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Un air particulièrement chaud en altitude les 12 et 13 novembre 2022

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UN AIR PARTICULIEREMENT CHAUD EN ALTITUDE LES  12 ET 13 NOVEMBRE 2022

 

Les courants, encore de sud-ouest le 11 novembre, s’orientent au sud, puis au sud-est les 12 et 13 novembre, nous acheminant de l’air tropical direct entre des hautes pressions sur le Continent et des basses pressions loin sur l’Océan. Au niveau 850 hPa, vers 1600 mètres d’altitude, les températures montent même temporairement jusqu’à 14°C, ce qui n’est pas loin des records (15°C en 1994). Autour de 500 mètres d’altitude, les températures se situent constamment autour des 16-17°C pendant ces deux jours.

 

En surface, cela se répercute de façon très variable. Ce sont surtout les plateaux ardennais et fagnards qui profitent très bien de la douceur, et mieux encore les bordures nord de ces plateaux et certaines vallées en raison d’un léger pseudo-foehn.

 

 

Foehn et pseudo-foehn

 

Le foehn présuppose des précipitations sur le versant au vent d’une chaîne de montagnes. C’est un phénomène propre aux reliefs alpins, même si d’autres massifs montagneux y sont soumis aussi, comme par exemple les Pyrénées ou, dans une moindre mesure, les Apennins en Italie.

 

Un cas classique de foehn en automne : de l’air perturbé et humide se trouve sur la plaine du Pô en Italie. Cet air remonte ensuite vers les Alpes. Dans les vallées de l’Italie et du sud de la Suisse, vers 500  mètres, le temps est pluvieux, brumeux et désagréable avec quelques 10°C. On est déjà à la base des nuages et l’air qui continue à monter suit l’adiabatique humide, en diminuant de 0,5°C par 100 mètres. Arrivé au niveau des crêtes, vers 3500 mètres, l’air est donc à –5°C.

 

Toutes les précipitations, renforcées par les ascendances, tombent du côté au vent des montagnes. De l’autre côté, donc sur les versants sous le vent, l’air est sec et redescend, en collant aux pentes, en suivant l’adiabatique sèche et en se réchauffant de 1°C par 100 mètres. Arrivé dans les vallées du nord de la Suisse, de l’Allemagne et de l’Autriche, également à 500 mètres d’altitude, cet air est à… 25°C ! Il fait plein soleil et le peu d’humidité résiduelle donne naissance à des altocumulus lenticularis liés aux ondes.

 

Le pseudo-foehn a un point commun avec le foehn : l’air en descendant colle aux pentes et se réchauffe de 1°C par 100 mètres. Sinon, le phénomène est très différent. Chez nous en Belgique, le pseudo-foehn s’observe surtout en automne et en hiver, dans les situations d’inversion. L’air est particulièrement doux sur les Hautes-Fagnes et, poussé par un petit vent du sud, cet air déborde du plateau et redescend en collant un certain temps au versant nord du massif et en se réchauffant de 1°C par 100 mètres. Toute une région entre Liège et Verviers, voire Aix-la-Chapelle bénéficie alors, dans les cas idéaux, de températures exceptionnellement hautes pour la saison.

 

Mais ce pseudo-foehn se met généralement en place par temps anticyclonique, par vents faibles, ce qui fait que très vite, le sol peu chauffé par le soleil de novembre refroidit à nouveau les basses couches de l’atmosphère, si bien qu’à quelques dizaines de kilomètres du relief, ce pseudo-foehn ne se fait déjà plus sentir.

 

 

12 novembre 2022

 

La plupart des régions connaissent un temps très ensoleillé, avec quelques cirrus, un peu plus épais en fin de journée, et des vents de surface de sud-est à sud. Au-dessus d’une inversion située vers 500-600 mètres, les vents soufflent de plein sud et les températures en air libre atteignent 16°C. Les Hautes-Fagnes en bénéficient pleinement, avec une température maximale qui atteint 16,7°C à Mont-Rigi. Des températures similaires sont également observées dans les parties hautes des Cantons de l’Est. Mais c’est au nord, un peu en contrebas, qu’il fait le plus chaud. Notamment les régions situées vers 300 mètres d’altitude, entre Eupen et Herve, connaissent des températures jusqu’à 19-20°C l’après-midi, voire un peu plus (20,7°C à Stembert, Verviers et 20,2°C à Gemmenich, près de Plombières). Plus loin au nord, l’effet de pseudo-foehn se perd et les températures sont moins extrêmes.

 

Une autre zone de pseudo-foehn, de même amplitude, se situe au nord du Condroz, avec des températures frisant parfois les 20°C entre Namur et Andenne. Enfin, des phénomènes localisés de pseudo-foehn se font sentir en contrebas des hauteurs de l’Entre-Sambre-et-Meuse et ce, jusqu’au sud et sud-est du grand Charleroi, avec là aussi presque 20°C. L’aéroport de Gosselies, tout comme Courcelles n’en profitent plus vraiment, avec « seulement » 17°C.

 

17°C, c’est aussi la température observée au centre du pays tout comme à l’est des plaines, grâce à une résorption partielle de l’inversion en journée.

 

La partie ouest du pays est plus humide avec une grande zone de brouillard et de stratus persistant une grande partie, voire l’ensemble de la journée. En début d’après-midi, les limites de cette zone suivent une ligne courbe passant par Zeebruges, Bruges, Aalter, l’ouest du Mont-de-l’Enclus et l’ouest de Tournai. Dans toute cette zone, les températures, sous un ciel désespérément gris, ne dépassent guère les 9°C. C’est le cas sur l’ouest de la Côte Belge, mais aussi à Roulers et à Passendaele. Le Hainaut, quant à lui, est très constrasté avec 10°C sur l’extrême ouest et presque 20°C, localement, sur l’extrême est.

 

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Source : IRM

 

 

En après-midi, cette zone grise se déplace légèrement, avec en bordure des localités qui se libèrent du brouillard et d’autres qui se font envahir. Au Coq par exemple, le brouillard apparaît vers 14h30 avec aussitôt une chute de la température. À l’est de Zeebruges, le temps reste ensoleillé toute la journée avec jusqu’à 15°C à Knokke.

 

Ci-dessous, Waregem dans le brouillard.

 

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15 kilomètres plus à l’est, Audenaerde reste sous le soleil toute la journée, enfin presque puisque peu avant le coucher du soleil, à 16h45, le brouillard y arrive aussi.

 

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Et enfin, le brouillard arrivant au Coq à 14h30.

 

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Enfin, nous avons encore une petite zone froide du côté d'Arlon, avec là aussi des maxima inférieurs à 10°C.

 

 

13 novembre 2022

 

On reprend les mêmes (ou presque) et on recommence.

 

Malgré un basculement du courant vers le sud-est, l’air acheminé en altitude reste particulièrement chaud pour la saison, avec 17°C en air libre entre 600 et 700 mètres. Les Hautes-Fagnes en bénéficient à nouveau parfaitement, avec 17,3°C à Mont-Rigi. Et à nouveau, des vallées et des zones en contrebas connaissent un pseudo-foehn, même si la répartition géographique s’est quelque peu modifiée. Chaineux, au nord de Verviers, frise les 20°C tandis que des vallées et zones déprimées plus au sud-est bénéficient aussi du phénomène, avec par exemple 19°C à Gouvy et Erezée.

 

Les régions d’Andenne, Namur et du sud de Charleroi connaissent des températures un peu moins élevées, de 16 à 17°C et, localement encore 18°C. Cette petite baisse se fait aussi sentir en plaine et au centre du pays, avec le plus souvent 14 à 16°C. Dans la partie affectée la veille par le brouillard et les stratus, c’est au contraire une hausse, puisque les températures s’y alignent au restant des plaines.

 

Le temps est désormais beau partout, avec un ciel presque serein sur l’est et quelques bancs d’altocumulus ailleurs, plus nombreux à l’ouest.

 

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Webcam MB – Braine-l’Alleud – 13 novembre 2022 à 10h

 

Contrairement à la veille, le brouillard parfois observé le matin se dissipe rapidement.

 

Le vent de surface, soufflant de sud-est à est, prend une petite tendance nord-est en fin d’après-midi avant de devenir assez variable.

 

Enfin, notons quelques chutes de température remarquables. La station BMCB de Recht (400 m), entre Stavelot et Saint-Vith, observe 18,7°C à 14h40 pour descendre en dessous de 0°C dès 19h40 avec –0,2°C. Le lendemain matin, à 7h10, on y mesure –4,5°C !  À Gouvy (475 m), on passe de 19,1°C à 15h30 à 4,1°C à 19h30, mais après, la température remonte un peu, après quoi il faut attendre 2 heures du matin pour le gel (–1,9°C à 6h30). Un scénario similaire est observé à Erezée (320m), près de Durbuy, avec 18,6°C à 15h30 et 4,3°C à 20h20, mais ensuite la température remonte fortement, jusqu’à 9,6°C à 22h50.

 

 

Conclusion

 

Même si aucun record pur et dur n’a été battu les 12 et 13 novembre, l’accumulation des phénomènes chauds est en train de faire de 2022 une année tout à fait extrême en la matière.

 

 

 

Modifié par cumulonimbus

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