973 n’ont pas été assorties d’un temps très froid en surface, mais les chutes de neige ont été impressionnantes ce jour-là. En soirée, la couche atteignait 23 centimètre à Uccle et ce, malgré des températures légèrement positives. Mais les averses ont été tellement fortes que la neige n’a pas eu le temps de fondre. En plus, on observait de véritables orages de neige en de nombreux endroits du pays, et plus particulièrement à Zaventem.

Le lendemain matin, la neige atteindra 33 centimètres à Uccle, 40 centimètres à Beauvechain et 81 centimètres à Botrange !

 

Dans certains cas cependant, comme en février 1956 et en janvier 1987, les invasions froides se font sur de très grandes épaisseurs (transport massif d’air arctique) et les températures sont extrêmes dans pratiquement toute la troposphère (avec une tropopause toutefois très basse dans ces cas).

 

En été, une corrélation parfaite entre la surface et le niveau 500 hPa peut aussi exister dans certains cas, comme par exemple le 18 juin 2002, où la masse d’air était particulièrement chaude à tous les niveaux.

 

Et pour finir, encore quelques cas concrets :

 

Le 1er août 1983. Une température incroyablement élevée, de 23°C au niveau 850 hPa (1450 mètres), a été observées dans la nuit du 31 juillet au 1er août. Il s’agit des restants d’une masse d’air exceptionnellement chaud qui a sévi le 31 sur la France et l’Allemagne, avec des températures montant localement jusqu’à 40°C. Mais chez nous, cette masse d’air ne nous est arrivée que durant la nuit, alors que le sol s’était déjà refroidi. De ce fait, même si une hausse des températures s’est faite ressentir, par endroit, en pleine nuit, cette hausse n’a pas du tout eu la même amplitude que celle observée en altitude.

 

 

Le 6 août 2003 et les jours suivants. Une fois ramenée à altitude égale, on se rend compte que les températures à moyenne altitude sont plus élevées que le 1er août 1983, où le géopotentiel 850 hPa, à 1.450 mètres, était très bas pour l’été.

 

Et en août 2003, une grosse moitié sud-est du pays a pu profiter pleinement de la chaleur exceptionnelle. C’est ainsi que le centre-sud du pays a connu des températures de 36 à 37°C, que les plateaux ardennais ont encore connu près de 34°C et que des valeurs jusqu’à 38-39°C ont été relevées en Gaume. Le nord-ouest et (en partie) le centre du pays, par contre, ont connu des températures moins extrêmes en raison d’infiltrations maritimes.

 

 

Le 11 octobre 1978, nous assistons à une arrivée massive d’air très chaud, mais le soleil déjà faible ne parviendra qu’à résorber partiellement l’inversion. Du coup, malgré le beau temps et la situation prometteuse, aucun record ne sera battu, avec « seulement » 23-24°C aux meilleurs endroits du pays.

 

 

Le 29 février 1960, la situation est à peu près similaire : le soleil n’est pas encore assez fort pour résorber complètement l’inversion et, malgré les 14°C tout à fait exceptionnels à 1.500 mètres, acheminés par un courant en provenance directe du Sahara, les températures en surface ne suivent pas, d’autant plus que le ciel est voilé ce jour-là avec des cirrostratus et altostratus, accompagnés de cirrocumulus et d’altocumulus. Un grande malchance : même si les 18-19°C observés en surface sont déjà en soi exceptionnels, on aurait pu pulvériser tous les records ce jour-là, surtout si l’on sait que vers 500-600 mètres d’altitude à l’air libre, on notait 20°C !

 

Des températures supérieures aux records mensuels, en hiver, ont déjà été observées à d’autres reprises à quelques centaines de mètres d’altitude. Les 4 et 6 décembre 1953, on notait 17°C vers les 600-700 mètres, valeur qu’on retrouvait également, à 800 mètres, le 3 décembre 1985. Le 9 novembre 1984, on relevait 21°C à 400 mètres d’altitude.

 

Dans un cas inverse, on notera la formation exceptionnelle de cumulus congestus et de cumulonimbus (à sommet très bas) alors que les températures maximales ne dépassent guère –10°C (–9,7°C à Uccle) le 12 janvier 1987. Ce jour-là, les températures sont tellement basses en altitude que malgré la froidure en surface, les décroissances thermiques restent très élevées, supérieures à 0,8°C par 100 mètre sur 3.000 mètres (et avec –34°C à cette altitude !) Les averses qui en résultent sont d’une neige très « sèche », qui se sublime aussitôt tombée au sol, de telle sorte qu’aucun enneigement significatif n’aura été enregistré.

 

 

Sources :

IRM

Bulletins mensuels climatologiques

Bulletins mensuels synoptiques

Bulletins quinquénaux aérologiques

University of Wyoming

Radiosondages

Météo 60

Études / dossiers – Étude sur les hauteurs de géopotentiel de 1948 à 2003

 

 

 

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