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Une vague de douceur d'une ampleur exceptionnelle

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UNE VAGUE DE DOUCEUR D’UNE AMPLEUR EXCEPTIONNELLE

 

En ce 29 octobre 2022, certains points de Belgique, du côté de Bruxelles notamment, connaissent leur jour d’été le plus tardif jamais enregistré et ce, au sein d’une période de douceur non moins exceptionnelle, qui couvre à peu près toute la seconde moitié d’octobre.

 

Avant d’analyser la situation actuelle, faisons un petit détour par le passé.

 

 

Les douceurs automnales d’antan

 

Un retour de l’été vers le milieu de l’automne n’avait, en soi, rien d’anormal. Ceci était lié aux différences saisonnières de la température entre le Continent et l’Océan. En été, le Continent était chaud et l’Océan, notablement plus frais, avec une certaine prédilection des anticyclones à s’installer sur les mers (Mer Baltique et Mer du Nord) et l’Océan. En automne, et plus particulièrement vers la fin septembre et le mois d’octobre, le Continent se refroidissait rapidement pendant que l’Océan restait (relativement) plus tiède. Il s’ensuivait que les anticyclones s’installaient de plus en plus sur le Continent pendant que les dépressions se sentaient bien sur la mer, et notamment sur les mers périphériques (Golfe de Gascogne, Manche et sur de la Mer du Nord) qui, pendant certaines années tout au moins, gardaient longtemps la chaleur de l’été.

 

Cette combinaison de pressions, en raison de la force de Coriolis, donnait naissance à un corridor d’air chaud en provenance de l’Afrique et de la Méditerranée, corridor qui bien souvent était orienté vers notre pays et les pays avoisinants.

 

Ce phénomène était tellement récurrent qu’il avait reçu des noms particuliers dans de nombreux pays autour de nous. C’est ainsi qu’une période chaude vers la fin septembre avait pris comme nom « oudewijvenzomer » aux Pays-Bas, « Altweibersommer » en Allemagne, « babie lato » en Pologne, « babi léto » en Tchéquie et « vénasszonyok nyara » en Hongrie, ce qui voulait tout simplement dire « été des vieilles femmes ».

 

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Source : Ostbelgien Direkt

 

Dans un passé récent, dans ces pays situés au nord et à l’est de chez nous, où l’habitude de manger un gâteau dans les salons de thé était restée vive, ce terme rappellait tout simplement ce type d’été tardif, pas trop chaud où les dames d’un certain âge se délectaient de prendre un dernier gâteau sur une terrasse avant l’arrivée de la mauvaise saison.

 

L’origine éthymologique de cette expression, d’origine allemande, était cependant tout autre et évoquait une ancienne déesse germanique aux longs cheveux blanc.

 

En octobre, les coups de douceur avaient aussi reçu leur nom, comme le « Goldener Oktober » en Allemagne et le « St. Luke’s Little Summer » en Angleterre. Les rares fois où cela se produisait encore en novembre, on parlait de l’« Été de la Saint-Martin ».

 

 

Si l’on considère la troisième décade d’octobre, la période qui nous concerne, les températures les plus élevées enregistrées jadis se situaient entre 22 et 24°C en plaine et avaient été enregistrées le 27 octobre 1937, le 24 octobre 1971 et le 21 octobre 1977. Dans les deux premiers cas, il s’agissait d’un bref pic de chaleur, dans le troisième, il s’agissait de la fin d’une période de beau temps certes assez douce, mais où la douceur extrême ne s’était manifestée qu’à la fin.

 

 

Les douceurs automnales de nos jours

 

Depuis le réchauffement climatique, les périodes de douceur automnales sont devenues à la fois plus fréquentes, plus longues et plus intenses. Si on se limite à la troisième décade d’octobre, le premier phénomène tout à fait hors normes se manifeste en 2005. Pendant quatre jours consécutifs, les températures se situent, l’après-midi, entre 20 et 23°C presque partout en Basse et en Moyenne Belgique, ainsi que dans les vallées, et ce du 27 au 30 octobre. Les 29 et 30 octobre, les températures s’emballent avec 23,7°C à Liège-Monsin le 29 et 24,0°C à Lanaken le 30. À Uccle, les deux jours, on note respectivement 22,0°C et 22,6°C.

 

En octobre 2012, une vague de douceur encore plus marquée déferle sur la pays. Pendant six jours consécutifs, du 19 au 24 octobre, au moins une partie du pays connaît des températures exceptionnelles pour la saison, tandis que les 19, 22 et 23 octobre, la douceur est généralisée. Notamment le 22 octobre, quelques îlots de chaleur sont vraiment extraordinaires. La région dans et autour de Bruxelles mesure 25,4°C à Dilbeek et 24,5°C à Uccle. Un peu plus loin, à quelques dizaines de kilomètres, on observe 25,4°C à Bornem et 25,2°C à Tubize. Dans la Botte du Hainaut et juste à l’est de celle-ci, on relève 24,4°C à Sivry, 24,5°C à Strée et 24,8°C à Couvin. Plus étonnant encore, les températures de Haute Belgique avec 24,0°C à Elsenborn et à Hockai, et 24,1°C à Bièvre.

 

Des pointes de température très importantes ont également lieu en 2006 (l’année suivant 2005) et en 2013 (l’année suivant 2012) ! Au total, nous avons donc des températures extrêmes, à la fin du mois d’octobre, en 2005, 2006, 2012, 2013 et 2022. Cela fait beaucoup en peu de temps !

 

 

La vague de douceur de 2022

 

La vague de douceur de cette année dépasse même nettement, en amplitude, celles décrites précédemment.

 

La répartition des pressions est pourtant classique pour la saison, hautes pressions sur le Continent et basses pressions sur l’Océan. Mais le soutien massif à cette situation par un blocage en altitude est nouveau. Comme on en parle déjà souvent, l’augmentation des situations de blocage lié à un ralentissement de la vitesse moyenne des jet-streams, lui-même lié à une diminution de la différence de température entre le pôle et les latitudes moyennes, commence à vraiment poser problème.

 

Nous nous retrouvons ici face à deux aspects du réchauffement climatique. D’une part, nous avons le réchauffement des masses d’air elles-mêmes. Si une situation analogue à celle du 29 octobre 2022 s’était produite trente ou quarante ans plus tôt, nous aurions eu 23 à 24°C à Uccle. Maintenant nous avons 25 à 26°C. D’autre part, nous avons la prolongation de la présence de masses d’air peu habituelles sur la Belgique en raison de la solidité des situations de blocage. Il y a trente ou quarante ans, nous aurions eu un ou deux jours de « Goldener Oktober », peut-être trois, maintenant nous avons des situations qui durent et qui durent. En d’autres termes, toutes les saisons peuvent à présent nous réserver des surprises tout à fait inédites.

 

Le blocage que nous connaissons actuellement s’est mis en place vers le 17 octobre 2022, avec une situation au niveau 500 hPa qui a peu bougé depuis, avec une crête orientée sud-ouest – nord-est en direction de l’Europe Centrale et un creux, avec un ou plusieurs noyaux, sur l’Océan à l’ouest. Nous nous trouvons donc dans un flux d’altitude de sud-ouest. Les seules nuances, c’est que notre pays est parfois plus près de la crête, parfois plus près du creux. Très temporairement, les 24 et 25 octobre, le flux d’altitude tend vers l’ouest.

 

En surface, nous trouvons en moyenne dans un flux faiblement perturbé avec le passage de systèmes frontaux qui séparent de l’air maritime... tropical direct de l’air maritime... tropical moins direct. Ou plus exactement, nous avons d’une part un vrai air tropical et d’autre part, un air polaire « tropicalisé », c’est-à-dire un air polaire très indirect qui, en tournant autour des basses pressions, fait un long parcours plongeant jusqu’aux basses latitudes de l’Océan avant de remonter chez nous.

 

Ci-dessous à titre d’exemple : le 20 octobre 2022.

 

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Sources : Météociel et KNMI

 

C’est surtout en altitude que nous enregistrons une différence, avec une température au niveau 850 hPa oscillant entre 4 et 15°C. En surface, l’air chaud sur nos terres tend déjà à se refroidir tandis que l’air moins chaud et plus océanique se réchauffe au contraire sur les eaux encore chaudes. Ce qui signifie qu’en surface, les températures sont tout le temps supérieures aux normes saisonnières, avec une certaine constance dans la douceur sauf en fin de période où les températures s’emballent littéralement. La différence réside bien entendu dans la stabilité ou l’instabilité de l’air. Notamment les 23 et 24 octobre, la forte instabilité, associée à une bonne dynamique en altitude, provoque de violents orages dont certains prennent des caractéristiques supercellulaires. Des dégâts importants sont notés à Willaupuis et Braffe (Leuze-en-Hainaut).

 

 

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Crédit photo : Samina Verhoeven (Belgorage)

 

Pour le reste, on peut dire que les maxima journaliers se situent pour ainsi dire constamment entre 18 et 22°C entre le 17 et le 28 octobre en Basse et Moyenne Belgique, sauf ici et là un très temporaire 16-17°C plus frais.

 

Détaillons à présent les quatre jours les plus remarquables de la série, en l’occurrence les 27, 28, 29 et 30 octobre.

 

27 octobre 2022

 

Notre pays se trouve à présent entièrement dans un large secteur chaud, sous des vents de surface de sud à sud-est, commandés par de hautes pressions couvrant toute l’Europe centrale. La relative proximité des perturbations nous vaut cependant un ciel assez voilé avec cirrus, plus tard parfois temporairement cirrostratus. En-dessous, nous observons quelques bancs d’altocumulus, parfois castellanus à la suite d’une petite instabilité résiduelle dans les moyennes couches. Ici et là, on observe aussi des altocumulus épais, voire des stratocumulus. L’après-midi, de très belles éclaircies se développent sur l’ouest du pays.

 

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Webcam MB – Braine-l’Alleud – 27 octobre 2022 à 17h

 

Les températures atteignent 21 à 22°C partout en plaine, sauf au littoral où elles se limitent à 20°C. Sur les hauteurs, on enregistre 18 à 19°C. La plus haute valeur est relevée à Genk avec 23,2°C.

 

En soirée, les températures redescendent lentement puis... remontent en de nombreux endroits. À 23 heures, une large bande centrale du pays, allant du Hainaut au Limbourg en passant par Bruxelles, connaît des températures de 19 à 20°C (Chièvres : 19,9°C ; Dourbes : 19,5°C ; Diepenbeek : 19,6°C).

 

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Source : IRM

 

Ceci est lié à une petite augmentation du vent qui facilite le brassage avec une couche d’air extrêmement chaud pour la saison à quelques centaines de mètres d’altitude, qu’on retrouve tant au-dessus de Beauvechain que d’Essen, avec 23°C à quelques 300 à 400 mètres au-dessus du sol, soit une altitude de 500 mètres environ au-dessus du niveau de la mer.

 

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Source : University of Wyoming

 

 

28 octobre 2022

 

Cet apport d’air chaud nocturne nous vaut les minima les plus élevés jamais enregistré lors d’une 3e décade d’octobre en pas mal d’endroits. À Uccle par exemple, la température entre 20h et 8h n’est pas descendue en dessous de 16,6°C, ce qui est la plus haute valeur de la série qui débute en 1982, le précédent record étant de 15,8°C le 29 octobre 2005. Uccle n’est d’ailleurs pas la seule station à avoir battu le record : le minimum de Zaventem est de 16,3°C (précédent record : 15,4°C (24/10/2004) ; celui de Bierset est de 16,7°C (précédent record : 15,4°C (26/10/2006) ; celui de Florennes est de 16,5°C (précédent record : 14,3°C (23/10/2006) et celui de Spa est de 14,4°C (précédent record : 13,0°C (23/10/2006).

 

Par le jeu des inversions, toutes les stations ne bénéficient pas pleinement de cette chaleur nocturne : à Middelkerke, le thermomètre est descendu jusqu’à 13,2°C, loin du record de 15,7°C (27/10/1995). Kleine Brogel, avec un minimum de 16,2°C, n’arrive tout juste pas au record de 16,4°C (27/10/1995).

 

En journée, un très faible front froid bloque en journée les températures dans leur ascension. À Uccle, la température monte rapidement jusqu’à 21,7°C à 13 heures. Mais après, elle n’évolue guère plus et n’atteint que 22,4°C. Au final, les maxima se situent autour de 20°C au littoral, 21°C sur l’ouest des plaines et 23°C sur l’ouest. Sur les hauteurs, les maxima se situent entre 19 et 20°C. Ce mini-front froid se voit aussi au vent, qui souffle de sud à sud-est à l’avant, et de sud-ouest à l’arrière. Vers 1000 mètres d’altitude, la température descend de 20 à 13°C en dessous d’une inversion (en surface, la chute de température est très faible, mais suffisante pour casser la courbe et empêcher les records).

 

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Source : KNMI

 

Les nuages, bien au-dessus de l’inversion, ne sont en rien affectés par ce mini-front (sauf à l’ouest où l’on voit quelques rares cumulus). Comme la veille, on observe essentiellement un voile d’altitude, composé de cirrus, parfois de cirrostratus, accompgné d’altocumulus en dessous, parfois épais.  Sur l’est du pays, les altocumulus sont peu nombreux, voire absents.

 

 

29 octobre 2022

 

Une journée historiquement chaude.

 

Plus particulièrement au centre du pays, où les éclaircies s’élargissent au bon moment, les températures sont tout à fait hors normes pour la saison. À Bruxelles, les bancs d’altocumulus sont certes assez nombreux en matinée, mais le ciel se dégage presque complètement vers midi et, à quelques cirrus et rares altocumulus près, le ciel reste bleu jusque peu après 14 heures. Ensuite, le ciel est plus voilé avec des cirrus et quelques altocumulus, mais le soleil perce bien jusqu’à 16h30. Après, les cirrus spissatus se font épais et les altocumulus, plus nombreux. Au sud de Bruxelles, on observe alors aussi des cirrostratus.

 

Cette configuration permet une ascension raide des températures à Uccle, avec 19,4°C à 12h, 22,9°C à 13h, 24,9°C à 14h et 25,4°C à 15h pour un maximum de 25,5°C !!! Ceci constitue, pour Uccle, de loin le jour d’été le plus tardif de l’histoire de la station (depuis 1886). Les précédents records étaient les 16 octobre 2017 et 16 octobre 2018. En outre, le record décadaire de 24,5°C, datant du 22 octobre 2012, est largement battu aussi.

 

À noter qu'un peu à l'ouest de Bruxelles, à Dilbeek, la température maximale est du même ordre, avec 25,6°C (précédent record : 25,4°C le 22/10/2012).

 

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Webcam MB – Schaerbeek (Bruxelles) – 29 octobre 2022 à 13h

 

D’autres régions sont un peu moins privilégiées. Du côté de Liège par exemple, les cirrus et altocumulus sont bien plus présents et les éclaircies, même si elles se produisent là aussi à la mi-journée, sont bien plus brèves. Le maximum s’arrête à Bierset à 22,6°C et se limite à 24,2°C à Diepenbeek, pourtant habituellement plus chaud que Bruxelles en journée.

 

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Webcam MB – Liers – 29 octobre 2022 à 13h10

 

 

À Beausaint, le ciel reste même très nuageux à couvert avec altocumulus durant toute la journée. Là, malgré l’altitude modeste (376 m), la température ne dépasse pas 18°C. Certains coins de la région sont plus frais encore, avec 17°C seulement.

 

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Webcam MB – Beausaint – 29 octobre 2022 à 12h

 

Sur l’ouest du pays, les nuages (altocumulus et cirrus) sont nombreux aussi malgré quelques éclaircies et les températures se situent entre 22°C au littoral et 23 à 24°C à l’intérieur.

 

En dehors de Bruxelles et de ses environs, les points les plus chauds en Belgique se situent notamment dans l’extrême nord-est du pays (25,6°C à Meeuwen ; 24,9°C à Koersel et 24,6°C à Kleine Brogel). Des valeurs autour de 25°C sont également observées du côté de Malines, du côté d’Aarschot et du côté de Mons. Dans les Hautes-Fagnes et sur le plateau ardennais par contre, les maxima se situent autour de 19°C (Mont-Rigi : 19,2°C ; Saint-Hubert : 18,5°C).

 

Si l’on prend le critère de 23°C, on peut dire que la température maximale a été inférieure à cette valeur à l’ouest d’une ligne allant grosso modo de Tournai à Knokke et supérieure à l’ouest. De même, les valeurs redeviennent inférieures à 23°C à l’est d’une ligne allant grosso modo de Chimay à Maastricht. Quelques îlots font exception, mais dans les grandes lignes, il en est ainsi.

 

Encore quelques records décadaires :

Zaventem : 24,6°C (précédent record : 23,1°C (22/10/2012)

Beauvechain : 23,8°C (précédent record : 22,9°C (24/10/1971)

Gosselies : 24,0°C (précédent record : 23,4°C le 22/10/2012)

Chièvres : 24,4°C (précédent record : 23,6°C le 22/10/2012)

Beitem : 22,9°C (précédent record : 22,1°C le 22/10/2012)

Middelkerke : 21,9°C (précédent record : 20,6°C le 22/10/1989)

Stabroek: 23,3°C (précédent record : 23,2°C le 22/10/2012)

Sint-Katelijne-Waver : 24,4°C (précédent record :  23,1°C les 22/10/2012 et 22/10/2013)

Koersel : 24,9°C (précédent record : 23,8°C le 22/10/2013)

Meeuwen : 25,6°C (précédent record : 23,8°C le 30/10/2005)

Kleine Brogel : 24,5°C (précédent record : 23,6°C le 22/10/1989)

 

Comme on voit, même les zones un peu « moins » privilégiées ont parfois quand même battu le record.

 

Le vent, quant à lui, est revenu dans le coin continental durant la nuit du 28 au 29 pour ensuite souffler de sud-est, avec une tendance plus sud plus tard en journée. En fin de soirée, le vent prend même une très légère tendance sud-ouest pendant que les températures descendent très lentement, pour se situer à 23 heures entre 16 et 19°C le plus souvent, avec quelques baisses plus importantes localement (Middelkerke : 14,3°C ; Diepenbeek : 14,2°C ; Buzenol : 10,9°C).

 

Cependant, on n’en a pas terminé, avec les records de chaleur. L’air reste extrêmement chaud en altitude, avec une température au niveau 850 hPa (1535 m), au-dessus de Beauvechain, qui atteint 18°C ! C’est du jamais vu en octobre, et certainement pas en fin de mois. Le précédent record, à ce niveau en octobre, est de 17°C le 11 octobre 1978 (le niveau 850 hPa était alors à 1570 m).

 

Au-dessus d’Essen, les valeurs sont tout aussi affolantes, avec également 18°C au niveau 850 hPa (1547m). Là, à 1000 mètres d’altitude, on observe encore 20°C au-dessus d’une inversion situées peu en dessous. À Beauvechain, l’inversion est un brin plus haute, avec 19°C à 1150 mètres.

 

Le modèle Arôme nous montre très bien cette langue d’air très chaud en altitude qui touche la Belgique mais passe surtout un peu à l’est de celle-ci. La brusque montée des températures après le passage sur les Pyrénées montre bien l’effet de foehn subi par la masse d’air. La compression adiabatique par subsidence a par la suite maintenu les températures à un niveau très élevé. Les températures en surface observées en journée au pied des Pyrénées, dépassant parfois 30°C (31,8°C à Tarbes avec humidité chutant jusqu’à 10% sous de petites rafales de sud) corroborent cette présence de foehn.

 

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Source : Météociel   

 

 

30 octobre 2022

 

Le basculement du vent vers le sud-ouest, qui s’annonçait déjà un peu la nuit, se met en place en journée, d’abord sur la partie ouest du pays, plus tard sur l’ensemble du pays. Les températures baissent un peu à tous les niveaux, mais restent fort élevées pour la saison, avec des maxima de 18 à 22°C en plaine (le moins à l’ouest, le plus à l’est) et 17 à 18°C sur les hauteurs. Le littoral est un peu plus frais aussi, avec 17°C.

 

C’est dans la partie ouest et nord qu’on observe aussi quelques précipitations en fin de journée en raison de la présence d’un faible front. Le voile est épais parfois dans ces régions, avec alors des altostratus opacus doublés de quelques stratocumulus. Ailleurs, le ciel ressemble fort à celui des jours précédents, avec cirrus et cirrostratus, avec bancs d’altocumulus, parfois aussi stratocumulus. Vers l’est, le voile est ténu et le soleil passe bien.

 

En soirée, les températures baissent partout, avec à 21 heures plus que 13 à 14°C en plaine et 10 à 11°C sur les hauteurs, ce qui annonce la fin progressive de l’énorme douceur que nous avons connue en cette fin d’octobre.

 

 

Conclusion

 

Le « Goldener Oktober » n’a cependant pas encore dit son dernier mot. Un front froid nous a valu quelques gouttes de pluie et, la nuit du 30 au 31 octobre, une importante baisse des températures notamment sur l’ouest du pays où le thermomètre n’affiche plus que des valeurs entre 7 et 9°C. Mais durant la journée du 31 octobre, le front recule à nouveau, les vents de sud-ouest s’orientent au sud-est, voire à l’est, et les températures remontent. Dans le ciel, les altostratus, altocumulus ou stratocumulus, selon les endroits, cèdent la place à des éclaircies, particulièrement belles sur l’est et le centre du pays, avec quelques cirrus et altocumulus, parfois castellanus. Sur l’ouest, les nuages frontaux restent un peu plus présents.

 

Avec des températures de 18 à 19°C (parfois un petit 20°C) sur une grande partie du pays, la journée est moins extrême que les précédentes, mais encore fort douce pour la saison. Cette dernière journée fera aussi en sorte qu’au final, ce mois d’octobre 2022, avec une moyenne de 14,4°C, égalera le mois d’octobre le plus chaud de l’histoire, en l’occurrence octobre 2001.

 

Cette accumulation de phénomènes chauds hors normes, en Belgique et ailleurs, est un signe de l’accélération du réchauffement climatique. Si l’on ne prend que la station d’Uccle depuis 2019, nous avons 8 phénomènes de chaleur qu’on puisse qualifier de majeurs :

Février 2019 avec 20,2°C le 26

Juillet 2019 avec 39,7°C le 25

Juillet 2020 avec 36,5°C le 31

Août 2020 avec 35,9°C le 8

Septembre 2020 avec 34,3°C le 15

Mars 2021 avec 23,9°C les 30 et 31

Juillet 2022 avec 38,1°C le 19

Octobre 2022 avec 25,5°C le 29

Toutes ces valeurs sont largement supérieures aux records (décadaires) enregistrés jusqu’à 2018 inclus.

 

Il y a une dizaine d’années, on parlait au contraire d’un réchauffement climatique qui ralentit, voire qui stagne, et c’est vrai que notre pays a aussi connu d’importants épisodes froids et/ou neigeux entre 2009 et 2013. Le réchauffement climatique n’a donc rien de linéaire. Il n’est pas exclu qu’une oscillation chaude naturelle se superpose en ce moment à ce réchauffement climatique, et qu’elle soit peut-être bientôt suivie d’une oscillation froide qui le contrecarrera. Qui sait ? Peut-être connaîtrons-nous un répit pour quelques années, un climat plus normal.

 

Mais tôt ou (un peu plus) tard, le réchauffement reprendra ses droits, avec des températures encore plus élevées que ce que nous connaissons à présent. Il faudra nous y préparer. Non seulement notre climat deviendra plus chaud, mais il changera complètement d’aspect, avec une insolation et une répartition des précipitations qui seront tout autres. Pour les phénomènes violents ponctuels, comme les tempêtes, les orages, la grêle, les tornades et les pluies diluviennes, les tendances ne sont pas encore très claires. Mais là aussi, il s’agira d’identifier ces tendances au plus vite, afin d’être prêts à affronter toutes les intempéries qui nous attendent.     

 

 

 

Modifié par cumulonimbus
À présent complet

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