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Nouvelle bouffée d'air chaud

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NOUVELLE BOUFFÉE D’AIR CHAUD, QUI NOUS MÈNERA AU MOIS D’AOÛT LE PLUS CHAUD DE L’HISTOIRE BELGE

 

Notre pays sort à peine d’une vague de chaleur (9 au 16 août 2022), certes assez « moyenne » mais qui s’ajoute à d’autres phénomènes caniculaires au cours de cet été, et voilà que nous sommes à nouveau confrontés à une arrivée massive d’air chaud.

 

Le 17 août, les perturbations associées à une petite dépression, qui remonte de la Bretagne vers les Pays-Bas et le nord de l’Allemagne, génère de l’activité orageuse chez nous. On en retiendra surtout une très forte averse sur le nord et l’ouest de Gand avec des valeurs dépassant 50 mm et ce, en très peu de temps. Au nord de Gand, une station de particuliers relève 56,1 mm.

 

La période du 18 au 21 août est caractérisée par un temps plus humide et plus instable, mais qui reste trop chaud pour la saison, malgré une vague circulation d’ouest qui essaie de se mettre en place entre le 19 et le 21. Dans la région centrale du pays, on note 26°C le 18 et 24 à 25°C les 19, 20 et 21 août. Au niveau des précipitations, on observe quelques bonnes averses (orageuses), mais assez isolées le 19 en journée et la nuit du 19 au 20. Encore rien qui permette de mettre un terme à la sécheresse. À Uccle, il est tombé 11 mm entre 18 et 20h, seules précipitations significatives de tout ce mois d’août.

 

Le ciel a été un peu belge pendant ces jours-là, avec parfois un mix de cumulus et de stratocumulus, mais une prédominance pour les nuages convectifs, avec pas mal d’éclaircies et un ciel quelquefois un peu voilé.

 

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Webcam MB – Sprimont-Dolembreux – 20 août 2022 à 11h59

 

 

22 août 2022

 

Le vent reprend une prédominance orientale, l’air reperd de son humidité et gagne en chaleur. Les températures maximales, en plaine, se situent autour des 26°C sur le nord et des 28°C sur l’ouest, et tournent autour des 24-25°C sur les hauteurs. Un anticyclone, en effet, vient de s’installer sur le Danemark et nous vaut se retour de l’air continental.

 

Le temps est d’abord très nuageux avec altocumulus / stratocumulus, mais se dégage en cours de matinée avec des cumulus et des bancs d’altocumulus, parfois castellanus (avec base sombre et tourmentée en raison du fort développement). Sur l’est du pays, il y a des altocumulus et stratocumulus plus coriaces, doublés de cumulus l’après-midi.

 

 

23 août 2022

 

Les pressions sont élevées au-dessus de la Scandinavie tandis qu’un faible front chaud affecte l’ouest de notre pays.

 

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Source : KNMI

 

Le temps est beau, avec quelques altocumulus, des cumulus l’après-midi (jusqu’à mediocris) et des cirrus, d’abord peu nombreux, puis évoluant petit à petit en un voile de cirrus / cirrostratus, notamment sur l’ouest et le centre du pays. En Gaume, le temps est très beau avec juste des cirrus et des cumulus humilis. Au littoral par contre, le temps est plus nuageux avec altocumulus et stratocumulus, mais aussi de belles éclaircies l’après-midi et le soir. Les cumulus sont absents au littoral, mais un peu plus vers l’intérieur, on observe parfois des mix cumulus / stratocumulus.

 

Les températures sont en baisse au littoral avec 23 à 24°C, sinon en hausse avec 28 à 30°C en plaine (le plus à l’est : 30,1°C à Koersel et à Genk) et 25 à 27°C sur les hauteurs.

 

Le vent souffle d’abord de sud, puis tourne progressivement à l’ouest, puis au nord-ouest avant de devenir variable.

 

 

24 août 2022

 

Les différences de pression sont faibles sur l’ouest de l’Europe. Chez nous, de l’air chaud stagne dans un marais barométrique et tend à se réchauffer encore un peu plus.

 

Le temps est beau, mais très instable dans les couches moyennes, avec de nombreux altocumulus castellanus, parfois très développés et donnant des virgas. Ici et là, on voit même de véritables altocumulonimbus (cumulonimbus à base élevée issus de castellanus), mais dont les précipitations n’atteignent pas le sol. En dehors de cela, on observe aussi des cumulus l’après-midi qui, eux, ne dépassent généralement pas le stade d’humilis.

 

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Webcam BMCB – Kluizen – 24 août 2022 à 13h55

 

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Webcam MB – Cerfontaine – 24 août 2022 à 16h00

 

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Webcam BMCB – Quevaucamps – 24 août 2022 à 17h59

 

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Webcam MB – Braine-l’Alleud – 24 août 2022 à 20h20

 

Sur l’est et le sud du pays, les altocumulus sont beaucoup moins présents, mais on y note également des cumulus humilis. Au littoral, on voit aussi des altocumulus lenticularis.

 

Les températures sont proches de 25°C au littoral, sinon atteignent 29°C sur les hauteurs et de 30 à 33°C en plaine. À Deurne, on observe 30,0°C ; à Genk, 32,7°C.

 

Le vent en surface n’a pas de direction précise, mais présente quand même une prédominance orientale.      

 

 

25 août 2022

 

Une ligne de convergence aborde le pays à la mi-journée. À l’avant, des vents soufflant principalement de sud-est à sud acheminent de l’air très chaud, avec des températures dépassant largement les 30°C. À l’arrière, des vents de nord-ouest à nord amènent de l’air plus frais.

 

À 15 heures, les températures se situent entre 31 et 33°C en plaine à l’est d’une ligne allant de Lille à Stabroek en passant par Gand. À l’ouest de cette ligne, ces températures n’atteignent plus que 22-24°C au littoral et 27-29°C à l’intérieur. À 17 heures, la ligne s’est avancée encore un peu plus avec, notamment du côté de Gand, une baisse des températures de 30,1°C à 26,1°C à Semmerzake. Dans toute la zone à l’ouest de cette ligne, la température n’atteint plus les 25°C, avec à présent plus que 21-22°C au littoral. À Bruxelles, on descend tout doucement en dessous de 30°C aussi, tandis qu’on reste à 33°C en Campine.

 

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Source : Kachelmannwetter

 

Du côté chaud, le temps est très beau, avec cirrus et formation de cumulus humilis assez aplatis l’après-midi.

 

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Webcam MB – Braine-l’Alleud – 25 août 2022 à 16h

 

Le côté plus frais, en raison d’une inversion thermique très basse, se caractérise surtout par une absence de cumulus.

 

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Webcam BMCB – Kluizen – 25 août 2022 à 16h

 

Vers l’ouest, le ciel est aussi plus voilé, avec également des altocumulus. Au littoral, l’arrivée de l’air frais se matérialise, en début d’après-midi, par des stratus, qui se disloquent ensuite en fractus avant de disparaître.

 

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Webcam MB – Le Coq – 25 août 2022 à 14h45

 

À l’intérieur des terres, le temps reste beau, mais les cumulus disparaissent rapidement à l’arrivée de cet air plus frais. Sur l’est du pays, les conditions chaudes persistent jusqu’au soir.

 

On peut dire aussi, en gros, que les maxima ne sont pas (ou guère) affectés par l’arrivée d’air maritime au centre et à l’est du pays car cela se produit après que ces maxima sont atteints. Comme la masse d’air est particulièrement chaude, certains records décadaires sont même approchés (et très localement battus). Sur l’ouest du pays par contre, la montée des température est « cassée » par l’arrivée trop précoce de l’air maritime, ce qui fait que les maxima y sont moins élevés.

 

Ci-dessous, les températures maximales du 25 août 2022 avec, entre parenthèses, le record de la troisième décade d’août et la longueur de la série d’observations de la station.   

 

Coxyde : 25,4°C (record : 34,9°C le 24/08/2016, série disponible depuis 1967)

Middelkerke : 24,8°C (record : 33,3°C le 24/08/2016, série disponible depuis 1973)

Beitem : 29,3°C (record : 34,2°C le 25/08/2016, série disponible depuis 1953)
Munte / Semmerzake : 31,4°C (record : 33,6°C le 26/08/2001)

Dunkerque (FR) : 23,8°C (record : 35,1°C le 24/08/2016, série [utilisée] depuis 1953)

 

Lille (FR) : 29,9°C (record : 35,3°C le 25/08/2016, série [utilisée] depuis 1953)

Gosselies : 32,1°C (record : 33,0°C le 27/08/2019, série disponible depuis 1984)

 

Uccle : 32,5°C (ancien record : 33,3°C le 27/08/2019, série disponible depuis 1968)

Zaventem : 33,2°C (record : 33,6°C le 26/08/2001, série disponible depuis 1984)

Beauvechain : 32,2°C (record : 34,3°C le 27/08/1964, série disponible depuis 1953)

 

Sint-Katelijne-Waver : 33,3°C (record : 34,0°C le 26/08/2001, série disponible depuis 1983)

Deurne : 32,5°C (record : 33,7°C le 26/08/2001 et le 27/08/2019, série disponible depuis 1953)
 

Koersel : 33,0°C (record : 34,5°C le 27/08/2019, série disponible depuis 1983)

Kleine Brogel : 32,8°C (record : 35,8°C le 25/08/1997, série disponible depuis 1953)

Maastricht (NL) : 32,8°C (record : 34,2°C les 27/08/1964 et 26/08/2001, série [utilisée] depuis 1953)

 

Bierset : 31,5°C (record : 33,5°C le 26/08/2001, série disponible depuis 1953)

Mont-Rigi : 27,6°C (record : 30,0°C le 28/08/1964 [Baraque Michel], série disponible depuis 1953)

 

Florennes : 31,2°C (record : 31,6°C le 26/08/2001, série disponible depuis 1976)

Dourbes : 32,5°C (ancien record : 32,4°C le 26/08/2001, série disponible depuis 1965)
 

Saint-Hubert : 28,9°C (ancien record : 28,8°C les 27/08/1964, 25/08/1997 et 27/08/2019, série disponible depuis 1953)
Luxembourg (LU) : 31,2°C (record : 31,7°C les 25/08/2011 et 25/08/2016, série [utilisée] depuis 1953)

 

 

Il faut cependant relativiser ces records. Le réseau climatologique actuel, dont les stations les plus anciennes datent de l’après-guerre, n’a connu aucune canicule vraiment significative à la fin du mois d’août. Or, il faut savoir que l’est du pays a été frappé par un coup de chaleur particulièrement intense le 23 août 1944. Ce jour-là, on notait 38,0°C à Bressoux (Liège) ; 37,5°C à Borgoûmont (entre Spa et Trois-Ponts) ; 37,1°C à Gerdingen-Brée (non loin de Kleine Brogel) ; 36,8°C à Maastricht (NL) ;36,6°C à Thimister et 34,6°C à Spa. À la Baraque Michel (672 m), le thermomètre atteignait encore 33,8°C. Il s’agit de la troisième valeur la plus élevée pour les Hautes-Fagnes, après les 34,9°C du 25 juillet 2019 et les 34,1°C le 24 juillet 2019, mesurés à Mont-Rigi. N’oublions pas qu’en 1944, on était fin août, c’est dire l’intensité de ce coup de canicule.

 

Il s’agissait d’une langue d’air torride (37-38°C en plaine) sur l’est de la Belgique, l’est des Pays-Bas et l’extrême-ouest de l’Allemagne, remontant presque jusqu’au niveau de Brême. Denée-Maredsous, avec 34°C, se trouvait à la limite de cette langue d’air chaud. À Uccle, on ne mesurait « que » 32°C.

 

Le 31 août 1929, les températures étaient très élevées aussi, avec 33-35°C en Basse et Moyenne Belgique.

 

 

La sécheresse

 

Un phénomène qui était encore exceptionnel en 1976, mais qui est devenu récurrent de nos jours : la sécheresse qui s’auto-entretient.

 

Au-delà d’un certain seuil de sécheresse, nos terres ne sont plus capables de générer des pluies (orageuses) par elles-mêmes. La situation s’aggrave encore lorsque les cours d’eau s’assèchent à leur tour. Les seules pluies possibles sont alors celles qui viennent de la mer. Mais quand il s’agit de la Mer du Nord, les perturbations sont souvent trop faibles pour vraiment pénétrer à l’intérieur des terres sèches. Et les lignes de convergence préfrontales sont alors souvent composées d’air continental ou tropical très sec à l’avant, et d’air maritime juste un peu moins sec à l’arrière. Pas assez d’humidité pour générer des orages organisés. Juste l’une ou l’autre cellule pourrait se former, et générer très localement des précipitations.

 

Il s’agit d’un cercle vicieux. Plus les sols se dessèchent, moins ils génèrent de pluies ce qui fait qu’ils se dessèchent encore davantage.

 

En 1976, les zones orageuses se desséchaient les unes après les autres avant de nous atteindre, et même si l’une ou l’autre cellule puissante parvenait encore à nous atteindre (comme par exemple le 12 juillet), elle ne donnait que très localement de fortes précipitations, ce qui ne changeait rien à la donne au niveau du pays.

 

Ce n’est que le retour des perturbations atlantiques qui a mis un terme à cette sécheresse. Car ces perturbations-là, formées sur l’Océan et poussées par un bon vent d’ouest, « s’en fichent pas mal » de l’état de sécheresse de nos sols. Ce n’est pas cela qui les arrête, et une fois nos sols bien arrosés, la sécheresse ne revient pas de sitôt, même si des conditions anticycloniques se remettent en place par la suite.

 

Dès l’automne 1976, la sécheresse n’était plus qu’un « lointain » souvenir. De nos jours, cela devient plus problématique car ces conditions zonales, avec une « météo atlantique », ont de plus en plus de mal à se mettre en place, ce qui fait que le risque de sécheresse prolongée (même au-delà de ce que nous avions connu en 1976) devient de plus en plus présent.

 

Les prévisions de l’IRM ne sont vraiment pas encourageantes pour le moment. À quand le retour vers une situation plus normale ? Wait and see…

 

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Source : IRM

 

 

 

Modifié par cumulonimbus
À présent complet

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