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Je met ici la prévision saisonnière de Météo-France pour l'été à venir.

Qu'est-ce que la prévision saisonnière ?

La prévision saisonnière a pour objectif de déterminer le climat moyen sur les trois mois à venir, à l'échelle d'une région comme l'Europe de l'Ouest. Contrairement aux prévisions à échéance de quelques jours, l'information n'est pas détaillée ni chiffrée, mais présentée sous forme de prévisions qualitatives qui renseignent sur les grandes tendances (plus chaud ou plus froid, plus sec ou plus humide que la normale). Les climatologues analysent les résultats de modèles numériques comparables à ceux utilisés pour réaliser les prévisions à court terme, mais intégrant la modélisation des océans. Dans certains cas, aucun scénario dominant ne se dégage : faute d'éléments probants susceptibles d'influencer le climat des prochains mois, il est impossible de privilégier une hypothèse. Les performances des prévisions saisonnières sont très variables. Elles sont meilleures pour la température que pour les précipitations, et, pour la température, meilleures en hiver qu'en été. La fiabilité de ces prévisions est bien meilleure outre-mer qu'en métropole, en particulier pour les précipitations.

Situation générale

Dans l'Océan Pacifique, le phénomène El Niño a maintenant pratiquement disparu. La température de surface océanique devrait continuer de chuter rapidement dans les prochains mois, et l'amorce du phénomène La Niña pourrait être observée dès le début de l'été. Le trimestre à venir se situe donc dans une période transitoire, pendant laquelle les équilibres climatiques établis par El Niño sont mis à mal. Au cours de ces transitions, de nouveaux équilibres se mettent en place, difficiles à prévoir. Ceci explique certainement pour partie la forte dispersion des simulations des modèles de prévision saisonnière.

SST_NINO3.4.png

Figure 1 : évolution du phénomène El Niño, décrit par l'évolution de l'anomalie de température de surface océanique sur le centre de l'Océan Pacifique équatorial. Il s'est véritablement installé au printemps 2015 (flèche pointillée noire) et a atteint son pic d'intensité l'hiver dernier. La décroissance rapide de la température observée depuis février est nettement visible

Prévisions pour le trimestre juin, juillet et août 2016 sur l'Europe et la France métropolitaine

Sur l'Europe, malgré un contexte général de faible prévisibilité, on peut cependant isoler quelques indices concordants sur l'évolution des mois à venir. On relève par exemple la persistance d'une vaste anomalie froide sur l'Océan Atlantique Nord, qui semble imprimer une contrainte durable sur la circulation atmosphérique au large de l'Europe. Sur le bassin méditerranéen, l'expertise des modèles de prévisions révèle là aussi des similitudes qui permettent de dégager un scénario.

Pour les températures :

L'ouest des îles Britanniques reste sous l'influence persistante de températures océaniques froides. Le bassin méditerranéen pourrait quant à lui connaître des conditions favorables à un trimestre plus chaud que la normale. Il en est de même pour le sud-est de l'Europe. Entre ces 2 zones, aucun scénario ne semble plus probable que les autres.

T_Europe_201606_JJA.png

Figure 2 : Synthèse pour les températures des prévisions. Pour chaque zone géographique délimitée par les pointillés : en bleu : la proportion de simulations correspondant à des températures inférieures à la normale ; en gris : celle des simulations correspondant à des températures proches de la normale ; en rouge : celle des simulations suggérant des températures supérieures à la normale.

Pour les précipitations :

Les simulations numériques ne dégagent aucun scénario dominant sur une grande partie de l'Europe, sauf sur l'ouest du bassin méditerranéen où un trimestre plus sec que la normale apparaît comme probable.

RR_Europe_201606_JJA.png

Figure 3 : Synthèse pour les précipitations des prévisions probabilistes. Pour chaque zone géographique délimitée par les pointillés : en orange, la proportion de simulations correspondant à des précipitations inférieures à la normale ; en gris celle des simulations correspondant à a des précipitations proches de la normale ; en vert, celle des simulations suggérant des précipitations supérieures à la normale.

Article complet ici : http://www.meteofrance.com/accueil/previsions-saisonnieres

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Sols humides ( secs ) : vagues de chaleur amorties ( amplifiées )?

Il y'a souvent une question qui plane quand à savoir si le fait d'avoir eut des milliards de piscines olympiques de flotte tomber sur nos sols va impacter le risque de vague de chaleur significative ou de canicule cet été. Je vais essayer d'apporter une réponse. Je vous passerais tout le rappel sur le bilan énergétique du système climatique et les détails du sujet, mais le truc à retenir en premier c'est que ce bilan énergétique varie fortement en latitude, au cours de l'année, des saisons, sur le globe et également de façon locale selon les régimes de temps.

Il y'a deux flux d'énergie qui nous intéressent si l'on aborde la question uniquement sous l'aspect radiatif, ils sont notés sous cette forme : Sw et Lw pour la chaleur sensible et la chaleur latente, comme présenté ci-dessous :

660540aok.png

Beaucoup de publications ont été faites sur le sujet, et l'effet de l'humidité des sols sur la probabilité de fortes vagues de chaleurs en Europe est réel, du moins sur une certaine partie. Techniquement, cet effet peut être résumé de la manière suivante :

- Une synoptique favorable à une vague de chaleur se met en place.

- La situation anticyclonique s'accompagne d'un excès de ciel clair, associé à un fort flux solaire de Sw qui augmente la température du sol et de l'air de basse couche par absorption/réflexion.

- Les sols sont rapidement asséchés s'ils sont peu humides dès le départ, de ce fait le flux d'évaporation dirigé du sol vers l'atmosphère ( Lw ) est donc rapidement diminué, et donc son effet refroidissant également ( l'évaporation consomme de l'énergie ).

- Cela augmente le flux de chaleur sensible du sol vers l'atmosphère ( Sw ) ce qui maintien des températures très chaudes près du sol et dans les basses couches. Le déficit de Lw se matérialise également par une baisse de convection humide.

On a donc affaire à une rétroaction positive qui n'est plus à démontrer. Par contre l'importance de son effet, et les zones qui sont les plus concernées sont encore matière à discussions. Certains papiers ont montrés que cet effet se propage du sud de l'Europe, qui est plus exposée aux effets radiatifs, vers le nord de façon plus ou moins rapide. Les statistiques montrent que la majorité des étés chauds du dernier demi-siècle ont été précédés par des conditions de sécheresse des sols dans ces régions. En partant de ce principe, l'humidité des sols dans les régions qui y sont sensibles serait donc un indicateur de prévision du risque de fortes vagues de chaleur ou de canicules plusieurs mois à l'avance.

Si les sols sont très humides, l'installation d'une canicule nécessite beaucoup plus d'énergie, puisque l'évaporation via le flux de chaleur latente en consomme une fraction substantielle qui ne sera pas convertie en chaleur sensible. Les études sur le sujet semblent montrer que des sols humides participent à amortir la sévérité des vagues de chaleur, et/ou a ralentir leur installation. L'effet est bien évidemment inversé dans le cas de sols secs. Ci dessous, une carte mondiale des régions où la rétroaction sol/nombre de jours chauds est la plus marquée. Dans ces régions, une meilleure prévision saisonnière des canicules est possible :

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Comme on peut le voir, les zones les plus sensibles sont des zones de transition entre des sols climatologiquement secs et des sols climatologiquement humides. En effet, les premiers ont toujours trop peu d'humidité à évaporer pour faire tampon, et les second ont toujours assez d'humidité pour ne pas amplifier les vagues de chaleur. Ci dessous, une représentation de la fréquence de jours chauds en fonction de l'humidité des sols :

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En ordonnée la fréquence, en abscisse le nombre de jours chauds. Si l'on se concentre sur la figure de gauche ( Europe du sud ), on remarquera que la courbe associée aux sols secs ( en rouge ) est beaucoup plus étendue vers la droite, montrant une plus forte probabilité de jours chauds. La courbe associée aux sols humides ( bleue ) par contre est beaucoup moins étendue vers la droite, montrant l'effet tampon qui y est associé. La différence entre les deux courbes est loin d'être négligeable. Pour l'Europe du Nord à droite, l'effet est beaucoup moins perceptible, concordant avec ce que l'on disait plus haut.

En ce qui concerne la France, l'effet est donc plus marqué au sud et tend à se propager vers le nord lorsque le phénomène de rétroaction s'enclenche. Un œil est à garder sur les sols d'Europe du Sud en ce qui concerne la prévision saisonnière de canicule, puisqu'ils peuvent agir comme un amplificateur ( Espagne, pourtour méditerranéen etc. ). Enfin, pour terminer notons que le changement climatique modifiera très certainement la répartition des zones sensibles à la rétroaction positive entre sol/atmosphère, avec par exemple une extension vers le nord de celles-ci.

Source et études traitant du sujet : http://www.cgd.ucar.edu/ccr/efischer/heatwaves.html

http://www.cgd.ucar.edu/ccr/efischer/paper..._et_al2007b.pdf

http://www.cnrm-game-meteo.fr/IMG/pdf/cattiaux2010phd.pdf

http://www.lmd.ens.fr/dandrea/Stfanon2013-...tern_Europe.pdf

http://www.igbp.net/download/18.29d2af5314...-heat_waves.pdf

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A propos du coup de chaud très éphémère mais marqué qui a transité sur l'Europe de l'Ouest fin de semaine dernière, on le voit bien sur la projection des régimes de Cassou :

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On a fait une petite excursion vers de l'Atlantic Low ( ou dépression Atlantique* ), ensuite nous sommes sagement revenu dans les rangs.

*

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En regardant la réanalyse on se rend compte* que depuis Mai disons, l'écoulement de l'atmosphère à grande échelle s'est organisé selon un schéma moyen qui tend à nous rabattre des talwegs et autres phénomènes dépressionnaires dans la tronche. Sur la carte suivante qui présente les anomalies de circulations ( anomalies de géopotentiel à 500 hpa ), on voit ce tripôle que l'on peut résumer de la façon suivante :

- Une ceinture de hautes pressions marquée des Acores au nord de l'Afrique.

- Une ceinture dépressionnaire anormale, grosso modo de Terre-Neuve jusqu'en Europe de l'Ouest.

- Une ceinture anticyclonique anormale sur les régions nordiques.

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Le fait que l'atmosphère soit anormalement chaude et humide explique pourquoi sur l'image ci-dessus les anomalies hautes de géopotentiel sont dominantes. Du coup les anomalies basses sont atténuées, mais on voit quand même ce tripôle apparaître.

Cette structure se voit aussi nettement sur le champ de vent en altitude, avec un flux d'ouest anormalement bas de l'Atlantique jusqu'en Europe ( circulation cohérente avec les anomalies de circulation, les champs de grande échelle sont interdépendants ) :

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Les bonnes questions à se poser maintenant que l'on sait cela, puisque nous sommes dans le topic de prévision saisonnière quand même, sont : pourquoi le système s'organise selon cet état persistant ? Vas t'il continuer à le faire pendant longtemps ? On touche là un des domaines de recherches actif de la météorologie. Pour répondre à la première question, on peut faire des analyses rétrospectives sur l'écoulement et les sources de forçages pour essayer de répondre. Pour la seconde question...

* On peut s'en rendre compte aussi en regardant les marres de flotte dans le jardin :lol: , mais ça ne nous dit pas grand chose sur la circulation à plus grande échelle.

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Au vu des prévisions saisonnières de météo-france, on resterait dans ce schéma de bouffées chaudes possibles mais s'évacuant assez vite vers le nord-est ( anomalie + vers la péninsule ibérique et l'Afrique du nord et anomalie + vers la Suède/Finlande ). Une météo alternant donc entre bouffées estivales et rafraîchissement :

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Modifié par passiion

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