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Les Forums de MeteoBelgique

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Les meilleurs critères pour la formation d'une tornade sont la présence de deux masses d'air en conflit (l'une chaude et humide, l'autre froide et sèche) et l'existence d'un cisaillement avec les vents en altitude.

Ces conditions sont le mieux remplies au centre des États-Unis, où de l'air polaire sec issu du Canada (à l'arrière d'une dépression) rencontre de l'air tropical humide issu du Golfe de Mexique (à l'avant de cette dépression). La dépression est surmontée, comme chez nous, d'un courant d'ouest en altitude. Mais ce courant d'ouest s'est profondément transformé lors de son passage au-dessus des Montagnes Rocheuses.

En Belgique, ce genre de situation atmosphérique n'existe pas. Et pourtant, nous observons régulièrement des tornades aussi, même si elles sont en général moins nombreuses et moins puissantes qu'aux États-Unis.

Des tornades sont susceptibles de se former dans n'importe quelle masse d'air instable. Chez nous, elles se forment parfois dans de l'air tropical maritime chaud qui, avant de nous atteindre, passe sur le continent encore plus chaud. Mais on en a déjà vu sur tous les types de fronts froids, même à l'arrière de perturbations hivernales ou au sein de masses d'air polaire maritime. Dans ce cas, c'est en automne et au début de l'hiver qu'on les observe. Il s'agit alors de trombes marines qui, contrairement à leur "habitude", survivent sur la terre ferme et y provoquent des dégâts.

Mais la situation atmosphérique qui provoque le plus de tornades est la "spanish plume".

La "spanish plume" est une situation fréquente en été. C'est le temps typiquement belge où il fait chaud et lourd, presque irrespirable. On attend l'orage, on sent l'orage mais il n'éclate pas. Car, pour des raisons que j'expliquerai ci-dessous, la "spanish plume" a plutôt tendance à inhiber les orages. Mais dans certains cas, elle peut être responsable de phénomènes extrêmes.

Au départ, la "spanish plume" est une simple remontée d'air chaud d'origne subtropicale, suivie d'air maritime frais à l'arrière d'une dépression. Entre les deux se trouve un front froid à caractère orageux. Lorsque la dépression est étendue et bien placée sur l'océan, le courant d'air en provenance du sud peut parcourir de longues distances et provoquer de très fortes chaleurs. En général, cet air d'origine saharienne remonte via l'Espagne, où il traverse les hauts plateaux surchauffés en été, avant d'arriver sur la France et enfin la Belgique. Du fait des hauts plateaux espagnols, cet air est très chaud même à moyenne altitude. À haute altitude, cependant, il se refroidi lentement, par détente, en raison de la pression qui baisse à l'approche de la dépression atlantique. Ceci a pour conséquence de cet air est particulièrement instable. Mais en raison de la sécheresse, aucun nuage ne se forme.

Jusqu'ici, la situation est très simple. Mais elle s'accompagne souvent d'un trouble-fête qui complique tout. Ce trouble-fête est une dépression thermique qui se forme sur le plateau central de l'Espagne. Tant que cette dépression reste sur l'Espagne, elle ne modifie en rien la masse d'air. Ce plateau étant entouré de montagnes, le vent tournant autour de cette dépression ne provoque pas d'infiltrations maritimes et les propriétés de la masse d'air ne changent pas (donc restent extrêmement chaudes).

Cette dépression cependant, entraînée par le courant général de sud, remonte vers la France pour se diriger vers les Pays-Bas avant de se combler sur la Mer du Nord, plus fraîche.

Avant que cette dépression n'arrive chez nous, le vent souffle d'est ou de sud-est et nous envoie de l'air particulièrement chaud (plus de 30°C au sol, 18 à 20°C à 1500 mètres d'altitude et près de 10°C à 3000 mètres d'altitude). Une fois que le noyau de cette dépression est passé, le vent tourne à l'ouest et de l'air maritime plus frais s'infiltre dans les basses couches. Cet air, en passant sur le sol surchauffé, se réchauffe rapidement et devient à son tour instable, mais la température ne rattrape pas tout à fait celle qui règnait dans l'air tropical. Ceci a pour effet qu'une faible inversion se forme au sommet de cette masse d'air (environ 1500 mètres). Au-dessus, le vent continue à souffler du sud avec de l'air très chaud et très instable, mais qui reste très sec.

C'est cette inversion qui, le plus souvent, inhibe la formation des orages et ce, pour deux raisons. La première est l'inversion elle-même. Les nombreux cumulus qui se forment dans l'air maritime réchauffé (avec une base très basse d'ailleurs - température du point de rosée parfois supérieure à 20°C) s'arrêtent à cette couche d'inversion et s'étalent. Avec une légère brume qui persiste, la luminosité d'ensemble devient blanchâtre et, avec des températures tournant autour de 28°C, c'est la journée typique où il fait "douf" comme on dit à Bruxelles.

La deuxième raison d'inhibition de l'activité orageux est lié au fait que cet air maritime un peu moins chaud forme une sorte de tampon entre l'air tropical très chaud et l'air atlantique nettement plus frais. C'est une sorte de déboublement du front froid. Le front froid principal, lié à la dépression atlantique (et non la dépression thermique) rencontrera donc un contraste thermique moindre et les orages qui éclateront auront souvent piètre allure.

Toutefois, c'est cette masse d'air "tampon", justement, qui est potentiellement dangereuse. Comme je le disais, c'est un air humide et frais au départ, mais fortement réchauffé qui est devenu très instable. Au-dessus règne de l'air chaud et sec, également très instable. C'est sa sécheresse, notamment, qui permet cette grande instabilité (supérieure à celle de l'air sous-jacent) avec des gradients proches de l'adiabatique sèche. Entre les deux, il y a une inversion qui rend ces deux masses d'air étanches l'une par rapport à l'autre. Mais attention ! Cette inversion est très faible. Il suffit d'un petit réchauffement supplémentaire de l'air humide, lors d'une éclaircie plus longue, ou alors d'une petite zone de convergence ou d'un accident de terrain "mal" placé (ascension dynamique) pour que cette inversion soit percée. Et alors, c'est la "catastrophe immédiate".

Le cumulus médiocris, s'il pénètre dans la couche supérieure (au-dessus de l'ex-inversion) se transforme en quelques minutes en cumulonimbus gigantesque. En l'absence de cette inversion protectrice, la fusion de ces deux masses d'air instable forme immédiatement de puissantes cheminées d'ascendance, d'autant plus que l'air sec a des gradients verticaux bien supérieurs à ce qu'aurait permis une masse d'air chaude ordinaire, normalement humide. Le cumulus, en bourgeonnant, se refroidit lui selon l'adiabatique humide, et les différences avec l'air environnant deviennent rapidement très grandes, ce qui fait que l'ascendance en est fortement accélérée. Les sommets des cumulonimbus atteignent alors des altitudes extraordinaires, le cisaillement du vent (d'ouest à basse altitude, de sud à plus haute altitude) persiste et toutes les conditions sont réunies pour que la cellule orageuse se mette à touner sur elle-même (super-cellule). À partir de ce moment, il faut très peu pour qu'une tornade se forme à son tour.

Les plus violentes tornades que notre pays n'ait jamais connues (le 25 juin 1967 à Oostmalle et le 20 septembre 1982 à Léglise) ont été toutes les deux provoquées par une "spanish plume". En outre, à Léglise, les orages et la tornade mettaient fin à une vague de chaleur particulièrement tardive.

Tout ceci n'exclut évidemment pas le risque que des phénomènes très violents peuvent également se produire dans d'autres situations atmosphériques, mais c'est la "spanish plume" qu'il faut tenir le plus à l'oeil. De plus en plus de recherches, d'ailleurs, sont faites à ce sujet car certains points restent encore obscurs, notamment à propos du moment précis du déclenchement de la tornade.

Cumulonimbus.

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Cumulonimbus, merci pour tes explications si claires, intéressantes et concises thumbsup.gifsmile.gif

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Merci Robert : Des explications de qualité, comme tu commences maintenant à nous donner l'habitude! smile.gif

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Si cumulonimbus etait aussi dessinateur, ce serait le summum whistling.giflaugh.gif

En tout cas, ce qui est fabuleux, c'est le nombre de personnes sur ce forum qui ne sont pas avares d'informations wink.gif

Bravo Robert ! thumbsup.gif

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J'ai entandut qu'une mini tornade a devasté un village et camping a 10km de chez moi a cause du violent orage... blink.gif une centaine d'arbre abbattu et beaucoup de dégat... crying.gif 10km plus a l'ouest et j'aurais pu tout prendre...

crying.gif

Modérateur : Titre et descriptif du message modifié.

Modifié par Xavier

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Oui exactement! wink.gif

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Pour avoir utilisé ce terme, tu risques de te faire tapper sur les doigts par marcv whistling.gif

tournade ? hé béh, tournai est présent partout laugh.gif

Modifié par Hingis

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Je trouve le mot "tournade" vraiment très joli et expressif, beaucoup plus que "tornade" thumbsup.giftongue.gif

Modifié par bib

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J'ai vu le reportage sur France3, impressionnant ! Il y a quelques années, nous avons eu une expérience similaire du côté de Bérimesnil et c'est passé en plein dans le camping où nous sommes . On ne voyait plus les sapins à deux mètre de la fenêtre et j'ai entendu trembler toute ma vaisselle dans les meubles . Phénomène angoissant dans une caravane : heureusement, pas trop de dégâts sauf le toit d'une caravane ouvert comme une boîte de conserve blink.gif

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J'en ai vecu une en 2000 lorsque j'habitais encore à Montpellier.

Là je peux dire que j'ai eu la trouille de ma vie..Il pleuvait juste puis le ciel est devenu noir , le vent à commencé à forcir et tout s'est dechaîné d'un seul coup.

Nous nous sommes tous éloignés des fenêtres de la bibliothèque universitaire puis on a vu que l'une des grues de l'autre côté du cours d'eau commençait à tanguer et avant que l'on ait réalisé quoi que ce soit elle était tombée à terre.Les plaques du toit ont commencé à tomber , certaines fenêtres du 1er étage n'ont pas résisté..

Et plus tard nous avons appris que la grue s'était ecrasée sur une baraque de chantier tuant trois personnes qui avaient pensé se mettre à l'abri.

6 ans après rien que de repenser à ces quelques minutes j'ai la chair de poule..

Depuis ce jour , Dès que le vent commence à être un peu plus fort ,j'ai la trouille même si ce n'est pas justifié..

dry.gif

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Faudra qu'un jour le monde de la météo s'accorde à savoir si le terme "mini-tornade" existe ? Et s'il a réellement une signification ...

Car même chez MF, il est utilisé (dans des rapports officiels de surcroît ...)

http://www.meteofrance.com/FR/climat/tmd/8...82-20010719.pdf

whistling.gifwhistling.gifwhistling.gif

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Faudra qu'un jour le monde de la météo s'accorde à savoir si le terme "mini-tornade" existe ? Et s'il a réellement une signification ...

Car même chez MF, il est utilisé (dans des rapports officiels de surcroît ...)

http://www.meteofrance.com/FR/climat/tmd/8...82-20010719.pdf

whistling.gifwhistling.gifwhistling.gif

Demande à notre marcv national ce qu'il en pense de ce terme... Cela le fait à chaque fois bondir quand il entend ce terme tout à fait idiot... Tu n'as pas de mini-pluie, mini-neige ou que sais-je encore : Une tornade est une tornade, point à la ligne...

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Quel nom doit-on donner à ce genre de phénomène alors ?

Tornade, tout simplement... Sauf qu'elles ne sont pas aussi impressionantes qu'aux States par exemple...

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Quel nom doit-on donner à ce genre de phénomène alors ?

Front de rafales. wink.gif

La presse et le grand public font l'amalgame entre une tornade et un front de rafales, sauf que ce n'est absolument pas la même chose.

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C'est exact, on confond souvent les deux. Et plus souvent ce sont de fortes rafales sous un orage.

La tornade est très facile à localiser : une trace limitée en largeur sur une distance plus ou moins longue. Entre quelques centaines de mètres jusqu'à une centaine de km en Belgique.

Souvent on parle erronément de mini-tornade pour les rafales sous un orage.

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Alors, ce qui m'est arrivé était une tornade alors ... 50m de large et une distance de presque 10km ....

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Alors, ce qui m'est arrivé était une tornade alors ... 50m de large et une distance de presque 10km ....

w00t.gifrolleyes.gif

Dis, au mois d'août, et si cela ne te gêne pas, je viendrai bien en séjour chez toi pour photographier une tornade ou deux vu que tu es toujours chanceuse comme je vois laugh.gif

tongue.giftongue.giftongue.gif

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Alors, ce qui m'est arrivé était une tornade alors ... 50m de large et une distance de presque 10km ....

Marcv me corrigera bien sûr, mais je pense que en Belgique, une trombe qui puisse parcourir 10 kms est très très très très très très très très rare.

10 kms, ça me paraît beaucoup quand même ... surtout pour un pays aussi densément peuplé, on en aurait entendu parler ...

Pourtant la description que tu fais des dégâts peut laisser penser à une tornade.

A moins que Bérimesnil ne soit pas en Belgique. unsure.gif

smile.gif

Vu la tournure prise par le topic, j'ai combiné ce sujet avec celui créé par cumulonimbus, ce qui devrait également apporter quelques réponses à nos interrogations.

Voili, voiloù ! wink.gif

Modifié par watch2

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Non c'est rare mais pas tant que cela. Celle de Tournai a parcouru plus de 60 km, celle d'Oostmalle a commencé en France et s'est terminée aux Pays-Bas, mais elle ne touchait pas le sol tout le temps. Celle de Léglise a parcouru une vingtaine de km.

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