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Les pluies de « Kirk »

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9 OCTOBRE 2024 – DES PLUIES DILUVIENNES SUR LE SUD ET L'EST DU PAYS

 

L’ex-ouragan Kirk, qui n’est plus trop méchant au niveau des vents (tout au moins pas chez nous), comporte encore de très grosses quantités de pluie. L’ouragan, en circulant sur des eaux moins chaudes de l’Atlantique, s’est extra-tropicalisé le 7 octobre en journée et s’est transformé en dépression extra-tropicale. Le 8 octobre au matin, Kirk était encore loin sur l’Atlantique pendant qu’un système frontal assez destructuré était en train de se former autour de lui.

 

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Source : KNMI

 

Par la suite, Kirk poursuit sa route vers l’est sur l’Atlantique en restant à une latitude assez basse (environ 43°N) pour arriver tout près de la Galicie (Espagne) le matin du 9 octobre.

 

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Source : KNMI

 

Puis Kirk traverse le Golfe de Gascogne en direction est-nord-est pour se retrouver au centre de la France le soir du 9 octobre.

 

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Source : KNMI

 

En France, une bande à très fortes précipitations, orientée ouest-sud-ouest – est-nord-est, part de Saint-Nazaire, passe par Le Mans, Chartes et Paris avant de se diriger droit vers la Gaume et le sud du massif ardennais. Elle accompagne un front quelque peu ondulant qui précède le noyau de la dépression Kirk.

 

Quelques relevés de précipitations sur 24 heures en en France en ce 9 octobre :

 

73,5 mm à Noirmoutier-en-Île

69,5 mm à Nantes-Bouguenais

61,1 mm au Mans

80,3 mm à Trappes

70,8 mm à Paris-Montsouris

69,6 mm à Paris-Le Bourget

69,8 mm à Paris-Roissy

51,2 mm à Charleville-Mézières

 

 

L’évolution en Belgique

 

8 octobre 2024

 

Kirk est encore bien loin, mais une petite dépression au sud-ouest de l’Irlande se dirige vers l’Angleterre et est accompagnée d’autres dépressions de moindre importance. Un système frontal, indirectement lié à la dépression principale, s’occlut rapidement dans sa partie nord, mais reste plus actif dans sa partie sud. Et la tendance est déjà dessinée, il pleut sur le sud de la Belgique, mais pas sur le nord. Toutefois les quantités sont encore très modestes, souvent inférieures à 5 mm, sauf à Buzenol où l’on relève 9 mm.

 

C’est donc sur le nord du pays qu’il fait aussi le plus beau. Au littoral, on peut presque parler d’une journée parfaitement ensoleillée, avec des cirrus, quelques altocumulus matinaux et de modestes cumulus, pourtant visibles de loin dans un air très limpide.

 

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Webcam MB – Le Coq – 8 octobre 2024 à 18h39

 

Au centre du pays, on note quelques belles éclaircies, mais le ciel est partiellement voilé avec cirrus et cirrostratus, voire altostratus translucidus, pendant qu’on observe une quantité variable de cumulus et de stratocumulus.

 

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Webcam MB – Braine-l’Alleud – 8 octobre 2024 à 16h00

 

Au sud-est du pays, on note un altostratus qui persiste une grande partie de la journée, avec en dessous des cumulus très étalés, à la limite de stratocumulus.

 

Webcam-Beausaint-2024-10-08-17-40.jpg

Webcam MB – Beausaint – 8 octobre 2024 à 17h40

 

Il commence à pleuvoir la nuit, tandis que les précipitations s’intensifient en Gaume vers le petit matin, d’où les 9 mm au relevé de 8h (08/10/2024 à 8h à09/10/2024 à 8h).

 

Les températures se situent entre 18 et 20°C en plaine et entre 13 et 15°C sur les hauteurs, ce qui est légèrement supérieur aux normes saisonnières.

 

 

9 octobre 2024

 

Alors que les précipitations gaumaises du matin sont associées à d’autres perturbations, le front associé à Kirk aborde cette partie de la Belgique en cours de journée.

 

Le sud du pays connaît un ciel très nuageux à couvert tout long de la journée, avec des stratocumulus en dessous d’un altostratus encore translucidus au début, le tout se transformant en nimbostratus dès le milieu de la journée. L’Entre-Sambre-et-Meuse connaît un ciel à peu près similaire. C’est d’ailleurs là que les précipitations seront les plus importantes en soirée.

 

Webcam-Beausaint-2024-10-09-10-00.jpg

Webcam MB – Beausaint – 9 octobre 2024 à 10h00

 

Dans l’extrême sud du pays, les précipitations sont présentes tout au long de la journée.

 

Au centre du pays, on observe quelques maigres éclaircies matinales, mais le ciel se couvre aussi rapidement (altostratus doublé de cumulus/stratocumulus) et évolue en nimbostratus pluvieux dès l’après-midi. Le littoral bénéficie des meilleures éclaircies en matinée, puis le ciel devient très nuageux mais sans précipitations en journée.

 

Sur l’est et le sud du pays (y compris la Botte du Hainaut) par contre, les quantités de précipitations sont très importantes.

 

Voici les données pluviométriques sur 24 heures, de 8h (09/10/2024) à 8h (10/10/2024).

 

Mont-Rigi (Liège) : 77,9 mm

Oignies-en-Thiérache (Namur) : 76,6 mm  

Dailly-Couvin (Namur) : 74,6 mm

Bièvre (Luxembourg) : 72,6 mm

Sivry (Hainaut) : 66,2 mm

Buzenol (Luxembourg) : 59,5 mm

Dourbes (Namur) : 58,7 mm

 

À noter que c‘est la ville de Couvin la plus touchée par les intempéries, avec là une partie du centre-ville inondée.

 

Par ailleurs, des cotes de près de 50 mm en 24 heures sont observées jusqu’aux confins du Brabant Wallon (Ramillies : 49,0 mm).

 

Le centre du pays est copieusement arrosé aussi avec, du côté de Bruxelles, 28,6 mm à Uccle et 30,0 mm à l’aéroport de Bruxelles-National. Le Limbourg est même plus arrosé avec 39,1 mm à Genk et 32,2 mm à Koersel.

 

Vers l’ouest, cela diminue rapidement. Middelkerke ne recueille que 2,0 mm, tombés en deuxième partie de nuit. Le port de Zeebruges ne reçoit que 0,6 mm. De façon générale, toute la partie ouest du pays reste en dessous des 10 mm.

 

Les températures se situent entre 15 et 16°C en plaine et ne sont que légèrement plus fraîches sur les hauteurs, avec des valeurs de 13 à 14°C.

 

Le champ venteux, quant à lui, passe nettement au sud de nos régions. À l’intérieur des terres, des rafales de 115 km/h sont observées à Lyon. À Dijon, on observe encore 83 km/h et, à Nancy, 79 km/h. De façon générale, en France, c’est le sud-ouest et les régions méditerranéennes qui sont le plus exposés au vent, avec 122 km/h à Socoa et 119 km/h au Cap Béar.

C’est pas mal, mais on a déjà vu bien pire.

 

Notons enfin une surprenante diminution des précipitations sous le vent du massif fagnard. Prenons les données nocturnes, entre 20 h (09/10/2024) et 8h (10/10/2024).

 

À Mont-Rigi, sur ce laps de temps, on observe 53,6 mm de précipitations. En continuant sur le parcours de la dépression vers l’Allemagne, on tombe à 24,7 mm à Niddegen-Schmidt, 13,0 mm à Nörvenich et… 1,5 mm à Cologne !! Encore plus loin, sur les collines à l’est du Rhin, les précipitations reprennent à nouveau. On retrouve même ce petit effet de foehn au niveau des températures. En milieu de nuit, celles-ci grimpent jusqu’à 17°C juste à l’est des Hautes-Fagnes et de l’Eiffel, ce qui est 2 à 3°C de plus que dans les régions environnantes, notamment plus à l’est où l’effet de foehn cesse.

 

 

Conclusion

 

Si la possibilité d’avoir des restants de cyclones tropicaux plus actifs que par le passé a déjà été envisagée depuis longtemps pour nos automnes, on pensait cependant plus au vent qu’à la pluie.

 

On se souvient de l’ouragan « Ophélia » qui, en octobre 2017, avait gardé en partie son « cœur chaud » jusqu’aux latitudes du sud de l’Irlande, qui sont  en d’autres termes nos latitudes à nous. Le sondage de Valentia (sud-ouest de l’Irlande) avait révélé des températures particulièrement élevées, pour une dépression tout au moins, au niveau 700 hPa avec 5°C à 2663 mètres d’altitude. Les vents de surface, à ce moment, étaient particulièrement forts, avec sur la petite île de Fastnet Rock, non loin des côtes irlandaises, des rafales jusqu’à 191 km/h.

 

Et si « Ophélia » avait pris un parcours légèrement différent et nous avait frappé, nous, avait-on craint à l’époque. Alors quoi ? 150 km/h à l’aéroport d’Ostende ? 160 km/h voire plus au port de Zeebruges ?

 

Mais on n’avait pas pensé à la pluie, à l’époque.

 

Or les cyclones tropicaux, avec le réchauffement climatique, semblent de plus en plus augmenter au niveau des précipitations aussi. Ce qui fait que même après l’extra-tropicalisation, ces monstres peuvent contenir de plus en plus d’eau. C’est peut-être un élément de plus qu’il faudra prendre en compte dans l’étude de notre climat futur.

 

 

 

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