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Marc6893

Libérer l'enseignement

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Libérer l'enseignement

Mis en ligne le 13/10/2006

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L'enseignement ne fonctionne pas, classements internationaux à l'appui. L'explication est claire : le système d'éducation publique ne vise pas l'excellence car il n'est pas totalement soumis à la compétition.

Roberto C. F. CHANTRE

La gratuité de l'enseignement est généralement considérée comme l'un des acquis majeurs de notre modèle social. Sa remise en cause relève encore du tabou. Pourtant, ce n'est pas malgré mais bien à cause de notre système que les résultats des élèves en Communauté française sont décevants.

Récemment, un article de "La Libre Belgique" se penchait sur l'immersion linguistique (LLB 09/08/2006). Des écoles pilotes ont commencé, il y a quelques années, cette forme d'apprentissage des langues. Aujourd'hui, on encense les succès du modèle comme s'il venait d'être découvert ou inventé. Or, il existe depuis des décennies dans certaines écoles (à l'école européenne, par exemple). Quand on connaît le désavantage des francophones sur le marché de l'emploi, en partie imputable à leurs mauvaises performances linguistiques, on oserait espérer que cela constituât l'un des soucis majeurs de l'enseignement en Communauté française, il y a bien longtemps déjà. Pourquoi une telle latence ? Pourquoi a-t-il fallu autant de temps pour appliquer des recettes simples et pas chères qui ont déjà fait leurs preuves ? Malgré le succès de la formule, les obstacles à sa généralisation sont encore nombreux : toute école qui désire l'appliquer doit payer le professeur sur fonds propres, la première année, ainsi que postuler tous les ans pour renouveler l'autorisation.

L'enseignement supérieur n'est pas en reste : syllabus en retard, non actualisés, parfois absents, le comportement de certains professeurs manifestant une révoltante désinvolture... Mais suivez donc un MBA ou un "post-graduate" dont vous payez l'intégralité ou la majorité du prix réel : la qualité en sera tout autre.

D'aucuns argueront que c'est le fait d'une minorité et que la grande majorité des professeurs n'est pas oisive. Le problème n'est pas tant le nombre que la possibilité pour un professeur de se comporter de la sorte. Dans un cas, le professeur n'a que sa morale pour garantir sa conscience professionnelle; dans l'autre il a, en plus, la pérennité de son contrat d'embauche. De surcroît, la nomination des professeurs, aussi bien dans le supérieur qu'à l'école, est une invitation à l'inertie. Une fois nominé, un professeur n'a plus besoin de prouver qu'il mérite sa place.

Non, le système d'éducation publique ne vise pas l'excellence car il n'est pas totalement soumis à la compétition. La différence entre l'enseignement privé et l'enseignement public tient en une phrase : dans un cas vous êtes un obligé, dans l'autre, un client. Un service est un dû lorsque l'on a payé pour celui-ci. Un service est une faveur, lorsqu'il est gratuit. L'enseignement public nous fait la faveur d'enseigner puisque l'on ne paie pas directement celui-ci. Faut-il donc s'étonner qu'il n'accomplisse pas son service comme si ce dernier était un dû ?

Pourtant, la gratuité n'est qu'illusion. On paie l'éducation à travers nos impôts. Mais en plus de payer pour une éducation loin de la perfection, on paie pour le gaspillage engendré par cette perception de gratuité. En effet, nombre d'étudiants font du tourisme en faculté, n'ayant pas l'intention de finir leur année ou leurs études, redoublant ou changeant d'orientation plusieurs fois durant leur cursus.

C'est également cette prétendue gratuité qui permet aux jeunes de choisir des études en complète inadéquation avec leurs débouchés et les besoins du marché, risquant ainsi d'accroître le nombre de personnes à charge de la société.

Une mesure simple et juste permet pourtant de garantir une qualité d'enseignement largement au-dessus du niveau actuel. Elle a été imaginée par des libéraux et appliquée avec succès en Nouvelle-Zélande. L'école publique y est payante. Les parents reçoivent un "bon scolaire" d'une valeur correspondant au prix du minerval de l'école publique. Ils choisissent ensuite l'école, publique ou privée, où ils désirent mettre leurs enfants. Dans la minorité des cas où le minerval est plus cher que la valeur du bon, ils y contribuent de leur poche. Ce système offre plusieurs avantages :

1) Personne ne paie double. Ceux qui choisissent le privé, ne sont pas financièrement pénalisés (en payant l'école publique par leurs impôts et la privée par le minerval).

2) Face à la concurrence du privé, l'école publique a été forcée d'améliorer la qualité de ses services.

3) Les plus démunis ne sont pas pénalisés : ils bénéficient toujours d'un accès à l'enseignement public. L'école privée leur serait même plus facilement accessible qu'aujourd'hui.

4) On verrait une mosaïque de cours possibles (pourquoi pas des cours de chinois, d'arabe ou de russe ?), car l'offre ne serait pas formatée et standardisée, comme elle l'est dans l'enseignement actuel, mais répondrait à la demande du marché, c'est-à-dire aux souhaits des parents.

Davantage de justice, meilleure qualité d'enseignement... Pourquoi ne pas importer le système en Belgique ? Il permet de transformer le parent en client, libre de choix, et de garantir la "justice sociale" puisque la valeur du bon serait la même pour tous. Il ne tient qu'à nos politiciens de prouver, en adoptant une formule gagnante, que leurs priorités sont la qualité et l'équité de notre enseignement.

© La Libre Belgique 2006

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