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Allez va, on se tenter un truc pour cet Hiver :whistling: Bon pour l'Automne c'est sans doute déjà plié, doux sans excès pour ne pas changer. Pour l'Hiver, par contre, c'est une autre histoire. Entre l'El Nino qui monte en puissance dans le Pacifique, l'Arctique a nouveau bien libre de glace et qui va servir de source de chaleur, les anomalies de la Méditerrané toujours aussi délirantes (faut espérer qu'il n'y aura pas un excès de flux de Sud-Ouest cet Automne sinon il vont pouvoir encore écoper à Montpel' ...), et l'anomalie Atlantique négative, il y a de la matière pour discuter.

L'anomalie Atlantique est sans doute dû à un ralentissement de la circulation océanique (l'AMOC pour Atlmantic Meridional Overturning Circulation) suite à la fonte du Groenland :

http://fido.nrk.no/4cf750c3e0b034153d6ea12...mate-change.pdf

http://meltfactor.org/a-conspicuous-area-of-cold/

La fonte du Groenland provoque un apport d'eau douce massif qui tend à provoquer une stratification de l'Océan (les couches de l'Océan ne se mélangent plus). Il y a donc un ralentissement de la convection océanique, convection qui permet normalement de brasser l'énergie de l'Océan et d'en libérer une partie au niveau de l'Atlantique Nord, entre Islande, Norvège, et Écosse. Le graphique représente l'intensité de la circulation méridionale océanique à 26°N :

post-3513-1441375468_thumb.jpg

http://www.sciencemag.org/content/348/6241/1255575.abstract

Et une illustration de la grosse chute des SSTs dans l’Atlantique Nord (entre 45°N et 60°N et entre 50°W et 20°W) :

post-3513-1441376031_thumb.png

C'est l'un des rares coins du globe à ne pas se réchauffer, et c'est le seul coin du globe à connaître un record annuel de froid en 2015 alors que tout le monde court plutôt après le record annuel de chaud.

Nous ne risquons pas un événement type "Le jour d'après" avec un arrêt catastrophique du Gulf Stream. Toujours est-il qu'après une stabilisation de la situation dans les années 2000, l'AMOC semble de nouveau fortement ralentir ces toutes dernières années. La piscine d'eau froide au sud de l'Islande risque donc d'être notre compagne pour les années à venir de manière récurrente. Un schéma d'anomalies des températures de l'Atlantique en tripôle avec un ralentissement de l'AMOC sont généralement associés à un régime de temps plutôt NAO+ en Hiver. Dans le même temps, le Pacifique et l'Arctique surchauffe clairement et vont être des sources de chaleur importantes qui ont la possibilité de sérieusement perturbé la circulation atmosphérique globale.

Modifié par paix

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Nous ne risquons pas un événement type "Le jour d'après" avec un arrêt catastrophique du Gulf Stream.

Oui c'est sur ^^ Pour l'Europe de l'Ouest c'est effectivement l'atmosphère qui transporte le gros du paquet :

682677qQQ.png

D'ailleurs, comme le soulignait paix, c'est bien la partie convective de la circulation océanique qui est réellement impactée. Le Gulf stream est avant tout un courant formé par les vents ( et la canalisation par le bord du continent Américain ).

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Ouaip, c'est vrai qu'il y a parfois un peu confusion entre la circulation thermohaline (THC pour l'abréviation in english), l'AMOC pour Atlantic Meridional Overturning Circulation, et le Gulf Stream. Dans la pratique il est difficile de faire la différence entre la part de la circulation qui est dû aux vents (explication type Gulf Stream) et la part dû à la convection suite aux différences de densités (explication type THC). L'AMOC, et plus généralement la MOC, Meridional Overturning Circulation, désigne simplement la circulation des eaux sans plus de précisions. Cependant quand on parle de ralentissement de cette circulation on implique généralement qu'elle est dû à un affaiblissement de la convection océanique. Les eaux chaudes remontent vers le Nord est leur salinité augmente avec l'évaporation. Quand l'eau devient suffisamment dense parce que excessivement salée, elle "coule". Sauf si de l'eau douce venant du Groenland dilue la salinité, ce qui empêche la convection et ralentit donc la circulation générale.

Les tendances depuis 1931 mettent bien en évidence cette région :

post-3513-1441446043_thumb.png

Les deux seules autres régions a connaitre un refroidissement notable sont le Sud-Est des USA (personne ne sait vraiment pourquoi, ce doit surtout relevé de la théorie de l'emmerdement maximum histoire d'alimenter les discussions de comptoirs aux USA sur un âge glaciaire imminent :lol2: ) et la périphérie de l'Antarctique (hausse de l'extension de la banquise).

Ce ralentissement est un élément bien prévu par les modèles (pour une fois qu'ils ne sont pas à la rue, on peut le souligner :whistling: -c'est à gauche qu'il faut regarder, à droite on s'en claque- ), avec des températures qui stagnent au sud du Groenland :

Fig11-10.jpg

http://journals.ametsoc.org/doi/full/10.11...LI-D-12-00490.1

Il a sans doute d'autres contributions à cette piscine froide, la variabilité naturelle étant comme partout forte. L'anomalie en 2009 - 2010 était nettement moins marqué par exemple. Cependant la tendance est bien là. Il est probable que l'AMOC ne connaisse pas un arrêt brutal au cours du 21è siècle, mais il est tout aussi probable qu'elle ralentisse notablement.

Les variations de l'intensité de l'AMOC sont aussi liées à l'AMO (Atlantic Multidecenal Oscillation), et à la NAO (North Atlantic Oscillation). La difficulté dans le bazar, c'est que les réponses sont généralement déphasés de quelques années... En générale, un ralentissement de l'AMOC finit par induire avec un peu de retard un schéma NAO+.

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Il va y avoir aussi le Pacifique qui va être très compliqué à gérer je pense. L'El Nino est maintenant pleinement développé, mais le reste du Pacifique atteint des températures de timbré, et une telle source de chaleur peut déstabiliser le jet. Le Pacifique Nord dans son ensemble est en surchauffe :

post-3513-1441449017_thumb.png

Et il est difficile d'anticiper comment tout ceci pourrait réagir, puisque nous sommes dans une configuration inédite. L'El Nino atteint des records mais est centré plus sur le Pacifique Central que le Pacifique Est, ce qui est une première pour un événement de cet intensité (97 - 98 et 82 - 83 était manifestement plus centré Est). Et ceci couplé à l'anomalie du Pacifique Nord (et du Pacifique et de l'Océan Indien en général, bassins océaniques qui courent près le record annuel...) cela promet. Le schéma des anomalies garde un peu de familiarité avec des précédents connus, mais il est délicat malgré tout d'anticiper la réponse de l’atmosphère cet Hiver a une telle source de chaleur. Classiquement, une entrée convergente de jet sur l'Amérique Ouest tend in fine à provoquer des déferlements cycloniques sur l'Atlantique, ce qui force une NAO-. Mais vu l'anomalie du Pacifique, le "classiquement" est déjà une hypothèse osée en soi :lol2: Il y a également l'anomalie négative de l’Atlantique équatoriale (l'espèce de La Nina de l'Atlantique) qui pourrais avoir un rôle. En un mot, ce n'est pas gagné cette histoire avec une configuration inédite au niveau du globe.

Modifié par paix

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Et il est difficile d'anticiper comment tout ceci pourrait réagir, puisque nous sommes dans une configuration inédite. L'El Nino atteint des records mais est centré plus sur le Pacifique Central que le Pacifique Est, ce qui est une première pour un événement de cet intensité (97 - 98 et 82 - 83 était manifestement plus centré Est). Et ceci couplé à l'anomalie du Pacifique Nord (et du Pacifique et de l'Océan Indien en général, bassins océaniques qui courent près le record annuel...) cela promet. Le schéma des anomalies garde un peu de familiarité avec des précédents connus, mais il est délicat malgré tout d'anticiper la réponse de l’atmosphère cet Hiver a une telle source de chaleur. Classiquement, une entrée convergente de jet sur l'Amérique Ouest tend in fine à provoquer des déferlements cycloniques sur l'Atlantique, ce qui force une NAO-. Mais vu l'anomalie du Pacifique, le "classiquement" est déjà une hypothèse osée en soi :lol2: Il y a également l'anomalie négative de l’Atlantique équatoriale (l'espèce de La Nina de l'Atlantique) qui pourrais avoir un rôle. En un mot, ce n'est pas gagné cette histoire avec une configuration inédite au niveau du globe.

Oui, c'est clair que le fait que le climat se réchauffe en même temps, ça rajoute encore plus de prise de tête à ce niveau :whistling: Certains liens ne sont plus forcément aussi évidents, ou alors s'expriment différemment etc.

Il n'y a qu'a voir, par exemple, les flux de chaleur générés par l'Arctique et leur conséquences, maintenant assez bien documentées, pour s'en rendre compte. La hausse du Z500 en moyenne au pôle nord à bien augmenté.

http://www.homerdixon.com/wp-content/uploa...d-latitudes.pdf

Les variations de l'intensité de l'AMOC sont aussi liées à l'AMO (Atlantic Multidecenal Oscillation), et à la NAO (North Atlantic Oscillation). La difficulté dans le bazar, c'est que les réponses sont généralement déphasés de quelques années... En générale, un ralentissement de l'AMOC finit par induire avec un peu de retard un schéma NAO+.

Yes :thumbsup: Si on se place dans un contexte "stable", il y'a des liens qu'on a pu établir à ce niveau, pour ne prendre que la partie AMO/AMOC/NAO ( et les anomalies aux tropiques côté nord - NAT ), on peut voir le truc comme celà :

407777naoetc.png

Avec un atlantique dans sa phase chaude ( on filtre le réchauffement anthropique ) et une circulation océanique méridienne positive ( l'océan transporte beaucoup d'eau et d'énergie vers le nord ), cela entraîne à terme un schéma négatif de l'oscillation tropicale nord atlantique qui force une NAO-. De ce fait, l'AMOC est ralentie, moins de chaleur est amenée vers le nord, donc l'AMO passe dans sa phase froide, cela génère un schéma positif de l'oscillation tropicale atlantique, qui aboutie à une NAO+ et permet à l'AMOC d’accélérer à nouveau, avec une AMO dans sa phase chaude. La boucle est bouclée. On voit le couplage étroit entre l'atmosphère et l'océan et les décalage temporels entre les réponses ( 17/18 ans en moyenne ). Y'a franchement de quoi se perdre en chemin.

Quelques études qui traitent de ce sujet : http://www.aoml.noaa.gov/phod/docs/Rev2_Manuscript_JC.pdf

http://www.ocean-sci.net/10/645/2014/os-10-645-2014.pdf

http://link.springer.com/article/10.1007%2Fs00382-014-2459-z

Le truc aussi c'est que tout ceci est ( aussi :D ) lié à autre chose : l'ENSO ( Nino/Nina ) et le SAM ( Southern Annular Mode, en gros l'oscillation arctique mais au pôle sud ).

Pour l'ENSO, la modification de la circulation thermohaline dans l'Atlantique Nord a tendance à engendrer une perturbation de phase ( cf. le petit âge glaciaire avec un Atlantique nord froid et un El-nino puissant durant cette période ). Les forçages atmosphériques entre Atlantique et Pacifique tropical étaient prédominants à l'époque et ont permis cette réponse. Mais si il y'a aussi une perturbation océanique dans le tas ( refroidissement nord atlantique liée à l’effondrement de calottes glaciaires ), cela devient plus compliquer puisqu'à terme l'eau douce apportée parcoure l'océan jusqu'au Pacifique et, à l'évidence, permet un enfouissement plus profond de la thermocline par mélange, donc un affaiblissement de l'ENSO.

770770mqw.png

Sachant que les réponses atmosphériques et océaniques se font à des échelles différentes, comment vas évoluer l'Enso n'est pas encore tranché ( même si la paléoclimatologie nous donne des indices d'un état de Nino permanent en climats chauds )... C'est ce que Timmermann et al. avaient trouver entre 2005 et 2006 :

Weakened THC : ENSO variance and increased asymmetry: larger amplitude El Nino events ->Atmospheric teleconnexions dominate.

ENSO suppression due to weakening of the North Atlantic THC -> Oceanic teleconnexions dominate.

Y'a encore moyen de faire de la recherche, bonne nouvelle donc :P

Enfin bon, tout celà ne sert absolument à rien pour prévoir l'hiver prochain puisque les échelles de temps ne sont pas les mêmes :lol: La base du message d'Olivier au départ c'était de poster des études récentes qui ont mesurées et mis en évidence un ralentissement de l'AMOC avec une anomalie froide correspondante :

646269tgc.png

Pour ceux qui sont intéressés par ces derniers points :

http://www.earthgauge.net/wp-content/CF_Os...connections.pdf

http://www.researchgate.net/profile/Adam_S...f3df5000000.pdf

ftp://ftp.soc.soton.ac.uk/rapid/pres/public/ic06o3d2.pdf

http://www.researchgate.net/publication/25...a_Climate_Model

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On parle pas mal d'El nino ces derniers temps. Et comme le faisait remarquer paix dans un autre topic, l'El nino actuel, pour l'instant en tout cas, a une tendance à ressembler à un événement central pacifique, du moins, l'océan ne nous fait pas le classico :

http://www.forums.meteobelgium.be/index.ph...amp;st=220&

J'étais tombé y'a pas longtemps sur un papier de la NOAA qui faisait un peu le résumé des connaissances en Mai 2012. J'ai traduis une partie du papier sur le Modoki ( ou ENSO CP, central pacific ) qui traite un peu des points qui le différencie d'un Nino classique, de l'état des connaissances sur les mécanismes et de ses impacts différents sur le globe. La lien vers le pdf est à la fin du post.

Description générale

L'événement de 1977 à 1978 est un exemple typique d’événement centre-Pacifique ( CP ) ( 4.b ). Pendant ce phénomène, les anomalies de SST sont surtout concentrées dans le Pacifique central équatorial de 160ºE à 120ºW, couvrant les régions Niño3.4 et Nino4. En revanche, au cours de l'El Niño de 1997/98 ( 4.a), qui est un événement de type Pacifique Est ( EP ), les anomalies de SST sont pour la plupart situées dans la partie orientale du Pacifique tropical, allant de la côte sud-américaine autour de 80ºW à 160ºW et couvrant les régions Nino1 + 2 et Nino 3.

474766yaaq.png

Les structures spatiales obtenues par différentes méthodes statistiques pour les deux types d'ENSO sont similaires. En particulier, le motif CP obtenu par les trois méthodes présentent une extension vers les pôles des anomalies de SST du Pacifique central dans les deux régions subtropicales nord et sud. La connexion aux subtropiques côté nord semble être plus forte, et les anomalies de SSTs à cet endroit ont tendance à précéder celles du Pacifique central équatorial :

623748fig5.png

En dessous de la surface de l'océan, tandis que le type EP est connu pour être caractérisé par des anomalies de T en subsurface se propageant à travers le bassin du Pacifique (fig. 3*), similaires à celles décrites par la théorie de l'oscillateur retardé dans le phénomène ENSO (Battisti et Hirst, 1989 et Schopf et Suarez, 1988), le CP se trouve être d'avantage associé à des anomalies de T en subsurface se formant in situ dans le Pacifique central :

368150fig6.png

L'évolution de subsurface différente entre les deux phénomènes indique que, à la différence de l'el nino EP, la dynamique sous-jacente du Nino CP semble être moins

dépendant des variations spatiales de la thermocline (Kao et Yu, 2009;. KUG et al, 2009).

Dans les schémas d'anomalies atmosphèrique, le stress de surface lié au vent et les précipitations associés à ces deux types d'ENSO sont également différents. Alors que le PE est associé à des anomalies de vent d'ouest couvrant une grande partie du Pacifique tropical, les anomalies de vent d'ouest associées à un CP ont une plus petite échelle spatiale et sont centrées sur le centre/Ouest du Pacifique (Kao et Yu, 2009;. Kug et al, 2009). Le fait que les anomalies de vent soient situées plus à l'ouest dans l’événement CP est cohérent avec l'emplacement des anomalies de SST. Des anomalies significatives de vent d'est apparaissent également sur le Pacifique tropical oriental au cours de ce type d'El nino. En terme de précipitations, des anomalies positives associées à l'EP s'étendent généralement à partir du côté oriental jusqu'au centre du Pacifique où se trouvent les plus grandes anomalies de SST. Pour le Central Pacific, les anomalies de précipitations sont caractérisées par un modèle de dipôle avec des anomalies positives

situé principalement vers l'ouest du pacifique et et négatives vers l'est du pacifique (Kao et Yu, 2009; Kug et al., 2009). Les différents régimes de précipitations de ces deux types de ENSO impliquent que les emplacements de chauffage convectifs associés et les téléconnexions aux latitudes moyennes pourraient être différentes aussi.

Le phénomène El Niño 2009-10 est connu pour être l'un des plus fort El Nino CP dans les dernières décennies (Lee et McPhaden, 2010). La tendance révèle que les CP ont l'air de se produire plus souvent dans les dernières décennies (Ashok et al, 2007;. Kao et Yu, 2009; Kug et al., 2009; Lee et McPhaden, 2010). Il est intéressant de noter qu'au moins trois des quatre El Niño dans le 21e siècle (par exemple, 2002/03, 2004/05, 2009/10) ont été du type CP. Yeh et al. (2009) ont comparés le rapport CP/EP des événements El Niño dans un modèle couplé et ont remarqués que le ratio devrait augmenter dans un scénario de réchauffement global. Ils ont fait valoir que la récente

augmentation de la fréquence du CP est liée à un affaiblissement moyenne de la circulation équatoriale et un aplatissement de la thermocline moyenne dans le Pacifique équatorial, qui pourrait être une conséquence du réchauffement climatique (Vecchi et al., 2007). Cependant, ils ont également fait valoir que l'augmentation de l'occurrence du phénomène El Niño CP au cours des dernières décennies pourrait être une expression d'une variabilité multidécennale naturelle et pas nécessairement une conséquence du forçage anthropique (Newmann et al., 2011; McPhaden et al., 2011). De futures investigations sur ce sujet sont nécessaires.

Méchanismes du phénomène ENSO CP ( pacifique central )

Le mécanisme de génération spécifique pour le CP n'a pas encore totalement trouvé de réponses, et il y'a des débats en cours quant à savoir si le CP ENSO devrait être considéré comme une entité différente de l'ENSO ou simplement une expression différente du même phénomène. Ashok et al. (2007) ont fait valoir que les variations de la thermocline induite par les motifs de vent particulier sont responsables de la génération du phénomène central pacific. Les anomalies de vent d'ouest induisent la formation d'ondes de Kelvin océaniques se propageant vers l'est, et les anomalies de vent d'est induisent la formation d'onde de Rossby océaniques se propageant vers l'ouest, ensemble, elles approfondissent la thermocline dans le Pacifique central pour produire le CP. Comme mentionné plus tôt, les anomalies de vent d'ouest apparaissent à l'est de l'anomalie chaude de SSTs au centre du pacifique, et les anomalies de vent d'est à l'est. Kug et al. (2009) ont souligner le fait que les anomalies d'est des vents équatoriaux peuvent supprimer le réchauffement dans le Pacifique oriental au cours un CP El Niño en améliorant la remontée d'eau profonde vers la surface et plus d'évaporation. Cependant, ils ont également fait valoir que la profondeur moyenne de la thermocline dans le Pacifique central est relativement profonde et que les variations de la thermocline associés au vent peuvent ne pas être efficaces dans la production des anomalies de T associées au CP. Au lieu de cela, ils ont suggérer que c'est l'advection océanique qui est responsable pour le développement du réchauffement de la partie centrale ( Kelvin/rossby).

Une analyse du bilan de la chaleur de la couche mixte réalisée par Yu et al. (2010) a également conclu que les anomalies de SST du Central Pacific subissent une intensification rapide à travers des procédés d'advections dans l'océan. Cependant, ils ont fait valoir que la mise en place initiale des anomalies de SSTs dans le centre du Pacifique équatorial est liée au forçage de l'atmosphère extratropicale après couplage océan-atmosphère dans les régions subtropicales. Ils ont suggérés que des anomalies de SST apparaissent d'abord dans les subtropiques nord du Pacifique et plus tard se propagent vers le centre du Pacifique équatorial. Les processus de couplage spécifique dans les régions subtropicales responsables de la propagation vers l'équateur sont semblables à celles représentées par le mécanisme de l'empreinte saisonnière ( ou réémergence ) (Vimont et al., 2001, 2003, 2009). Ce mécanisme explique comment les variations atmosphériques aux moyennes latitudes en hiver peuvent forcer des anomalies de SST subtropicales, conservées jusqu'à l'été d'après, et dans le même temps les propager vers le centre et l'ouest du Pacifique équatorial.

PS : Comme dit plus haut, Olivier parlait du fait que les anomalies chaudes actuelles dans le pacifique équatoriale étaient repoussées vers le centre. Cela pourrait être du à de puissantes ondes dans l'océan. J'ai plus le lien dans l'immédiat mais en 2009, il y'avait eut génération d'une forte onde de Rossby réfractée sur le continent Américain, et avait d'ailleurs permis une transition abrupte vers des conditions la Nina. Cela doit ressembler à une Thea Party géante sous la surface de l'océan là bas actuellement :lol:

Impact d'un événement CP

La réponse atmosphérique à des anomalies de SST peut être sensible à leur emplacement exact (par exemple, Mo et Higgins, 1998; Hoerling et Kumar, 2002; Alexander et al., 2002; Basugli et Sardeshmukh, 2002; DeWeaver et Nigam, 2004). Plusieurs études ont indiquer que les impacts du type CP pourraient être nettement différents de ceux de l'ENSO PE. Par exemple, l'impact du CP sur les températures hivernales américaines peut être caractérisé par le motif de dipôle nord-sud bien connu associé à l'ENSO PE, mais caractérisé également par un modèle de dipôle est-ouest pour le CP (Mo, 2010). La mousson à l'ouest du Pacifique Nord a une relation plus forte avec l'ENSO CP que l'EP (Weng et al., 2011), et les variations de précipitations dans le sud de la Chine sont différentes pour les deux types d'ENSO (par exemple, Feng et Li, 2011; Zhang et al., 2011). Les précipitations australiennes semble également être plus sensibles au type CP (Wang et Hendon 2007 EP; Taschetto et al, 2009). Les résultats présentés dans Kumar et al. (2006) implique également que le CP peut réduire les pluies de mousson en Inde plus efficacement. Dans l'hémisphère Sud, le CP ENSO aurait un impact plus fort sur l'activité de trajectoire des cyclones (Ashok et al., 2007). Le phénomène de 2009, caractérisé comme un fort ENSO central pacific, aurait eut une influence extrême dans l'HS en contribuant à la fonte de la glace de l'Antarctique en induisant un anticyclone stationnaire en dehors du continent et en améliorant le flux de chaleur turbulent dans la région (T. Lee et al., 2010). L'influence du CP sur les ouragans de l'Atlantique peut également être différent du Nino classique(Kim et al., 2009). Ces impacts sur le climat significativement différents, impliquent qu'ils peuvent laisser des signatures différentes dans les proxys des paléoclimats dans le monde entier, y compris les coraux, ce qui devra donc être exploré ..

*

435099fig3.png

Source : http://www.aoml.noaa.gov/phod/docs/ENSO_Revision.pdf

Modifié par passiion

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Tient pour s'occuper on va s'amuser à "réfléchir" comme CFS. Il était déjà connu que CFS était une grosse daube, mais cette année on peut montrer à quel point c’est vrai :whistling: La prévi de CFS pour cet Hiver a cette tronche :

post-3513-1442303964_thumb.png

Prenons la carte des anomalies de températures de surface pour un événement El Nino :

post-3513-1442304098_thumb.png

Cela ressemble déjà pas mal, mais on peut faire mieux. L'Arctique est en très fort recul. Même si CFS a un peu de mal avec la banquise, après les niveaux très bas de cet Été il n'est pas difficile de deviner que cet Hiver sera encore très lourdement déficitaire. Rajoutons donc pour l'Arctique des anomalies positives pour suivre la banquise (c'est sans doute vrai pour l'Antarctique, il est très probable que CFS anticipe aussi un maintien d'une faible extension de la banquise Antarctique. On pourrait donc rajouter une ceinture d'anomalies positives dans l'Océan Austral. Cependant il n'y a pas de données diagnostiques pour la banquise antarctique et en l'absence de données je ne présumerais pas plus de la vision qu'à CFS de la banquise antarctique) :

post-3513-1442304885_thumb.png

On rajoute là dessus la Niña Atlantique en cours ( https://en.wikipedia.org/wiki/Atlantic_Equatorial_mode ) et le piscine froide au Sud du Groenland, deux anomalies qui ne sont pas prêtes de bouger :

post-3513-1442305251_thumb.png

Et voila ! j'ai économiser des heures de calculs et j'obtiens le même résultat que CFS :whistling: Il réagit de manière très linéaire et n'a donc aucune valeur pour cet Hiver. Il est certain que l'El Niño restera là cet Hiver, tout comme le froid de l'Atlantique et l'anomalie de l'Arctique. Cependant, tout ceci reste une prévi très linéaire, à " l'inertie ".

Modifié par paix

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La strato a commencé à se refroidir également, et le vortex polaire vient de se reformer (situation pr le 19 Septembre) :

ZT10_25_96.png

Et la température baisse :

post-3513-1442340124_thumb.png

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La strato a commencé à se refroidir également, et le vortex polaire vient de se reformer (situation pr le 19 Septembre) :

Et la température baisse

Est-il vrai que lorsque le vortex polaire se met en place l'hiver, moins il a d'activité plus la T° baisse dans l'hémisphère Nord ? Quels sont les mécanismes qui pourraient influencer le vortex polaire ?

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Dans la stratosphère en Hiver (au dessus de 10 km d'altitude), l'air est d'autant plus froid que le vortex est stable, et réciproquement. Cependant un vortex polaire plus froid et plus puissant est associé au contraire dans la troposphère a un temps en moyenne plus zonale, donc plus doux. Et les mécanismes qui pourraient l'influer dépendent de l'échelle de temps considérée. À long terme, la perte d'ozone tend à refroidir la stratosphère et donc à stabiliser le vortex polaire par exemple. C'est plus marqué en Antarctique, mais c'est aussi vrai en Arctique. Pour notre Hiver cependant en particulier, ce qui déterminera la stabilité ou non du vortex sont les événements dit Sudden Stratospheric Warming ou SSW. Ce sont des périodes de hausse de l'activité ondulatoire (l'atmosphère fait des vagues littéralement parlant :P mais dans un plan horizontal) qui finissent par déboucher sur un réchauffement brutal de la stratosphère et une déstabilisation du vortex polaire. En troposphère, la circulation zonale faiblit alors et c’est propice à des périodes de temps plus froides. Un des enjeux est donc d'anticiper ces SSW, sachant qu'une foule de facteur entre en compte, de l'état de la cryosphère à la convection tropicale en passant par le Soleil ^^

Modifié par paix

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Est-il vrai que lorsque le vortex polaire se met en place l'hiver, moins il a d'activité plus la T° baisse dans l'hémisphère Nord ? Quels sont les mécanismes qui pourraient influencer le vortex polaire ?

Un des enjeux est donc d'anticiper ces SSW, sachant qu'une foule de facteur entre en compte, de l'état de la cryosphère à la convection tropicale en passant par le Soleil ^^

Oui, je remet à ce sujet mon post de l'année dernière, ce sont des éléments de réponses, mais très "canoniques" si on peu dire :P Enfin le fait est que ça peut être utile :

Il serait intéressant de rapeller un peu les sources potentielles de prévisibilité sur plusieurs mois dont on dispose. Parmis celles ci, on peut se concentrer sur le vortex polaire ( le vrai, en stratosphère ) qui a une certaine prévisibilité à plus ou moins longue échéance et que celle ci permet d'avoir également une certaine prévisibilité hivernale en troposphère, via le couplage stratosphère-troposphère. Par exemple on sait qu'un split ( un vortex qui se scinde en deux, donc un vortex très affaibli ) à tendance à augmenter les blocages atlantiques et pacifiques ( donc les flux méridiens avec remontées douces et descentes froides si on est du bon côté :lol: ). Néanmoins, il ne faut pas penser que celà puisse permettre de prévoir le temps dans son jardin pour cet hiver.

267056Z500.jpg

Cette image des anomalies du Z500 tirée d'une étude illustre la tendance à l'augmentation des blocages en troposphère à la suite de Displacements et de splits en stratosphère.

Sur les phénomènes qui peuvent moduler le Vps ( vortex polaire stratosphérique) on a la QBO ( une oscillation des vents dans la stratosphère tropicale ), le cycle solaire, l'ENSO ( oscillation australe ), les volcans, l'enneigement sibérien... J'avais trouvé une thèse sympathique ou les effets de ces différents phénomènes sont résumés sur des vignettes. Ici je n'entrerais pas dans les explications physiques des interactions, je me contenterais de mettre en avance les liens statistiques proposés dans la thèse.

I) En ce qui concerne l'intéraction QBO - cycle solaire sur le vortex polaire

490855qbo.png

Sur cette image on peut voir qu'il y'a une étroite interaction entre la QBO et le cycle solaire. La réponse du Vps au cycle solaire est fortement modulé par la QBO et les effets de cette dernière sont également modulé par le cycle solaire.

L'affaiblissement du Vps en maximum solaire est renforcé en QBO d'est alors que la réponse du Vps en minimum solaire est inversé selon la phase de la QBO ( Vps renforcé si QBO d'ouest, affaibli si QBO d'est ).

II) En ce qui concerne l'intéraction QBO - ENSO sur le vortex polaire

466081enso.png

Ce qu'il faut retenir c'est que le Vps est fortement affaibli en QBO d'est/El Nino et fortement renforcé en QBO d'ouest/La Nina. Dans les deux autres vignettes ( QBO d'ouest/El nino, QBO d'est/La Nina ) les réponses ne sont pas vraiment significative et tiens en partie à une non additivité des forçages.

III) En ce qui concerne l'intéraction ENSO - enneigement sibérien sur le vortex polaire

623610siber.png

Il existe un lien entre l'enneigement sibérien et l'oscillation australe ( ENSO ). Si la réponse du Vps aux anomalies positives d'enneigement n'est pas vraiment modulé par l'ENSO ( on retrouve dans les deux cas un affaiblissement du Vps ), en revanche, la réponse du Vps aux anomalie négatives d'enneigement est fortement modulé par l'ENSO ( renforcement du Vps en la Nina, affaiblissement en El Nino ).

Actuellement on se dirige vers un El Nino ( 65 % de chance d'ici l'hiver prochain selon les dernières estimations ), une QBO négative et un cycle solaire à la baisse. Je vous laisse tirer vos propres conclusions à l'aide des vignettes que j'ai postées plus haut :P

http://ethesis.inp-toulouse.fr/archive/000...tie_1_sur_4.pdf

http://journals.ametsoc.org/doi/abs/10.117...ournalCode=clim

[/img]

Il faudrait rajouter aussi l'Arctique comme disait paix, il a des périodes ou il force gros depuis une paire d'année maintenant.

Un document qui résume bien cela : http://www.arctic.noaa.gov/future/bib/Vihm...urv_Geophys.pdf

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Et qu'est-ce que cette anomalie froide qui se ballade dans l'atlantique nord pourrait avoir comme effet sur cet hiver chez nous ?

post-911-1443193523_thumb.png

post-911-1443193537_thumb.png

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Un renforcement du zonal ?

:unsure:

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Et qu'est-ce que cette anomalie froide qui se ballade dans l'atlantique nord pourrait avoir comme effet sur cet hiver chez nous ?

Aucune idée, mais si zonal il y a, il risque d'être plus frais que d'habitude.....

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A priori ce serait plus du zonal qu'autre chose, mais comme l'anomalie est très marquée et assez basse en latitude avec des anomalies positives plus au Nord (liée notamment à la banquise) cela pourrait forcer le jet suffisamment au Sud pour avoir finalement un jeu plus typique NAO- Ceci dit on est donc très avancé :lol2: Les anomalies négatives de l'Atlantique équatorial pourrait aussi promouvoir un régime de temps plutôt NAO+.

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Aucune idée, mais si zonal il y a, il risque d'être plus frais que d'habitude.....

Cette masse plus froide dans l'Océan Atlantique Nord vient très certainement de la calotte glaciaire du Groenland qui a encore été bien mise à mal durant cet été. De ce fait, une grande masse d'eau douce et froide s'est déversée dans l'Atlantique Nord : ce phénomène devrait se répéter régulièrement durant les étés suivants à cause du réchauffement climatique global. En cette fin Septembre, l'été est tout à fait terminé au Groenland et il n'y a quasi plus d'eau douce venant des glaciers qui est déversée dans l'Atlantique.

Je pense que son impact sera sans doute très limité. En effet, l'eau douce a une densité un peu plus faible que celle de l'eau de mer. De ce fait, l'eau douce froide venant du Groneland a tendance à rester en surface et à refroidir un peu l'air qui se trouve juste au dessus. Cependant, cette eau va finir par se mélanger à celle de l'océan et comme elle représente une masse très faible par rapport à celle de l'océan, l'impact sera négligeable. De plus, le Gulf Stream va pousser cette masse d'eau douce plus froide vers l'Europe tout en la mélangeant à celle de l'océan. Il convient alors de voir que la Mer du Nord et celle de Norvège présentent une très légère anomalie positive; ce mélange des eaux devrait annuler la légère anomalie chaude de la Mer du Nord et de la Mer de Norvège.

Beaucoup de gens parlent d'un possible refroidissement de l'Europe à cause de ce phénomène qui pourrait s'accélérer et rendre le zonal plus froid et moins actif comme ce fut le cas lors du dit "événement 8.2" qui s'est produit il y a 8200 ans environ. Les conditions étaient les suivantes : la dernière ère glaciaire majeure venant de se terminer, beaucoup d'eau douce s'est déversée dans l'Océan Atlantique et la montée du niverau marin a permis à la mer de gagner la baie d'Hudson au Canada. La glace présente encore en Baie d'Hudson s'est retrouvée flottantte sur l'océan et a transité rapidement dans l'Atlantique Nord. Cet iceberg géant

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s'est retrouvé dans l'Atlantique Nord et a rapidement fondu causant un refroidissement majeur de l'Atlantique avec les conséquences citées ci-dessus. Néanmoins, cet événement fut relativement ponctuel et la masse de glace était bien supérieure à celle du Groenland qui font actuellement.

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Oui, ils en parlent ici d'ailleurs : http://www.giss.nasa.gov/research/briefs/legrande_01/

Ce qui est intéressant aussi, c'est qu'on peut noter que cette baisse de la circulation océanique a assécher une partie du globe, avec en conséquence une augmentation des poussières, et une diminution de la fermentation anaérobie ( donc moins de méthane émis ), ce que confirment les proxys relevés.

Mais comme c'est préciser à la fin, le contexte actuel n'est vraiment pas le même.

Et qu'est-ce que cette anomalie froide qui se ballade dans l'atlantique nord pourrait avoir comme effet sur cet hiver chez nous ?

Pour compléter, je reprendrais les études de Cassou à ce sujet qui mettait en garde le fait de se concentrer uniquement sur l'atlantique Nord extratropical ( d'ou le fait qu'il ait sorti son schéma de tripôle et de fer à cheval pour tenter de faire des projections saisonnières ). Le forçage tropical apparaît dominer dans la réponse atmosphérique nord atlantique, mais peut néanmoins être modulé ( non additivité tropiques/moyennes latitudes ).

Le chose à faire c'est donc de regarder aussi les tropiques. Par exemple :

697739trop.png

Et le résultat avec le même exercice pour les moyennes latitudes :

Si l’on reproduit le même exercice en prescrivant dans le modèle, cette fois, uniquement les étages de moyenne et haute latitude du tripôle de SST (c’est-à-dire au nord de 30° N), les résultats sont moins clairs et tendent même à confirmer que les anomalies océaniques extratropicales sont plutôt des réponses à la circulation de surface

des régimes atmosphériques. ( pour le modèle en fer à cheval, les anomalies aux moyennes latitudes serait une réponse à la dynamique tropicale).

On en arrive donc aux schémas de tripôle et de fer à cheval :

281494moum.png

Ce que dit Cassou :

L’exercice de prévision saisonnière repose sur l’hypothèse que, plus les anomalies de SST de la fin de l’été sont proches de la structure en fer à cheval (resp. en tripôle), plus les chances sont grandes que l’hiver suivant soit dominé par les régimes NAO- (resp. NAO+).

L'idée du mécanisme, c'est que l'impact de ces schémas sur la dynamique nord atlantique se fait en cours d'hiver, avec le renforcement saisonnier du jet stream, via une interaction avec le storm track ( le rail des dépressions ). En cas de tripôle il a tendance à se barrer vers le nord, l'inverse en cas de fer à cheval.

http://acacia.ucar.edu/staff/cdeser/docs/c...irc.jclim04.pdf

http://www.cnrm.meteo.fr/recyf/IMG/pdf/Cas...orologie_04.pdf

http://www.cgd.ucar.edu/staff/cdeser/docs/...mes.jclim04.pdf

Modifié par passiion

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Actuellement la celulle de Hadley pour l'Atlantique est particulièrement affaiblie, avec des anomalies OLRs positives qui signent une réduction de la convection :

t24NFq.png

Les OLRs représentent l'énergie émise vers l'espace. Si il y a beaucoup de nuages épais, les OLRs sont bloqués et il apparait une anomalie négative des OLRs qui manifestent la présence d'une forte convection donc. Réciproquement, les anomalies positives signent l'absence de convection. L'affaiblissement de la cellule de Hadley atlantique est une conséquence classique de l'El Nino. De plus l'Atlantique tropicale n'est pas spécialement chaud et ce n'est pas lui non plus qui va aider :

post-3513-1443269338_thumb.png

Habituellement, une convection moins active dans l'Atlantique tropicale tend à injecter moins d'énergie dans le jet subtropical, ce qui tend à stabiliser l'anticyclone des Bermudes et par suite la dépression islandaise, ce qui ramène un schéma de NAO+ au final avec un jet polaire et subtropical qui se confondent sur l'Atlantique. En Atlantique chaud au contraire le jet subtropical est nettement renforcé et se sépare très nettement du jet polaire, ce qui tend à ramener un schéma de NAO-. Par là dessus, l'anomalie froide de l'Atlantique pourrait coopérer pour stabiliser le rail des dépressions un peu au Sud effectivement, mais le stabiliser au moins.

Cependant il faut tenir compte d'autres éléments. La banquise est encore parti pour être lourdement déficitaire. Les anomalies de températures de l'océan sont donc de nouveau fortement positive pour les régions les plus septentrionales, ce qui pourrait de nouveau contribuer à des blocages aux hautes latitudes. En particulier, l'anomalie froide du nord Atlantique est excentrée vers le Sud et laisse de la place à des anomalies positives plus au Nord, ce qui pourrait effectivement favoriser des blocages aux hautes latitudes.

L'enneigement en Sibérie a également bien débuté :

post-3513-1443271007_thumb.png

Un gugus qui s’appelle Cohen a démontré que les automnes bien enneigés étaient plus favorable à une oscillation arctique négative :

post-3513-1443271113_thumb.png

D'autre part, le Pacifique atteint des niveaux de températures extraordinaires, et c'est rien de le dire. C'est plus de l'intuition personnelle à ce niveau :whistling: mais j'aurais tendance à dire que le Pacifique risque d'injecter pas mal d'énergie dans le jet les mois qui viennent, ce qui pourrait avoir quelques conséquences assez sympathique.

Modifié par paix

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Cependant il faut tenir compte d'autres éléments. La banquise est encore parti pour être lourdement déficitaire. Les anomalies de températures de l'océan sont donc de nouveau fortement positive pour les régions les plus septentrionales, ce qui pourrait de nouveau contribuer à des blocages aux hautes latitudes.

Oui ^^

D'ailleurs, je suis tombé y'a pas longtemps sur une étude qui porte sur la réponse atmosphérique aux anomalies régionales de flux de chaleur en Arctique. Particulièrement, dans la dernière décennie, la réduction de la glace arctique est importante vers Barents et dans l'Est sibérien. Ces anomalies génèrent des flux de chaleur qui prennent du galon quand on arrive en hiver et perturbent sensiblement la circulation ondulatoire extratropicale.

Après, ils précisent bien que l'impact de l'Arctique sur celle-ci dépend aussi de l'état de fond de l'atmosphère et logiquement, de la répartition régionale des anomalies de fonte.

163750qqa.png

Pas facile de se repérer à première vue, mais l'Amérique est à droite, l'Asie à gauche, et l'Europe vers le Nord.

La vignette a. représente la corrélation entre une anomalie de température en mer de Barents/Kara et l'Est de l'Asie. On voit que quand les flux de chaleur sont importants dans le premier, ça à tendance à cailler dans le second.

La vignette b. représente la corrélation entre une anomalie de température en mer de Tchouktches et l'Amérique du nord. Là aussi le lien est très puissant et on remarque que le Canada et une partie des USA se les pèlent.

On peut noter que la réponse atmosphérique pour la seconde vignette se fait plus rapidement que pour l'Asie.

http://www.nature.com/ngeo/journal/vaop/nc...l/ngeo2517.html

Il y'a aussi la masse d'évidence que la fonte de la banquise a permis plus d’événements neigeux au niveau hémisphérique dans la dernière décennie ( hausse de l'humidité ).

Par exemple : http://www.pnas.org/content/109/11/4074.abstract

Ils montrent également que les anomalies de fonte forcent l'installation d'anticyclones dynamiques vers le Nord, et que les schémas qui en résultent sont relativement différent d'une AO "classique" ( paix en avait déjà parler à ce sujet ).

pnas.1114910109fig4.jpg

Les vignette E et F montrent l'humidité spécifique, mettant bien en évidence une augmentation de celle ci en début d'hiver en Europe jusqu'en Russie, alors qu'au NE de l'Amérique, la hausse majeur se fait pendant l'hiver ( comme au nord de la Chine ), ceci en accord avec les observations qui dénotent une hausse des chutes de neige dans ces régions pendant les hivers récents.

Modifié par passiion

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Tient à propos du Pacifique qui injecte de l'énergie dans le jet tu peux mettre ta théorie aussi même si c'est plus de la prévi immédiate :

post-3513-1443430985_thumb.png

que le pacifique injecte des perturbations dans le flux :

http://www.meteo.fr/cic/meetings/2013/AMA/...es/pres_025.pdf

La difficulté est de savoir si on va vraiment vers de la NAO- :whistling: parce que l'un dans l'autre on reste dans un flux très zonal à l'échelle de l'Hémisphère. Ce qui ets perturbant aussi est la persistance d'une très forte anomalie vers 60°N côté Pacifiue et Atlantique. L'anomalie de l'Atlantique a été souligné, mais dans le Pacifique ce n'est guère mieux. Les valeurs de Z500 explosent les records en moyenne mensuelle sur le coin.

Modifié par paix

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Pour illustrer, d'après la réanalyse, la hauteur du Z500 "circumpolaire", de 50°N à 70°N sur l'ensemble du globe :

post-3513-1443432279_thumb.png

L'année 2015 est au 24 Septembre à une moyenne de 5566 mètres. Soit je ne sais pas compté, soit il y a un truc :whistling: Les données sont coupés à 1960 aussi, avant il peut y avoir de la vérité dans les données mais elles sont moins fiables.

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Tiens au fait en regardant la biblio' des publications de Cassou dont on parlait plus haut, je suis retombé sur cette étude qui avait analysé l'hiver 2009/2010 en Europe et avait bien mis en évidence les caractéristiques d'un extrême froid dans un monde en réchauffement. En gros, cet hiver a, malgré ses extrêmes de NAO-, été moins froid que ce à quoi on pouvait s'attendre dans le passé ( delta moyen de 1 degrés ). Cette étude a été citée 159 fois depuis sa parution, par d'autres études.

Quand on regarde le graphique explicite qu'ils ont pondus :

283079logqa.png

On voit que cette tendance aux hivers plus chauds qu'attendus sur la seule base de la synoptique est marquée depuis 1995 environs ( d ), et que quand on retire le signal de réchauffement en fond on obtient globalement des hivers conformes à ce à quoi on pourrait s'attendre.

http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1029/2010GL044613/full

Our findings indicate that the cold – albeit not exceptional – temperature anomaly of winter 2010 was mostly caused by an extreme persistence of the negative phase of the NAO. However similar dynamics were generally associated with even colder temperatures in past winters, so that the winter 2010 mean temperature expected from the sole atmospheric circulation is comparable to the cold record of winter 1963. Winter 2010 appears to be a remarkable event within a longer‐term tendency: observed temperature anomalies have been quasi‐systematically warmer than flow‐ analogues ones over the past two decades, which probably results from background climate warming [Yiou et al., 2007; Cattiaux et al., 2010]. The fact that the positive departure of observed temperatures from flow‐analogues is larger for minimal than for maximal temperatures is consistent with radiative consequences of increasing greenhouse gases concentrations. [19] Thus winter 2010 can be considered as an example of a cold extreme superimposed on a warming climate. Since (i) climate projections suggest the European warming will continue in future decades, and (ii) the extreme dynamics of winter 2010 was one of the most favorable to cold weather since the 1820s, this winter could be one of the coldest of the 21st century

Après ce n'est pas une surprise, ici la recherche s'est portée sur un hiver en particulier sur une zone particulière, mais a l'échelle de l'hémisphère ou du globe, y'a les mêmes constats.

Néanmoins, cela ne signifie pas que l'on peut mettre une croix sur de futurs épisodes hivernaux à venir, mais je trouve que c'est un constat intéressant à souligner.

Modifié par passiion

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Et qu'est-ce que cette anomalie froide qui se ballade dans l'atlantique nord pourrait avoir comme effet sur cet hiver chez nous ?

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Un renforcement du zonal ?

:unsure:

Une autre bonne discussion à ce sujet :

http://forums.infoclimat.fr/topic/86762-te...10#entry2611037

P.S. : Du coup je refous ici ce que je disais ailleurs, cela aurait été plus pertinent dans le cadre de l'évolution du climat mais vu que cette année c'est in your face on en parle plutôt ici :lol2: Bref pour la traçabilité si je puis dire :P

Sinon, dans un autre sujet, pour ramener ici la discussion sur le trou à froid de l'Atlantique, le Washington Post s'est emparé du sujet aussi :

http://www.washingtonpost.com/news/energy-...atlantic-ocean/

Si on considère les données de l'Océan vu par Kaplan pour l'Océan Atlantique Nord subpolaire (en clair :whistling: 45°N à 60°N et 40°W à 20°W ), la tendance est à l'évidence en direction de la cave et 2015 représente en quelque sorte une apothéose :

post-3513-1443549239_thumb.png

Il y a bien sûr plusieurs facteurs qui font que 2015 se retrouve ainsi à couler, et ce n'est évidement pas dû à cette seule tendance à la baise. Il y a aussi des cycles de la circulation thermohaline, très visible quand on considère les résidus :

post-3513-1443549272_thumb.png

Il y a l'AMO qui tente d'émerger, avec la phase négative des années 70 - 80 qui précède la phase positive des années 90 - 00. Et maintenant, on est bien parti pour une AMO négative de nouveau. Tout ceci étant toujours lié à la circulation thermohaline bien sûr. Le début des années 70 a d'ailleurs la plus grosse déviation à la tendance linéaire, et marque la grande anomalie de salinité comme on dit :

http://www.sciencedirect.com/science/artic...079661188900493

Cette grande anomalie a précipité la phase négative de l'AMO, qui correspond en gros à un ralentissement de la circulation thermohaline qui vient en rajouter une couche à la tendance au ralentissement séculaire de la dite circulation. Depuis quelques années, il semblait de plus en plus évident que nous allions vers une phase négative de l'AMO, et 2015 ne fait qu'enfoncer le clou. On rajoute par là dessus une tendance récurrente des dépressions à squatter dans le coin en 2014 et on a sans doute un bon début d'explication de cette anomalie qui défie les records de chaleurs de 2015.

Modifié par paix

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L'avis de notre ami Luc Trullemans:

Prometinfo

2 octobre, 12:00

1 octobre 2015:

Le phénomène "El Nino" s'est bien développé sur la région équatoriale au large Ouest de l'Amérique du Sud et (en contre partie?) une belle poche d'eau plus froide s'est formée depuis quelques temps sur le centre de l'Atlantique Nord...

Conséquence pour le climat en Europe : les courants venant de l'Atlantique (en provenance des secteurs compris entre l'Ouest-Nord-Ouest et l'Ouest-Sud-Ouest seront entre 1 et 3° plus froids que de coutume au cours des prochains mois!

Vous êtes avertis!

post-1177-1443993101_thumb.jpg

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L'avis de notre ami Luc Trullemans:

Prometinfo

Conséquence pour le climat en Europe : les courants venant de l'Atlantique (en provenance des secteurs compris entre l'Ouest-Nord-Ouest et l'Ouest-Sud-Ouest seront entre 1 et 3° plus froids que de coutume au cours des prochains mois!

Vous êtes avertis!

Cela n'a pas de valeur en soi. En 2013 il y'avait eut le même genre d'arguments qui circulaient en disant que l'été serait frais etc. car une partie de l'Europe de l'ouest était entourée de ssts bien fraîches :

anomnight.6.3.2013.gif

Pourtant celui-ci a enregistré son mois de juillet en 3e position des plus chauds sur la France. Au final, l'été aura été dans les normes, voir plus doux que la moyenne 81/10.

http://www.meteobelgique.be/article/85-ann...1-ete-2013.html

http://www.meteofrance.fr/climat-passe-et-...e-de-l-ete-2013

Sinon en ce qui concerne l'enneigement hémisphérique qui débute, ici un bon lien pour suivre l'étendue et les anomalies de couverture : http://climate.rutgers.edu/snowcover/index.php

Au 3 Octobre on est à ce stade pour l'instant ( anomalies négatives en rouge et positives en bleu ) :

2015276.png

Pour rappel sur les effets potentiels de la couverture de neige Eurasienne :

Pour rappel, le mécanisme qui lit l'enneigement à l'AO hivernal est maintenant bien compris. Il a été étudié par J. Cohen notamment, mais il n'est pas non plus le seul à potasser sur le sujet. Dans un article de 2007 il explique :

http://web.mit.edu/jlcohen/www/papers/Cohenetal2007.pdf

L'idée est de dire que l'enneigement en Sibérie provoque des anomalies négatives du rayonnement de surface ( en gros, il fait froid ^^ ). Ce forçage diabatique ( diabatique = échange de chaleur, genre s'accoupler avec un autre humain -ou une chèvre :lol2: est un échange diabatique ) génère une activité ondulatoire renforcée en fin d'Automne, début d'Hiver. Cette activité ondulatoire se propage en strato. Le vortex polaire est alors déstabilisé, se réchauffe, éclate, bref il se fait défoncer la gueule. Et en retour, vers le milieu/fin d'hiver, les conséquences du SSW se propage en troposphère. Ce qui conduit à des situations propices à l'AO-, avec potentiellement, neige, froid, verglas, Paris paralysé, etc...

La théorie est bien maîtrisé, et les corrélations des valeurs confirment cette théorie.

Modifié par passiion

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