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paix

Climats constants

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Puisqu'il faut bien commencer d'une manière ou d'une autre, commençons par un truisme, ce sera plus facile :whistling: Les modèles dit climatiques, les fameux GCMs (General Circulation Models) sont des déchets et sont incapables de prévoir quoique ce soit d'utile. Pour savoir ce qu'est un GCM :

http://www.ipcc-data.org/guidelines/pages/gcm_guide.html

La seule chose qu'ils savent nous dire, c'est que la Terre se réchauffe avec plus de gaz à effet de serre. Avec ça on est bien avancé... Ils ne sont pas capables de simuler correctement la réduction de la banquise et de l'enneigement, ni dans l’hémisphère Nord ni dans l'hémisphère Sud. Ils sont incapables de simuler correctement la hausse actuelle du niveau de la mer, la sous-estimant systématiquement. Ils sont incapables de simuler les rétroactions positives du cycle du carbone. Ils sont incapables de simuler correctement l'expansion actuelle de la cellule de Hadley. Pour l'Atlantique, ils ne savent que simuler une migration vers le Nord de la zone barocline. Une éventuelle perturbation de la zone barocline leur est totalement inconnu. Ils simulent donc bien gentiment des hivers plus doux et humides et des étés plus chaud et secs, bref une "méditérranéesation" du climat et une tendance plus NAO+. La cellule de Hadley s'étend, mais les éléments de la circulation atmosphérique restent fondamentalement les mêmes. L'épreuve de la réalité est rude depuis 10 ans, le bon vieux zonal ayant été perdu corps et bien entre temps. Mais ce n'est pas grave, MF y croit toujours à ces Hivers et ces Étés typés NAO+ et à une France méditerranéenne. Quelques morceaux d'anthologies :

http://www.developpement-durable.gouv.fr/I...fevrier2015.pdf

http://www.developpement-durable.gouv.fr/I...lume_4_VF_2.pdf

Du grand MF, déni de la réalité, déni du RC, déni d'un peu près tout sauf des éblouissantes réussites de MF dans un monde totalement virtuel ou les données mesurées n'ont pas leur place. Bienvenue dans la tour d'ivoire de Toulouse. Enfin bon, ils ne participent pas au rapport du GIEC pour rien. Il existe cependant une autre méthode pour la météorologie et la climatologie que n'ont pas encore réussi à tuer ni le GIEC ni MF malgré leurs tentatives répétées. Il s'agit de partir des observations, et de voir les enseignements qu'on peut en tirer. Pour le climat, il existe une formidable source d'informations qui est la paléoclimatologie. Cette source d'informations démontre que l'utopie du "tout modèle" que poursuivent frénétiquement certains scientifiques est en échec patent. Et même si cela est déjà plus parti du corps du développement, pour illustrer, cette opinion :

http://88.167.97.19/temp/Built%20for%20sta...ty_ngeo1200.pdf

d'un professeur de l'université de Bristol. Il met bien en évidence l'échec complet des modèles à simuler les réchauffements passés. Supposer que les modèles sont capables de simuler le réchauffement climatique à venir est donc une hypothèse totalement délirante. Et pourtant, au GIEC, ils ont l'air d'y croire... Les modèles sont capables de simuler un climat sans changement abrupt où les éléments de la circulation générale ne changent pas. Ils sont par exemple tout à fait à même de simuler le climat du dernier âge glaciaire. Cependant, les modèles sont construits à partir de certaines hypothèses pour pouvoir simplifier quelque peu les équations brutes. Ces hypothèses font que les modèles sont proprement incapables de simuler un changement climatique radical où les hypothèses sous-jacentes sont remises en cause. Dit plus simplement, suivant un proverbe de Dieu seul sait où, quand on a comme seul outil un marteau, tout paraît être un clou. On va donc partir de la paléoclimatologie, voir ce que nous raconte les fossiles, et essayer d'imaginer ce que pourrait devenir le climat de l'Europe en cas de réchauffement.

On va commencer par ce lien :

http://www.forums.meteobelgium.be/index.ph...st&p=472227

Et une petite frise chronologique pour mettre les choses en contexte :

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https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89chelle_....C3.A9ologiques

Nous sommes actuellement dans l'anthropocène. Juste avant nous avions l'Holocène, encore avant le Pléistocène. Le pléistocène est l'époque des cycles glaciaires / interglaciaires de grandes amplitudes :https://fr.wikipedia.org/wiki/Glaciations_quaternaires . Encore avant, le Pliocène, une période un peu plus douce et au climat sans doute un peu moins changeant mais avec encore . Encore avant, le Miocène, avec un maximum thermique vers 16 millions d'années avant notre ère. L'Oligocène, qui est le premier à connaître un froid planétaire suffisant pour faire geler l'Antarctique. Encore avant, c'est l’Éocène, une période chaude de la terre avec des périodes de réchauffement abrupt qui mène la température encore plus haut. L'événement le plus célèbre en est le PETM : https://en.wikipedia.org/wiki/Paleocene%E2%...Thermal_Maximum . Et encore, le Paléocène, là aussi une période très chaude. Nous nous limiterons généralement à ces 60 millions d'années, qui représentent déjà une belle diversité climatique alors même que la géographie planétaire a peu évolué. En toute logique, l'atmosphère est un système dynamique, donc à mêmes causes mêmes effets. C'est donc un bon champ d'étude pour savoir ce qu'il pourrait se passer si le climat se réchauffe. Au passage, je disais que le taux de CO2 au Miocène était de l'ordre de 500 ppm, mais la valeur est probablement trop élevée vu les études, elle était plus probablement vers les 400 ppm. On est donc déjà à un niveau de chauffage équivalent à celui du Miocène (en négligeant tout les autres gaz à effet de serre, ce qui est une hypothèse fausse, délirante et dangereuse, mais tellement répandue...). Sachant que le Miocène était 3 à 4°C plus chaud que l'Holocène, cela complique singulièrement l'objectif d'atteindre les 1.5°C. Enfin je dis ça, je dis rien...

Rentrons plus avant dans le sujet avec cette étude de Zachos et Pagani en 2001 (cité 5275 fois au jour d'aujourd'hui ^^ ) qui étudie les variations du climat sur les 60 derniers millions d'années :

http://www.essc.psu.edu/essc_web/seminars/.../Zachosetal.pdf

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On peut voir l'évolution de la concentration en oxygène 18 des sédiments de la zone benthique qui est un indicateur de la température (pour la version température globale, il y a le lien au dessus au sujet de la sensibilité climatique). Les différentes glaciations de l'hémisphère Sud et Nord sont également indiqués. L'Antarctique prend glace à partir de l'Oligocène, l'Hémisphère Nord à partir du Pliocène. Puis viennent les événements climatiques, les événements tectoniques, les événements biologiques (l'expansion des plantes C4 par exemple en réponse à la baisse de la concentration en CO2 de l'atmosphère), et enfin la variation de la concentration en carbone 13. Le climat a donc connu des périodes notablement plus chaudes, en particulier au Miocène et à l’Éocène. Ce sont ces deux périodes qui font l'objet des plus importantes recherches, puisqu'elles sont potentiellement un analogue à notre situation actuelle. Une autre étude célèbre et monumentale de Marckwik en 1998 étude les fossiles crocodiliens pour en déduire l'évolution des conditions climatiques passés :

http://palaeogeography.net/about_me/refs_p...rkwick_1998.pdf

Les crocodiliens (crocodiles, gavials, alligators) : https://fr.wikipedia.org/wiki/Crocodilia sont des animaux dont la température moyenne du mois le plus froid, la température moyenne annuel, et les précipitations sont des facteurs contraignant très fortement leurs extensions géographiques. Ce sont donc de bons "biothermomètres". D'après l'étude, le mois le plus froid doit avoir une température d'au moins 5.5°C et l'année doit avoir une température moyenne d'au moins 14.5°C. Bonne nouvelle pour les illuminés de MF, ils vont pouvoir introduire des crocodiliens à la Météopole avec le RC. Cette étude des crocodiliens montre que par le passé les crocodiliens étaient beaucoup plus répandus, et remontaient au moins jusqu'à 50°N - 60°N. Pour éviter toute ambiguïté, l'auteur a séparé les crocodiliens (dont certaines familles ont disparu depuis) des crocodiliens "crown group" qui ont encore des représentant en vie à notre époque. Dans l'étude, l'auteur se concentre évidement sur le "crown group" pour pouvoir tirer des analogies (ce serait un peu bête de tirer des analogies de bestioles qui n'existent plus aujourd'hui :whistling: ). À l’Éocène, des espèces remontent jusqu'à Ellesmere, alors par 80°N, et l'Arctique Canadien ... C'est dire la chaleur de l'époque. Au Miocène, les crocodiliens sont encore présent jusqu'à vers 50°N et S, jusqu'à Londres et Bruxelles un peu près.

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Dans l'Arctique Canadien toujours, vers Ellesmere en particulier, des restes de chameaux géants ont été retrouvés. Par exemple, cette étude de Rybczynski et ses copains en 2012 :

https://www.researchgate.net/profile/Alan_H...7db1e000000.pdf

Les camélidés sont ainsi originaire de chameaux géants et ancestraux vivant en Arctique il y a 50 millions d'années :whistling: En plus la fille qui a mené la recherche a l'air plutôt avenante :lol2:

http://nature.ca/en/about-us/museum-news/n...arctic-canadian

Le sujet principal n'est pas le climat d'Ellesmere au Cénozoïque alors arrêtons sur une dernière recherche de Estes et Hutchison en 1980 :

http://www.sciencedirect.com/science/artic...031018280900644

qui citent quelques bestioles qui trainaient aussi dans le coin, comme des tortues géantes, des salamandres, etc... Ce n'est plus vraiment le genre actuel d'Ellesmere :whistling:

Pour l'Europe, surtout l'Europe Centrale donc, le climat jusqu'au Miocène inclus était plutôt doux et humide. C'est là que nous introduisons un joli terme, "equable climate". Je n'ai trouvé nul part de traduction française pour ce terme, alors je décide que ce sera climat constant en français ^^ Ce furent des climats avec une température annuelle élevée, une faible amplitude saisonnière, et des précipitations abondantes toute l'année, sur l'ensemble du globe. Ce furent des périodes géologiques où la Terre était très "equable" justement, avec peu de gradient, tant de températures que de précipitations, dans le temps et l'espace. Bref, à part le côté "plus chaud" ce sont des climats qui n'ont pas grand chose à voir avec les prévisions des modèles. En particulier, même si ce n'est pas possible de le démontrer formellement, il est probable que ce n'était pas des climats sujets à des canicules majeurs. MF qui s'amuse à nous raconter des histoires de grand méchant loup en nous racontant que l’Été 2003 sera frais en 2100 peut donc retourner à ces chères études. Il est probable que le niveau atteint en Août 2003 sera en réalité de plus en plus difficile à atteindre à cause de l'humidification du climat. Cependant, ce seront alors les vagues de chaleurs humides comme en 2014 qui deviendrait plus fréquente, précisément la vague de chaleur que MF a passé sous le tapis et niait à toute force en laissant les gens mourir de chaud plutôt que de passer une vigi orange. Et précisément le type de vague de chaleur qui pose de très fortes contraintes, tout franchissement d'une température du thermomètre mouillé de 35°C sur plusieurs heures signifiant plus ou moins un arrêt de mort. Toute ceci cependant est dépendant de certains facteurs cruciaux, dont la forêt. Au Miocène, il n'y avait personne pour raser les forêts, et la vitesse d'évolution du climat risque de pousser problème à la flore pour suivre. Or la couverture végétal est un facteur majeur du climat. En 2005, des allemands, Mosbrugger, Utescher et Dilcher, publie une étude complète sur le climat de l'Allemagne depuis 60 millions d'années. Ils repartent de la même méthode que pour celle des crocodiliens. En comparant les fossiles avec les conditions climatiques où vivent actuellement les espèces reliés aux fossiles, ils peuvent déduire des paramètres climatiques divers et variés. La précision de la reconstruction augmente avec le nombre de fossiles évidemment, par recoupement plus il y a de fossiles disponibles meilleure est la précision :

http://www.pnas.org/content/102/42/14964.full

La série la plus longue est pour le bassin de la Lusace, vers l'Allemagne de l'Est (pour mémoire, Berlin actuellement va de 0°C en Janvier à 19°C en Juillet avec 600 mm de flotte), le bassin de la Molasse (la Bavière en gros) et le cours inférieur du Rhin (les Pays-Bas en fait). Les données calculés sont la température moyenne annuelle (MAT), la température moyenne du mois le plus chaud, la pluviométrie annuelle (MAP), et la température moyenne du mois le plus froid (CMM) :

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Le Miocène (sans doute ce vers quoi on s'achemine au final), présente une température moyenne annuel vers les 16 - 17°C, un mois le plus chaud vers 26°C, et un mois le plus froids vers 10°C, en Allemagne. Cela représente un solide réchauffement donc, et une baisse de la saisonnalité. De plus la pluviométrie annuelle est aux alentours de 1200 millimètres annuels. Ce serait à peu de choses près le climat de Buenos Aires par exemple :

https://es.wikipedia.org/wiki/Buenos_Aires#Clima

ou de Gualeguaychú :

https://es.wikipedia.org/wiki/Gualeguaych%C3%BA#Clima

Avec cependant moins de variabilité et moins de gel. Le climat en Argentine reste soumis parfois à l'intrusion d'air Antarctique, ce qui ne serait pas le cas dans ces climats. Le nombre de jour de gel serait plus probablement aux alentours de 5 en Allemagne en ces temps là. Pour bien plomber le moral, un Hiver à Buenos Aires :

http://www.ogimet.com/cgi-bin/gsynres?lang...a=20&min=37

En Belgique, vous enlevez les jours de gel, vous lissez encore plus le climat, et paf vous voila revenu au Miocène :whistling: Aux extrêmes, on note que les courbes indique un climat quasiment tropical, avec des moyennes annuelles à 22°C et un mois le plus froid vers 15°C. Vu que la période est très large (60 millions d'années) il est normal aussi d'avoir une certaine dispersion des valeurs. Cela ne représente pas seulement une "incertitude" mais aussi la variabilité climatique qu'il n'est pas possible de discriminer finement. En tout cas, le décor est bien planté.

Une autre étude mené par Eronen et ses copains en 2010 a étudié les dents des herbivores. Non pour savoir si caries il y a... mais pour savoir leur régime alimentaire. Les dents sont en effet adaptés aux plantes que boulotte l'herbivore, et sont donc un reflet des conditions bioclimatiques de l'époque. L'étude en particulier s'intéresse à l'hypsodontie, la hauteur de la couronne des dents. Plus la couronne est haute, plus l’herbivore en question grignote des graminées et plus généralement de la nourriture fibreuse et abrasive. C'est le cas du cheval, du cerf, du castor, etc...

http://www.mv.helsinki.fi/jeronen/pdfs/Ero...2010_EER_II.pdf

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Au Miocène, prédomine les espèces ayant une faible hauteur de couronne. C'est par exemple le cas de Kalobatippus, un cheval primitif amateur de forêts plutôt que des steppes d'Asie centrale (qui n'existait pas à l'époque évidement ^^). C'est aussi le cas de l'indricotherium ( https://fr.wikipedia.org/wiki/Baluchitherium_grangeri ), un gros bébé plus à l'aise dans les forêts tropicales que dans la prairie. Il y avait aussi le dicrocerus elegans ( https://fr.wikipedia.org/wiki/Dicrocerus_elegans ) -si l'image d'une paire de bois ne vous évoque pas grand'chose, vous pouvez regarder les images par une petite recherche, il y en a des sympas-, l'Anchiterium ( https://fr.wikipedia.org/wiki/Anchitherium , Wikipedia explique bien cette histoire de hauteur de couronne et d'émail), le Brachypothérium ( https://de.wikipedia.org/wiki/Brachypotherium ) lui aussi adapté à brouter les feuilles et bourgeons, Alicornops ( http://sciencepress.mnhn.fr/sites/default/...f/g2003n3a8.pdf ), Heteroprox qui devait apprécié les zones humides ( https://it.wikipedia.org/wiki/Heteroprox ), le gomphoterium dont ce type a des théories originales et pas forcément infondés : http://faluns-loire.pagesperso-orange.fr/m...mphotherium.htm, le plesiaceratherium ( https://it.wikipedia.org/wiki/Plesiaceratherium ) etc... il y avait aussi d'autres bestioles qui n'avaient pas ce problème d'hypsodontie vu que tout le monde n'est pas herbivore ^^ Des rongeurs comme les eumyarion ( http://doc.rero.ch/record/209749 ), des megacricedoton ( https://es.wikipedia.org/wiki/Megacricetodon ), des lagomorphes comme lagopsis ( https://fr.wikipedia.org/wiki/Ochotonidae#L...ou_.C3.A9teints ), et encore d'autres comme Galerix -un compagnon d'Astérix surement ^^ - ( http://www.sciencedirect.com/science/artic...01669959380055V ), etc... Et il y a bien sûr une foule d'invertébrés, dont les fameuses fourmis, toujours là malgré les plus de 100 millions d'années de la famille ( http://www.antwiki.org/wiki/images/5/55/Dl...oj,_Croatia.pdf ) avec par exemple Attopsis ( https://en.wikipedia.org/wiki/Attopsis ).

Si certains veulent voir des dents fossiles aussi de toutes ces bestioles : https://proyectogeosfera.wordpress.com/2009...ones-en-humera/.

Au maximum thermique du Miocène, les températures annuelles s'envolent même vers les 20 - 22°C, et le climat devient pratiquement tropical. Des espèces ectothermes thermophiles peuvent alors prospérer, comme le montre Böhme en 2003 :

http://www.wahre-staerke.com/~madelaine/Mi...tic_Optimum.pdf

Le refroidissement amorcé à la fin du Miocène sera fatal à ces espèces, refroidissement qui amènera ultimement la Terre aux grandes glaciations du pléistocène. En attendant, des crocodiliens reprennent donc leurs quartiers en Europe au maximum thermique du Miocène. Il y a diplocynodon ( https://en.wikipedia.org/wiki/Diplocynodon ) et gavialosuchus ( https://en.wikipedia.org/wiki/Gavialosuchus ). On retrouve aussi des salamandres comme Albanerpeton ( https://en.wikipedia.org/wiki/Albanerpeton ) et salamandra sansaniensis ( http://fossilworks.org/bridge.pl?a=taxonIn...;taxon_no=58729 ) et des caméléons ( https://en.wikipedia.org/wiki/Chamaeleo_caroliquarti ). On retrouve aussi des cordylidae ( https://fr.wikipedia.org/wiki/Cordylidae ), des poissons têtes de serpents ( https://fr.wikipedia.org/wiki/Channidae ), des varans ( https://en.wikipedia.org/wiki/Varanidae ). Et on peut ajouter les prédateurs ( http://diginole.lib.fsu.edu/cgi/viewconten...amp;context=etd ), tels que Metailurus par exemple ( https://en.wikipedia.org/wiki/Metailurus ). Il y a aussi les ancêtres des hyènes ( https://en.wikipedia.org/wiki/Hyena#Origins et http://foreninger.uio.no/ngf/FOS/pdfs/F&S_30.pdf ), qui ont sans doute commencé dans les forêts européennes en tant que petit insectivore arboricole évoluant vers le carnivore terrestre, tel que Protictitherium ( https://en.wikipedia.org/wiki/Protictitherium ) et Plioviverrops ( https://en.wikipedia.org/wiki/Plioviverrops ). Du chemin a été parcouru depuis... Dans les eaux, on retrouve le megalodon ( https://fr.wikipedia.org/wiki/Mégalodon ). Bon on est là pour causer climat donc on va revenir au climat ^^

Ainsi, Utescher et ses copains, en 2008, ont modifié la méthode pour calculer les climats analogues aux fossiles trouvés :

https://www.researchgate.net/profile/Torste...e15d4000000.pdf

Ils trouvent que les meilleurs climats analogues sont ceux du Sud-Ouest de la Chine, par exemple Nanning :

https://en.wikipedia.org/wiki/Nanning#Climate

On retrouve un climat assez proche de Buenos Aires, quoique un peu plus sec en Hiver. L'idée général est toujours celle d'un climat subtropical humide avec très peu de gel. L'étude estime le nombre de jours en Allemagne à travers le Cénozoïque, à quelque chose autour de 0 à 7, un peu moins dans les périodes les plus douces, un peu plus dans les périodes froides. Cela donne le niveau... Rien qu'à Nancy on est censé avoir au moins 80 j de gel par an :lol2:

Une source d'information importante est le projet NECLIME :

http://www.neclime.de/

Les premiers résultats, dès 2007, publiés par Bruch et al. :

https://www.researchgate.net/profile/Angela...cee39f8be5c.pdf

montrent bien que le réchauffement dans les temps passés ne correspond pas aux prévisions délirantes de certains. Le projet NECLIME confirme en gros que le climat de l'Europe au Miocène est un climat subtropical humide pratiquement sans gel. D'après l'étude le mois le plus froid a une moyenne vers les 10°C, une température du mois le plus chaud vers 26°C, et des précipitations annuels de l'ordre de 1000 millimètres pour la Belgique. Vous prenez la température de Juillet 2006, les pluies de Août 2006, vous dupliquez douze fois, et vous voila au Miocène ^^

D'autres résultats liés au NECLIME sont disponibles. Pour l'instant il n'a guère été question de flore, alors parlons de la flore, cette fois-ci dans les vallées des Alpes autrichienne et bavaroise :

http://www.wahre-staerke.com/~madelaine/Molasse_wood.pdf

avec Böhme, Bruch, et Selmeier en 2008. Ils retrouvent les mêmes résultats. Des températures moyennes très chaudes à l'année, autour de 17°C faisant même parfois des excursions jusqu'à 22°C (voir le graphique précédent où on pouvait aussi noter des valeurs extrêmes autour de 22°C à l'année). On n'est pas très loin du climat de Hanoï par exemple.... ( https://en.wikipedia.org/wiki/Hanoi#Climate ).

Au Miocène, avec nos rongeurs, brouteurs, et autres nous pouvons ajouter au tableau notamment des Taxodium ou cyprès des marécages : ( https://fr.wikipedia.org/wiki/Taxodiaceae ), des mûriers noires (https://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%BBrier_noir et http://historia.unblog.fr/2007/08/04/decou...llions-dannees/ ), des chênes du vieux temps ( https://www.schweizerbart.de/papers/palb/de...ture_alveolaire ), des arbres de mangroves si je puis dire comme Xylocarpus, ( https://en.wikipedia.org/wiki/Xylocarpus ), des arbres proche des camphriers et canneliers ( https://fr.wikipedia.org/wiki/Cinnamomum), des cousins aux pistachiers ( http://www.gmc.org.cn/upload/file/2013-11-...4b1ad7fbc55.pdf ). Toutes ces espèces ne se sont sans doute pas retrouvés tout le temps ensemble ; suivant les stations et les époques la population a pu évoluer vers tel ou tel peuplement. Mais il y avait en tout cas tout ces aminches présent à un moment au Miocène en Europe Centrale. Une autre étude à ce sujet :

http://www.ugr.es/~gonzaloj/Welcome_files/...08.%20PALBO.pdf

de Jimenez-Moreno et ses copains slaves en 2008. Ils retrouvent aussi des éléments de comparaison avec la végétation dans le Sud-Ouest chinois, toujours vers Nanning et par là bas (en gros, à nouveau c'est pour planter le décor, le détail fin peut-être différent suivant l'époque et la localisation exacte). Ils ont étudié une épaisse couche de sédiment datant du Miocène, et ont mis en évidence différentes végétations. Une flore typiques de zones humides, avec des cariers ( https://fr.wikipedia.org/wiki/Carya ), des taxodiums à nouveau, des salix (familles des saules) et des alnus (faut pas retirer le "l" :lol2: ce sont des aulnes). Une flore typique des forêts sempervirentes avec des palmiers, des ilex (famille du houx https://fr.wikipedia.org/wiki/Ilex ), des dystilium ( https://fr.wikipedia.org/wiki/Distylium ), des castanopsis ( https://fr.wikipedia.org/wiki/Castanopsis ), des myricacées ( https://fr.wikipedia.org/wiki/Myricaceae ), des cyrillacées ( https://fr.wikipedia.org/wiki/Cyrillaceae ), du lierre, des engelhardia ( https://en.wikipedia.org/wiki/Engelhardia dont a retrouvé des traces au Danemark aussi dit wikipedia ) etc... Une flore de l'étage colinnéen du Miocène, avec donc les chênes déjà mentionnés, des cariers à nouveau, des caprinus (les charmes), des micocouliers, des acers (famille des érables). Et l'étage montagnard avec des fagacées (famille des hêtres - châtaigniers), des bétulacées (les bouleaux), des pins et des cèdres.

D'ailleurs, une partie du charbon de l'Europe centrale date du Miocène -même si c'est une fraction modeste, la plus grosse part du charbon vient de temps plus ancien, le carbonifère au premier chef-, comme par exemple à Bełchatów (le polonais ne se prononçant comme il s'écrit ^^ ) :

https://www.academia.edu/18377195/Chemical_..._central_Poland

https://fr.wikipedia.org/wiki/Centrale_ther...5%82chat%C3%B3w

Et toujours pour la flore, mais la flore de Sibérie :

http://journals.tubitak.gov.tr/earth/issue...-2-8-1005-6.pdf

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Les résultats montrent des températures moyennes annuelles douces et homogènes une grande partie du Cénozoïque. Ce n'est qu'au Pléistocène que la température commence à se viander sévère. En Sibérie, les reconstructions placent la température autour de 10 à 15°C en moyenne annuelle (quelque chose entre Bruxelles et Toulouse en gros), avec des pluies importantes. Vers la Russie Européenne, en continuité avec le climat de l'Europe Centrale, les moyennes sont plus proches des 15 - 17°C à l'année. Actuellement, Norilsk, en plein coeur de la Sibérie, tourne à -10°C annuel :

https://ru.wikipedia.org/wiki/%D0%9D%D0%BE%....BC.D0.B0.D1.82

Au maximum thermique du Miocène, le climat était donc de l'ordre de 20°C plus chaud...

Il y aurait donc une réduction de la saisonnalité. Et surtout, une réduction du gradient de température Pôles - Équateur. Déjà avec Ellesmere qui tournait à 15 - 20°C de moyenne annuel on pouvait s'en douter, mais là avec l'Europe qui tourne aussi à 15 - 20°C à l'année, les gradients sont clairement affaiblis. D'où le nom de climat constant, il varie peu dans le temps et l'espace. Plusieurs études en parlent spécifiquement, la première datant de 1995 avec Greenwood et Wing (au moins, les pseudos scientifiques fanas de modèles ne pourront pas dire qu'ils ne savaient pas... ) :

https://repository.si.edu/bitstream/handle/...amp;isAllowed=y

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C'est là que se trouve le nœud du problème, et sans doute la partie la plus importante du développement. Tout l'enjeu des equables climates est là. Les modèles ne savent pas, mais alors pas du tout, simuler ses climats chauds à faible gradient. Prétendre qu'ils sont capables de simuler quoique ce soit d'utile et pertinent regardant le RC est donc du délire. Il faudrait déjà que les modèles soient capables de décrire les observations avant de décrire le futur. Cependant je me rends compte que j'ai déjà beaucoup causé :blush: On va faire une pause parce qu'après il va falloir parler modèles justement, cellules de Hadley, gradient, rétroactions des nuages et autres. Si on se fait un aperçu de la question d'un coup il va y avoir des morts, mon ordi et moi compris je pense ^^

P.S. : Tient j'ai réussi à le faire le 01/01 à 01h00 ^^ pas fait exprès :lol:

Modifié par paix

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Un type me faisait remarque que peut-être j'y avait été un peu fort :whistling: L'enjeu n'est pas d'être pour ou contre les modèles, les modèles il y en a partout et je me sers souvent de modèles, quelques qu'ils soient. Le problème ici est sur un type spécifique de modèles, les GCMs ou General Circulation Models (voir le lien au dessus). Même si les scientifiques savent que les GCMs ont de gros défauts -surtout pour les climats plus chauds où dans la pratique les GCMs n'ont aucune utilité pratique- cela ne les empêchent pas de les utiliser massivement. C'est le cas du GIEC, qui est fait aux trois quart de données des modèles au sens GCMs, mais aussi d'une foule de rapports, dont ceux de MF en particulier. C'est pour cette raison que j'ai mis le lien de certains de ces rapports. Dans celui consacré à la hausse du niveau de la mer, il y a notamment cette phrase :

Dans ce rapport, en conformité avec les auteurs du rapport du GIEC, nous accordons une crédibilité supérieure aux projections basées sur la modélisation des processus physiques (il est important de rappeler que ces modèles rendent assez bien compte des observations des dernières décennies).

pour prendre un exemple. Déjà il est totalement faux de dire que les modèles rendent bien compte des observations. Le niveau de la mer augmente plus rapidement que prévu, et on sait même dire pourquoi. Le Groenland et l'Antarctique sont en train de s'effondrer à la mer, phénomène que les GCMs sont incapables de simuler correctement (tout comme ils sont incapables de simuler la banquise correctement, les modification de la cellule de Hadley, et pour la variabilité haute fréquence comme l'ENSO par exemple on peut oublier...). Même au quotidien, on se rend compte. À l'Hiver 2014, quand le Sud-Ouest se plaignait de la "érosion", manière polie de parler du fait que la mer monte et que de toute façon l'Aquitaine est foutue, un expert nous a fait remarquer que les niveaux d'érosions étaient ceux attendus en 2030... Et oui bienvenu dans le monde réel mon grand. On a beau être bac+8, avoir pondu des articles et écris des centaines de lignes de codes, on peut toujours être complétement perdu dans son monde virtuel et incapable de se rendre compte que le monde réel existe. L'enjeu ici, c'est qu'en France en particulier, et dans le monde en général, tout le monde se base sur les GCMs pour prévoir ce qui doit advenir.

Pour résumer et schématiser un peu, en France MF n'arrête pas de nous expliquer que le niveau de la mer montera de 40 à 60 centimètres au pire pour l'horizon 2100, que le climat sera plus chaud, plus sec en Été et plus humide en Hiver. En gros, à la louche, cela correspondrait à de la NAO+ plus haute en latitude en moyenne. Or la paléoclimatologie et les études empiriques montrent au contraire que pour la France on va vers un climat subtropical humide, vers une hausse des précipitations surtout en Été, que le niveau de la mer montera de 1 à 2 mètre(s) d'ici la fin du siècle et d'au moins 20 - 30 mètres à plus long terme. À part dire qu'il va faire plus chaud, les deux approches donnent des résultats opposés sur un peu près tout les points... Alors certes l'empirisme, la paléoclimatologie et le cassage de cailloux ont aussi leurs limites, incertitudes, et autres. Mais là même avec la meilleure volonté du monde en tirant sur les marges d'incertitudes et tout, on a deux prévisions qui sont radicalement différentes en tout point. Et de mon opinion personnel, je préfère faire confiance à des cailloux qu'à des suites de 0 et 1... Le réel est préférable au virtuel.

De plus le problème n'est pas nouveau. J'espérais pouvoir apporter d'autres éléments hier soir, mais quand j'ai vu qu'il était une heure du matin et que je venais de balancer une dizaine de noms en "thérium" quelque chose je me suis ouais non on va s'arrêter là quand même va y avoir des morts sinon :lol2: mais dès 1995 justement, Greenwood et Ring mettent le doigt là où ça fait mal :

https://repository.si.edu/bitstream/handle/...amp;isAllowed=y

Global climate during the Mesozoic and early Cenozoic is thought to have been warmer than at present, but there is debate about winter temperatures. Paleontological data indicate mild temperatures even at high latitudes and in mid-latitude continental interiors, whereas computer simulations of continental paleoclimates produce winter temperatures closer to modern levels. Foliar physiognomy and floristic composition of 23 Eocene floras from the interior of North America and Australia indicate cold month means generally >2 °C, even where the mean annual temperature (MAT) was <15 °C. Reconstructed Eo- cene latitudinal gradients of MAT are curvilinear but are about 0.4 °C per 1° of latitude in continental interiors at mid-latitudes, much less than the 0.8-1.0 °C per 1° of latitude observed in eastern and central North America today, but similar to modern gradients in the Southern Hemisphere mid-latitudes and on the west coast of North America. Latitu- dinal temperature gradients reconstructed here are broadly representative of Eocene cli- mates, showing that the discrepancy between proxy data and simulations will not be re- solved by regional adjustments to paleogeography or reinterpretation of individual fossil assemblages. Similar discrepancies between proxy data and general circulation model simulations for other time periods suggest that there is a basic flaw with the way climate models simulate heat transport to, or loss from, continental surface

post-3513-1451652242_thumb.png

Et 20 ans plus tard, les modèles sont toujours incapables de simuler les climats constants, et pourtant on préfère faire confiance aux modèles qu'à des approches plus empiriques. La science est quand même censé partir du réel à la base, en tout cas dans ma conception de la science. Je vais essayer de continuer à développer quand même le sujet, mais en tout cas c'est clairement une des raisons de ce sujet, cela me gonfle de voir seulement des prévisions basés sur des GCMs qui ne sont pas foutu de simuler correctement quoique ce soit d'utile et pertinent pour un climat plus chaud. Pour un climat plus froid, cela marche bien (comme pour les âges glaciaires par exemple), la cellule de Hadley se contracte, on est plus facilement dans un schéma moyen typé "NAO-" avec le maintient de l'intégrité de la zone barocline mais plus au Sud, un climat plus sec, un plus fort gradient pôles - équateur, une forte banquise, beaucoup de glace partout, etc... Mais pour les climats plus chauds, il n'y a pas moyen cela ne veut pas.

Et une note plus légère, ce petit graphique qui n'est pas une mauvaise synthèse :

post-3513-1451652736_thumb.png

Modifié par paix

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En fait c'est marrant de déterrer des bestioles du passé :whistling: Évidement je connaissais déjà les gros balèzes du Miocène genre Indricothérium et Chalicothère, les ancêtres des chevaux et des primates, mais j'en ai découvert d'autres en rédigeant le sujet :whistling: Après je n'y connais pas grand'chose en paléobiologie mais c'est fun de faire revivre ces espèces anciennes. Il y a évidemment un biais vers les gros mammifères, ceux qui ont laissé le plus facilement des ossements. Les petites bestioles ne sont pas forcément très bien conservés (surtout quand il n'y a pas d'ossement :lol2: ). De plus toutes ces espèces n'ont pas coexisté en même temps au même endroit, certaines préfèrent la rypsilvie, d'autre des forêts ouvertes, etc... Le climat a évolué également, et les espèces thermophiles comme les gros crocros ont pu prospéré seulement aux époques les plus chaudes. De plus, la faune et flore américaine divergeait assez significativement de la faune et flore eurasienne, les continents étant la plupart du temps nettement séparés. C'est donc un assemblage un peu disparate, mais on retrouve des bestioles sympathiques comme tout. La base NOW a plein de références à ce sujet sur les fossiles des mammifères uniquement cependant (la simple consultation ne nécessite pas de s’enregistrer) :

http://pantodon.science.helsinki.fi/now/

Par exemple, il y a une famille de rhinocéros qui a vécu jusqu'au Miocène, et qui n'avait pas de cornes (c'est ballot, pour des rhinocéros :lol2: ). L'Indricothérium, sans doute le plus gros mammifère qu'ai porté la Terre, est de ceux-là :

https://en.wikipedia.org/wiki/Hyracodontidae

Il y aussi l'Hyracodon, qui lui aussi n'a pas vraiment une tête de rhinocéros :

https://es.wikipedia.org/wiki/Hyracodon

https://research.amnh.org/paleontology/peri.../hyracodontidae

Et encore Acerathérium :

https://en.wikipedia.org/wiki/Aceratherium

Mais aucun n'a de cornes ^^

Il y a aussi Plesiacerathérium et Protacerathérium qui a déjà plus une tronche de rhino mais toujours sans corne :

https://it.wikipedia.org/wiki/Plesiaceratherium

https://it.wikipedia.org/wiki/Protaceratherium

Des ancêtres des tapirs comme Paleotapirus :

https://en.wikipedia.org/wiki/Palaeotapirus

Les premiers primates avec Pliopithèque :

https://es.wikipedia.org/wiki/Pliopithecus

Il y aussi les mammifères marins, avec Metaxytherium :

https://es.wikipedia.org/wiki/Metaxytherium

D'autres prédateurs, l'amphicyon :

https://en.wikipedia.org/wiki/Amphicyon

L'image évoque bien ce qu'aurait pu être un safari au Miocène en Europe je trouve

post-3513-1451659928_thumb.jpg

Il y a des ancêtres des chevaux, avec Anchithérium :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Anchitherium

Plein de muscardins qui devaient vivre dans les profondes forêts de l'époque :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Muscardinus

http://sciencepress.mnhn.fr/sites/default/...f/g2006n2a6.pdf

Dans les petites bestioles, il y a pas mal de salamandres, comme Chelotriton :

https://en.wikipedia.org/wiki/Chelotriton

ou Orthophya :

https://en.wikipedia.org/wiki/Orthophyia

Plus loin dans le temps, on a aussi un des tout premiers ancêtres du cheval, l'hyracothérium

https://fr.wikipedia.org/wiki/Hyracotherium

Ou des bestioles qui ont aussi été trouvé en Belgique comme Eggysodon

https://en.wikipedia.org/wiki/Eggysodon

Et toujours en Belgique, des cousins du castors avec Sténéofiber :

https://fr.wikipedia.org/wiki/St%C3%A9n%C3%A9ofiber

Mais ces trois là avait déjà disparu au Miocène.

Pour revenir à notre sujet donc, dès 1987 le problème est soulevé :

http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1029...p00729/abstract

Et en 1995 Greenwood et Wing mettent le doigt là où cela fait mal en disant clairement que les GCMs sont à la rue et que c'est plus un problème avec les GCMs que les proxys :

https://repository.si.edu/bitstream/handle/...amp;isAllowed=y

Ils parlent beaucoup palmiers et crocodiliens. Certains palmiers sont a priori capables de résister à un gros coup de gel (certains arrivent à résister même quand ils se prennent du -15°C en pleine gueule), mais c'est vrai uniquement pour les palmiers adultes et pour une brève période de temps. Les palmiers sont incapables de vivre avec une température hivernale proche de zéro en moyenne. De même, les crocodiliens sont un très bon indicateur de la température moyenne de la saison la plus froid. Certains crocodiliens de nos jours arrivent à encaisser des températures ponctuellement très basses, mais ce sont des sujets adultes et sur une brève période de temps. Une véritable dynamique de la population ne peut pas se mettre en place que si le mois le plus froid est assez largement au dessus de 0°C, au moins vers les 5°C tant pour les palmiers que pour les crocodiliens. La présence de palmiers et de crocodiliens un peu partout dans le monde à l’Éocène, et plus largement au Miocène, est donc un très indicateur du fait que les températures hivernales restaient au dessus du gel même dans l'intérieur des terres. En Arctique c'était plutôt des arbres à feuilles caducs (voir l'illustration du chameau d'Ellesmere au dessus par exemple), mais c'est plus probablement en réponse à la nuit polaire. Les crocodiliens prospéraient jusqu'à 80°N à l’Éocène comme le montre Markwick. Cependant ces méthodes d'estimations peuvent être potentiellement conservatrices (la méthode n'a en effet pas que des avantages, évidemment, tout n'est pas tout noir ou tout blanc). En effet certaines études montrent que les plantes pourraient être plus sensible au gel dans un environnement riche en CO2 :

http://droyer.web.wesleyan.edu/INT.pdf

Et puisque l'évolution général s'est faite du chaud vers le froid, il est possible que les espèces se soient adaptés avec le froid au cours du Cénozoïque. Les plantes du passé pourraient donc être en toute généralité moins résistante au gel qu'estimé actuellement. En tout cas, on a là dans l'idée général un puissant indicateur que même dans la nuit polaire il ne devait pas geler, ou à peine. D'où l'importance de savoir d'Ostrov Vize restant hors gel même par 80°N au solstice d'Hiver ou presque. Si Ostrov Vize dit que oui, si les crocodiliens disent que oui, et les modèles disent que non... Bon voilà quoi, ils sont gentils les GCMs mais bon. Récemment Pond et ses copains, en 2012, ont synthétisé un peu les recherches qui avaient proliféré sur la végétation du Miocène à travers le monde :

http://ic.ucsc.edu/~jzachos/eart290t/Readi...d_etal_2012.pdf

Il y a également d'autres méthodes, qui confinent au jeu d'équilibriste des fois :whistling: Böhme, toujours lui, en 2004, a estimé que l'Europe devait être dans les alizées d'après la distribution des poissons têtes de serpents dont on a parlé :whistling:

http://www.wahre-staerke.com/~madelaine/boehme_geology.pdf

Ce qui pose de très sérieuses question sur la cellule de Hadley. La ZCIT serait alors remonté jusqu'à l'Afrique du Nord... Cela devient vraiment fou, mais au moins des questions pertinentes sont soulevées. Si la ZCIT remonte aussi au Nord, cela confirme de toute façon encore une fois le très faible gradient de température entre les pôles et l'équateur. De plus, on ajoute une preuve de plus que les étés n'étaient pas typé "Août 2003" mais "Juillet 2014"... Cependant cela n'aide pas vraiment à voir comment l'atmosphère pourrait tourner. C'est là qu'on rentre dans les limites et difficultés de la paléoclimatologie. Il est compliqué de reconstruire les vents (il existe des indicateurs indirects mais c'est délicat) et le régime des pluies qui pourraient apporter des précisions. Les études pédalent un peu sur la saisonnalité des pluies. Bruch et ses copains en 2011 défendent la théorie que les précipitations n'étaient pas maximales à la saison chaude, ce qui est un peu contradictoire avec les résultats de Böhme (ce qui ne veut pas dire climat méditéranéen pour autant... Vu la végétation sempervirente et exubérante, il est clairement impossible de justifier une saison sèche estivale très marquée) :

http://ic.ucsc.edu/~jzachos/eart290t/Readi...h_etal_2011.pdf

En 2014 on va encore plus loin dans la folie :whistling: avec Utescher et ses copains Quan, Liu et Tan qui montre qu'avec le refroidissement du Miocène, l'Europe serait passé d'un régime d'alizées à un régime de vent d'Ouest :whistling:

http://www.nature.com/articles/srep05660#ref15

On va laisser un peu le Miocène, pour revenir plus tôt dans le temps. L’Éocène est vraiment le cœur du problème et l'archétype du climat constant qui ne veut pas se laisser modéliser. Les reconstructions montrent donc une Terre avec un gradient pôles - équateur limité. Dans les tropiques les données montrent un réchauffement assez modéré de ces régions. Par exemple, un forage en Tanzanie permet de calculer que la température de l'Océan local était vers les 30 - 35°C durant une bonne partie du Cénozoïque, un peu plus chaud que maintenant mais pas tant :

https://marine.rutgers.edu/pubs/private/Pea...20al%202007.pdf

Alors que les pôles chauffent comme il faut avec des températures hivernales vers les 10°C en Antarctiques et une forêt subtropical implantée sur la côte :

http://www.nature.com/nature/journal/v488/...ature11300.html

comme le montre un projet de 2012. Et en Arctique, c'est pire encore, avec des températures de l'Océan allant jusqu'à 23°C ( ! ) au moment du maximum de réchauffement de l’Éocène, le fameux PETM :

http://www.nature.com/nature/journal/v441/...ature04668.html

Et une forêt subtropicale également sur la côte :

http://geology.gsapubs.org/content/42/12/1027.short

En tirant sur les incertitudes et en forçant les modèles avec de très hauts niveaux de CO2 certains arrivent encore un peu près à vaguement coller aux données du passé, mais ce n'est vraiment pas convaincant. Huber et Caballero en 2011 ont notamment tenté en forçant un peu à l’Éocène (un peu beaucoup, il a fallu monté à plus de 4400 ppm de CO2 alors que les estimations actuelles placent la valeur vers les 1000 ppm. Même si je suis leur argument sur le fait que c'est plus une méthode de monter le thermostat qu'un reflet exact de la valeur, y a quand même un facteur 4 bien tapé entre les deux...). Ils trouvent que "en gros" cela colle. Le "en gros", c'est quand même l'Afrique à 40 - 50°C de moyenne et toujours pas de réductions très sensible du gradient équateur - pôle :

http://web-static-aws.seas.harvard.edu/cli...-2011-print.pdf

En gros, cela colle, mais ce n'est quand même pas très convaincant :

http://88.167.97.19/temp/Built%20for%20sta...ty_ngeo1200.pdf

De plus, Huber et Baballero tente de justifier que le gradient de température pouvait être similaire à celui d'aujourd'hui, mais en faisant des estimations sur des points fortement distant et peu nombreux, ce qui peut biaiser le résultat. De nombreux études pointent directement des gradients faibles en analysant le "continuum" de la végétation localement. C'est le cas en Europe avec l'étude de Jimenez et Moreno en 2007 :

http://www.ugr.es/~gonzaloj/Welcome_files/....%20Palaeo3.pdf

qui montre au cours du Miocène un très faible gradient à travers l'Europe, les espèces thermophiles ne s'effaçant que très progressivement avec la latitude. La difficulté qui ressort à nouveau est surtout la quantification des précipitations. Il n'y a avait très probablement pas de sécheresse estivale, la présence d'une strate arborée exubérante et sempervirente, des poissons têtes de serpents comme le montrait une autre étude, et autres éléments, étant tout à fait incompatible avec un stress thermique et hydrique majeur au maximum saisonnier. La difficulté est de quantifier cependant exactement le cycle des précipitations ( climat subtropical chinois avec un minimum d'Hiver marqué et maximum d’Été important ? climat subtropical plus homogène comme Buenos Aires ? climat subtropical encore inconnu avec des maximums doubles aux saisons intermédiaires ? Malgré certaines études qui rapprocheraient plus nos climats du Miocène du subtropical chinois, il y a plus d’éléments en faveur d'un climat subtropical très lissé sans saison sèche très marqué de mon avis, type Buenos Aires). De plus, cette étude abonde dans le sens de l'étude de Böhme de 2004 cité précédemment. En effet, Jimenez et Moreno ont identifié un climat semi-désertique limité à la péninsule Ibérique au Miocène, avec un très fort gradient, le Sud de la France étant déjà subtropical humide. Cela pourrait indiquer l'effet de barrière du relief dans un flux d'alizées... L'Ibérie serait alors resté au sec au contraire du reste de l'Europe, étant sous le vent du relief.

Du coup les scientifiques moulinent toujours avec les GCMs pour essayer de faire chauffer les pôles sans faire sauter la baraque et pouvoir définir plus exactement le climat du passé. Une des dernières tentatives en date, Naggos en 2013 :

http://rsta.royalsocietypublishing.org/con.../20130123#ref-7

Cependant, arriver à simuler que l'Europe était alors dans les Alizées au Miocène n'est pas encore possible avec les GCMs :lol2:

Ainsi, la Terre au cours de son histoire a connu des périodes de "climat constant", en particulier durant le Tertiaire et l’Éocène, mais aussi plus marginalement durant le miocène, durant son maximum thermique. Harvard a un petit dossier synthétique à ce sujet :

https://www.seas.harvard.edu/climate/eli/re...le/climate.html

pour proposer des théories visant à réconcilier tous ces éléments. On ne sait toujours pas expliquer clairement les climats chauds et constants du passé. En gros, en forçant un peu sur le CO2 avec les GCMs, cela passe pas trop mal mais il faut quand même attaquer sévère les tropiques et laisser tomber l'Arctique subtropical. Mais rien de très convaincant qui pourrait réellement expliquer ces climats. La recherche continue donc à ce sujet pour tenter de résoudre le paradoxe.

Modifié par paix

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D'ailleurs, je suis en train de me dire, je pensais avoir mis des cartes de la Terre à l'époque mais non :blush: Désolé, autant pour moi. Le Cénozoïque est très étudié car le placement des masses continentales est très similaires au placement actuel. La configuration géologique n'était donc très probablement un facteur pouvant expliquer les différences. La véritable spécificité des premiers temps du Cénozoïque, c'est le maintien d'une communication entre l'Atlantique et le Pacifique. Le détroit de Panama ne sera consolidé qu'à la fin du Pliocène, précipitant la Terre vers les âges glaciaires comme le montre Bartoli et ses copains 2005 :

https://www.researchgate.net/profile/M_Sarn...0c65f000000.pdf

Cependant, il semble très vraisemblable que la persistance d'une communication entre l'Atlantique et le Pacifique ne soit pas de nature à remettre en cause les analogies possibles.

La terre au Miocène donc, très similaire à aujourd'hui :

post-3513-1451697596_thumb.jpg

Hormis le détroit de Panama, l'autre différence apparente est la Paratéthys. La Téthys est une très vieille mer qui s'enfonçait anciennement en coin entre l'Eurasie (alors sans l'Inde) et l'Afrique. Avec le basculement de l'Afrique vers le Nord et la remontée de l'Inde qui a tapé un véritable sprint géologique à travers la Téthys, la mer s'est progressivement fermé, la Méditerrané étant plus ou moins ce qu'il en reste aujourd'hui. la Paratéthys s'est développé, dans une faille du Jurassique. Avec la course vers le Nord de l'Inde et de l'Afrique, la chaîne qui des Alpes à l’Himalaya se soulève, isolant la Paratéthys. Elle devient alors une vaste mer intérieur peu profonde, parfois en communication avec la Téthys. La marge Ouest de cette mer formera la mer pannoniene :

https://en.wikipedia.org/wiki/Pannonian_Sea

La mer pannoniene ayant disparu, les autres restes de la Parathétys sont la mer Noire, la mer Caspienne, et la mer d'Aral.

Cette configuration explique le côté très marécageux et fluviale de l'Europe centrale à l'époque. Le climat était déjà moitasse à l'époque, mais en plus au bord d'une mer intérieur peu profonde avec tout les cours d'eaux qui s'y jettent et les transgressions / régressions successives, cela devait faire particulièrement "splouch splouch" à l'époque dans le coin.

L’Éocène est un peu plus différent mais reste très similaire à la situation actuelle :

post-3513-1451698393_thumb.jpg

La seconde synthèse du projet NECLIME par Utescher, Böhme et Mosbrugger en 2011 peut aussi aider à y voir plus clair au milieu de toutes ces études :whistling:

http://www.wahre-staerke.com/~madelaine/neclime_2011.pdf

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Bonjour,

Je me permets une petite intervention pour réagir à certains de tes propos et en particulier pour ceux qui concernent MF et les modèles de circulation générale.

La seule chose qu'ils savent nous dire, c'est que la Terre se réchauffe avec plus de gaz à effet de serre.

Eh bien c'est déjà pas mal. Les premiers modèles (extrêmement simplifiés avec un seul système étudié : l'atmosphère), ont immédiatement réussi à simuler un réchauffement du climat en cas d'augmentation de la quantité de CO2 dans l'atmosphère. Naturellement, ils ont cherché à confirmer ces résultats en intégrant d'autres systèmes essentiels : les océans, les glaces puis la végétation, etc. Finalement les conclusions sont restées à peu près les mêmes à savoir un important réchauffement si on maintient ce niveau d'émission. Ça a l'air bête dit comme ça, mais ça demande une sacrée quantité de travail mine de rien.

Avec ça on est bien avancé... Ils ne sont pas capables de simuler correctement la réduction de la banquise et de l'enneigement, ni dans l’hémisphère Nord ni dans l'hémisphère Sud.

Effectivement, c'est pas très glorieux. La banquise du pôle nord devait disparaître totalement l'été d'ici la fin du siècle. En réalité, elle devrait disparaître bien avant mais de nouvelles études sont actuellement en cours pour réévaluer cette fonte. Les modèles n'ont pas la prétention d'être infaillibles, ils sont régulièrement améliorés.Par exemple, un phénomène non négligeable qui pourrait renforcer encore la fonte, c'est l'assombrissement de la glace (des études sont actuellement en cours sur ce sujet) à cause des rejets de particules au niveau des usines. Encore une fois, on va bientôt pouvoir intégrer ce phénomène dans les modèles.

Cet exemple me permet d'aborder à mon avis le fond du problème : on est actuellement en train de parler d'un réchauffement anthropique et l'on essaie de prévoir l'ampleur d'un tel réchauffement. Tu nous proposes une étude très intéressante mais qui n'intègre absolument pas cette dimension anthropique. Un comble pour quelqu'un qui reproche à MF de ne pas prendre en compte la réalité !

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Bonjour,

Merci pour ces posts très détaillés. La différence de climat entre le Miocène et ce qui nous attend ne viendrait t-elle pas principalement de l'inertie thermique des océans? Certes on pourrait estimer que le climat dans un ou deux millénaires si la concentration en CO2 se stabilise autour de 400-500 ppm se rapprocherait de celui observé au Miocène, mais pour la fin du siècle il me semble que le rapprochement ne peu pas être fait. La différence de vitesse de réchauffement entre les océans et les terres peu selon moi expliquer une bonne partie de l'asséchement ou non humidification du climat comparé à ce qui a été observé au Miocène.

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