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titibel

bilan météo 1975/1976

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bonjour,

ou pourrait-on trouver des archives sur le bilan météorlogique de 1975/1976?

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Bonjour à tous,

Je vais essayer de vous faire un bilan des années 1975 et 1976 sans trop vous bombarder de chiffres, mais simplement en décrivant l'évolution.

D'abord l'été 1975 est le grand oublié de l'histoire parce qu'il est dans l'ombre de 1976, mais ce fut un très bel été aussi. Surtout le début de mois d'août a connu 6 jours consécutifs avec une température supérieure à 30°C avec même une pointe jusqu'à 34°C le 5. Mais l'ensemble de l'été a été beau même si il a été nettement moins extrême que l'année suivante.

Pour 1976, il faut distinguer deux choses : la vague de sécheresse et la vague de chaleur. La sécheresse a vraiment commencé en octobre 1975 et s'est poursuivie jusqu'en août 1976 avec un très gros déficit de précipitations pour l'ensemble de la période. Mais si on fait un découpage plus précis, on trouve quelques périodes avec de fortes précipitations. Ce fut notamment le cas de juillet 1976. Mais ces pluies sont tombées en quelques orages (35 mm le 12 lors d'un seul orage). Et notamment pour les agriculteurs, ces courtes et intenses précipitations n'arrangent rien le problème de la sécheresse globale qui règne sur une période.

Au niveau de la chaleur, ce sont les mois de mai, juin, juillet et août qui sont concernés.

Le mois de mai a commencé par du temps très chaud au début du mois (presque 30°C les 7, 8 et 9 par air tropical), et du temps modérément chaud jusqu'au milieu du mois (prédominance anticyclonique). Ensuite le temps est devenu plus nuageux, encore assez doux et parfois pluvieux mais avec de faibles quantités. On était souvent en présence d'air maritime quelque peu continentalisé.

La première décade de juin a commencé par une vague de froid immédiatement suivie d'une vague de chaleur. Après une zone de pluie le 1er juin, nous sommes passé sous influence anticyclonique, d'abord du mauvais côté, puis du bon côté. Ce qui revient à dire que le 2 et le 3, nous sommes restés sous les stratocumulus par un vent de nord-ouest et des maxima très bas (12-13°C). Ensuite nous nous sommes retrouvés au coeur de l'anticyclone et ce sont les nuits qui sont devenues froides, notamment le 5 (ciel serein). Puis le soleil faisant son travail, soutenu par la suite par des vents de sud-est et de sud, et a provoqué une montée en flèche des températures, qui atteignirent 31,4°C le 9.

Le passage d'un front froid (presque sec) dans la nuit du 9 au 10 nous a placé sous des courants maritimes très fortement influencés par des anticyclones. Il faisait plus frais, mais les températures oscillaient toujours entre 24 et 28°C. Des passages nuageux (cirrus, cirrostratus et surtout altocumulus) indiquaient que la frange sud des perturbations passait sur notre pays. Mais il ne pleuvait toujours pas. Des cumulus de beau temps se formaient souvent en-dessous des nuages cités et l'insolation n'avait pas trop à en souffrir. Seuls les 19 et 20 juin nous ont valu un temps atlantique frais et humide, avec de la pluie.

Le 21 a été une journée de transition avant d'avoir, du 22 juin au 8 juillet la période la plus chaude que la Belgique, de mémoire d'homme, n'ait connue. Le 22, avec ses 27°C, a précédé 15 jours consécutifs de canicule avec 30 à 35°C à Uccle (maximum de 35,4°C le 3). Pendant toute cette période, la température a d'ailleurs souvent été proche des 35°C, ce qui donne une idée de l'intensité de la chaleur. Le ciel était souvent serein. Parfois des cumulus se formaient à plus de 2000 mètres d'altitude, ce qui est un indice de la sécheresse de l'air. Par ailleurs, on notait des altocumulus castellanus, signe d'instabilité, mais l'humidité était insuffisante pour générer des averses. Certains jours, quelques cumulus isolés atteignaient le stade de congestus, avec quelques gouttes de pluie de ci, de là.

Le 9, une faible perturbation a donné quelques gouttes de pluie et a été suivie d'un temps un peu plus frais pendant quelques jours (mais toujours près de 25°C) avant de nouvelles poussées de chaleur. Mais cette fois-ci, ce n'était plus de l'air continental sec, mais de l'air tropical direct avec de très violents orages. Ce temps chaud et lourd persistera, avec des hauts et des bas, jusqu'au 19 avec des températures extrêmement élevées (jusqu'à 37°C) le 16 dans le sud du pays.

La fin du mois de juillet et le début du mois d'août marquent une pause dans la vague de chaleur. Le temps est frais, parfois venteux, parfois pluvieux (ce qu'on a souvent oublié). À noter un 21 juillet particulièrement froid avec un maximum de 15°C et des averses par air polaire maritime. De même, le 31 juillet et 1er août ont été particulièrement frais, avec un minimum de près de 7°C le 1er à Uccle.

Le beau temps nous reviendra progressivement en août, avec des courants polaires qui deviendront continentaux. Mais la température mettra un certain temps pour monter et montera moins haut qu'en juillet. Pendant près de trois semaines, nous nous retrouverons sous des courants typiques de nord-est, avec du temps ensoleillé, des cumulus de beau temps et des températures comprises entre 25 et 27°C. Une dernière poussée de chaleur, avec des courants tropicaux, sera observée les 24 et 25, avec à nouveau 30°C le 25. Ensuite, le 26 nous donnera un temps voilé avec des nuages d'altitude, mais du temps encore chaud (27°C) avant l'arrivée massive d'air frais et humide. Le 29, un dernier petit soubesaut de l'été (25°C mais temps nuageux). À partir du 30 août, nous aurons droit à un temps parfaitement pourri et surtout frais et bien pluvieux, seulement interrompu par quelques poussées anticycloniques sporadiques. La température ne dépassera plus les 24°C avant... mai 1977.

Le bilan de cette vague de chaleur est donc le suivant :

- Depuis 1833, elle n'occupe que la 2e place au palmarès, après 2003, du point de vue de la température. Mais ce sont les courtes mais fortes vagues de fraîcheur qui ont fait baisser la moyenne générale. Si l'on considère le nombre de journées très chaudes, c'est 1976 qui obtient la palme, au même titre que 1947. Si l'on rajoute mai et septembre à la période estivale, c'est 1947 qui l'emporte puisque ces mois ont été chauds aussi cette année-là. En 1976, mai a été chaud mais pas septembre. En 2003, c'est plutôt l'inverse, encore que septembre 2003 ne présentait qu'une courte période chaude autour du 20.

- Du point de vue sécheresse, 1976 occupe la 2e place aussi après 1921. Mais le fait que la sécheresse a eu lieu en été a augmenté les conséquences et le ressenti de cette sécheresse. Évidemment, la sécheresse de l'hiver 1975/1976 a contribué au problème. Mais la vague de sécheresse de 1995/1996 a été beaucoup moins remarquée parce que concentrée sur la mauvaise saison.

- Du point de vue insolation, 1976 a été remarquable même si 1959 et 2003 ont été plus ensoleillés. Mais c'est au printemps et en été qu'il a fait beau, ce qui a été fort remarqué. Les mois de mars et avril ont été très ensoleillés aussi, même s'ils n'étaient pas spéciaux du point de vue thermique.

En conclusion, 1976 a été une année remarquable, mais c'est la répartition sur les bonnes périodes et l'intensité de certains phénomènes qui l'ont rendue encore plus remarquable.

Cumulonimbus.

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Merci de nous "rafraîchir" la mémoire thumbsup.giflaugh.gif

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Merci pour ton analyse, cumulonimbus, c'est un sacré boulot !!

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Merci pour tous ces renseignements.

J'ai un souvenir très précis et très désagrable de cette époque, où je travaillais comme délégué commercial en produits surgelés : Je passais, sans transition, de -20°C dans les chambres froides, à plus de 40°C dans ma voiture surchauffée sur les parkings des grandes surfaces. Et tout ça, vingt fois par jour en costume trois pièces et cravate obligatoires : L'enfer... crying.gif Par contre notre chiffre d'affaire en glaces, a lui aussi, atteint des records! wink.gif

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Bravo Cumulonimbus pour cette excellente analyse climatologique ! thumbsup.gifwink.gif

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Super Cumulonimbus !

ces mois d'été sont définitivement gravés dans ma mémoire: interdiction d'arroser, de nettoyer les voitures, ... mais surtout c'était ma dernière session à la fac et je préparais entre autres la défense de mon TFE !

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Robert! thumbsup.gif

J'ajouterai modestement que l'été 1976 fut nettement plus diversément apprécié de par la disposition récurrente des centres d'action. Anticyclone des moyennes latitudes isolant en permanence des gouttes froides sur la Méditerranée. L'été là-bas y est rappelé comme médiocre.

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2003: immense 'no man's land' anticyclonique, en constante reformation, couvrant pratiquement toute l'Europe et faisant baigner celle-ci dans des courants subtropicaux très ramement perturbés par les attaques atlantiques.

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L'été 1976 fut exceptionnel pour certains, l'été 2003 le fut pour tous.

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oups j'ai raté quelque chose tongue.gif

merci cumulonimbus et oceanic pour l'explication wink.gif

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La canicule et la sécherresse de 1976 furent vécues de façon beaucoup plus dure pour les populations, notamment en matière de restrictions d'eau.

Pourtant en 2003, nous n'avons jamais été restreints, même pas de consignes.

La raison en est très simple (du moins pour le nord de la France), et on doit cela aux investissements réalisés suite à la sécheresse de 1976.

La France réalisa dans les années 80 des travaux titanesques de connexion des réseaux d'approvisionnement en eau. Attention, on parle là à l'échelle de chaque département, de chaque arrondissemnt, de chaque canton, et de chaque village !

Ces travaux ont duré plus de 20 ans.

En 1976, la plupart des villages de France étaient totalement indépendants en matière d'eau potable (chacun avait son forage et se débrouillait avec !). Et je ne vous parle pas des canicules précédentes (1947 ...)

Comme quoi, nos politiques savent parfois retenir certaines leçons, et dieu sait si celle-là fut importante, car qui savait à l'époque que 27 plus tard, nous connaîtrions une situation similaire ?

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Modifié par watch2

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