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24 juillet 2021 : nouvelles inondations catastrophiques

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24 JUILLET 2021 : NOUVELLES INONDATIONS CATASTROPHIQUES

 

À nouveau, la Belgique est victime d’importantes inondations. Cette fois-ci, c’est surtout Dinant qui est frappé, avec un torrent qui s’engouffre dans l’une des rues de la petite ville, emportant les voitures jusqu’à former un amas d’épaves près d’un passage à niveau. Mais Philippeville, Hastière et même la ville de Namur sont frappés par des torrents d’eau et de boue.

 

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Capture d’écran : Liliane Severina Alves (Dinantaises, Dinantais)

 

 

Un dénominateur commun : les situations de blocage

 

Depuis les dernières précipitations catastrophiques des 13, 14 et 15 juillet, le patron atmosphérique général a certes changé, mais garde la situation de blocage comme caractéristique première. La goutte froide responsable des pluies diluviennes s’éloigne en se comblant dès le 16 tandis qu’une importe crête campe à l’ouest de nos régions. Celle-ci nous vaut un répit, avec une période de beau temps de quelques jours. Mais dès le 22, une nouvelle goutte froide, bien détachée du courant principal rejeté loin au nord, apparaît sur l’Océan, se niche sur le Golfe de Gascogne le 23 et s’installe sur le nord de la France le 24.

 

Une partie de la crête anticyclonique se retrouve à son tour rejetée vers le nord, notamment au nord de la goutte froide, ce qui nous vaut quasiment une situation « high-over-low », également dénommée « blocage rex ».

 

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Source : Meteociel

 

En surface, un anticyclone se forme, avec un petit coup de pouce thermique, sur les eaux très fraîches de l’Océan et de la Mer du Nord, en englobant les Îles Britaniques. Dès le 17`et ce, jusqu’au 22, le temps est très beau, avec des cumulus faiblement développés surtout l’après-midi et des températures agréables, généralement assez proches des 25°C à l’intérieur des terres. Le 23, le temps est toujours beau, mais avec d’autres nuages, qui annoncent le changement. Les cumulus de beau temps disparaissent avec, à la place, des cirrus devenant de plus en plus nombreux et épais.

 

 

Une convergence préfrontale, suivie d’un front méchant

 

Le 24 juillet, la goutte froide en altitude se traduit, en surface, par une petite dépression à l’entrée de la Manche qui y reste stationnaire. Une perturbation frontale lui est associée, qui s’occlut assez rapidement.

 

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Source : KNMI

 

À l’avant, une ligne de convergence se forme, séparant un air maritime continentalisé, déjà assez humide et accompagnés de vents d’est, d’un air maritime méridional plus chaud et tout aussi humide, avec des vents de sud-est et des points de rosée particulièrement élevés. Cette forte humidité des deux masses d’air, malgré la période de beau temps, est notamment liée aux sols encore détrempés par les précipitations précédentes, et surtout par les inondations.

 

La ligne de convergence est responsable de quelques orages qui éclatent dès le matin sur l’ouest du massif ardennais, et qui se décalent ensuite vers l’est du massif ardennais avant de se résorber.Ces orages s’accompagnent de précipitations généralement faibles, parfois modérées. C’est le front (occlus) lui-même qui, en fin d’après-midi, apportera les pluies diluviennes qui sont l’objet du présent article.

 

 

Le temps sur l’Ardenne et l’Entre-Sambre-et-Meuse

 

L’aurore est parfois jolie, sous un ciel flamboyant, mais bien vite, le ciel se voile d’altostratus translucidus, voire opacus, accompagnés de bancs d’altocumulus, souvent castellanus. Des cumulonimbus peu visibles depuis le sol obscurcissent quelque peu le ciel et génèrent des précipitations, avec l’un ou l’autre coup de tonnerre. L’humidité devient extrême et de nombreux fractus très bas se forment et s’accrochent aux pente des vallées. Ces fractus persistent assez longtemps, jusqu’à ce que des éclaircies reviennent et les fassent s’évaporer en raison des températures qui remontent.

 

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Webcam MB – Beausaint – 24 juillet 2021 à 15h10

 

 

Ces éclaircies, toujours accompagnés d’altocumulus castellanus et d’un mix de cumulus et de stratocumulus, ne durent pas longtemps. Dans une ambiance d’humidité extrême, des cumulonimbus orageux touchent à nouveau le pays en milieu d’après-midi et certains se développent jusqu’à générer des orages intenses avec de (très) importantes précipitations.

 

Ci dessous, l’un des aspects que prend le ciel à l’arrivée des orages.

 

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Crédit photo : Hubert Maldague (Belgorage)

 

Les cotes pluviométriques sont parfois vraiment élevées, comme à Evrehailles où il tombe 53,4 mm en une seule averse en fin d’après-midi. À Namur, la cote est de 37,4 mm tandis que la Gaume n’est pas en reste avec 34,3 mm à Rossignol, tout ça sur le même épisode orageux.

 

Les températures, dans la région concernée, se caractérisent surtout par un saut au moment de l’arrivée des éclaircies avec une soudaine douceur succédant à la fraîcheur, et des valeurs maximales de quelques 20°C sur les plateaux ardennais mais dépassant 25°C dans certaines vallées, le tout par des points de rosée de 19°C, voire 20-21°C par endroit. Sous les pluies orageuses, la fraîcheur se réinstalle très vite.

 

 

Pourquoi de telles inondations, à nouveau ?

 

La première cause est certainement à rechercher dans les précipitations et inondations précédentes, celles du 13 au 15 juillet, car il ne faut plus grand-chose pour que les terres, déjà gorgées d’eau, ne sachent plus rien absorber.

 

La deuxième cause, non loin de la première, est à rechercher dans les effets de retour. Toute anomalie climatique, lorsque sa durée dépasse un certain seuil, provoque des effets de retour. C’est vrai pour les vagues de chaleur et de froid, mais surtout pour les vagues de sécheresse et de pluies excessives. Nous avons vu, au cours des années 2018, 2019 et 2020, combien les zones pluvieuses et orageuses se desséchaient en arrivant au-dessus de nos terres arides, aggravant ainsi, par effet de retour, les conséquences de la séchersse.

 

En 2021, c’est exactement l’inverse. La trop longue période de temps pluvieux que nous connaissons a pour effet que n’importe quelle perturbation orageuse, même banale, peut s’approvionner en humidité supplémentaire et de ce fait, provoquer des pluies diluviennes. C’est ce qui s’est passé, malheureusement une fois encore.

 

La troisième cause réside dans la situation de blocage que nous vivons toujours, et dont la fréquence est directement liée au réchauffement climatique, surtout en été lorsque les glaces polaires tendent à disparaître. Ce blocage entraîne un ralentissement général de la circulation, avec comme conséquence, soit des zones de pluie (d’orage) qui ne nous atteignent pas, soit des zones de pluie (d’orage) qui déversent tout sur nous parce qu’elles ne peuvent pas aller plus loin.

 

La quatrième cause, elle, est synoptique. La Mer du Nord, accidentellement (à cause d’un printemps trop froid), est plus fraîche que les autres années, ce qui favorise l’installation d’anticyclones thermiques qui renforcent encore un peu plus les blocages présents en altitude.

 

 

 

Modifié par cumulonimbus

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