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Été 2019

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QUELQUES CONSIDÉRATIONS SUR L’ÉTÉ 2019, QUI ARRIVE À SA FIN

 

Nous pouvons déjà mettre en avant les points d’orgue de cet été 2019 : les 40°C et plus observés sur une bonne portion du territoire belge le 25 juillet, et les trois vagues de chaleur présentes au cours d’un même été. En plus de cela, la sécheresse a de nouveau été problématique en certains endroits et, même si la situation a été en moyenne moins grave qu’en 2018, nous assistons pour la première fois, dans notre pluvieuse Belgique, à deux années consécutives qui sont problématiques au niveau de la sécheresse.

 

Mais avant de développer le sujet, revenons brièvement sur les critères actuellement utilisés pour définir une vague de chaleur et sa durée.

 

Une vague de chaleur est définie officiellement en Belgique par la succession de minimum 5 jours de températures maximales ≥ 25°C, dont au moins trois ≥ 30°C (station de référence : Uccle). Cette vague de chaleur continuera tant que les températures maximales continueront à être supérieures ou égales à 25°C.

 

Toutefois, nous nous sommes efforcés de ne pas couper des vagues de chaleur de façon artificielle. Ainsi, nous avons admis un jour sous le seuil des 25°C si, et seulement si, un jour de 30°C ou plus est encore présent par la suite. (Deux jours sous 25°C pour deux jours de 30°C ou plus, etc.).

 

Ceci étant dit, nous pouvons dire que l’été 2019 s’est profilé comme l’été des pointes extrêmes. En effet, nous avons connu trois vagues de chaleur officielles sur un même été, chose qui n’est plus arrivée depuis 1947 ! Ces vagues de chaleur ont été assez brèves, mais deux sur les trois ont apporté des records de température. On se souviendra surtout des 39,7°C mesurés à Uccle le 25 juillet, température qui a été tout à fait inédite pour cette station et qui s’est produite un jour où AUCUNE station du réseau belge n’a échappé à un record de chaleur.

 

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Source : Pascal Mormal (IRM)

 

Mais les 33,3°C du 27 août sont également une valeur inédite. Jamais, il n’avait fait aussi chaud à Uccle lors d’une 3e décade du mois d’août !

 

Pour une personne souffrant de la chaleur, on peut dire qu’en 2019, la souffrance était brève mais aigüe et répétitive, alors qu’en 2018, cette souffrance avait été chronique.

 

Voyons tout cela dans le détail :

 

1) Les moyennes sur 30 jours

 

Les moyennes sur 30 jours sont un bon indicateur pour isoler les périodes chaudes, sans les enfermer dans un mois calendrier. À titre d’exemple : les 30 jours les plus chauds de l’été 1976 sont moins apparus dans les statistiques que les 30 jours les plus chauds de l’été 2006, pour le simple fait que dans le deuxième cas, la période de chaleur tombait presque « pile poil » sur un mois calendrier.

 

En 2019, chaque période de 30 jours comportait une, et une seule vague de chaleur complète (ou alors la fin de la 1re et le début de la 2e / la fin de la 2e et le début de la 3e). Comme les vagues de chaleur ont été brèves et à chaque fois séparées par une période de temps assez frais, aucune des moyennes sur 30 jours ne sort vraiment du lot.

 

La période la plus chaude a été, cette année, celle du 11 juillet au 9 août, avec une moyenne de 20,2°C. Sur cette même période, la moyenne des températures maximales a été de 24,8°C, et la moyenne des températures minimales, de 15,8°C. Il n’y a rien d’extraordinaire à ces valeurs, et tant le maximum extrême que le minimum extrême du 25 juillet (39,7°C et 23,5°C) ont été complètement noyés dans ces statistiques.

 

Il en va tout autrement pour 2018, qui a « fait dans la longueur ». La période la plus chaude de cet été-là, par hasard aussi du 11 juillet au 9 août, a donné une température moyenne de 22,6°C (moy. des min. : 16,6°C, moy. des max. : 28,4°C) et elle est talonnée par la période du 11 juillet au 9 août 1994 avec 22,5°C (moy. des min. : 17,3°C, moy. des max. : 27,5°C).

 

Plus chaudes encore : la période du 30 juin au 29 juillet 2006 avec 23,1°C (moy. des min. : 17,3°C, moy. des max. : 28,8°C) et celle du 21 juin au 20 juillet 1976 avec 23,2°C (moy. des min. : 17,2°C, moy. des max. : 29,2°C). À ce niveau, l’été légendaire de 1976 reste invaincu jusqu’à ce jour.

 

Très surprenants aussi : les 22,3°C de moyenne de la période du 19 juillet au 17 août 1911 (moy. des min. : 16,1°C, moy. des max. : 28,5°C), un phénomène unique pour l’époque.

 

 

2) Les vagues de chaleur et leur poids

 

Une autre approche est l’analyse en profondeur des vagues de chaleur. C’est notamment le « poids » d’une vague de chaleur qui détermine son degré de pénibilité pour les personnes qui souffrent de la chaleur.

 

Le poids d’une vague de chaleur s’obtient en multipliant l’intensité par la durée, où :

 

-          L’intensité se calcule en degrés-jours avec comme référence 20,0°C de température moyenne

-          La durée est déterminée par le nombre de jours consécutifs où le maximum atteint au moins 25,0°C.

 

En termes de poids d’une vague de chaleur, nous retrouvons à nouveau 1976 comme recordman, avec un poids de 90,0. À la deuxième place : 2018 avec 82,2 ; à la troisème place... 1911 avec 74,2 !

 

En 1947, la chaleur a été segmentée en 4 vagues de chaleur distinctes, tandis qu’en 2003 et 2006, de nombreuses journées très chaudes isolées se sont retrouvées hors des vagues de chaleur. Il n’en est pas moins que le poids d’une vague de chaleur reste un bon indicateur de la pénibilité d’une canicule car il s’agit de périodes où la chaleur ne laisse pas (ou très peu) de répit, alors que si des journées chaudes se retrouvent en dehors de la vague de chaleur, cela signifie qu’il y a eu au moins un peu de fraîcheur pour récupérer avant le retour de ces journées chaudes.

 

En 2019, les trois vagues de chaleur, avec respectivement 23,5, 34,7 et 19,7, ont eu des poids modestes en raison de leur brièveté. On retiendra cependant l’intensité de la 2e vague de chaleur, qui avec une valeur de 6,94 pulvérise tous les records !

 

 

3) La sécheresse

 

Malgré quelques précipitations très intenses, le problème de la sécheresse est loin d’être résolu en cette année 2019, comme le montre le schéma ci-dessous :

 

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Source : IRM

 

Cette carte, qui répresente la quantité moyenne des précipitations tombées sur tout le pays, montre que nous trouvons toujours fort près du seuil de sécheresse.

 

Si nous analysons le détail, nous voyons que c’est surtout la région de Beauraing, Bouillon, Bertrix, Florenville qui sont touchées par la sécheresse.

 

190831054429659457.png

Source : IRM

 

Et les prévisions ne sont pas optimistes. N’oublions pas que les parties du pays représentées par la couleur « proche de la normale » n’en font souvent partie que tout juste, ou en d’autres termes, sont tout juste au-dessus du seuil de la sécheresse.

 

Souvenons-nous : « Sécheresse: une partie de la Belgique placée en code orange » écrivait le journal Le Soir. Et on n’était encore que le 18 juillet, donc avant la canicule extrême qui n’a sûrement pas arrangé les choses ! Et après, il a plu, oui, mais souvent pas assez.

 

« Les faibles précipitations de ces derniers jours ont eu un effet positif sur le verdissement de la végétation, observe le centre de crise. Cependant, le sud de la Wallonie reste en déficit de précipitations avec des zones sèches à très sèches. Dans les prochains jours, les températures resteront proches des normales saisonnières et les faibles précipitations attendues n’amélioreront pas la situation de sécheresse que nous connaissons toujours. » (DH)

 

Là, on était le 6 août...

 

 

 

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Les trois derniers jours du mois d’août

 

29 août 2019

 

Un second front froid, ou ligne post-frontale, donne encore pas mal de nuages. Le pays entier se retrouve à nouveau dans de l’air plus frais. Mais l’influence anticyclonique redevient grandissante en deuxième moitié de journée.

 

Le temps est d’abord très nuageux à couvert avec des stratocumulus (parfois aussi stratus fractus avec brume), qui se doublent ensuite de cumulus et qui se déchirent par moment. Mais il faut attendre l’après-midi pour des éclaircies vraiment larges, avec des cumulus mediocris qui s’aplatissent progressivement. Le soir, le ciel devient serein.

 

Au littoral, le ciel est beaucoup plus clair, avec des cumulus (parfois fractus) jusqu’en début d’après-midi, puis un ciel serein à peu nuageux (quelques cirrus).

 

En Gaume aussi, le ciel est plus clair, avec là des cumulus se formant en matinée et persistant jusqu’au soir, et très temporairement des stratocumulus en milieu de journée.

 

Dans cette dernière région, le temps reste assez chaud avec 25,8°C à Aubange et 24,6°C à Buzenol. Ailleurs, le rafraîchissement est sensible, avec le plus souvent 22 à 24°C en plaine (19 à 21°C au littoral) et 21 à 22°C sur les hauteurs.

 

 

30 août 2019

 

Les conditions redeviennent anticycloniques sur nos régions.

 

La nuit est assez fraîche, avec souvent 8 à 11°C en Basse et Moyenne Belgique, sauf sur la partie orientale où les minima ne descendent parfois pas en dessous de 13 à 15°C (Gorsem : 14,8°C ; Angleur : 14,0°C ; Bierset : 12,6°C). En Ardenne, les minima descendent localement jusqu’à 6°C (Bièvre : 5,9°C).

 

Le temps est très beau avec des cirrus et quelques rares altocumulus. Sur le sud du pays, les cirrus sont (quasiment) absents, mais on observe temporairement quelques petits cumulus en milieu de journée. Le matin, on observe aussi l’un ou l’autre banc de brouillard.

 

Le vent de sud-ouest devient variable et l’air maritime se continentalise lentement, avec des maxima de 24-26°C en plaine (21-22°C au littoral) et de 23-24°C sur les hauteurs.

 

Les températures les plus chaudes sont enregistrées à Kruishoutem (26,4°C), Hastière (26,3°C) et Aubange (26,2°C).

 

 

31 août 2019

 

À l’avant d’un front froid, de l’air chaud est à nouveau aspiré vers nos régions. Une ligne de convergence préfrontale est surtout active dans le nord du pays en début de soirée.

 

L’air est d’abord continental, avec un ciel serein ou presque (cirrus) et une chaleur agréable, puis l’air devient tropical avec une chaleur plus lourde et un ciel plus nuageux (cumulus mais aussi pas mal d’altocumulus).

 

Le soir, on observe des cumulus congestus avec virga ou faibles précipitations et quelques petits coups de vent (souvent autour de 50 km/h, localement 60-65 km/h).

 

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Webcam MB – Braine-l’Alleud – 31 août 2019 à 18h30

 

Au nord du pays, on note quelques averses (un peu) plus conséquentes, avec de l’orage (quelques coups de tonnerre jusqu’au centre du pays). Mais seules des stations de particuliers, ici et là, recueillent plus de 1 mm au pluviomètre. C’est le cas notamment à Poppel (entre Turnhout et Tilburg, tout près de la frontière néerlandaise) où, lors d’une brève mais forte averse, on mesure 4 mm entre 19h00 et 19h30 (dont 3 mm entre 19h15 et 19h30). Un peu au sud, près de Ravels, on enregistre même 4,8 mm en 5 minutes (entre 19h15 et 19h20), pour un total de 5,1 mm.

 

Les températures maximales : le plus souvent 30-31°C en plaine (27-28°C au littoral) et 27-29°C sur les hauteurs. Les valeurs les plus élevées : 31,4°C à Aubange, Hastière et Chièvres, et 31,3°C à Genk et Diepenbeek.

 

Notons enfin quelques très gros écarts entre les températures du matin et de l’après-midi (min / max) :

 

Hastière : 7,2°C / 31,4°C

Dourbes : 7,5°C / 31,2°C

Genk : 7,7°C / 31,3°C

Diepenbeek : 7,7°C / 31,3°C

Chièvres : 8,8°C / 31,4°C

Ernage : 9,3°C / 30,8°C

Buzenol : 9,1°C / 30,4°C

 

Le plus gros écart connu à ce jour en Belgique reste celui de Kleine Brogel du 3 août 1986, avec un minimum de 9,6°C pour un maximum de 37,2°C !

 

 

Conclusion

 

Avec une moyenne de 19,1°C, l’été 2019 s’est hissé entre les deux étés légendaires du 20e siècle, en l’occurrence 1947 (19,0°C) et 1976 (19,2°C). Mais 1947 et 1976 ont été de grands étés « classiques », avec de longues périodes de temps stable, ensoleillé et chaud. 2019 n’a même pas eu besoin de longues périodes stables pour se hisser à un tel niveau. En ce sens, l’été 2019 est, lui aussi, un été du réchauffement climatique.

 

En effet, les périodes fraîches ont été moins fraîches qu’elles n’auraient dû être, et les périodes chaudes, encore plus chaudes qu’elles n’auraient dû être. C’est ainsi que trois vagues de chaleur somme toutes assez brèves ont suffi pour placer 2019 fort haut dans le hit-parade des étés chauds.

 

Et cela vaut aussi pour l’insolation. Avec le réchauffement des périodes estivales « fraîches », les stratus et stratocumulus ont tendance à mieux se dissiper en journée, et les nimbostratus tendent à devenir cumulonimbus avec, en compensation, des trouées permettant des éclaircies. Les périodes de courants maritimes – avec ou sans influences anticycloniques – sont bien moins grises qu’elles ne l’étaient jadis. Le climat change, et cela devient de plus en plus évident !

 

 

 

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