Aller au contenu
Les Forums de MeteoBelgique
cumulonimbus

Il y a 60 ans, le 18 juillet 1964

Messages recommandés

Il y a 60 ans, le 18 juillet 1964

 

Il s’agit de l’une des journées les plus « épouvantables » que notre pays n’ait jamais connues. D’abord la chaleur. À sept heures du matin, il fait déjà 23°C, voire 24°C en de nombreux endroits et, à 10 heures, les 30°C sont déjà dépassés presque partout au centre du pays. L’après-midi, il fait souvent entre 32 et 35°C, et même 36°C en Gaume.

 

Puis arrivent l’humidité et la lourdeur du temps ! On subit des seuils d’inconfort rarement atteints dans nos régions. À Uccle par exemple, un premier orage, qui éclate vers midi, livre 7 mm de précipitations avant que la température ne remonte jusqu’à 33°C ! Inutile de décrire l’ambiance de piscine surchauffée qui s'est mise à régner. Puis s’enviennent les orages du soir. Et quels orages… Mais revenons d’abord au fil des événements, tout au long de la journée.

 

En matinée, le ciel est d’abord peu nuageux, mais tout ce qui existe comme nuage se met à bourgeonner. Altocumulus castellanus avec déjà des cumulonimbus au loin. Les températures oscillent autour des 32-33°C en fin de matinée, puis une première vague orageuse arrive, mais elle n’apporte que très temporairement de la fraîcheur. Aux premières éclaircies, la température remonte en flèche. Quelques cumulus congestus bourgeonnent alors, avec la présence d'altocumulus castellanus. En dehors de cela, un grand soleil se remet à briller. Puis, en début de soirée, tout s’obscurcit. Pire ! Il fait noir comme en pleine nuit alors que l'heure du coucher du soleil est encore loin. Au-dessus de Bruxelles, le ciel est d’un noir d’encre avec des traces jaunâtres dans les « mammatus ». À l’horizon, un coin du ciel est tout rouge et l’autre, bleu turquoise… Pendant ce temps, l’IRM note une rafale de 133 km/h. Les météorologues de l'époque parlent de l'orage le plus violent en 35 ans, qui « balaie Bruxelles et affole ses habitants pendant près de 90 minutes. Puis il s'apaise soudain, laissant dans son sillage, avec les traces de sa colère, la fraîcheur aigrelette de toute une verdure martyrisée. » 

 

Voici un témoignage oculaire de l’évènement :

 

« Je crois bien me souvenir de cet orage de l’été 1964, j’avais presque 5 ans ! C’était l’après-midi et on était avec mes parents à la Magnanerie (les terrains de tennis à Forest en bas de l’Altitude Cent). Je me souviens que les parents ont parlé d’une tornade… Peut-être pour décrire l’intensité du phénomène. On était sur la terrasse à siroter nos consommations, quand, tout à coup, ils ont vu arriver "quelque chose". Ils étaient impressionnés et admiratifs. Les gens quittaient l’endroit précipitamment et le ciel est devenu tout noir. L’intensité de la lumière a fort baissé et je crois même qu’il y a eu une tempête de sable (ou de poussières) avant la pluie.

 

Je sais qu’on n’y voyait plus rien et que cette baisse lumineuse s’est produite très très vite. Je ne me souviens pas d’avoir été mouillée par la pluie et donc je pense que nous sommes allés nous réfugier dans l’auto. Je crois qu’on est resté là à attendre que cela passe. Pour rouler, les voitures ont dû allumer leurs phares. Je me souviens aussi qu’il y a eu beaucoup d’arbres déracinés et des branches cassées par cette tempête. Les égoûts ne suivaient pas et les trottoirs qui étaient faits de graviers et de terre (couleur chamois) « coulaient » sur la rue. Je ne me souviens pas d'éclairs ou de tonnerre.

 

Les deux images qui me restent sont les suivantes :

 

Les parents qui disent « Mon Dieu, tu as vu ce qui arrive ? » et le soleil (ou la lumière) qui baisse de manière incroyable et aussi la couleur jaune orangée que tu décris comme un brouillard qui aurait été jaune orangé.

 

L’avenue Victor Rousseau qui est inondée, on ne distingue plus rien sauf les phares des voitures, on ne peut pas rouler et les trottoirs « emportés par la pluie » se creusent. »

 

Zum (ex-membre de MétéoBelgique).

 

Dans le journal Le Soir de l'époque, on pouvait lire ceci :

 

« Il faisait intenablement chaud, et moite, et énervant... Au-dessus de la ville, de grosses nuées noires s'amoncelaient comme bloquées par un gigantesque barrage. Et vers 18h30, la "tornade" éclata avec une incroyable brutalité. Le vent souleva d'immenses vagues de poussière dont les tourbillons rageurs s'insinuaient partout. L'obscurité était totale. Dans les rues, les gens fuyaient, s'engouffrant n'importe où, essayant de se soustraire à la violence de la tempête qui, à 120 km/h, arrachait tout sur son passage. Des fenêtres volaient en éclat, des arbres étaient déracinés, des branches arrachées, des antennes de télévision, des tuiles et des cheminées emportées éclataient dans les rue noyées par des trombes d'eau. »   

 

Cette ligne orageuse a parcouru une longue distance et a touché la majeure partie de la Belgique. Avant cela, à Paris, l'orage plongea la ville dans une obscurité presque totale en début d'après-midi, sous une pluie battante. À l'aéroport d'Orly, une baie vitrée de 15 mètres carrés a été soufflée. 

 

À Venlo, aux Pays-Bas, après les 36,6°C observés en journée, de graves intempéries se sont manifestées avec des orages violents et de très fortes rafales. Ce qui restera à jamais gravé dans les mémoires, c’est l’arcus localement énorme et particulièrement angoissant, un nuage qui « roulait » littéralement à 80 km/h, principalement sur l’ouest des Pays-Bas.

 

Herman Wessels du KNMI écrivit :

 

« Un phénomène impressionnant fut cet arcus qui accompagnait l’orage et qui accompagnait les premières rafales de vent qui concernaient principalement l’ouest et le centre des Pays-Bas. »

 

Le Capitaine J. H. Boer, chef de Meteo Woensdrecht, en dit ceci :

 

« À 18 h 55, un énorme arcus, comme je n’en ai encore jamais vu, nous arriva du sud-ouest. Sans lampe, il n’était plus possible de lire quoi que ce soit même à l’extérieur. »

 

L’observateur B. J. Kemner, à Rotterdam dit ceci :

 

« Vers 19 h 30, des bandes nuageuses s’approchèrent à partir du sud et du sud-ouest, trois couches l’une au-dessus de l’autre, derrière lesquelles le ciel était d’un noir d’encre. Puis, soudain, de fortes rafales se produisirent avec des averses torrentielles accompagnées de grêle. »

 

Pour Bruxelles, il s'agit certainement de l'événement orageux le plus spectaculaire après la tornade du 1er juin 1927. Après, il faudra attendre le 23 août 2011 pour revoir quelque chose qui s'en approche un peu. Puis il y aura la supercellule grêligène du 7 juin 2014 et, plus récemment, les ciels impressionnants du 9 juillet 2024. 

 

 

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Bonjour Cb,

pouvez-vous m'expliquer quel a été l'été l'élément déclencheur de cette pulsion orageuse intense, qui s'est formée au S. de la région lilloise +/- vers 22h45 ce 31/07/2024, restant immobile dans cette région frontalière, tout en s'étendant à la fois vers l'E. et l'O., avant de s'étendre lentement vers le reste de la Belgique?

Qu'est-ce qui a fait que tant d'eau présente dans l'atmosphère se soit si subitement mise à déferler sur la région?

Je vous remercie.

Partager ce message


Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Veuillez vous connecter pour commenter

Vous pourrez laisser un commentaire après vous êtes connecté.



Connectez-vous maintenant

×