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cumulonimbus

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  1. FORTES PLUIES, HIVER PRÉCOCE PUIS… DOUCEUR EXCEPTIONNELLE Plusieurs événements remarquables se sont produits en peu de temps et, tout d’abord, chapeau bas pour les prévisions ! Tous ces événements ont été correctement prévus et ce, même à moyen terme. Il y a juste que la réalité était parfois même un brin plus extrême que les prévisions. Analysons tout cela à présent, en commençant deux jours avant le premier événement remarquable, pour bien cerner l’évolution de la situation atmosphérique. 17 novembre 2024 Après une première décade très anticyclonique et souvent grise (sauf en Haute Belgique), une forte tendance anticyclonique se rétablit après un petit épisode perturbé, avec à nouveau une évolution vers un temps monotone et gris, accompagné parfois de bruine. Mais le 17 novembre, une dépression qui se creuse sur la Finlande ramène sur nos régions un temps plus perturbé (passage d’un front froid), puis légèrement instable. Avec un bon petit vent qui tourne à l’ouest, et temporairement au nord-ouest au littoral, on observe dans cette dernière région un ciel de traîne dès le matin, avec dispersion rapide des stratocumulus et cumulus bourgeonnant dans un ciel bien bleu, souvent jusqu’au stade mediocris. L’un ou l’autre de ces cumulus se développe cependant davantage, jusqu’à produire une averse. Webcam MB – Le Coq – 17 novembre 2024 ) 13h54 Ailleurs dans le pays, il faut d’abord composer avec un nimbostratus pluvieux avant que le ciel de traîne n’apparaisse là aussi. Au sud-est du pays, le ciel reste même très nuageux à couvert toute la journée. Les températures maximales sont de saison, avec 10 à 11°C en plaine et 4 à 5°C sur les hauteurs. 18 novembre 2024 Nous restons au nord du front, mais celui-ci reste traîner très près de notre pays. Source : KMNI Il s’ensuit un temps très nuageux à couvert sur la moitié sud du pays, avec petites pluies et parfois aussi bruines. Le ciel est couvert de nimbostratus, puis de stratocumulus avec quelques éclaircies l’après-midi, alors avec altocumulus et cirrus, le tout parfois accompagné de fractus. Au nord du pays, nous avons un temps plus lumineux avec des cumulus dispersés, très plats, à la limite parfois de stratocumulus, et au-dessus des cirrus évoluant plus tard en cirrostratus. Au centre du pays, le temps est quelque peu variable, avec altostratus le matin, puis mix de cumulus et stratocumulus avec une petite tendance à l’instabilité. Le vent, hésitant, souffle de directions variables avec une prédominance ouest à sud-ouest et les températures maximales sont toujours de saison, avec 9 à 10°C en plaine et 4 à 5°C sur les hauteurs. 19 novembre 2024 Une ondulation dans le front a fini par former une petite dépression, qui passe au-dessus du nord de notre pays. Le front a formé une perturbation frontale à secteur chaud très ouvert, dont la partie la plus active passe, elle, sur le centre et le sud de notre pays. Les températures sont plus douces, avec 11 à 12°C voire 13°C en plaine et 7 à 8°C sur les hauteurs, mais les précipitations sont importantes. Webcam MB – Bruxelles (Schaerbeek) – 19 novembre 2024 à 14h Un nimbostratus pluvieux recouvre presque la totalité du pays, avec des pluies par moment intenses. Seuls le littoral connaît parfois un ciel (un peu) moins chargé avec un mix de stratocumulus et de cumulus en dessous d’un altostratus. Les précipitations sont abondantes et dépassent souvent les 30 mm en 24 heures. Ci-dessous, quelques données de différentes stations pour le jour « calendrier » du 19 novembre (00h -> 24h GMT), qui reprend la plus grande partie de l’épisode pluvieux en question. Bruxelles et alentours Uccle : 33,7 mm Woluwe-Saint Pierre : 33,0 mm Anderlecht : 30,8 mm Hoeilaert : 37,6 mm Province du Hainaut Maulde : 32,0 mm Rumillies : 35,3 mm Ath : 32,4 mm Ollignies : 32,0 mm Horrues : 34,4 mm Province du Luxembourg Courtil : 46,7 mm Neufchâteau : 43,8 mm Buzenol : 32,9 mm Beausaint : 32,2 mm Province de Liège Mont-Rigi : 34,6 mm Les vents de sud-ouest tournent au nord-ouest, puis au nord et les températures se mettent à baisser – après les maxima atteints le matin – pour passer en dessous de la barre des 5°C en plaine dès le début de l’après-midi au nord du pays, vers le milieu de l’après-midi au centre et en début de soirée dans les vallées de l’Entre-Sambre-et-Meuse. En Haute Belgique, on se rapproche alors de 0°C et la pluie se transforme en neige, avec un blanchissement des Hautes-Fagnes en soirée. Botrange le soir – Source : Weerwoord 20 novembre 2024 Le front froid, suivi d’une ligne post-frontale, est bien descendu vers le sud à présent, et notre pays se retrouve dans des courants polaires maritimes en provenance du nord-ouest dans un premier temps. Les températures ont bien baissé durant la nuit, pour atteindre des valeurs de 1 à 3°C en plaine et autour de –1°C sur les hauteurs en début de matinée. Seul le littoral bénéficie encore d’un peu de douceur, avec 5 à 6°C. En raison de l’effet d’écran des Îles Britanniques, les averses sont peu nombreuses et le temps est même assez beau, avec de larges éclaircies, quelques cirrus et le développement, en journée, de cumulus souvent mediocris. Quelques cumulonimbus parviennent à se former quand même et ils sont alors visibles de loin. Webcam MB – Braine-l’Alleud – 20 novembre 2024 à 16h Plus vers l’est et le nord, le temps est plus variable et on observe quelques averses de neige. Mais celle-ci n’accroche pas au sol en plaine. Au Limbourg, ces précipitations dépassent parfois les 10 mm. Des averses soutenues atteignent aussi le versant nord-est des Hautes-Fagnes et là, la neige tient au sol. On atteint jusqu’à 10 cm du côté de Brackvenn, alors qu’à Botrange, moins dans l’axe des averses, on ne mesure que 2 à 3 cm de neige. Neige à Brackvenn – Crédit photo : Alexis Papapanayotou Les températures maximales atteignent 5 à 7°C en plaine et –1°C (Hautes-Fagnes) à 2°C (Ardenne) sur les hauteurs. En soirée, les courants généraux basculent un peu plus vers le nord, l’effet d’écran des Îles Britanniques joue un rôle moindre et un important cluster d’averses, parfois orageuses, parvient à affecter une grande partie de notre pays. Ces averses, aussi accompagnées d’épisodes à précipitations continues, sont de pluie et de neige en plaine, avec des enneigements temporaires à Anvers et à l’aéroport de Bruxelles. Dès 100 mètres d’altitude, le paysage devient tout blanc. 21 novembre 2024 La neige recouvre une bonne partie du pays, avec 2 cm à Uccle, 5 cm à Beauvechain et 10 cm à Sart-Bernard, près de Namur. Dans les Hautes-Fagnes, on observe 12 cm à Mont-Rigi. Neige à Leignon (Ciney) – Crédit photo : Bernadette Bihin Le cluster d’averses, lié à une petite occlusion au sein des courants de nord-ouest, a quitté notre pays. Un petit anticyclone sur la Suisse nous vaut une accalmie, mais sous un ciel restant gris. Une dépression virulente, du nom de Caetano, aborde la Bretagne en matinée et se trouve sur le Centre de la France en soirée. Elle fait beaucoup parler d’elle en France, mais se contente, chez nous, d’envoyer des altostratus. Une autre dépression, qui descend sur la Mer du Nord, ainsi qu’une dépression sur le nord de l’Allemagne contrecarrent les vents commandés par la dépression française, si bien que les vents deviennent hésitants chez nous, avec un air assez froid qui stagne sur nos régions. Source : KNMI Ainsi, les températures maximales ne dépassent pas 1 à 3°C en plaine, 0°C du côté du Brabant Wallon et –2 à –4°C sur les hauteurs. Juste le littoral connaît à nouveau des températures plus douces, avec des maxima de 5 à 6°C. La neige tient au sol, là où il en est tombé. Le ciel, quant à lui, se caractérise par un altostratus, parfois translucidus, qui est isolément accompagné d’altocumulus. Crédit photo : Bernadette Bihin Au littoral, où de l’air à 5-6°C passe sur une eau à 12°C, on note des nuages d’instabilité, des rues de cumulus qui se développent en dessous de l’altostratus, jusqu’à provoquer des averses sur la mer. En après-midi, ces cumulus se résorbent et des éclaircies apparaissent avec des cirrus. En Gaume, on note quelques fractus sous l’altostratus. Un peu au sud de chez nous, en France, la dépression Caetano provoque de fortes chutes de neige notamment en région parisienne. À l’aéroport Charles De Gaulle, il se met à neiger à 11 heures et on atteint 16 cm au sol à 17 heures sous un vent qui souffle fort de nord-est. À Paris-Montsouris par contre, où la température est un brin plus élevée, la couche de neige ne dépasse pas 4 cm. Juste au nord de Paris, on relève 20 cm à Le Plessis-Gassot. À l’ouest, on relève même 28 cm à L’Hautil, sur les hauteurs de Triel-sur-Seine. Cette neige tombe un peu au nord d’une ligne à gros contrastes thermiques (0-1°C au nord, 12-14°C au sud), avec des vents de plus de 100 km/h pénétrant jusqu’à loin à l’intérieur des terres, passé le centre de la France. Webcam Bergfex – Paris – 21 novembre 2024 à 16h31 22 novembre 2024 Un anticyclone, qui se trouve sur le nord de l’Espagne et se déplace vers la France, détermine des courants d’ouest à nord-ouest sur nos régions. Une occlusion frôle le soir le nord et l’est du pays et est responsable de fortes chutes de neige sur les Hautes-Fagnes. Mais d’abord la nuit du 21 au 22 est plutôt froide, avec des minima souvent atteints en milieu de nuit, voire un peu avant. À Uccle, la température descend jusqu’à –2,6°C pendant qu’à Elsenborn, on tombe jusqu’à –8,8°C. En journée, le temps est variable avec un mix de stratocumulus et de nuages convectifs. En raison de températures qui remontent, les averses sont souvent de pluie, ou de pluie et neige voire de grésil en Basse et Moyenne Belgique. Les températures maximales, en plaine, sont de l’ordre de 5 à 7°C, et proches de 4°C en Moyenne Belgique. En Haute Belgique, il fait plus gris et plus froid, avec aussi des précipitations neigeuses et des maxima de 0 à –1°C. Mürringen – Crédit photo : Fabienne Nicolas En soirée, les précipitations s’intensifient dans cette région, avec des chutes de neige modérées à fortes. À Mont-Rigi, la couche de neige passe de 12 cm à 17 heures à 24 cm à 23 heures. Il faut remonter à 2008 pour retrouver une telle couche de neige en novembre dans les Hautes-Fagnes. 23 novembre 2024 Le 23 novembre marque un jour de transition. La dépression Caetano s’éloigne via l’Ukraine vers la Russie tandis qu’une très profonde dépression, du nom de Bert, commence à prendre de l’influence sur le temps de nos régions. Source : KNMI Les températures maximales de la journée (7h – 19h) atteignent 7 à 8°C en plaine et 0 à 3°C sur les hauteurs, mais elles continuent à monter en soirée. À Uccle, la couche de neige (2 cm) qui avait commencé à fondre la veille disparaît complètement durant la journée du 23. Dans les Hautes-Fagnes, la neige reste encore intacte, mais perd peu à peu en épaisseur. Le temps est assez gris, avec un altostratus parfois doublé d’altocumulus. En fin de journée, on observe quelques éclaircies vers l’horizon. En Haute Belgique, on observe aussi quelques cumulus / stratocumulus. Webcam MB – Bullange – 23 novembre 2024 à 16h30 Ces éclaircies sont cependant trompeuses. Le front chaud qui aborde notre pays est assez actif, avec quelques bonnes pluies, jusqu’à 7-8 mm par endroit. Les températures, quant à elles, sont supérieures à celles de la journée, avec à 23 heures 9 à 11°C en plaine et 3 à 5°C en Haute Belgique, mais encore 2°C au-dessus de la neige des Hautes-Fagnes. 24 novembre 2024 La Belgique se trouve à présent dans un large secteur chaud, avec une bouffée de chaleur inhabituelle pour la saison. Source : KNMI À 8 heures, alors que le soleil n’est pas encore levé, les températures atteignent déjà 12 à 13°C en plaine et 9 à 10°C sur les hauteurs (mais 6°C sur les Hautes-Fagnes, où la couche de neige est encore intacte). Le temps est beau partout, avec un voile de cirrus, tendance cirrostratus, et l’un ou l’autre banc d’altocumulus, parfois castellanus. Webcam MB – Jambes (Namur) – 24 novembre 2024 à 14h40 Quelques-uns de ces altocumulus castellanus sont fort développés et produisent des virga, voire quelques gouttes de pluie. Webcam MB – Schaerbeek (Bruxelles) – 24 novembre 2024 à 14h00 Les températures montent incroyablement haut, avec des maxima de 17 à 18°C en plaine (même 19°C en Campine et à Liège) et de 12 à 14°C sur les hauteurs. Sur les Hautes-Fagnes, la neige fond certes, mais résiste très bien par endroit, si bien qu’on connaît un paysage enneigé avec 12°C et du soleil ! Mürringen – Crédit photo : Alexis Papapanayotou Et voici le graphique de la température à Mont-Rigi, du 23/11/2024 à 20h au 24/11/2024 à 20h. Source : IRM Si en raison de la neige, le record de douceur pour une 3e décade de novembre n’a pas pu être battu dans les Hautes-Fagnes, c’est cependant le cas dans d’autres régions. Voyons ci-dessous quels sont les records qui ont été battus. Lieu Max 24/11/24 Record 3e décade novembre Middelkerke 17,1°C 16,2°C (25/11/2006) Coxyde 17,2°C 15,9°C (25/11/2006) Dunkerque (FR) 19,0°C 16,7°C (23/11/1980) Beitem 17,2°C 17,5°C (25/11/2006) Semmerzake 17,3°C 17,9°C (25/11/2006) Lille (FR) 17,2°C 17,4°C (25/11/2006) Chièvres 17,3°C 17,8°C (25/11/2006) Gosselies 16,3°C 17,9°C (25/11/2006) Florennes 15,1°C 17,0°C (25/11/2006) Dourbes 14,6°C 17,4°C (25/11/2006) Uccle 17,5°C 18,5°C (25/11/2006) Zaventem 17,7°C 18,1°C (25/11/2006) Beauvechain 17,3°C 17,8°C (25/11/2006) Stabroek 17,8°C 18,2°C (25/11/2006) Deurne 18,2°C 18,4°C (25/11/2006) St-Kat-Waver 18,4°C 19,6°C (25/11/2006) Schaffen 18,2°C 18,5°C (25/11/2006) Kleine Brogel 18,7°C 18,3°C (25/11/2006) Koersel 18,8°C 18,3°C (25/11/2006) Maastricht (NL) 18,1°C 17,3°C (25/11/2006) Bierset 18,2°C 18,6°C (25/11/2006) Spa 14,1°C 14,8°C (25/11/2006) Mont-Rigi 11,5°C 14,5°C (26/11/1970) Elsenborn 12,1°C 14,4°C (21/11/2003) Saint-Hubert 13,6°C 16,0°C (26/11/1970) Luxembourg (LU) 14,9°C 16,4°C (25/11/2006) Enfin un mot sur le vent, qui souffle fort de sud à sud-ouest, avec des rafales de plus de 70 km/h un peu partout sur le pays, et localement même plus de 80 km/h. 25 novembre 2024 Plus exceptionnel encore que la journée du 24, la nuit du 24 au 25 pulvérise tous les records de la nuit la plus chaude pour une troisième décade de novembre. À Uccle par exemple, entre le 24/11/2024 à 19 h et le 25/11/2024 à 7 h, la température ne descend jamais en dessous de 15,3°C. Le précédent record pour une troisième décade de novembre est de 13,3°C la nuit du 22 au 23 novembre 2003 (série pour ce type de données remontant jusqu’à 1952 à Uccle). Il en est de même pour d’autres stations en Basse et Moyenne Belgique, avec par exemple un minimum de 16,4°C à Anvers-Deurne, de 15,2°C à Kleine Brogel, de 15,1°C à Zaventem ou encore de 15,0°C à Beauvechain. L’extrême ouest du pays, en raison du passage du front froid avant 7 heures, ne connaît pas de records. Coxyde passe de 14,7°C (6 h) à 10,3°C (7h). Middelkerke passe de 14,7°C (6h) à 11,4°C (7h). Zeebruges, par contre, est encore à 15,1°C à 7 heures, ce qui fait que le minimum (15,0°C) reste exceptionnellement élevé sur l’est de la Côte Belge. Mais à 8 heures, la température est plus basse, là aussi, avec 11,0°C à Zeebruges. Les maxima du jour ne sont guère supérieurs au minima et ne grapillent que quelques dixièmes de degrés. Source : IRM Ce sont Anvers et Retie qui enregistrent les maxima les plus élevés, avec respectivement 17,2°C et 17,0°C. Suivent Koersel et Sint-Katelijne-Waver avec 16,9°C. Ces maxima sont généralement atteints le matin ou en début de matinée sur l’ouest et le centre du pays et vers midi sur l’est et le nord-est. Mais la chute principale des températures intervient lors du passage du front froid. Cette chute est assez brutale sur l’ouest et le centre du pays, et plus progressive sur l’est. Elle intervient vers 7 heures du matin au littoral, et vers 11 heures au centre du pays, avec 4°C en moins en 1 heure et 6 à 7°C en moins au total (16-17°C à 9-10°C). En Haute Belgique, la chute est plus progressive. Dans les Hautes-Fagnes, on passe graduellement de 12°C à 5°C et ce, en cours d’après-midi. Le temps est d’abord encore assez beau sur les Cantons de l’Est, avec des éclaircies en alternance avec des bancs d’altocumulus / stratocumulus. Webcam MB – Lac de Bütgenbach – 25 novembre 2024 à 12h L’après-midi, le ciel se couvre avec évolution vers un nimbostratus pluvieux. Ailleurs, le ciel est déjà très nuageux le matin avec altostratus et ] très vite suivis du nimbostratus. L’après-midi, des éclaircies se développent sur l’ouest du pays avec altocumulus et coins de ciel bleu. Ces éclaircies deviennent visibles à l’horizon au centre du pays en fin de journée. Conclusion Le réchauffement climatique, on en parle et on en reparle, encore et encore. Ben oui, il est bien là, ce réchauffement climatique. Et comme d’habitude, il est partiellement responsable des événements météorologiques que nous venons de vivre. Disons plutôt : le réchauffement climatique a quelque peu modifié ces événements. En ce qui concerne l’épisode pluvieux, il aurait sans doute était un peu moins intense, mais il aurait été remarquable malgré tout. En ce qui concerne l’offensive hivernale, elle aurait été un peu plus forte avec, surtout au centre du pays, une meilleure couverture neigeuse. Pour les Hautes-Fagnes par contre, à part 1 à 2°C de moins, cela n’aurait pas changé grand-chose. C’est sur le coup de douceur que le réchauffement climatique a le plus joué, en le rendant plus extrême qu’il n’aurait été autrement. Mais il aurait eu lieu quand même, sans doute avec des températures de 15 à 16°C en plaine et avec une dizaine de degrés sur les hauteurs. La situation atmosphérique globale, dans le cas présent, avec une circulation zonale passant temporairement à des latitudes plus basses que d’habitude, n’est cependant pas propre au réchauffement climatique. La présence de dépressions de tempête ne l’est pas non plus à cette période de l’année.
  2. UNE SITUATION D'INVERSION ANTICYCLONIQUE 4 novembre 2024 Une zone de hautes pressions située essentiellement sur l’Allemagne et la Pologne achemine de l’air continental sec et très doux sur nos régions. Une inversion empêche cependant une partie du pays de profiter de la douceur et du beau temps. En Haute Belgique, le temps est particulièrement beau avec un ciel serein (tout au plus quelques cirrus à l’horizon) et très bleu, et une visibilité particulièrement bonne. L’air très chaud en altitude (13 à 14°C au niveau 850 hPa vers 1570 m) permet aux Hautes-Fagnes et aux Cantons de l’Est de bénéficier de températures maximales élevées pour la saison, avec 16,7°C à Mont-Rigi et 16,5°C à Elsenborn. Dans cette dernière station, l’humidité relative descend temporairement jusqu’à 20% à 13 heures. À Mont-Rigi aussi, le taux d’humidité tombe nettement en dessous des 30%. Beau temps sec en Haute Belgique comme ici à Bullange Mais c’est en contrebas des Hautes-Fagnes qu’on observe les températures maximales les plus élevées. À Solvaster (alt. 362 m), situé à quelques 8 kilomètres à l’ouest-nord-ouest de Mont-Rigi, la température monte jusqu’à 18,5°C. À Baelen (alt. 452 m), on atteint même 18,8°C. Un pseudo-foehn (air qui déborde du plateau fagnard et qui dévale en collant aux pentes et en se réchauffant adiabatiquement de 1°C par 100 mètres) pourrait être à l’origine de cette « surchauffe » locale. Source : BMCB Belgische Meteo Club Belge Du côté du Plateau Ardennais, le temps est généralement encore très beau aussi, tout comme sur l’Entre-Sambre-et-Meuse, mais les températures y sont un peu moins élevées, avec 12,8°C à Saint-Hubert, 14,4°C à Bièvre, 13,2°C à Florennes et 13,8°C à Dourbes. En Flandre, et plus particulièrement sur la Province d’Anvers, c’est une tout autre histoire. Il fait humide et froid, et le brouillard est persistant. Il ne se lève que très temporairement pour se transformer en stratus, avec une grisaille tout aussi tenace. Les températures maximales sont très fraîches pour la saison, avec 7,2°C à l’aéroport d’Anvers (avec une humidité qui reste calée à 100%) ; 7,5°C à Stabroek ; 7,0°C à Sint-Katelijne-Waver et, du côté de Gand, 7,3°C à Semmerzake et 7,2°C à Melle. Du côté de Bruxelles, la situation est très différente d’un endroit à l’autre. À l’aéroport, les brouillards et stratus sont tout aussi tenaces qu’à Anvers et la température maximale ne dépasse pas 7,3°C. À Uccle, on observe de belles éclaircies l’après-midi et la température monte temporairement jusqu’à 11,6°C. Dans d’autres communes, le ciel se déchire très temporairement en stratus fractus. La température, à Woluwe-Saint-Pierre par exemple, atteint 8,9°C. Stratus tentant de se dissiper, mais sans grand succès, au-dessus de Bruxelles-Schaerbeek Sur le Brabant Wallon, la situation est tout aussi variable, avec par exemple 7,1°C à Beauvechain et 12,6°C à Ernage. Du côté de Liège et de la Campine, le temps est beau après dissipation du brouillard, mais avec parfois des stratus fractus. La température monte jusqu’à 12,8°C à Bierset ; 13,9°C à Kleine Brogel et 14,9°C à Koersel. Au Hainaut, il fait généralement plus doux qu’en Flandre Occidentale, avec 10,7°C à Chièvres et 14,0°C à Gosselies (où le temps est ensoleillé). À Sivry, on monte même jusqu’à 15,6°C. Enfin la Gaume est froide et brumeuse avec des maxima souvent compris entre 6 et 7°C (6,7°C à Buzenol). En tout cas, l’inversion thermique persiste presque partout, même là où il fait doux. Celle-ci se situe autour des 400 mètres, avec un « nez » vers les 850-900 mètres où les températures atteignent 16-17°C. C’est beaucoup, mais pas un record. La nuit du 31 octobre au 1er novembre 2014, on a observé en air libre 19°C à 820 mètres d’altitude et même 22°C à 500 mètres d’altitude au-dessus de Beauvechain. En surface, ce 1er novembre-là, on est monté jusqu’à 21,9°C à Stembert (Verviers). 5 novembre 2024 On prend les mêmes et on recommence. Enfin presque. Une plus grande partie du pays se retrouve sous les brouillards et stratus qui persistent toute la journée. À l’ouest d’une ligne qui va grosso-modo de Chimay à Turnhout en passant par Charleroi, Gembloux et Diest, le temps reste désespérément gris et les températures maximales ne dépassent guère les 8°C. Source : IRM À l’est de la ligne en question, il fait généralement beau et les températures sont nettement plus élevées. C’est en Province de Liège et au Limbourg qu’il fait le plus doux, avec des températures souvent comprises entre 13 et 14°C, tant sur les hauteurs qu’en plaine. En Ardenne et sur l’Entre-Sambre-et-Meuse, il fait un peu plus frais avec 11°C. Les zones à la limite du champ de stratus connaissent une alternance d’éclaircies et de stratus fractus. Webcam MB – Cerfontaine – 5 novembre 2024 à 14h Sinon le ciel est peu nuageux avec quelques cirrus, parfois après dissipation d’un brouillard matinal se levant assez lentement, même sur les hauteurs. Ceci est lié au fait que l’air est partout beaucoup plus humide que la veille. Il n’y a que les Hautes-Fagnes qui, temporairement en début d’après-midi, se trouvent encore dans un air assez sec avec un taux d’humidité de 40%. La cause, une inversion qui se trouve à un niveau plus élevé, vers 650 mètres d’altitude. Ce n’est qu’au-dessus de cette altitude que l’air est vraiment sec, et nos reliefs ne sont pas assez (ou tout juste assez) hauts pour en bénéficier pleinement. 6 novembre 2024 Durant la nuit, les stratus s’épaississent suffisamment pour donner de la bruine, qui se propagent lentement à tout le pays. Les quantités de précipitations sont toutefois faibles, de 0,0 à 0,6 mm. En journée, un second noyau anticyclonique donne une composante maritime à la masse d’air. Source : KNMI La couche nuageuse conserve son épaisseur et une légère turbulence, en dépit de vents horizontaux très faibles, transforme partiellement les stratus en stratocumulus. Webcam MB – Cerfontaine – 6 novembre 2024 à 16h L’inversion monte en altitude et les Hauts Plateaux (sauf les environs immédiats de Mont-Rigi) ne sont plus au-dessus de l’inversion et ne bénéficient plus de la douceur et du soleil. Quelques petites disparités locales : Mont-Rigi atteint 11,2°C avec un début d’éclaircies alors que Botrange et Sourbrodt, sous une grisaille complète, restent à 10°C. On voit qu’on est là tout juste en dessous de l’inversion. En Basse et Moyenne Belgique, la visibilité horizontale s’améliore sous les stratocumulus à base (un peu) plus élevée, la Haute Belgique par contre se retrouve dans les nuages, c’est-à-dire dans le brouillard. Sporadiquement, on observe encore de la bruine. Les températures s’égalisent assez bien cette fois-ci, avec des maxima de 9 à 11°C presque partout dans le pays, sauf sur l’extrême ouest où il fait plus doux avec 12 à 13°C. 7 novembre 2024 Durant la nuit, l’inversion est temporairement montée jusqu’à 1100 mètres d’altitude, mais elle redescend déjà, poussée vers le bas par une nouvelle forte subsidence. En effet, le nouveau noyau anticyclonique s’est déplacé vers le continent en se fondant quasiment à l’ensemble anticyclonique. En altitude, après une petite faiblesse centrale de la crête (quasi-scission en deux), nous avons à présent un noyau qui s’est bien restructuré sur la Mer du Nord, s’étendant de l’est des Îles Britanniques au Danemark. Des éclaircies sont présentes dès le matin sur les plus hauts plateaux des Fagnes. Sur les Cantons de l’Est, le brouillard et les stratus se déchirent en fin de matinée (un peu plus tôt ou plus tard en fonction de l’altitude) pour faire place à un ciel quasi-serein, juste garni de quelques cirrus. Ci-dessous, deux images de Bullange vers 10h30. À l’aérodrome, le ciel est déjà bien dégagé, mais on voit encore bien le brouillard en contrebas. C’est à ce moment-là aussi que cela se dégage sur le Plateau Ardennais et, à 13 heures, l’ensemble de la Haute Belgique est au soleil. Source : IRM Au-dessus de l’Entre-Sambre-et-Meuse et du Condroz, les stratus se transforment d’abord en stratocumulus avant de se déchirer, là en début d’après-midi. Dans ces régions, les éclaircies se développent en même temps sur les plateaux et dans les vallées. À noter que ces éclaircies n’atteignent tout juste pas Namur. Stratocumulus se déchirant dans le ciel de Dinant Éclaircies se profilant à l’horizon de Namur (Jambes). Ces éclaircies, cependant, ne se développeront pas Ailleurs, les stratus ou stratocumulus persistent. Au-dessus de Bruxelles, ce sont des stratus, avec un ciel désespérément uniforme et gris Les températures, qui restent coincées entre 8 et 9°C sous la nappe nuageuse, montent jusqu’à 12°C sur le plateau des Hautes-Fagnes, là où le soleil est le plus franc. Sur l’Ardenne et l’Entre-Sambre-et-Meuse, il fait 10 à 11°C. En fin d’après-midi, les éclaircies sont en recul à nouveau. Les jours suivants Les 8 et 9 novembre sont des journées particulièrement grises. Le 8, l’inversion située vers 900 mètres d’altitude, empêche à nouveau les Hautes-Fagnes de bénéficier d’un temps meilleur. Il fait gris et froid partout, avec des températures qui, l’après-midi, ne dépassent guère 5 à 6°C en plaine et 3°C sur les Hauts Plateaux. Le 9, il fait un peu plus doux avec des maxima de 6 à 10°C et quelques rares éclaircies sur les reliefs ainsi que le versant nord de ceux-ci. Mais l’inversion, qui est montée jusqu’à 1000 mètres, ne permet toujours pas aux Hautes-Fagnes de bénéficier de températures plus douces. Au contraire, c’est là qu’il fait le plus froid avec 6°C. En France, dans les Vosges par contre, il fait particulièrement doux avec 18°C à Épinal, à Remiremont et au Col de Bussang. Nancy par contre doit se contenter de 10°C. Le 10 novembre marque un jour de transition vers un temps plus perturbé. Là aussi, il y a des inversions, mais il s’agit cette fois-ci d’inversions frontales, qui ont un mode de comportement totalement différent. Sur l’ensemble de la 1re décade de novembre 2024, on peut cependant dire que la situation d’inversion anticyclonique a largement prédominé. Cela se marque d’ailleurs dans les totaux d’heures d’insolation, de 35h 35min à Mont-Rigi pour seulement 5h 12 min à Uccle. Les côtiers ont été encore plus mal lotis avec moins d’une heure de soleil sur 10 jours (55 min à Zeebruges). Il s’agit cependant d’une situation on ne peut plus normale pour un début novembre, mais avec l’avantage de présenter une large palette de situations possibles par régime d’inversion anticyclonique. Ci-dessous, nous allons décrire des cas d’inversion qui ont été plus extrêmes et qui ont parfois eu des conséquences dramatiques. Les situations d’inversion par le passé Les inversions qui persistent toute la journée, par temps anticyclonique, sont le propre de la fin de l’automne et de l’hiver. L’expérience nous révèle que ce genre de situation se produit surtout lorsque le soleil n’atteint plus les 27 degrés d’angle au-dessus de l’horizon à sa position la plus haute de la journée. Cette période s’étend en gros de la fin octobre à la mi-février. Lorsque les basses couches sont humides, du brouillard se forme et ne se dissipe plus. Tout au plus s’élève-t-il un peu pour donner des stratus bas. La température diurne, alors, n’est guère plus élevée que la température nocturne et se situe parfois plus de 10°C en dessous de la température des Hauts-Plateaux qui, au-dessus de l’inversion, connaissent un temps ensoleillé, sec et doux. Lorsque l’air des basses couches est sec, il n’y a pas de brouillard, le soleil brille partout et les températures des plaines, en journée, sont moins froides que par temps de brouillard, mais restent en dessous du niveau des températures en altitude. L’inversion persiste et l'on observe alors fréquemment une brume sèche, un ciel délavé et un air poussiéreux, voire odorant. Cela ne change toutefois rien pour les Hauts Plateaux, où le soleil et la bonne visibilité restent de mise. Ces situations ont existé de tout temps. L’inversion restée la plus célèbre est sans conteste celle de début décembre 1930. Un épais brouillard dans la zone à l’époque très industrielle d’Engis (entre Liège et Huy) atteignit son apogée les 3 et 4 décembre, provoquant la mort de plus de 60 personnes et en intoxiquant des milliers d’autres. C’est d’ailleurs de cette époque-là que date la première description scientifique du « smog » (même si le terme a été créé plus tôt, en 1905, par le médecin Henri-Antoine Des Vœux). Nous n’avons pas de données chiffrées sur cette inversion, mais les témoignages de l’époque sont très parlants : « Nous n’avons pas vu les fumées s’élever, mais au contraire, se rabattre vers le fond de la vallée et se mélanger au brouillard ». Un témoin, observant depuis les hauteurs, raconte ceci : « il y a bien, ici et là, un clocher en flanc de colline qui parvient à s’extirper de la masse cotonneuse, une cheminée en hauteur et dont on aperçoit le déversement des émanations de l’usine. […] Une mer nuageuse. Telle est la dominante pour celui qui des hauteurs tente d’apprécier les méandres de la vallée ». Ceci indique que l’inversion était fort basse, avec une couche froide d’une centaine de mètres seulement. Et cette centaine de mètres d’épaisseur retenait toute la pollution que pouvait produire un bassin industriel à l’époque !!! Il n’y avait pas que la région de Liège à être affectée par ce brouillard. « Ici aussi le brouillard fait parler. Pareillement, il est des plus épais et enveloppe depuis deux jours la région de Mons et toute la vallée de la Senne. » Ou encore : « Bruxelles n’échappe pas à la pesanteur de l’épaisse nappe opaque qui recouvre les boulevards et qui se glisse à travers les ruelles de la cité. De la place Poelaert qui surplombe la capitale, on aperçoit l’habit cotonneux qui semble l’engloutir et dont seules quelques extrémités paraissent pouvoir s’extirper. » Il s’agit de témoignages repris dans la thèse de doctorat d’Alexis Zimmer : « Brouillards mortels ». Source : Alexis Zimmer C’est toute la façade nord-ouest de l’Europe qui a été affectée par ce brouillard, de Paris à Hambourg en passant par Lille, Maubeuge et bien sûr, Bruxelles et Anvers. Un autre exemple extrême d’inversion : février 1959. Moins dramatique que décembre 1930, mais plus extrême. Presque le mois entier a été déterminé par des inversions thermiques, si bien que les températures moyennes du mois ont été déficitaires de 1 à 2°C en Basse et Moyenne Belgique, mais excédentaires de 4 à 5°C (!) en Haute Belgique. Le 8 février, le maximum était de –2,2°C à Bierset et de 9,8°C à la Baraque Michel. L’insolation a été extraordinaire aussi en Haute Belgique et a pulvérisé tous les records (jusqu'à aujourd'hui d'ailleurs) : 182 heures à l’aérodrome de Spa, 186 heures à Botrange et 191 heures à Saint-Hubert, ce qui était digne d’un mois de juin. Du 2 au 8 février et du 12 au 20 février, on n’a vu aucun nuage au-dessus de nos reliefs belges. En plaine par contre, on a observé des périodes de 10 jours consécutifs, voire plus, où le brouillard ne s’est jamais levé. À Anvers, le soleil n’a pas brillé une seule minute entre le 6 et 15 février, soit 10 jours. Ce fut le cas aussi à Chièvres et à Kleine Brogel, mais juste un jour de moins (du 6 au 14 février). Il a aussi fait particulièrement froid pendant cette période, avec 7 jours d’hiver à Anvers, Chièvres et Beauvechain (mais parfois 12 à 13°C au même moment sur les hauteurs). À noter, dans ce cas-là aussi, que les situations d’inversion (anticyclonique) commencent à cesser à partir de la mi-février, avec un soleil qui monte de plus en plus haut au-dessus de l’horizon. Les 27 et 28 février, la Basse et Moyenne Belgique, avec 17 à 19°C, a même fini par largement dépasser la Haute Belgique. Une situation d’inversion « très froide » s’est produite en janvier 1985 : à la fin de la grande vague de froid, notre pays a été soumis, tout comme nos pays limitrophes, à un fort régime d’inversion entre des basses couches glaciales et un air « moins glacial » au-dessus. Le 16 janvier 1985, bien que le pic du froid fût passé, a encore été une journée très froide, avec des minima localement inférieurs à –20°C au Hainaut (!) et des maxima ne dépassant pas –7 à –11°C en plaine. À 1200 mètres d’altitude, la température est remontée jusqu’à –3°C au-dessus d’une inversion vers 1000 mètres. Le soleil perçait encore, mais avec une brume sèche crasseuse et persistante. Sur l’ouest du pays, il faisait plus humide avec stratus et brouillard. Les jours suivants, le brouillard (ou plutôt smog) et les stratus se sont généralisés par températures proches de –5°C tandis qu’il faisait plus de 0°C vers 1000 mètres d’altitude. Le 19 janvier, les stratus ont fini par se déchirer, laissant place à nouveau à une brume sèche tout aussi polluée. On est loin de la situation catastrophique de décembre 1930, mais on a tiré la sonnette d’alarme. Dans le bassin encore très industriel de la Ruhr, on a même pris des mesures drastiques : interdiction de rouler entre 6 et 10 heures et entre 15 et 20 heures, fermeture des écoles, alerte dans les hôpitaux et interdiction pour les entreprises d’utiliser des combustibles à haute teneur en soufre. On a appris la leçon mais, malgré tout, de nombreuses populations, y compris la nôtre, sont restées confrontées des jours et des jours à un air très malsain. Beaucoup plus récemment, les 12 et 13 novembre 2022, nous avons connu une situation d'inversion « chaude » cette fois-ci, avec du soleil sur une grande partie du pays et des températures de 14 à 17°C en plaine, mais 17°C les deux jours dans les Hautes-Fagnes et jusqu’à 21°C sur le versant nord des Hautes-Fagnes en raison d’un pseudo-foehn. Mais du brouillard a quand même partiellement affecté l’ouest du pays le 12, avec là 9°C et une atmosphère désespérément grise. Comme nous pouvons le voir, les « patates anticycloniques » hivernales nous offrent toute une palette de conditions météorologiques fort différentes, mais cependant avec un point commun : la pollution restant coincée dans les basses couches de l’atmosphère.
  3. cumulonimbus

    Les pluies de « Kirk »

    9 OCTOBRE 2024 – DES PLUIES DILUVIENNES SUR LE SUD ET L'EST DU PAYS L’ex-ouragan Kirk, qui n’est plus trop méchant au niveau des vents (tout au moins pas chez nous), comporte encore de très grosses quantités de pluie. L’ouragan, en circulant sur des eaux moins chaudes de l’Atlantique, s’est extra-tropicalisé le 7 octobre en journée et s’est transformé en dépression extra-tropicale. Le 8 octobre au matin, Kirk était encore loin sur l’Atlantique pendant qu’un système frontal assez destructuré était en train de se former autour de lui. Source : KNMI Par la suite, Kirk poursuit sa route vers l’est sur l’Atlantique en restant à une latitude assez basse (environ 43°N) pour arriver tout près de la Galicie (Espagne) le matin du 9 octobre. Source : KNMI Puis Kirk traverse le Golfe de Gascogne en direction est-nord-est pour se retrouver au centre de la France le soir du 9 octobre. Source : KNMI En France, une bande à très fortes précipitations, orientée ouest-sud-ouest – est-nord-est, part de Saint-Nazaire, passe par Le Mans, Chartes et Paris avant de se diriger droit vers la Gaume et le sud du massif ardennais. Elle accompagne un front quelque peu ondulant qui précède le noyau de la dépression Kirk. Quelques relevés de précipitations sur 24 heures en en France en ce 9 octobre : 73,5 mm à Noirmoutier-en-Île 69,5 mm à Nantes-Bouguenais 61,1 mm au Mans 80,3 mm à Trappes 70,8 mm à Paris-Montsouris 69,6 mm à Paris-Le Bourget 69,8 mm à Paris-Roissy 51,2 mm à Charleville-Mézières L’évolution en Belgique 8 octobre 2024 Kirk est encore bien loin, mais une petite dépression au sud-ouest de l’Irlande se dirige vers l’Angleterre et est accompagnée d’autres dépressions de moindre importance. Un système frontal, indirectement lié à la dépression principale, s’occlut rapidement dans sa partie nord, mais reste plus actif dans sa partie sud. Et la tendance est déjà dessinée, il pleut sur le sud de la Belgique, mais pas sur le nord. Toutefois les quantités sont encore très modestes, souvent inférieures à 5 mm, sauf à Buzenol où l’on relève 9 mm. C’est donc sur le nord du pays qu’il fait aussi le plus beau. Au littoral, on peut presque parler d’une journée parfaitement ensoleillée, avec des cirrus, quelques altocumulus matinaux et de modestes cumulus, pourtant visibles de loin dans un air très limpide. Webcam MB – Le Coq – 8 octobre 2024 à 18h39 Au centre du pays, on note quelques belles éclaircies, mais le ciel est partiellement voilé avec cirrus et cirrostratus, voire altostratus translucidus, pendant qu’on observe une quantité variable de cumulus et de stratocumulus. Webcam MB – Braine-l’Alleud – 8 octobre 2024 à 16h00 Au sud-est du pays, on note un altostratus qui persiste une grande partie de la journée, avec en dessous des cumulus très étalés, à la limite de stratocumulus. Webcam MB – Beausaint – 8 octobre 2024 à 17h40 Il commence à pleuvoir la nuit, tandis que les précipitations s’intensifient en Gaume vers le petit matin, d’où les 9 mm au relevé de 8h (08/10/2024 à 8h à09/10/2024 à 8h). Les températures se situent entre 18 et 20°C en plaine et entre 13 et 15°C sur les hauteurs, ce qui est légèrement supérieur aux normes saisonnières. 9 octobre 2024 Alors que les précipitations gaumaises du matin sont associées à d’autres perturbations, le front associé à Kirk aborde cette partie de la Belgique en cours de journée. Le sud du pays connaît un ciel très nuageux à couvert tout long de la journée, avec des stratocumulus en dessous d’un altostratus encore translucidus au début, le tout se transformant en nimbostratus dès le milieu de la journée. L’Entre-Sambre-et-Meuse connaît un ciel à peu près similaire. C’est d’ailleurs là que les précipitations seront les plus importantes en soirée. Webcam MB – Beausaint – 9 octobre 2024 à 10h00 Dans l’extrême sud du pays, les précipitations sont présentes tout au long de la journée. Au centre du pays, on observe quelques maigres éclaircies matinales, mais le ciel se couvre aussi rapidement (altostratus doublé de cumulus/stratocumulus) et évolue en nimbostratus pluvieux dès l’après-midi. Le littoral bénéficie des meilleures éclaircies en matinée, puis le ciel devient très nuageux mais sans précipitations en journée. Sur l’est et le sud du pays (y compris la Botte du Hainaut) par contre, les quantités de précipitations sont très importantes. Voici les données pluviométriques sur 24 heures, de 8h (09/10/2024) à 8h (10/10/2024). Mont-Rigi (Liège) : 77,9 mm Oignies-en-Thiérache (Namur) : 76,6 mm Dailly-Couvin (Namur) : 74,6 mm Bièvre (Luxembourg) : 72,6 mm Sivry (Hainaut) : 66,2 mm Buzenol (Luxembourg) : 59,5 mm Dourbes (Namur) : 58,7 mm À noter que c‘est la ville de Couvin la plus touchée par les intempéries, avec là une partie du centre-ville inondée. Par ailleurs, des cotes de près de 50 mm en 24 heures sont observées jusqu’aux confins du Brabant Wallon (Ramillies : 49,0 mm). Le centre du pays est copieusement arrosé aussi avec, du côté de Bruxelles, 28,6 mm à Uccle et 30,0 mm à l’aéroport de Bruxelles-National. Le Limbourg est même plus arrosé avec 39,1 mm à Genk et 32,2 mm à Koersel. Vers l’ouest, cela diminue rapidement. Middelkerke ne recueille que 2,0 mm, tombés en deuxième partie de nuit. Le port de Zeebruges ne reçoit que 0,6 mm. De façon générale, toute la partie ouest du pays reste en dessous des 10 mm. Les températures se situent entre 15 et 16°C en plaine et ne sont que légèrement plus fraîches sur les hauteurs, avec des valeurs de 13 à 14°C. Le champ venteux, quant à lui, passe nettement au sud de nos régions. À l’intérieur des terres, des rafales de 115 km/h sont observées à Lyon. À Dijon, on observe encore 83 km/h et, à Nancy, 79 km/h. De façon générale, en France, c’est le sud-ouest et les régions méditerranéennes qui sont le plus exposés au vent, avec 122 km/h à Socoa et 119 km/h au Cap Béar. C’est pas mal, mais on a déjà vu bien pire. Notons enfin une surprenante diminution des précipitations sous le vent du massif fagnard. Prenons les données nocturnes, entre 20 h (09/10/2024) et 8h (10/10/2024). À Mont-Rigi, sur ce laps de temps, on observe 53,6 mm de précipitations. En continuant sur le parcours de la dépression vers l’Allemagne, on tombe à 24,7 mm à Niddegen-Schmidt, 13,0 mm à Nörvenich et… 1,5 mm à Cologne !! Encore plus loin, sur les collines à l’est du Rhin, les précipitations reprennent à nouveau. On retrouve même ce petit effet de foehn au niveau des températures. En milieu de nuit, celles-ci grimpent jusqu’à 17°C juste à l’est des Hautes-Fagnes et de l’Eiffel, ce qui est 2 à 3°C de plus que dans les régions environnantes, notamment plus à l’est où l’effet de foehn cesse. Conclusion Si la possibilité d’avoir des restants de cyclones tropicaux plus actifs que par le passé a déjà été envisagée depuis longtemps pour nos automnes, on pensait cependant plus au vent qu’à la pluie. On se souvient de l’ouragan « Ophélia » qui, en octobre 2017, avait gardé en partie son « cœur chaud » jusqu’aux latitudes du sud de l’Irlande, qui sont en d’autres termes nos latitudes à nous. Le sondage de Valentia (sud-ouest de l’Irlande) avait révélé des températures particulièrement élevées, pour une dépression tout au moins, au niveau 700 hPa avec 5°C à 2663 mètres d’altitude. Les vents de surface, à ce moment, étaient particulièrement forts, avec sur la petite île de Fastnet Rock, non loin des côtes irlandaises, des rafales jusqu’à 191 km/h. Et si « Ophélia » avait pris un parcours légèrement différent et nous avait frappé, nous, avait-on craint à l’époque. Alors quoi ? 150 km/h à l’aéroport d’Ostende ? 160 km/h voire plus au port de Zeebruges ? Mais on n’avait pas pensé à la pluie, à l’époque. Or les cyclones tropicaux, avec le réchauffement climatique, semblent de plus en plus augmenter au niveau des précipitations aussi. Ce qui fait que même après l’extra-tropicalisation, ces monstres peuvent contenir de plus en plus d’eau. C’est peut-être un élément de plus qu’il faudra prendre en compte dans l’étude de notre climat futur.
  4. DEUX TORNADES PARFAITEMENT INATTENDUES Le jeudi 26 septembre 2024, malgré un contexte météorologique fort perturbé, les deux tornades qui se sont produites en début de soirée, entre 17h45 et 18h15 ont malgré tout créé la surprise. Crédit photo : Geoffrey Maillard (Belgorage) La première tornade a parcouru près de 8 kilomètres dans l’extrême est du Brabant flamand. Elle est née tout près de Linter, est passée par Budingen et s’est dissipée en pleine campagne, un peu au sud de Raasbeek, déjà au Limbourg. Elle était parfois visible même de loin. La seconde a concerné Beauvechain en parcourant 8 kilomètres également et en se formant au nord-est de Grez-Doiceau pour passer au sud, puis à l’est de Beauvechain (quartier des Burettes) et terminer sa course quelque part entre Honsem et Meldert. On est là aux confins entre le Brabant wallon et le Brabant flamand. Cette tornade-là était en grande partie masquée par un rideau de pluie. Ce qui ne l’a pas empêchée de faire pas mal de dégâts avec un niveau F2 atteint au quartier des Burettes. Au total, 18 maisons ont été touchées et il a fallu reloger 6 familles. Contexte météorologique général Après un dernier réveil de l’été entre le 17 et le 21 septembre, avec du temps ensoleillé et très doux, voire assez chaud (jusqu’à 26,3°C le 21 à Koersel), le temps s’est dégradé avec nuages, pluies et températures automnales. En effet, l’anticyclone qui nous a valu le beau temps s’est éloigné vers le nord-est, laissant la place libre aux courants atlantiques. Ces courants ont rapidement pris une tendance fortement dépressionnaire, avec une augmentation rapide du vent et des précipitations. Les 25 et 26, notre pays passe sous l’influence de plus en plus directe de la dépression de tempête « Aitor » qui, le 25 à midi, se trouve sur l’Océan au sud-ouest de l’Irlande et qui reste dans les parages de l’Angleterre durant la journée du 26. Source : KNMI Déroulement de la journée du 26 septembre 2024 Après le passage d’un front froid en seconde partie de nuit, notre pays se retrouve dans l’air post-frontal dans le cadre d’une traîne particulièrement active. Cette activité est renforcée par une ondulation dans le front froid, qui se voit littéralement dédoublé par une autre perturbation frontale quasi-parallèle. Source : KNMI Dans cette configuration, un vent assez soutenu de sud-ouest achemine un air maritime à nouveau un peu plus doux pendant que l’air reste frais dans les moyennes couches de l’atmosphère, ce qui crée une forte instabilité notamment dans les étages inférieurs de l’atmosphère. Le temps est donc variable tout au long de la journée, avec des cumulonimbus porteurs d’averses, parfois fortes, et des éclaircies pouvant être belles, avec cumulus plus modestes et plus épars. En dehors de cela, on observe les habituels stratocumulus et cumulus fractus, surtout dans le parage des averses. Webcam MB – Le Coq – 26 septembre 2024 à 15h54 Webcam MB – Liers – 26 septembre 2024 à 15h58 Le sud du pays connaît un temps plus couvert, avec altostratus, stratocumulus et évolutions jusqu’au nimbostratus. Webcam BMCB – Mettet – 26 septembre 2024 à 13h46 L’activité orageuse est bien présente aussi sur le pays. Les premiers orages éclatent au large de la Côte Belge vers 13 heures (nuage particulièrement noir visible depuis Le Coq), puis d’autres orages venus de France abordent le Hainaut vers 16 heures. Ces orages se propagent ensuite à toute la partie occidentale et centrale du pays et persistent parfois jusqu’en soirée. Webcam MB – Le Coq – 26 septembre 2024 à 13h10 Les températures maximales sont assez élevées pour une fin septembre, notamment sur l’ouest du pays (20,9°C à Middelkerke ; 20,7°C à Passendaele et 20,6°C à Beitem). Ailleurs, on note généralement 19 à 20°C en plaine et 13 à 15°C sur les hauteurs. Les précipitations sont parfois conséquentes : Koersel relève 22,6 mm et Bièvre, 20,2 mm. L’est du Brabant flamand et du Brabant wallon à la loupe Le temps cette région n’est pas très différent de celui du reste de la Belgique (sud excepté). Les températures atteignent 19 à 20°C au moment le plus chaud (19,0°C à la Base de Beauvechain). La journée commence sous un ciel bleu, avec quelques fractus, mais bien vite, le ciel devient de plus en plus nuageux, d’abord avec des stratocumulus, puis avec des nuages convectifs menaçants, accompagnés de pas mal de fractus. L’après-midi, de belles éclaircies se développent avec en moyenne quelques 4/8 de cumulus souvent mediocris. Vers la deuxième moitié de l’après-midi, l’instabilité reprend avec des ciels parfois très menaçants, des averses certes faibles mais des coups de vents et… la formation de deux tornades ! Webcam Meteo Horizon – Lathuy – Déroulement de la journée du 26 septembre 2024 Penchons-nous à présent sur le vent. Tout au long de la journée, nous avons un vent soutenu de sud à sud-ouest, avec une tendance plus vers le sud-ouest que vers le sud. Peu avant 18 heures cependant, une anomalie se forme dans l’écoulement de l’air sur assez mince bande s’étendant du centre au nord du pays. Là, les vents se mettent soudain à souffler de sud, voire de sud-sud-est, comme s’il y avait l’amorce d’une méso-dépression. Ceci n’est peut-être pas étranger aux tornades. Source de la carte : Kachelmann Wetter Quant aux précipitations, la tornade flamande s’accompagne de bien peu de précipitations. Près de son parcours, les stations météo privées relèvent, sous l’averse, 0,8 mm à Oplinter (17h35-17h45) ; 0,8 mm à Linter (17h35-17h50) et 0,8 mm à Budingen (17h50-18h05). La tornade de Beauvechain connaît des précipitations plus irrégulières. Les stations privées notent 1,3 mm à Grez-Doiceau (17h55-18h00) ; 5,1 mm à Beauvechain (17h55-18h05) et 1,3 mm à Meldert (18h00-18h10). Il convient de noter que les 5,1 mm de Beauvechain, tombés en 10 minutes seulement, constituent une solide averse. Conclusion Revenons au vent et à la carte de 18h. Source de la carte : Kachelmann Wetter Et comparons à présent à ce que prévoyait le modèle WRF-MMM (run de 14h L.T.). Vents de surface prévus pour 17h – source : Météociel Vents de surface prévus pour 18h – source : Météociel Vents de surface prévus pour 19h – source : Météociel Nous voyons que, même si la forme, le timing et la localisation ne correspondent pas tout à fait, une discontinuité des vents de surface, avec formation d’une ligne de convergence, était bel et bien prévue par le modèle WRF MMM. Le modèle Arôme prévoyait une déviation des vents beaucoup plus ressemblante avec un timing plus correct mais… sur l’ouest du pays. Le modèle ICON-D2, qui dispose d’un run à 17h L.T., prévoyait bien quelque chose au bon endroit à la bonne heure, dans un ensemble assez proche de la réalité. Mais il y a des divergences dans les détails. Notamment aucune tendance sud-sud-est n’y apparaît dans les vents. Or, si l’on compare aux vents au niveau 700 hPa, les cisaillements directionnels sont plutôt modestes, sauf là où les vents tendent vers le sud-sud-est. Vents de surface prévus pour 18h – source : Météociel Nous pouvons en déduire que les cisaillements « tournants », propices à la formation de tornades, n’étaient présents que très localement. Les modèles avaient bien « envisagé » la chose, mais sans être assez précis pour prévoir un risque de tornades au bon endroit. Au niveau de l’instabilité des basses couches, la température au niveau 850 hPa tournait autour des 9°C pour des températures de l’ordre de 19°C à l’est des Brabant, vers les 100 mètres d’altitude. En tenant compte de la basse altitude du niveau 850 hPa (vers 1300 mètres), nous avons une décroissance de 10°C sur 1200 mètres, ce qui n’est pas si mal pour une fin septembre. Du côté ouest, cette décroissance atteignait même 11 voire 12°C, et c’est là aussi qu’il y a eu le plus d’orages. Au vu de ce qui précède, nous voyons que les conditions étaient localement propices à la formation de tornades. Nous avons donc une esquisse d'explication, mais pas l'Explication avec un grand E. Les tornades conserveront encore longtemps leur mystère et leur imprévisibilité. Le cas du 26 septembre 2024 nécessite encore bien des recherches et des investigations. D'autres éléments, alors, pourraient un peu mieux éclairer certaines choses, mais la question de savoir pourquoi la tornade s'est produite à l’endroit X à l’heure Y n'aura jamais de réponse irréfutable.
  5. 5 AU 7 SEPTEMBRE 2024 : DE LA BRUME, DE LA GRISAILLE, DES ÉCLAIRCIES, DES ORAGES, DU TEMPS CHAUD ET MOINS CHAUD… 5 septembre 2024 La formation d’un puissant anticyclone au nord-ouest de la Russie au cours des jours précédents a complètement bloqué la circulation d’ouest atlantique et a même fini par nous placer dans une circulation inversée, avec des perturbations frontales nous venant de l’est. En ce 5 septembre, un front chaud qui ondule très fort se déplace lentement d’ouest en est avant de basculer complètement, avec l’air chaud au nord et l’air plus frais au sud. Source : KNMI Du côté chaud du front, l’air est particulièrement chaud en altitude, avec 19°C au niveau 850 hPa (1480 m), mais l’air humide et (un peu) plus frais des jours précédents continue à stagner sur notre pays, avec une inversion très marquée vers les 600 m. Cette inversion se résorbe partiellement l’après-midi, le mieux à l’est du pays. Temps en matinée La journée 2024 commence le plus souvent dans la brume et sous les stratus, avec même parfois un peu de bruine. En matinée, sur une grande partie du pays, le ciel est très uniforme, du vrai stratus en quelque sorte. Les températures ne montent guère, restent stagner autour des 17 ou 18°C, avec une sensation de fraîcheur assez désagréable. Le vent, quant à lui, souffle de nord-est. Webcam MB – Braine-l’Alleud – 5 septembre 2024 à 12h00 À partir de Gand et vers le nord-ouest, les nuages sont plus dessinés : des stratocumulus avec même quelques déchirures donnant des coins de ciel bleu. Au littoral, la journée commence même sous de belles éclaircies, avec stratocumulus bien plus épars, altocumulus et quelques fractus. Mais plus tard, le ciel se couvre de stratocumulus là aussi. Les températures sont plus élevées dans cette zone, autour de 20°C à midi. Webcam MB – Le Coq – 5 septembre 2024 à 11h40 En Haute Belgique, les stratus et/ou stratocumulus se déchirent dès la matinée ou vers midi, avec une hausse immédiate des températures et le franchissement de la barre des 20°C. Webcam MB – Beausaint – 5 septembre 2024 à 12h00 Temps en après-midi et en soirée Les stratus persistent sur une large portion du territoire, avec de maigres éclaircies n’apparaissant qu’en fin d’après-midi. Aussitôt des cumulus et des cumulonimbus se profilent, avec parfois une luminosité étrange dans une atmosphère préorageuse. Webcam MB – Braine-l’Alleud – 5 septembre 2024 à 19h40 Sur le nord-ouest du pays, les stratocumulus se disloquent aussi, donnant des éclaircies dans une ambiance plus calme. Sur le centre-est du pays, les éclaircies apparaissent plus tôt mais les orages y sont plus francs, avec déjà 7 mm de précipitations du côté de Liège. Les températures maximales, sur l’ouest et le centre, s’égalisent l’après-midi à 22°C, mais elles sont plus élevées sur l’est et le nord-est des plaines. Dans cette dernière région, les éclaircies sont plus larges en après-midi. À Kleine Brogel, on atteint 26,8°C, à Retie 25,8°C, à Genk 25,5°C et à Koersel 25,3°C. À Bierset, on enregistre encore 25,0°C. En Haute Belgique, le temps devient beau et très doux, avec quelques cirrus. Mais rapidement, la convection se met en place, les cumulus se développent et finissent souvent en cumulonimbus orageux. Les températures maximales se situent souvent entre 23 et 25°C. Webcam BMCB – Val de Wanne (près de Stavelot) – 5 septembre 2024 à 18h13 Les premiers orages, formés au Grand-Duché du Luxembourg durant l'’après-midi, abordent la frontière belgo-luxembourgeoise vers 17 heures et se propagent, sur une large bande orientée sud-est – nord-ouest jusqu’à atteindre Namur en début de soirée. D’autres orages se forment ensuite, si bien qu’une bonne partie de la Haute Belgique en est concernée. Plus tard en soirée, des orages éclatent sur tout un axe allant des Cantons de l’Est à Terneuzen (NL) en passant au nord de Bruxelles. Les précipitations sont parfois fort abondantes. À Strée, il tombe 32,2 mm en 1 heure. Orage entre Hannut et Huy – Crédit photo : Hubert Maldague (Belgorage) Plus tard en soirée et la nuit, une autre ligne orageuse passe sur le nord de l’Alsace et sur le Grand-Duché de Luxembourg avant de suivre la frontière belgo-française depuis la Gaume jusqu’au Hainaut avant de se diriger vers le Nord-Pas-de-Calais en se désagrégeant. À Dourbes, il tombe 28,0 mm en deuxième partie de nuit. À Sivry-Haye, on enregistre 29,6 mm dont 20,2 mm en 1 heure seulement. D’autres foyers orageux, certes moins intenses, sont également observés durant la nuit. Voici encore quelques totaux pluviométriques sur 24h (8h -> 8h) : 40,0 mm à Senzeilles (BMCB) 37,3 mm à Sivry (IRM) 36,8 mm à Vodelée (BMCB) 35,0 mm à Félenne (BMCB) 34,2 mm à Strée (IRM) 33,4 mm à Strée (BMCB) 28,4 mm à Amay (MB) 28,0 mm à Dourbes (IRM) 27,8 mm à Radelange (MB) 24,2 mm à Agimont (BMCB) 24,0 mm à Saint-Hubert (IRM) 23,4 mm à Sint-Katelijne-Waver (IRM) Quelques inondations et coulées de boue en sont la conséquence, notamment dans le nord de la Province de Luxembourg et l’ouest de la Province de Liège. Le curieux déplacement des orages, du sud-est vers le nord-ouest, voire de l’est-sud-est vers l’ouest-nord-ouest, est à noter aussi. Ils suivent le positionnement, à ce moment-là, de la ligne de convergence préfrontale, juste au nord du front quasi-stationnaire orienté dans le même sens. Enfin le vent, qui a tourné à l’est et même au sud-est, finit par souffler de direction variable sous l’influence des différents outflows orageux. 6 septembre 2024 Le front, sous forme de front froid, remonte vers les Pays-Bas, toujours avec de l’air chaud au nord (!) et de l’air plus frais au sud. Source : KNMI L’air frais concerne essentiellement les basses couches, avec des températures qui ne dépassent plus guère 17 à 19°C en plaine et 16 à 17°C sur les hauteurs. La frange nord, nord-est et est du pays est plus douce, avec 20 à 21°C en plaine et encore 19°C sur les hauteurs. En raison de l’inversion, le temps reste brumeux et gris sur tout le pays, avec des stratus évoluant en stratocumulus et de petites pluies et bruines, distillant souvent 1 à 2 mm de précipitations. Localement, des précipitations plus importantes sont observées sur l’ouest du pays, avec de l’activité orageuse notamment en fin de matinée (cumulonimbus enclavés). Semmerzake reçoit 6,0 mm d’eau, Beitem 7,9 mm et Roubaix (FR) 14,7 mm. La direction du vent est à prédominance sud-ouest, plus tard sud. Ci-dessous, stratocumulus devenant quelque peu turbulents en fin d’après-midi dans le ciel de Mettet. Source : BMCB 7 septembre 2024 À l’arrière du front froid, un nouveau front chaud aborde le pays. L’Europe occidentale se trouve ainsi prise entre deux masses d’air chaud, l’une venant (classiquement) du sud, l’autre se trouvant au nord. Entre les deux, une bande d’air frais qui s’apprête à quitter le pays par le nord. Sur la carte ci-dessous, cet air frais forme une assez mince bande orientée ouest – est, entre le front froid au nord et le front chaud au-dessus. Source : KNMI Le vent souffle désormais d’est à sud-est, ce qui est plus classique pour une journée (assez) chaude. Après quelques brumes matinales, le ciel est partagé entre éclaircies (avec cirrus et quelques altocumulus, ici et là quelques cumulus) et passages nuageux (bancs d’altocumulus épais et étendus, parfois doublés de stratocumulus). Webcam Visitor Center De Wissen – Maasmechelen – 7 septembre 2024 à 16h33 Webcam Visitor Center De Wissen – Maasmechelen – 7 septembre 2024 à 17h53 Les températures sont assez élevées pour la saison, de 24 à 29°C en plaine (le moins à l’ouest, le plus à l’est) et de 23 à 25°C sur les hauteurs. Quelques valeurs : Koersel : 28,9°C ; Kleine Brogel : 28,2°C ; Genk : 28,0°C. En Haute Belgique, Bièvre monte jusqu’à 25,2°C et Elsenborn, jusqu’à 24,5°C. En fin de journée, le ciel prend parfois un caractère préorageux. Webcam MB – Poperinge – 7 septembre 2024 à 20h09 Le soir et la nuit, un front froid traverse le pays, bientôt suivi d’un autre front froid. Des orages parfois très pluvieux se développent sur ces fronts. Source : KNMI Les premiers orages abordent la Botte du Hainaut vers 20 heures, puis affectent rapidement le pays sur une vaste zone allant de l’est du Hainaut jusqu’à la Province du Luxembourg. Ces orages remontent par la suite et impactent tout le centre-est du pays. Même plusieurs quartiers de Bruxelles reçoivent d’importantes précipitations. En même temps, un autre amas orageux s’est formé sur le nord-ouest du pays et affecte principalement la Flandre Orientale. Quelques chiffres de précipitations Woluwe-Saint-Pierre (Bruxelles) : 34,4 mm dont 20,4 mm en une demi-heure seulement, entre 23h30 et 00h00. Deux stations privées voisines, l’une à Woluwe-Saint-Pierre également, l’autre à Woluwe-Saint-Lambert, enregistrent des totaux encore plus élevés, avec respectivement 36,4 mm et 35,8 mm. Ces deux stations enregistrent aussi près de 20 mm peu avant minuit (en fait lors de la deuxième averse, la première se « contentant » de déverser une bonne dizaine de millimètres). Il est à noter que vers l’ouest, les précipitations diminuent rapidement. À Ixelles, on ne relève plus que 17,3 mm pendant que la station officielle d’Uccle ne récolte plus que 12,5 mm. Ailleurs dans le pays, les chiffres sont les suivants (totaux 8h -> 8h) : Oignies-en-Thiérarche (Namur) : 35,8 mm Tarcienne-Walcourt (Namur) : 34,4 mm Dourbes (Namur) : 32,1 mm Senzailles (Namur) : 30,4 mm Vodelée (Namur) : 27,8 mm Corenne (Namur) : 25,6 mm Cerfontaine (Namur) : 24,6 mm Villers-la-Ville (Brabant Wallon) : 24,6 mm Gosselies (Hainaut) : 24,0 mm Gembloux (Namur) : 23,8 mm Grez-Doiceau (Brabant Wallon) : 23,0 mm Hoeilaart (Brabant Flamand) : 21,0 mm Des stations privées en Flandre Orientale ont également observés de fortes pluies, comme par exemple à Maldegem avec 22,4 mm Conclusion Sans doute les tout derniers jours qui s’inscrivent dans la lignée de l’été 2024, avec brèves remontées d’air chaud et orages. Selon les prévisions, les conditions atmosphériques vont à présent changer, avec de l’air beaucoup plus frais et aussi plus sec. Pour le plus long terme, « wait and see ».
  6. 3e MOIS DE SEPTEMBRE CONSÉCUTIF AVEC PLUS DE 30°C Ce septembre 2024 est le 3e mois de septembre consécutif où les températures dépassent les 30°C sur une large portion du territoire belge. Plus encore, 4 mois de septembre sur les 5 écoulés ont connu des températures supérieures à 30°C. En 2020, la température a atteint 34 à 35°C le 15 septembre sur presque la totalité de la Basse et Moyenne Belgique, ainsi que dans la vallée de la Meuse. Au centre du pays, on a mesuré jusqu’à 35,6°C à Dilbeek pendant que Zaventem affichait 34,7°C et Uccle, 34,3°C. Inutile de dire que tous les records de septembre ont été pulvérisés en 2020. Webcam MB – Braine-l’Alleud – 15 septembre 2020 à 16h50 En 2022, la température a dépassé les 30°C le 5 septembre sur une large bande centrale du pays, du Hainaut au Limbourg en passant par les Brabant et Bruxelles, ainsi que l’ouest et le sud de la Province de Namur et une grande partie de la Province d’Anvers. La température est montée jusqu’à 32,3°C à Kapelle-op-den-Bos et 31,6°C à Koersel. Uccle a enregistré 30,9°C. Webcam MB – Bruxelles (Schaerbeek) – 5 septembre 2022 à 16h00 En 2023, c’est une véritable vague de chaleur qui a touché une partie du pays durant la 1re décade de septembre. Cette vague de chaleur a duré, par exemple, 10 jours (!) à Sivry, Hastière et Koersel, 9 jours à Passendaele et 8 jours à Uccle, Zaventem, Retie, Sint-Katelijne-Waver, Chièvres, Ernage, Gosselies, Bierset et Kleine Brogel. Les 30°C ont été dépassés au moins 1 fois sur presque tout le pays, à l’exception des plus hauts plateaux. Mais même à Bièvre, les 30°C ont été dépassés 2 fois, dont 1 fois durant la 2e décade de septembre, en l’occurrence le 11 septembre. La température la plus chaude a été relevée à Zulzeke avec 33,8°C le 9 septembre. À Uccle, c’est le 10 septembre qu’on a relevé la plus haute valeur avec 31,9°C. Bruxelles (Forest) – le 9 septembre 2023 à 18h43 (crédit photo : Robert Vilmos) En 2024, le 1er septembre, les températures ont à nouveau dépassé les 30°C partout en Basse et Moyenne Belgique, ainsi que dans la vallée de la Meuse, avec le plus souvent des valeurs de 31 à 32°C. Genk est montée jusqu’à 32,6°C, Chièvres et Bierset jusqu’à 32,4°C. À Uccle on a enregistré 31,3°C. Webcam MB – Cerfontaine – 1 septembre 2024 à 16h00 Avant 2013, les températures supérieures ou égales à 30°C étaient assez rares en septembre en Belgique. Entre 1953 et 2013, sur les stations à longue série, on ne relève 30°C que de temps en temps, comme les 11 et 12 septembre 1959 (Eeklo, Chièvre, Deurne, Beauvechain et Kleine Brogel), le 19 septembre 1961 (Bierset et Kleine Brogel), le 3 septembre 1962 (Virton), le 14 septembre 1964 (Beitem et Kleine Brogel), du 4 et 6 septembre 1973 (Eeklo, Beitem, Chièvres, Beauvechain, Bierset, Dourbes et Virton), le 5 septembre 1982 (Virton), le 3 septembre 1991 (Deurne et Kleine Brogel), du 11 au 13 septembre 1999 (Deurne, Bierset, Kleine Brogel et Virton), les 19 et 20 septembre 2003 (Chièvres, Beauvechain, Bierset et Kleine Brogel), le 5 septembre 2005 (Kleine Brogel), le 12 septembre 2006 (Kleine Brogel) et le 9 septembre 2012 (Kleine Brogel). En d’autres termes, seuls 1959 et 1973 ont produit des températures supérieures à 30°C à grande échelle en septembre et, dans une moindre mesure, 1999 et 2003. Disons 4 fois. 4 fois en 60 ans alors que maintenant, c’est 4 fois en 5 ans !!! Voyons l’évolution du 30 août au 2 septembre 30 août 2024 Notre pays se trouve sur la bordure nord d’une crête en altitude qui est en train de se développer. En surface, nous avons le conflit entre un anticyclone maritime avec de l'air frais, se déplaçant de l’Irlande vers l’Écosse, et un anticyclone continental avec de l'air chaud, qui campe sur la Suisse. Entre les deux se trouve un front froid qui s’est immobilisé sur le sud de la Belgique, puis qui revient sous forme de front chaud. Source : KNMI C’est le littoral qui bénéficie le mieux de l’anticyclone maritime, avec de belles éclaircies accompagnées de cirrus et, le matin, de quelques altocumulus ainsi que de quelques fractus maritimes. En fin de journée, le ciel devient plus voilé. À l’intérieur des terres, le ciel est souvent très nuageux avec quelques précipitations. On observe des altocumulus et stratocumulus surmontés d’un voile d’altitude (cirrus, cirrostratus, altostratus). Vers le nord, des cumulus se forment en dessous, et on note aussi quelques éclaircies. Webcam de Turnhout – 30 août 2024 à 14h04 Sous un vent de nord à nord-est, qui s’oriente plus franchement au nord-est par la suite, nous sommes encore du côté frais, avec des températures maximales de 20 à 23°C en plaine (le plus à l’ouest et au nord) et de 18 à 19°C sur les hauteurs. En Gaume, il fait plus doux avec 23 à 24°C. En soirée, on note des précipitations localement plus soutenues. À l’aéroport de Charleroi, un amas d’averses (cumulonimbus enclavés) déverse 16 mm dans le pluviomètre. Ces averses remontent ensuite vers le nord-est (déplacement opposé par rapport au vent au sol). Gembloux reçoit encore 10,6 mm de précipitations. D’autres régions sont aussi touchées, mais toujours à un échelon local. 31 août 2024 La crête d’altitude s’est bien développée vers la Mer du Nord. Nous restons cependant toujours un peu en bordure, si bien que le temps n’est pas parfaitement stable dans nos régions. En surface, la situation n’a guère évolué : nous avons toujours un anticyclone au nord, qui s’est déplacé de l’Écosse vers la Mer du Nord, tandis que les autres hautes pressions restent au voisinage de la Suisse. Le front chaud est remonté jusqu’au nord de notre pays, mais il s’agit d’un front quelque peu masqué. Des vents d’est à nord-est maintiennent encore les températures à un niveau assez modeste dans les basses couches. Source : KNMI L’ouest et le nord du pays, surtout, connaissent des températures maximales le plus souvent proches de 24°C. Sur les hauteurs, il fait plus chaud qu’en plaine avec 25 à 26°C. En Gaume, ainsi que sur les versants sud du massif ardennais, les températures atteignent déjà 27 à 28°C. Malgré un air humide, le temps est beau, avec quelques cirrus et quelques stratocumulus matinaux, parfois aussi des fractus. En journée, des cumulus se développent parfois, mais butent aussitôt contre une inversion assez basse. En Haute Belgique en matinée, on observe du brouillard qui déborde parfois des cuvettes. En journée, le temps est beau et chaud, avec ici et là des altocumulus castellanus. En Gaume, le ciel est serein à peu nuageux tout au long de la journée. Le littoral est par contre affecté par une petite ligne orageuse qui, déjà présente sur l’ouest de la France le matin, a fini par atteindre la frontière belgo-française (La Panne – Poperinge – Comines) en début d’après-midi pour ensuite se propager jusqu’à Blankenberge environ sans jamais atteindre Knokke. Le temps, au littoral, ressemble assez bien à celui à l’intérieur des terres jusqu’à l’arrivée, assez abrupte, des cumulonimbus. Aucune précipitation importante ne semble cependant être tombée dans la région. Middelkerke relève 2,7 mm. Webcam De Haan – 31 août 2024 à 17h30 1er septembre 2024 Une goutte froide au sein de la crête d’altitude désintègre celle-ci complètement, pendant qu’un creux à l’ouest prend peu à peu de l’importance pour nous. Source : Météociel En surface, l’anticyclone du nord perd aussi son emprise sur nos régions, si bien que même dans les basses couches, l’apport d’air frais s’arrête. Les vents s’orientent graduellement au sud-est et l’air chaud gagne tout le pays. En soirée, une ligne de convergence aborde notre pays. Source : KNMI Il fait vraiment très chaud pour un 1er septembre. Les températures atteignent 31 à 32°C partout en plaine, avec des pointes locales jusqu’à 33°C. Genk monte jusqu’à 32,6°C, suivi par Chièvres et Bierset avec 32,4°C, et Koersel avec 32,1°C. Uccle atteint 31,3°C. En Haute Belgique, Bièvre frise les 30°C avec 29,6°C, suivi par Elsenborn avec 28,8°C, Mont-Rigi avec 27,8°C et Saint-Hubert avec 27,4°C. À l’échelle mensuelle ou décadaire, ce ne sont pas des records, mais la répétition de ces fortes chaleurs en septembre, d’année en année, est remarquable. 2013, 2016, 2020, 2022, 2023 et 2024 connaissent à chaque fois des températures dépassant (largement) les 30°C sur de vastes portions du territoire belge. Le temps, en plus, est beau avec essentiellement des cirrus, quelques altocumulus et parfois la formation de quelques cumulus. Ici et là, quelques castellanus sont également observés. C’est en Gaume que le ciel est le moins nuageux, presque serein en d’autres termes. Webcam MB – Cerfontaine – 1 septembre à 20h00 Malgré ce temps lumineux, l’air est fort humide. Les points de rosée, l’après-midi, sont souvent supérieurs à 20°C, plus particulièrement dans la partie nord du pays. À Uccle, le point de rosée s’élève à 22,2°C à 17 heures. Il n’est donc pas étonnant que des orages éclatent la nuit suivante. Mais ils sont très localisés. Des foyers se développent vers minuit dans le sud de la Province de Liège et se propagent lentement vers le nord. À Hodbomont (Theux), on relève 10,2 mm, dont 9,0 mm en à peine 10 minutes. On note dans cette région une convergence entre des vents de sud-est qui soufflent encore sur l’est et le nord du pays et un régime de vents de sud-ouest qui s’est installé partout ailleurs dans le pays. 2 septembre 2024 Les vents de sud-ouest soufflant au sud de la ligne de convergence se sont désormais propagés à tout le pays, mais de façon hésitante, avec des vents tendant parfois à revenir vers le sud ou à souffler de directions variables. Nous restons dans de l’air assez chaud et humide. En plaine, les températures maximales atteignent encore 26 à 28°C, et même 29°C en Campine. Sur les hauteurs, on observe de 23 à 25°C. Le temps est plus nuageux avec des altocumulus et, l’après-midi, des cumulus. Mais on observe encore de belles éclaircies avec des cirrus. Le matin, on observe parfois des castellanus assez développés, qui parviennent même à produire un petit coup de tonnerre du côté de Liège. Des asperitas ont également été vus à Bonnerue (Houffalize). Bonnerue (Houffalize) – 2 septembre 2024 le matin – Crédit photo : Sébastien Calbert En début d’après-midi, des orages formés sur le Grand-Duché du Luxembourg entrent en Province de Liège et s’y déplacent assez lentement, si bien que de très importantes quantités de pluie sont relevées par endroit. À Hodbomont (Theux), où un orage nocturne a déjà laissé 10,2 mm de précipitations, les orages de l’après-midi sont encore bien plus pluvieux, avec non moins de 33,4 mm d’eau tombée entre 15h20 et 17h30 (dont 21,8 mm en moins d’une heure, entre 15h20 et 16h10). La station privée de Jevoumont, juste à côté, enregistre 29,7 mm en une demi-heure seulement (entre 15h20 et 15h50) pour un total de 38,1 mm (de 15h20 à 16h35). En Hesbaye liégeoise, ces averses orageuses mènent à des inondations locales ainsi que quelques coulées de boue. Ci-dessous, ciel orageux à Verviers. Webcam BMCB – Verviers – 2 septembre 2024 à 15h15 Quelques autres totaux pluviométriques de l’épisode orageux : Solwaster-Jalhay : 45,8 mm Mont-Gauthier : 27,6 mm Mont-Rigi : 19,5 mm Emael-Bassenge : 19,2 mm Angleur : 14,6 mm En dehors de la trajectoire de ces orages, les précipitations retombent rapidement à 0 mm. Les cumulonimbus sont cependant parfois visibles de loin. Webcam MB – Braine-l’Alleud – 2 septembre 2024 à 16h30 En début de soirée, les derniers orages quittent le pays par le nord et les températures baissent peu à peu. L’épisode chaud est désormais terminé. Conclusion Le tout début de l’automne 2024 s’inscrit parfaitement dans la lignée de l’été : une brève remontée d’air très chaud dans un contexte humide. Tout comme le 12 août, l’humidité a sans doute empêché les records de chaleur purs et durs, mais a donné un ressenti tout aussi pénible aux personnes fragiles.
  7. CETTE ANNÉE AUSSI, NOUS SOMMES CONFRONTÉS À UN COUP DE CHALEUR EXTRÊME Après une première décade d’août variable, mais déjà bien au-dessus des moyennes saisonnières quant à la température (moyenne de 20,3°C à Uccle), un véritable coup de chalumeau a commencé à se préparer sur les plateaux espagnols dès le 10 août avec une extension de la surchauffe desdits plateaux jusqu’à sa bordure nord. Notamment du côté de Saragosse, mais aussi plus loin au nord, les températures maximales ont commencé à dépasser les 40°C (40,8°C à Saragosse même et 41,6°C à Quinto). La situation s’empire le 11 août, avec notamment un pseudo-foehn qui dévale les pentes de la bordure nord du plateau espagnol et des températures cette fois-ci nettement supérieures à 40°C. Bilbao enregistre 42,9°C pendant que l’aéroport de San Sebastian, non loin de la mer, atteint encore 41,9°C. Plus près encore de la mer, dans la localité balnéaire de Hondarrabia, les 40°C sont toujours dépassés avec 40,7°C. Cela n’a donc rien d’étonnant que cette chaleur côtière déborde aussi vers la France. Notamment au sud-ouest de Bordeaux, les températures sont particulièrement élevées avec 41,7°C au Cap Ferret, 41,3°C à Cazaux et 41,1°C à Biscarosse. L’aéroport de Bordeaux-Mérignac enregistre 38,6°C mais le centre-ville 40,3°C. De nombreux records d’août ont été approchés dans la région, voire battus comme par exemple à Biscarosse. On observe à ce moment une tripartition de la France. L’extrême nord de la France partage avec le Benelux des températures encore fort raisonnables, souvent de 27 à 29°C, avec un bon petit vent de nord-est. Le centre et le centre-nord, sous des vents d’est à nord-est, sont déjà nettement plus chauds avec, notamment du côté de Paris, des températures de 32 à 33°C. Au sud et au sud-ouest d’une ligne de convergence courbe, passant grosso modo par Nantes – Poitiers – Clermont-Ferrand – Lyon, le temps est étouffant avec des vents de sud-est à sud et des températures souvent comprises entre 35 à 40°C en plaine et dans ls vallées. Cartes : Kachelmann Wetter Bien sûr, en raison du relief et d’autres caractéristiques géographiques très locales, les isothermes ne correspondent pas parfaitement à la carte du vent, mais les différentes zones d’influence, malgré tout, restent très reconnaissables. Le 12 août, l’air très chaud, poussé par des vents de sud-est et plus tard par des vents de sud à sud-ouest, gagne du terrain et finit par atteindre la Belgique. Pendant ce temps, une autre ligne de convergence, pré-frontale cette fois, touche la Bretagne dès le matin et s’engouffre lentement vers l’intérieur des terres sur toute la façade occidentale de la France. Les vents soufflent de sud à sud-ouest à l’avant de cette ligne de convergence, et d’ouest à nord-ouest à l’arrière, ce qui arrête net la montée des températures dans des régions allant de l’Aquitaine à la Bretagne. Tout le reste de la France est en pleine canicule car plus tard en journée, la zone de convergence n’avance presque plus. N'empêche. Tout le Bordelais respire : les 30°C ne sont plus atteints nulle part, et bien souvent, même les 25°C ne sont plus atteints. Cartes : Kachelmann Wetter En Belgique 8 août 2024 Le 8 août s’inscrit encore dans la lignée de ce début du mois d’août : un temps atlantique doux, mais sans excès de chaleur et un temps assez variable. C’est l’anticyclone des Açores qui est maître du temps sur nos régions. Les dépressions sont loin au nord, mais leurs perturbations frôlent encore notre pays. Source : KMNI En matinée, les altocumulus et stratocumulus sont assez nombreux, puis des cumulus se forment dans les éclaircies, mais s’étalent l’après-midi et reforment d’autres stratocumulus. Plus particulièrement sur l’ouest, un voile nuageux en fin de journée annonce l’arrivée d’un front chaud. Au littoral, c’est le matin qu’on observe quelques cumulus, qui se dissipent par la suite. Le temps devient, là, très ensoleillé jusqu’à l’arrivée, le soir, du voile nuageux. Avec un vent de sud-ouest, les températures sont on ne peut plus agréables, avec des maxima le plus souvent compris entre 24 et 25°C en plaine et 20 à 21°C sur les hauteurs. De l’air plus chaud est présent sur la France, avec 28°C à Paris, mais cet air ne nous atteint tout juste pas. 9 août 2024 Le secteur chaud d’une perturbation nous intéresse une bonne partie de la journée, puis un front froid traverse notre pays l’après-midi. Ce front froid est précédé d’une faible convergence préfrontale. Le temps est très doux le matin, avec presque partout en plaine des températures de 20 à 21°C dès 8 heures du matin. Mais par la suite, sous un ciel très nuageux à couvert de stratocumulus, les températures ne décollent pas vraiment, si bien qu’à midi, on retrouve des valeurs d’un même ordre de grandeur. Webcam MB – Braine-l’Alleud – 9 août 2024 à 12h De petites pluies observées par la suite sur une bonne partie du pays n’arrangent rien à la température. Mais l’après-midi, avec le passage de la convergence pré-frontale, l’air devient plus instable avec formation de cumulus, mais aussi de belles éclaircies. Webcam MB – Braine-l’Alleud – 9 août 2024 à 16h Grâce à ces périodes ensoleillées, les maxima finissent par atteindre 24 à 26°C en plaine et 20 à 22°C sur les hauteurs. Ces maxima sont souvent atteints en fin d’après-midi, mais en soirée, les températures baissent rapidement en raison du passage du front froid. À noter que sur le sud du pays, les stratocumulus de la matinée sont nettement moins nombreux. Au littoral, ce sont les cumulus de l’après-midi qui sont moins nombreux (souvent des fractus). 10 août 2024 Le 10 août 2024 commence sous une agréable petite fraîcheur matinale, avec des minima souvent compris entre 14 et 15°C, localement un peu moins. Le front froid, déjà à moitié frontolysé, est suivi d’une crête anticyclonique sur la France, qui se déplace ensuite vers nos régions. Des stratocumulus, voire des stratus (fractus) sont parfois présents en début de journée, puis le ciel devient bleu avec des cumulus. Ces cumulus s’aplatissent en début d’après-midi, puis disparaissent. À l’exception de quelques cirrus, le ciel devient serein. Localement (centre du pays), on observe aussi quelques altocumulus lenticularis. Au littoral, la situation est quelque peu inversée : quelques cumulus en matinée, quelques stratocumulus l’après-midi. Sous un petit vent de sud-ouest à ouest, l’air est bien maritime et, malgré l’insolation très généreuses, les températures ne montent pas (encore) trop haut, avec des maxima de 25 à 27°C en plaine et de 23 à 24°C sur les hauteurs. 11 août 2024 Un anticyclone centré sur le sud de la Mer du Nord nous place sous des vents d’est qui, plus tard, tournent au nord-est et nous acheminent un air encore modérément chaud. Un front chaud traverse l’Irlande et le sud de l’Angleterre et se prolonge – virtuellement – sur le continent, plus ou moins le long de la frontière belgo-française. Au sud de cette ligne, l’air est nettement plus chaud. En d’autres termes, la Belgique échappe encore aux températures excessivement chaudes. Source : KNMI Le temps est très beau avec quelques cirrus, un peu plus nombreux sur le sud du pays. Quelques rares altocumulus sont également observés. Ici et là, quelques très petits cumulus parviennent à se former. Les températures maximales atteignent le plus souvent 27 à 29°C en plaine et presque autant (26 à 27°C) sur les hauteurs. En bordure immédiate de la mer, on ne dépasse pas 23°C. 12 août 2024 La nuit se rafraîchit encore bien, avec des minima souvent compris entre 16 et 18°C. En journée, la chaleur nous arrive progressivement de la France, avec des températures qui montent plus rapidement au sud, le long de la frontière belgo-française, qu’au nord, le long de la frontière belgo-néerlandaise. Une large bande anticyclonique, avec plusieurs noyaux, s’étendant de la Norvège à la Roumanie et, associées à un creux juste à l’ouest de nos régions, place notre pays dans des courants tropicaux de plus en plus directs. La chaleur française finit par couvrir tout le pays, avec des maxima de 33 à 34°C en plaine (très localement 35°C) et de 30 à 31°C sur les hauteurs. Ce sont des températures très élevées, même si les records ne sont pas battus *. Des valeurs de 35°C, voire un peu plus, ont été ponctuellement observées du côté de Poperinge, de Mouscron et à l’est de Gand, plus rarement aussi dans la partie centrale du pays. À Zele, on mesure 36,0°C et à Passendaele, 35,2°C. Le temps est à nouveau très beau en toutes régions, avec quelques cirrus. Quelques cumulus se forment l’après-midi sur les reliefs et, très localement, aussi ailleurs. En soirée, on note des altocumulus castellanus, dont certains sont suffisamment développés pour produire des virga. Le cumulonimbus d’un orage allemand, le soir, est longtemps visible depuis l’Ardenne. Cumulonimbus allemand visible depuis Beausaint à 19h30 Altocumulus castellanus avec virga à l’ouest de Bruxelles à 20h30 Pourquoi les températures belges sont-elles (un peu) moins extrêmes qu’en 2018, 2019, 2020 ou 2022 ? L’historique très pluvieux de l’été 2024, et aussi des saisons précédentes, y est pour quelque chose. Dans l’air très sec qui avait prédominé en 2018, 2019, 2020 ou 2022, les températures pouvaient monter plus facilement. Les terres détrempées de 2024 chargent l’air d’humidité. Cela se voit notamment aux points de rosée particulièrement élevés observés en ce 12 août. À 17 heures, les points de rosées sont déjà supérieurs à 20°C en de nombreux endroits de Basse et Moyenne Belgique, avec des valeurs de 22°C par endroit. En début de soirée, on observe même un point de rosée de 24°C à Retie (pour une température de 32°C). De tels niveaux d’humidité sont rarement atteints dans nos contrées. Cela a certes un peu ralenti la montée des températures, mais cela n’a certainement pas rendu la chaleur moins insupportable. Selon l’indice Humidex, la température ressentie à Retie est même montée jusqu’à 42°C ! La structure stable de l'atmosphère a cependant (encore) empêché la formation d'orages dans notre pays, malgré l'air chaud et humide. La nuit du 12 au 13 août, dans un premier temps, est très chaude, mais le passage de la ligne de convergence sauve une grande partie du pays d’une nuit vraiment étouffante. De l’air maritime nettement plus frais, avec températures inférieures à 20°C, se trouve aux portes de la Belgique dès le milieu de la soirée. Dans la Somme et le Pas-de-Calais, les températures n’atteignent plus que 19°C en de nombreux endroits à 22 heures, sous un vent d’ouest à nord-ouest. Cet air frais aborde l’extrême ouest de la Belgique vers minuit. Pendant ce temps, le centre et le centre-est du pays étouffent encore avec, toujours à minuit, 25,7°C aux aéroports de Bruxelles et de Charleroi, 26,1°C à Uccle et 27,3°C à Beauvechain tout comme à Bierset. En deuxième moitié de nuit, la température commence aussi à baisser à Bruxelles, mais du côté de Liège, des poches d’air chaud subsistent. À Bierset, la température remonte même jusqu’à 25,9°C à 5 heures du matin, ce qui est remarquable. Mais en toute fin de nuit, la température baisse là aussi, si bien qu’aucune des stations du réseau belge n’enregistre de records au niveau de la température minimale. 13 août 2024 La ligne de convergence, qui a traversé le pays la nuit, reste camper juste à l’est de nos frontières avec l’Allemagne et les Pays-Bas. Source : KNMI Mais l’air maritime entraîné dans les basses couches ne parvient pas à franchir les reliefs ardennais et fagnards, si bien que le front se dédouble : la ligne de convergence proprement dite, sur l’Eiffel, et le pseudo-front froid de basses couches, qui reste coincé en contrebas des reliefs précités. C’est ainsi que toute la Haute Belgique va connaître une nouvelle journée très chaude. À l’aérodrome de Spa, la température minimale ne descend pas en dessous de 22,8°C, un nouveau record pour une 2e décade d’août (précédent record : 22,4°C le 18 août 2012). Dans l’absolu, c’est la 2e nuit la plus chaude de la station, après les 24,3°C du 7 août 2003. En d’autres termes, les parties hautes de la Belgique n’ont, elles, pas toujours été épargnées par la chaleur nocturne. En journée, les températures montent fort haut sur les plateaux, avec 30,8°C à Mont-Rigi et 29,6°C à Saint-Hubert. Dans les vallées et les creux, il fait plus chaud encore, avec 31,7°C à Bièvre et 31,8°C à Humain. La matinée est très lumineuse, mais dans l’air instable de l’après-midi, des cumulus se forment et se développent jusqu’au stade congestus. Webcam MB – Beausaint – 13 août 2024 à 16h Webcam MB – Beausaint – 13 août 2024 à 19h En Allemagne, des orages se forment dès le début de l’après-midi sur la ligne de convergence qui s’y trouve toujours. Ces orages entraînent parfois des fortes précipitations, des rafales de vent et des chutes brusques de la température. À Nürburg, située à quelques 40 kilomètres à l’est de nos frontières, la température passe de 31,3 à 20,1°C entre 16 et 17 heures, il tombe 10 mm de précipitations et on observe une rafale à 72 km/h. Ces orages finissent par déborder sur la Belgique en fin d’après-midi, mais c’est surtout une seconde ligne orageuse, plus à l’ouest, qui se forme le soir. Ces orages sont boostés par le pseudo-front thermique, resté à l’ouest du massif ardennais, et ils affectent entre autres la région près de Liège. À Oupeye par exemple, on relève 20,4 mm de précipitations en 1 heure seulement. Plus tard en soirée, d’autres foyers orageux se développent plus au sud, avec, localement, à nouveau beaucoup de pluie en peu de temps. À Radelange, non loin de Martelange, on relève même 33,0 mm tombés en 1 heure, pour un total sur 24 heures (relevé à 8h) de pas moins de 51,2 mm ! Du côté de Malmédy, c’est la grêle qui frappe : « Des grêlons gros comme des billes », nous signale-t-on. Une large bande centrale du pays, par contre, connaît un tout autre type de temps. L’air maritime qui y est arrivé la nuit précédente se met à stagner sous une inversion qui inhibe fortement la convection. Avec des vents souvent très faibles, cet air maritime très moite finit par se dénaturer et à se réchauffer à son tour, sans pourtant arriver à résorber l’inversion. Ce réchauffement est plus marqué sur le centre-est du pays que sur le centre-ouest, avec une trentaine de degrés à l’est de Bruxelles (Zaventem : 30,1°C ; Beauvechain : 29,9°C ; Schaffen : 31,3°C et Bierset : 31,0°C. Plus à l’ouest, on reste nettement en dessous des 30°C, avec 27,0°C à Passendaele ; 26,7°C à Semmerzake et 27,9°C à Chièvres. Uccle marque la transition avec 28,8°C. Le ciel, dans toutes ces régions, est plus laiteux, avec des cirrus et des altocumulus, parfois castellanus. Ici, l’instabilité n’est présente plus que dans les couches moyennes de l’atmosphère. En dessous de l’inversion, juste quelques cumulus parviennent encore à se développer, mais on voit parfois de loin la convection qui s’enclenche sur l’est du pays. Le soir, le voile nuageux s’épaissit progressivement. Webcam MB – Schaerbeek – 13 août 2024 à 16h Webcam MB – Schaerbeek – 13 août 2024 à 19h Ci-dessous, on devine au loin, depuis Braine-l’Alleud, la convection qui s’enclenche sur l’est du pays. Il fait à nouveau fort « douf » comme on dit à Bruxelles, avec des points de rosée particulièrement élevés. À Uccle, le point de rosée reste calé à 21°C tout au long de l’après-midi. Ailleurs, le point de rosée monte parfois plus haut encore, avec des pointes jusqu’à 23°C localement. C’est très inhabituel pour nos régions. Des conditions qui seraient idéales pour de gros orages... s’il n’y avait pas cette inversion qui empêche grandement les mouvements ascendants. Il ne se passe donc absolument rien. Pas encore… Enfin un mot sur le climat côtier. Là, une nouvelle zone de convergence s’est formée, qui se confond un peu avec le front de brise de mer. Le climat y est agréable, bien qu’humide aussi, avec un petit vent d’ouest à nord-ouest venant de la mer et des températures maximales se situant autour des 25°C. Sous un ciel qui est voilé, là aussi, il y a des cumulus fractus bien maritimes, qui persistent toute la matinée avant de se résorber. Webcam du Coq – 13 août 2024 à 10h Nuit du 13 au 14 août 2024 Dans un premier temps, la situation évolue peu. La plus grande partie du pays reste sous l’influence de la couche d’air maritime très humide, poussée par de faibles courants de nord-ouest, d’une épaisseur de 1000 mètres environ au-dessus du centre du pays. Plus haut, les vents soufflent de sud et l’air est relativement plus chaud (17°C au niveau 850 hPa), mais humide aussi et assez instable. En fin de nuit, un véritable rail de cellules orageuses se met en place, sur une ligne très légèrement courbe, orientée grosso modo sud-nord, allant de Charleville-Mézières à la région d’Anvers en passant par la Botte du Hainaut et Bruxelles. Buienradar – 14 août 2024 à 4h30 Il s’agit d’orages particulièrement pluvieux, avec parfois plus de 30 mm d’eau tombée en 1 heure. Voici quelques chiffres concernant cet épisode orageux : Dourbes : 31,1 mm (dont 28,0 mm en 1 heure) Sivry-Haye : 39,4 mm (dont 30,2 mm en 1 heure) Sivry-Rance : 37,4 mm (dont 23,4 mm en 1 heure) Uccle : 29,2 mm (dont 20,0 mm en 1 heure) Kapelle-op-den-Bos : 37,8 mm (dont 31,8 mm en 1 heure) Sint-Katelijne-Waver : 23,2 mm (dont 15,0 mm en 1 heure) Apparemment, ce rail orageux s’est formé sous un courant jet, orienté sud-nord, juste à l’avant du front froid. En dehors de ce « rail », quelques autres fortes averses orageuses nocturnes ont été observées notamment en Gaume. Mais là, les gros totaux proviennent souvent de plusieurs événements pluvieux. Buzenol enregistre 40,5 mm ; Étalle, 38,0 mm ; Lamorteau : 34,6 mm (sur les différents épisodes pluvieux et/ou orageux entre l’après-midi du 13 et le matin du 14). Au lever du jour, les zones affectées par les fortes averses connaissent un temps encore fort gris, avec de l’altostratus doublé de gros stratocumulus sombres, avec éventuellement aussi des fractus. Ailleurs, c’est souvent plutôt de l’altostratus translucidus avec des altocumulus et des stratocumulus moins compacts, mais partout il règne désormais une agréable fraîcheur, avec à 8 heures des températures de 16 à 20°C. La grosse chaleur ne reviendra plus. Conclusion Une fois de plus, un phénomène caniculaire majeur a frappé le pays. Même si très peu de records ont été battus (juste la température minimale sur les hauteurs de Spa), la chaleur a été particulièrement pénible pour les personnes fragiles, notamment à cause de l’humidité. Désormais, même un été très moyen est en mesure de produire des pointes de 33 à 34°C, voire 35°C, sur de larges portions du territoire. Nous avons juste encore le choix entre les phénomènes caniculaires de période sèche et les phénomènes caniculaire de période humide. Les phénomènes caniculaires de période sèche produisent à présent des températures extraordinairement élevées pour nos latitudes, proches de 40°C, voire supérieures à cette valeur. En plus, de telles pointes de chaleur se produisent de plus en plus souvent. En 2018, le 27 juillet, les températures les plus hautes montent jusqu’à 38,5°C à Kapelle-op-den-Bosch, 38,4°C à Bassevelde et 38,2°C à Zelzate, pour des maxima généralement compris entre 35 et 38°C en plaine. En 2019, le 25 juillet, les températures les plus hautes montent jusqu’à 41,8°Cà Begijnendijk, 41,6°C à Houyet et 41,0°C à Angleur et à Koersel, pour des maxima généralement compris entre 39 et 41°C en plaine. En 2020, le 31 juillet, les températures les plus hautes montent jusqu’à 38,2°C à Hérinnes, 37,1°C à Passendaele et 37,0°C à Koersel, pour des maxima généralement compris entre 35 et 37°C en plaine. En 2022, le 19 juillet, les températures les plus hautes montent jusqu’à 40,0°C à Kapelle-op-den-Bosch, 39,8°C à Begijnendijk et 39,5°C à Rhode-Saint-Pierre et Moere, pour des maxima généralement compris entre 38 et 39°C en plaine. En 2024, nous goûtons à un exemplaire de canicule en période humide avec, le 12 août, une pointe plus modeste de 36,0°C à Zele pour des températures maximales généralement comprises entre 33 et 34°C en plaine. Mais la bouffée de chaleur s’est chargée d’humidité au-dessus des terres gorgées d’eau de notre pays, si bien que les points de rosée sont montés à des valeurs rarement atteintes sous nos latitudes. Cela signifie que pour le ressenti, ce coup de chaleur n’a pas été moindre que ceux précédemment cités. On peut en conclure que les canicules estivales deviennent de plus en plus un fléau même dans notre pays assez nordique et ce, qu’elles soient sèches et extrêmes ou humides et un peu moins extrêmes, mais tout aussi difficiles à supporter. * Pour Uccle, avec 34,0°C, il s’agit certes du 12 août le plus chaud de la série, après les 33,5°C du 12 août 2003. Mais comme c’est la décade qui est la référence au niveau de la climatologie, on reste derrière les 35,0°C du 18 août 2012. Dans l’est et le sud (voire sud-ouest) du pays, on se situe très loin des valeurs du 12 août 2003, qui étaient de 37,7°C à Kleine Brogel ; 37,6°C à Meix-devant-Virton ; 37,5°C à Wasmuel ; 37,4°C à Aubange et même encore 33,1°C à Mont-Rigi.
  8. Il y a 60 ans, le 18 juillet 1964 Il s’agit de l’une des journées les plus « épouvantables » que notre pays n’ait jamais connues. D’abord la chaleur. À sept heures du matin, il fait déjà 23°C, voire 24°C en de nombreux endroits et, à 10 heures, les 30°C sont déjà dépassés presque partout au centre du pays. L’après-midi, il fait souvent entre 32 et 35°C, et même 36°C en Gaume. Puis arrivent l’humidité et la lourdeur du temps ! On subit des seuils d’inconfort rarement atteints dans nos régions. À Uccle par exemple, un premier orage, qui éclate vers midi, livre 7 mm de précipitations avant que la température ne remonte jusqu’à 33°C ! Inutile de décrire l’ambiance de piscine surchauffée qui s'est mise à régner. Puis s’enviennent les orages du soir. Et quels orages… Mais revenons d’abord au fil des événements, tout au long de la journée. En matinée, le ciel est d’abord peu nuageux, mais tout ce qui existe comme nuage se met à bourgeonner. Altocumulus castellanus avec déjà des cumulonimbus au loin. Les températures oscillent autour des 32-33°C en fin de matinée, puis une première vague orageuse arrive, mais elle n’apporte que très temporairement de la fraîcheur. Aux premières éclaircies, la température remonte en flèche. Quelques cumulus congestus bourgeonnent alors, avec la présence d'altocumulus castellanus. En dehors de cela, un grand soleil se remet à briller. Puis, en début de soirée, tout s’obscurcit. Pire ! Il fait noir comme en pleine nuit alors que l'heure du coucher du soleil est encore loin. Au-dessus de Bruxelles, le ciel est d’un noir d’encre avec des traces jaunâtres dans les « mammatus ». À l’horizon, un coin du ciel est tout rouge et l’autre, bleu turquoise… Pendant ce temps, l’IRM note une rafale de 133 km/h. Les météorologues de l'époque parlent de l'orage le plus violent en 35 ans, qui « balaie Bruxelles et affole ses habitants pendant près de 90 minutes. Puis il s'apaise soudain, laissant dans son sillage, avec les traces de sa colère, la fraîcheur aigrelette de toute une verdure martyrisée. » Voici un témoignage oculaire de l’évènement : « Je crois bien me souvenir de cet orage de l’été 1964, j’avais presque 5 ans ! C’était l’après-midi et on était avec mes parents à la Magnanerie (les terrains de tennis à Forest en bas de l’Altitude Cent). Je me souviens que les parents ont parlé d’une tornade… Peut-être pour décrire l’intensité du phénomène. On était sur la terrasse à siroter nos consommations, quand, tout à coup, ils ont vu arriver "quelque chose". Ils étaient impressionnés et admiratifs. Les gens quittaient l’endroit précipitamment et le ciel est devenu tout noir. L’intensité de la lumière a fort baissé et je crois même qu’il y a eu une tempête de sable (ou de poussières) avant la pluie. Je sais qu’on n’y voyait plus rien et que cette baisse lumineuse s’est produite très très vite. Je ne me souviens pas d’avoir été mouillée par la pluie et donc je pense que nous sommes allés nous réfugier dans l’auto. Je crois qu’on est resté là à attendre que cela passe. Pour rouler, les voitures ont dû allumer leurs phares. Je me souviens aussi qu’il y a eu beaucoup d’arbres déracinés et des branches cassées par cette tempête. Les égoûts ne suivaient pas et les trottoirs qui étaient faits de graviers et de terre (couleur chamois) « coulaient » sur la rue. Je ne me souviens pas d'éclairs ou de tonnerre. Les deux images qui me restent sont les suivantes : Les parents qui disent « Mon Dieu, tu as vu ce qui arrive ? » et le soleil (ou la lumière) qui baisse de manière incroyable et aussi la couleur jaune orangée que tu décris comme un brouillard qui aurait été jaune orangé. L’avenue Victor Rousseau qui est inondée, on ne distingue plus rien sauf les phares des voitures, on ne peut pas rouler et les trottoirs « emportés par la pluie » se creusent. » Zum (ex-membre de MétéoBelgique). Dans le journal Le Soir de l'époque, on pouvait lire ceci : « Il faisait intenablement chaud, et moite, et énervant... Au-dessus de la ville, de grosses nuées noires s'amoncelaient comme bloquées par un gigantesque barrage. Et vers 18h30, la "tornade" éclata avec une incroyable brutalité. Le vent souleva d'immenses vagues de poussière dont les tourbillons rageurs s'insinuaient partout. L'obscurité était totale. Dans les rues, les gens fuyaient, s'engouffrant n'importe où, essayant de se soustraire à la violence de la tempête qui, à 120 km/h, arrachait tout sur son passage. Des fenêtres volaient en éclat, des arbres étaient déracinés, des branches arrachées, des antennes de télévision, des tuiles et des cheminées emportées éclataient dans les rue noyées par des trombes d'eau. » Cette ligne orageuse a parcouru une longue distance et a touché la majeure partie de la Belgique. Avant cela, à Paris, l'orage plongea la ville dans une obscurité presque totale en début d'après-midi, sous une pluie battante. À l'aéroport d'Orly, une baie vitrée de 15 mètres carrés a été soufflée. À Venlo, aux Pays-Bas, après les 36,6°C observés en journée, de graves intempéries se sont manifestées avec des orages violents et de très fortes rafales. Ce qui restera à jamais gravé dans les mémoires, c’est l’arcus localement énorme et particulièrement angoissant, un nuage qui « roulait » littéralement à 80 km/h, principalement sur l’ouest des Pays-Bas. Herman Wessels du KNMI écrivit : « Un phénomène impressionnant fut cet arcus qui accompagnait l’orage et qui accompagnait les premières rafales de vent qui concernaient principalement l’ouest et le centre des Pays-Bas. » Le Capitaine J. H. Boer, chef de Meteo Woensdrecht, en dit ceci : « À 18 h 55, un énorme arcus, comme je n’en ai encore jamais vu, nous arriva du sud-ouest. Sans lampe, il n’était plus possible de lire quoi que ce soit même à l’extérieur. » L’observateur B. J. Kemner, à Rotterdam dit ceci : « Vers 19 h 30, des bandes nuageuses s’approchèrent à partir du sud et du sud-ouest, trois couches l’une au-dessus de l’autre, derrière lesquelles le ciel était d’un noir d’encre. Puis, soudain, de fortes rafales se produisirent avec des averses torrentielles accompagnées de grêle. » Pour Bruxelles, il s'agit certainement de l'événement orageux le plus spectaculaire après la tornade du 1er juin 1927. Après, il faudra attendre le 23 août 2011 pour revoir quelque chose qui s'en approche un peu. Puis il y aura la supercellule grêligène du 7 juin 2014 et, plus récemment, les ciels impressionnants du 9 juillet 2024.
  9. PREMIÈRE DÉCADE DE JUILLET 2024 UN ÉTÉ BIEN BELGE, UN TRÈS BREF COUP DE CHALEUR ET DE VIOLENTS ORAGES Du 1er au 7 juilllet 2024 La première décade de juillet 2024 – plus spécifiquement la première semaine de juillet 2024 – connaît un climat typiquement belge, celui dont nous étions habitués dans notre ancien climat. Sur ces 7 jours à Uccle, avec une moyenne de température de 15,9°C, un total de précipitations de 8 mm et une insolation de 33h31, on peut typiquement parler d’une circulation atlantique « molle », avec du temps frais et peu ensoleillé, mais avec des pluies pas très abondantes. Ailleurs dans le pays, la situation n’est guère différente. Les précipitations sont certes assez fréquentes, mais plutôt faibles, sauf ici et là où l’on relève quelques quantités plus importantes dans les pluviomètres. Les premiers jours du mois, le ciel était occupé soit par des nimbostratus distillant pluies et bruines, soit par un mix de cumulus et de stratocumulus, éventuellement surmonté d’altocumulus, avec l’une ou l’autre averse en cas de convection plus forte. 2 juillet 2024, source : BMCB 7 juillet, source : webcam d’Anvers Par la suite, notre pays s’est essayé au beau temps, mais sans vraiment y réussir. Après des matins parfois prometteurs, les cumulus se formaient cependant en grand nombre, évoluant parfois en cumulonimbus avec averses ou s’étalant en stratocumulus avec une ambiance à nouveau plus grise. En outre, la présence de cirrus et d’altocumulus, voire d’altostratus nous signalait souvent la proximité des perturbations atlantiques. L’Anticyclone des Açores, avec des extensions vers des latitudes plus élevées sur l’Océan, avait placé notre pays sous des courants d’ouest à nord-ouest, avec le passage régulier de perturbations frontales, parfois sous une forme affaiblie comme c’est souvent le cas en été. En d’autres termes, la fraîcheur avec des maxima souvent compris entre 17 et 22°C en plaine, et la persistance d’une certaine humidité après une longue période déjà trop pluvieuse, faisait dire à de nombreux Belges que l’été était une nouvelle fois « pourri ». 8 juillet 2024 Tous les bulletins météo parlent d’un grand coup de chaleur pour le lendemain, mais on n’en ressent pas encore grand-chose en ce 8 juillet. Avec des maxima le plus souvent situés entre 21 et 23°C en plaine, on parvient à peine à se hisser jusqu’aux normes saisonnières. Le beau temps stable n’est pas encore de la partie non plus. Le matin certes, le soleil brille généreusement, surtout sur l’est du pays, avec cirrus et altocumulus, mais en journée les cumulus redeviennent fort nombreux, une fois de plus, et le ciel qui se voile en plus d’altostratus l’après-midi. Les cumulus persistent d’abord sous l’altostratus, puis s’étalent en stratocumulus. Sur l’ouest et le centre du pays, les cirrus et des bancs étendus d’altocumulus sont plus nombreux, ce qui signifie que les éclaircies, avant l’arrivée des altostratus, sont moins marquées dans cette partie du pays. Il faut savoir, en effet, qu’on n’est pas à l’aube d’une période de beau temps chaud, mais juste d’une remontée d’air chaud sous influence dépressionnaire. C’est une zone de basse pression au nord-ouest de l’Espagne qui nous envoie un front chaud peu actif, mais accompagné de ses nuages frontaux stratiformes. Ce front est dédoublé d’un autre front chaud, qui traversera le pays en fin de nuit. 00h Z, nuit du 8 au 9 juillet 2024. Source : KNMI 9 juillet 2024 Revenons à ces deux fronts chauds. L’air avant le premier front chaud était plutôt froid pour la saison, avec 6°C seulement au niveau 850 hPa. Entre les deux fronts, la température à ce niveau monte à 10°C, ce qui correspond aux normes saisonnières. Derrière le deuxième front chaud, la température atteint 14-15°C au niveau 850 hPa, ce qui est assez chaud sans plus. En surface par contre, les vents de sud-est amènent une bouffée d’air qu’on peut qualifier de très chaud, surtout à l’est du pays, ce qui fait que nous nous retrouvons dans une situation d’instabilité très marquée. L’après-midi, une bulle d’air chaud va faire monter la température, très temporairement, vers les 16-17°C, toujours au niveau 850 hPa, pendant que la température au niveau 500 hPa tend à légèrement baisser. Ceci a deux conséquences : la formation d’une inversion couvercle, sans doute vers les 1200-1300 mètres d’altitude, et la déstabilisation des couches moyennes de l’atmosphère. Cela signifie que nous avons : - Une couche très instable entre 0 et 1200-1300 mètres au-dessus d’un sol surchauffé. - Une faible inversion couvercle (1 à 2°C) vers les 1200-1300 mètres. - Un air à nouveau instable entre les niveaux 850 et 500 hPa. À cela s’ajoute une bonne humidité résiduelle liée aux sols détrempés par la longue période à précipitations excédentaires que nous venons de connaître. Nous avons donc une situation explosive en termes orageux. À cela s’ajoutent de bons cisaillements du vent, avec un flux de sud-est en surface et de sud-sud-ouest vers 3000 mètres d’altitude, au niveau 700 hPa. Voyons à présent le déroulement de la journée de ce 9 juillet. Sur l’est et le sud du pays, le temps est très beau, avec des cirrus (dont l’un ou l’autre spissatus épais) et des altocumulus, parfois lenticulaires. En après-midi, de très petits cumulus se forment, notamment sur les reliefs, juste en dessous de l’inversion. Beausaint à 16h Les températures, encore fraîches, voire très fraîches le matin, montent rapidement en fin de matinée. La bulle d’air chaud, déjà bien présente sur la France vers 10-11 heures, atteint un peu plus tard l’est de notre pays, avec surtout un bon des températures à partir de midi. En après-midi, le seuil des 30°C est dépassé pratiquement partout dans les vallées, ainsi que sur les plaines du Limbourg. On note 32,0°C à Koersel ; 31,8°C à Bierset ; 31,5°C à Kleine Brogel ; 31,3°C à Genk ; 30,9°C à Strée-Huy ; 30,2°C à Buzenol et 30,1°C à Dourbes. Sur le Plateau Ardennais, on observe 28,2°C à Saint-Hubert et sur le Plateau Fagnard, 26,9°C à Mont-Rigi. Ces maxima sont généralement de 8 à 9°C supérieurs à ceux de la veille. Cette ambiance très estivale, accompagnée d’un vent de sud-est, dure le temps d’un après-midi sur ces régions de l’est et du sud du pays. En soirée, des orages parfois violents et surtout impressionnants mettent fin à la chaleur. Un arcus est visible dans le ciel liégeois peu après 19 heures. Dans le ciel ardennais à Beausaint, c’est le cas à 20 heures. Dans les Cantons de l’Est, l’arcus arrive vers 21 heures. Les précipitations sont très variables d’un endroit à l’autre, de quelques millimètres seulement à une bonne vingtaine de millimètres. Au centre du pays, l’épisode estival est encore plus court et les orages, encore plus violents. On observe certes de belles éclaircies, mais les passages nuageux sont plus importants dès le début de la journée, sous forme de cirrus, parfois épais ou tendant à cirrostratus, ainsi que des bancs d’altocumulus, qui se développent en castellanus l’après-midi. En dessous, quelques petits cumulus humilis. Les températures frisent les 30°C, mais baissent souvent dès le milieu de l’après-midi. Les franges sud et est du centre du pays dépassent légèrement ce seuil de 30°C, avec 31,2°C à Gembloux ; 30,3°C à Beauvechain et 30,2°C à Gosselies. Du côté de Bruxelles, on note 29,3°C à Uccle et 29,9°C à l’aéroport. Castellanus dans le ciel de Braine-l’Alleud à 15h50 Le cas de Bruxelles : une cellule isolée, formée en France à l’avant de la ligne orageuse, se dirige droit vers Bruxelles en gagnant en puissance, sous la forme d’une supercellule. Cette cellule déverse 19,6 mm sur Uccle en un quart d’heure seulement (peu après 16 h). On y observe par ailleurs une rafale de 102 km/h. Ce vent varie très fort d’un endroit à l’autre. À l’aéroport par exemple, le vent monte à 76 km/h sur la piste 07 L (gauche) et à 98 km/h sur la piste 25 R (droite). La température, quant à elle, perd 10°C en 10 minutes, entre 16h05 et 16h15, en passant de 28,4°C à 17,7°C (Bruxelles-Ixelles *). À Bruxelles-Evere, cette chute intervient entre 16h15 et 16h25, avec une température passant de 27,3°C à 19,6°C sous des précipitations un peu moindres. Ci-dessous, la supercellule bruxelloise arrivée à l’aéroport. Source : NoodweerBenelux ; crédit photo : Mike De Schrijver Après le passage de la supercellule, le ciel s’éclaircit quelque peu, mais bientôt l’arcus d’un nouvel orage apparaît dans le ciel bruxellois. Bruxelles (Schaerbeek) à 17h40 Il s’agit de la bordure orientale d’un intense système orageux qui avait fait rage sur l’ouest et le nord du Hainaut. Il n’en est pas moins que cet orage déversera à nouveau 19,8 mm sur la station d’Uccle, cette fois-ci sur une heure et demie environ. La température, qui était remontée à 23°C entre les averses, rechute à 18°C. Au total, en comptabilisant aussi les précipitations intermédiaires, Uccle arrive à 41,8 mm. Ixelles fait encore mieux avec 54,1 mm (32,0 mm dont 30,2 mm en 15 minutes pour le premier orage ; 19,7 mm pour le second). Le nord-est de la ville (Evere) est un peu moins impacté, avec un total de 29,0 mm (15,0 mm pour le premier orage ; 12,2 mm pour le second). L’aéroport de Bruxelles-National, encore plus au nord-est, n’enregistre plus que 13,0 mm au total. Les vents de sud-est, au passage de la première ligne de convergence en milieu d’après-midi, s’orientent brusquement au nord-ouest, voire au nord. Ensuite, les vents deviennent variables en gardant une prédominance ouest à nord. Par la suite, nous aurons l’outflow de différents orages, avec des vents très variables en direction. Sur le Hainaut, des pluies orageuses sont parfois déjà observées dès le début de l’après-midi, mais les orages menaçants, avec arcus, n’arrivent qu’en fin d’après-midi (milieu d’après-midi sur l’extrême ouest du Hainaut) ou en début de soirée. Du côté de Charleroi, les orages se font violents, avec fortes rafales, entre 18 et 19 heures. Ci-dessous, Ham-sur-Heure à 18h40 (crédit photo : Attila Fekete). Au nord de la Belgique, on relève aussi quelques grosses cotes de précipitations, comme à l’aéroport d’Anvers-Deurne (20,0 mm) et à Retie (26,5 mm). À noter que dans le cadre de la vague orageuse du début de soirée, le vent monte jusqu’à 96 km/h à Sint-Katelijne-Waver. L’ouest de la Belgique connaît peu ou pas d’orages. La ligne de convergence des vents y passe déjà avant midi, si bien que les vents de sud-est tournent rapidement au sud-ouest, puis à l’ouest et au nord-ouest avant de devenir faibles et variables. La bouffée d’air chaud n’arrive donc pas vraiment jusque là, avec des températures maximales plus modestes, de l’ordre de 22 à 24°C au littoral et autour de 27°C du côté de Lille, Courtrai et Gand. Ces maxima sont atteints dès midi au littoral, et en début d’après-midi sur l’ouest du Hainaut et sur la Flandre Orientale. Au littoral, le ciel est souvent très nuageux à couvert, avec altocumulus rapidement suivis de stratocumulus, au sein desquels on rencontre des cumulonimbus enclavés avec averses. La station de Middelkerke arrive à un total de précipitations de 16,5 mm. Par moment, le ciel se montre menaçant, avec des stratocumulus particulièrement sombres. Il s’agit de stratocumulus castellanus, avec d’importants bourgeonnement au-dessus de la couche, pouvant évoluer jusqu’au cumulonimbus. La différence par rapport à un cumulonimbus normal réside dans le fait que la convection ne démarre pas depuis le sol. Ci-dessous, des stratocumulus sombres, ayant formé un cumulonimbus enclavé et photographiés par la webcam d’Oostduinkerke à 18h31. Note : * La station privée d’Ixelles (Bruxelles), située à l’angle de l’avenue Louis Lepoutre et la rue Alphonse Renard, est très en ligne avec la station officielle d’Uccle (Bruxelles) et donc fiable. 13 h : 27,2°C (Ixelles) ; 27,4°C (Uccle) 14 h : 28,1°C (Ixelles) ; 28,3°C (Uccle) 15 h : 28,7°C (Ixelles) ; 28,7°C (Uccle) 16 h : 28,1°C (Ixelles) ; 28,8°C (Uccle) 17 h : 21,7°C (Ixelles) ; 21,9°C (Uccle) La différence à 16 h est manifestement liée à la position de l’orage. La station privée d’Evere a également été vérifiée quant à sa fiabilité. 10 et 11 juillet 2024 À l’arrière des perturbations orageuses, dans l’air post-frontal, le temps tente une nouvelle fois de redevenir beau. Mais l’anticyclone océanique reste trop éloigné et nous ne sommes toujours pas débarrassés de l’influence dépressionnaire. Cela se voit aussi dans notre ciel. Après des débuts prometteurs les deux jours, les cumulus se reforment rapidement et deviennent nombreux. Certains se développent jusqu’à l’averse (le 10), d’autres tendent vers l’étalement, avec ciel par moment très nuageux. Les températures, par contre, sont agréables et souvent comprises entre 22 et 24°C en plaine. Très localement, les 25°C sont encore atteints le 10. À nouveau des pluies intenses le 12 juillet 2024 Le front froid, bien au sud de nos régions les 10 et 11, commence à remonter sous forme de front chaud le soir du 11 et la nuit suivante, dans le cadre d’une ondulation qui donne naissance à une petite dépression sur le nord-est de la France. Les totaux pluviométriques sont importants. Au relevé de 8 heures, Uccle a déjà 18,1 mm dans son pluviomètre. Ce chiffre passe à 31,3 mm à 10 heures. En province de Namur, les précipitations sont plus importantes encore. Toujours à 10 heures, on relève 42,9 mm à Crupet, 37,5 mm à Croix-Scaille, 35,7 mm à Beauraing et 34,7 mm à Ciney. Modave, à l’extrême-ouest de la province de Liège, reçoit 36,0 mm. Nimbostratus au-dessus de Cerfontaine à 10h20 Conclusion Si l’on considère uniquement la première décade de juillet, on peut dire qu’elle entre parfaitement dans le schéma de nos étés d’antan. La moyenne des températures et de l’insolation étaient déficitaires pour une pluviosité très variable d’un endroit à l’autre. Dans le temps, environ deux décades sur trois, par mois d’été, avaient cette caractéristique tandis qu’une décade mieux ensoleillée et plus chaude faisaient remonter les moyennes du mois. Ce qui fait que pour le commun des Belges, les étés de notre pays étaient pourris. À la grosse louche, on peut dire qu’un été sur cinq environ était considéré comme beau. Si l’on rajoute le 12 juillet au regard des précipitations, on voit bien que la période ne cadre plus avec notre ancien climat, mais bien avec notre climat actuel modifié. Ça fait des mois et des mois qu’il pleut beaucoup trop, et juillet semble à présent suivre la même tendance. L’excès ou le déficit des précipitations, surtout en été, est devenu l’élément clé à prendre en compte pour s’adapter à notre nouveau climat. L’alternance d’étés très secs et d’étés très humides est devenue la norme. Parfois cela se passe même au sein d’un même été. On se souvient de 2006, été littéralement coupé en deux, avec une canicule persistante en juillet et un temps parfaitement pourri, pluvieux et frais en août. En 2023, après une longue période sans la moindre pluie à Uccle, du 16 mai au 16 juin, les mois de juillet et août sont tous les deux excédentaires en termes de précipitations, avec plus de 100 mm tant en juillet qu’en août. Au niveau des températures, un été pourri, mais moins frais qu’il n’aurait dû être, se remarque moins qu’un été chaud qui est encore plus chaud qu’il ne l’était avant. Mais on l’a déjà vu au printemps dernier : malgré la pluie, l’humidité et un déficit d’insolation, la moyenne des températures parvient encore à être bien supérieure aux normes ce qui, il est vrai, n’a pas été fort ressenti. On ne connaît pas encore la suite de l’été 2024, mais on sait désormais que, même s’il continue à être pluvieux et peu ensoleillé, cela ne signifie pas nécessairement qu’il sera en dessous des normes au niveau des températures.
  10. SANS TRANSITION : D’UNE CIRCULATION ATLANTIQUE À UNE CIRCULATION SAHARIENNE L’arrivée de l’air chaud, en ce 6 avril 2024, a été très brusque, mais parfaitement prévue depuis plusieurs jours. Le timing y est, et aussi la précision des températures, au degré près. Chapeau pour les prévisionnistes. Pour le simple observateur du ciel par contre, rien n’annonçait ce revirement du temps. Le 4 avril, nous étions encore en plein dans l’air maritime, avec humidité, pluies et températures proches des normes saisonnières. Revenons sur la météo qui a dominé les 4, 5 et 6 avril 2024. 4 avril 2024 Depuis la veille déjà, les dépressions se succèdent sur l’Océan, et abordent l’Europe en remontant vers le nord-est, en passant par l’Angleterre et en se dirigeant vers le sud de la Norvège via la Mer du Nord. En ce 4 avril, une petite dépression est justement en train de traverser la Mer du Nord avec un système frontal qui s’éloigne vers le Danemark et la Pologne, tandis qu’un autre système frontal, à secteur chaud assez ouvert et associé à une autre dépression, traverse notre pays en fin de nuit et le matin. Ensuite nous nous retrouvons dans de l’air post-frontal, mais jamais très loin des fronts. Source : KMNI Le matin commence sous un ciel sombre et une pluie qui tombe dru. Le nimbostratus fait ensuite place à des stratocumulus en rouleaux, assez tourmentés avant de se transformer en cumulus et en cumulonimbus. Stratocumulus dans le ciel de Braine-l’Alleud à 10 heures Les averses sont parfois fortes et s’accompagnent de l’un ou l’autre coup de tonnerre. Les précipitations, par endroit, dépassent 10 mm pour même atteindre 32,8 mm à Gosselies et 23,3 mm à Stree (Huy). Le vent est de la partie aussi, avec des rafales jusqu’à 80 km/h sur l’ouest du pays l’après-midi. Les températures sont douces le matin dans le secteur chaud, avec 12°C en plaine et 8 à 9°C sur les hauteurs, mais n’appellent pas de commentaires particuliers en journée, avec des maxima se situant le plus souvent entre 15 et 16°C en plaine et entre 10 et 11°C sur les hauteurs. En soirée, d’épais cirrus annoncent déjà la perturbation suivante, associé à la dépression « Olivia », loin au large de l’Irlande et qui prendra un autre chemin que les dépressions précédentes. 5 avril 2024 La dépression « Olivia » remonte vers le nord-est en restant au large des Îles Britanniques. Elle est suivie par une autre dépression, du nom de « Kathleen », par laquelle elle se fait rattraper et absorber pour finir. Source : KMNI En matinée, notre pays se retrouve à nouveau dans un secteur chaud tandis que l’après-midi, l’air post-frontal ne concerne que les basses couches, tellement que le front reste proche. Il en résulte un ciel voilé de cirrostratus à tendance altostratus avec bancs d’altocumulus, suivi de stratocumulus évoluant en cumulus ballonnant quelque peu, mais rapidement arrêtés par l’air plus chaud persistant en altitude. Le voile de cirrostratus accompagnés d’altocumulus ne s’effiloche que très temporairement vers la mi-journée. Il en tombe encore quelques précipitations, mais généralement inférieures à 1 mm. Cumulus atteignant temporairement le stade mediocris sous un voile de cirrus / cirrostratus dans le ciel de Braine-l’Alleud à 16 heures Au littoral, les éclaircies – quoique temporaires aussi – sont plus franches avec un ciel bien bleu une partie de l’après-midi. L’air, bien qu’encore maritime, est déjà nettement plus doux avec des maxima de 18 à 19°C en plaine et de 13 à 14°C sur les hauteurs. Le vent, quant à lui, est toujours bien présent, avec des rafales souvent supérieures à 50 km/h, et parfois supérieures à 60 km/h. 6 avril 2024 La dépression « Kathleen », fort profonde, se trouve avec un noyau un peu inférieur à 960 hPa à l’ouest de l’Irlande le matin. Elle remonte vers le nord et se trouve le soir, avec une pression inférieure à 955 hPa, au nord-ouest de l’Irlande. Cette dépression, associée à des hautes pressions sur l’Italie et les Balkans, nous envoie une bouffée d’air tropical direct d’origine saharienne, avec des vents parfois soutenus et des rafales dépassant les 50 et parfois les 60 km/h, voire même les 70 km/h sur l’ouest du pays. En raison de poussières sahariennes présentes surtout entre 5500 et 6500 mètres d’altitude, le ciel n’est cependant pas vraiment clair. Source : KNMI Ce voile à la fois poussiéreux et nuageux empêche les températures de pulvériser les records pour une première décade d’avril (ce qui a d’ailleurs été bien intégré dans les prévisions aussi). Mais avec des valeurs de 23 à 25°C en plaine (21°C au littoral) et de 20 à 21°C sur les hauteurs, on est cependant très près de ces records. À Uccle, avec 24,1°C, on reste juste en deçà du record de 24,3°C du 4 avril 1985, record qui avait égalé le record précédent de 1946. Ici et là, des records sont quand même (légèrement) battus, comme par exemple à Florennes avec 23,8°C (précédent record : 23,0°C le 2 avril 2011) ou égalés comme par exemple à Beauvechain avec 24,2°C (24,2°C aussi le 8 avril 2020). Il faut savoir que l’écart entre les records de la première décade d’avril se tient dans un mouchoir de poche. Des températures très similaires ont été observées les 3 et 4 avril 1946, le 9 avril 1969, le 4 avril 1985, le 10 avril 2009, les 2 et 6 avril 2011, le 9 avril 2017, le 8 avril 2018 et le 8 avril 2020. Ci-dessous, la liste des températures du 6 avril 2024 (entre parenthèses, les records et la longueur de la série climatologique) Dunkerque (FR) : 21,2°C (record : 22,4°C les 06/04/1961 et 02/04/2011, série [utilisée] depuis 1953) Middelkerke : 21,1°C (record : 22,0°C le 09/04/2017, série disponible depuis 1973) Munte / Semmerzake : 22,8°C (record : 23,2°C le 06/04/2011 – série disponible depuis 1973) Lille (FR) : 22,7°C (record : 24,9°C le 08/04/2020, série [utilisée] depuis 1953) Gosselies : 23,3°C (record : 24,9°C le 08/04/2020, série disponible depuis 1984) Uccle : 24,1°C (record : 24,3°C le 04/04/1985, série disponible depuis 1968) Zaventem : 23,8°C (record : 23,9°C le 08/04/2020, série disponible depuis 1984) Beauvechain : 24,2°C (record : 24,2°C le 08/04/2020, série disponible depuis 1953) Sint-Katelijne-Waver : 24,9°C (précédent record : 24,3°C le 08/04/2020, série disponible depuis 1983) Deurne : 24,3°C (record : 25,0°C le 08/04/2020, série disponible depuis 1953) Stabroek : 23,7°C (record : 24,7°C le 08/04/2020, série disponible depuis 1976) Koersel : 25,4°C (record : 26,2°C le 08/04/2020, série disponible depuis 1983) Kleine Brogel : 25,4°C (record : 26,6°C le 10/04/2009, série disponible depuis 1953) Maastricht (NL) : 24,4°C (record : 24,6°C les 10/04/2009 et 08/04/2020, série [utilisée] depuis 1953) Bierset : 24,4°C (précédent record : 24,0°C le 09/04/1969, série disponible depuis 1953) Spa : 22,0°C (record : 22,0°C le 08/04/2020, série disponible depuis 1982) Mont-Rigi : 20,3°C (record : 21,2°C le 10/04/2009, série disponible depuis 1953) Elsenborn : 21,0°C (record : 22,5°C le 10/04/2009, série disponible depuis 1987) Florennes : 23,8°C (précédent record : 23,0°C le 02/04/2011, série disponible depuis 1976) Hastière : 25,8°C (25,3°C le 08/08/2018, série incomplète débutant en 1977) Saint-Hubert : 20,5°C (record : 20,7°C le 06/04/1961, série disponible depuis 1953) Luxembourg-Findel (LU) : 24,1°C (précédent record : 23,4°C les 06/04/1961, série [utilisée] depuis 1953) Dans nos pays voisins, c'est parfois une tout autre histoire, avec des records littéralement pulvérisés. La température est montée jusqu’à 29,0°C à Colmar et à Strasbourg (FR) , et 27,3°C à Stuttgart (DE). On note aussi 28,8°C à Innsbruck (AT), tout comme à Bâle (CH). Le temps est resté fort voilé sur la Belgique avec d’épais cirrus spissatus évoluant parfois en cirrostratus ou en altostratus translucidus. Ces nuages se sont mêlés à une petite grisaille générale liée à la couche de sable du Sahara, dont les grains ont joué à leur tour le rôle de noyaux de condensation, favorisant en retour la persistance de ces cirrus / cirrostratus / altostratus. Quelques éclaircies plus marquées étaient présentes le matin, et parfois toute la matinée comme au-dessus de l’Ardenne. Ciel voilé et poussiéreux au-dessus d’Uccle vers 18h30 À noter que sur l’est de la France, même si des cirrus et une petite tendance poussiéreuse étaient présentes aussi, le meilleur ensoleillement a permis aux températures d’être aussi exceptionnelles. 7 avril 2024 Lent retour vers une situation (un peu) plus normale. Mais d’abord, les records qu’on n’a souvent pas eus pour la journée du 6 avril, on les a pour la nuit du 6 au 7 avril. Par endroit, la température nocturne n’est même pas descendue en dessous de 15°C, comme par exemple à Kleine Brogel, Koersel, Sint-Katelijne-Waver et La Hestre. C’est tout à fait exceptionnel pour un début d’avril. Pour certaines stations, nous disposons d’observations synoptiques (reprenant le minimum de la nuit entre 20h la veille et 8h) depuis 1982. À Kleine Brogel, la température n’est pas descendue en dessous de 15,7°C, ce qui pulvérise le précédent record d’une 1re décade d’avril, qui était de 13,5°C le 5 avril 1985. D’autres stations ont également établi un record : Uccle : 14,3°C (précédent record : 13,3°C les 2 avril 2004 et 7 avril 2014) Zaventem : 14,0°C (précédent record : 12,6°C le 2 avril 2004) Bierset : 14,0°C (précédent record : 13,1°C le 2 avril 2004) Spa (aérodrome) : 12,8°C (précédent record : 12,5°C le 7 avril 2011) Florennes, avec 13,3°C, est reste un peu en deçà du record de 13,7°C, établi le 7 avril 2011. Le passage d’un front froid a nettoyé l’air du sable saharien sur l’ouest du pays pendant que le sable s’est plutôt maintenu sur l’est, où le front s’était arrêté avant de revenir sous forme de front chaud. C’est donc au littoral que le ciel resté le plus bleu, avec de rares cirrus et quelques cumulus humilis. Ce n’est qu’en fin d’après-midi que le ciel s’est voilé de cirrostratus et altostratus, avec des bancs de stratocumulus. Au centre du pays, le ciel était bien nettoyé en matinée aussi, avec quelques cirrus et des cumulus humilis, mais le ciel s’est progressivement couvert de cirrostratus et d’altostratus l’après-midi, avec altocumulus et stratocumulus. Sur le centre-sud et le centre-est, les éclaircies de la matinée étaient déjà bien moins développées. Sur la partie sud-est et sud du pays, le ciel est resté sablonneux et voilé toute la journée, avec essentiellement des cirrostratus doublés d’altocumulus et de stratocumulus, tandis que quelques cumulus ont pu se former dans la mince couche d’air post-frontal arrivée jusque là. Webcam MB – Beausaint – 7 avril 2024 à 16h Au nord-est et à l’est du pays, il y a surtout eu des cirrus épais et cirrostratus, avec bancs d’altocumulus et stratocumulus (parfois avec castellanus et même des formations lenticulaires), mais sans cumulus. C’est dans cette dernière région qu’il a fait le plus chaud. L’air post-frontal n’a pas vraiment réussi à y pénétrer et les températures ont atteint 22,0°C à Koersel et 21,6°C à Kleine Brogel, ce qui reste beaucoup pour un début avril. Dans l’extrême est de l’Ardenne, il a fait presque aussi chaud que la veille, avec 21,8°C à Gouvy (22,1°C le 6 avril). Das le restant du pays, l’air maritime post-frontal un peu plus frais a quelque peu fait baisser les températures, avec souvent des valeurs de 19 à 20°C. La nuit suivante et le lendemain, la tendance maritime, plus humide et plus fraîche, s’affirme un peu plus, mais les températures sont encore bien au-dessus des normes saisonnières. 8 avril 2024 La très relative tendance maritime plus fraîche et plus humide est de bien courte durée. Le front froid, qui en fin de compte n’a jamais réussi à traverser le pays tout à fait et qui est donc resté traîner du côté de la Gaume, remonte en journée sous forme de front chaud et replace le pays entier dans des conditions presque estivales. Presque partout, les maxima se situent entre 20 et 22°C, maxima souvent atteints en début de soirée. À ce moment, le front chaud est bien remonté vers le nord et notre pays se trouve en plein dans un large secteur chaud d’une nouvelle perturbation frontale associée à la dépression « Pierrick ». Des convergences pré-frontales se sont formées dans ce secteur chaud, comme on peut le voir sur la carte ci-dessous. Nous voilà dans une situation orageuse typiquement estivale bien avant l’heure. Source : KNMI Mais revenons d’abord sur l’historique de la journée. La matinée se passe effectivement sous une fraîcheur toute relative, avec une dizaine de degrés et un ciel assez voilé de cirrus et cirrostratus. En dessous, les stratocumulus évoluent progressivement en cumulus. En partie tout au moins car localement, les stratocumulus restent nombreux avec une atmosphère temporairement très grise. Ici et là, on note même quelques petites précipitations. L’après-midi toutefois, le temps devient beau partout, avec parfois quelques cumulus restants, et des altocumulus dont certains sont de type castellanus, ce qui témoigne de l’instabilité de l’air. À ce moment, un orage de nature supercellulaire évolue du côté de Bethune, passe à l’ouest de Lille et entre en Belgique du côté de Comines-Warneton avec de nombreux éclairs. Cet orage fusionne ensuite avec d’autres orages qui intéressent principalement la Flandre Occidentale et le Hainaut. Ils remontent ensuite vers le nord-est en s’affaiblissant. Les précipitations sont parfois intenses, mais de courte durée, si bien que les quantités totales ne sont pas très élevées, mais dépassent parfois 10 mm (13,8 mm à la Hestre). De fortes rafales sont également observées. Un peu au-delà de la frontière, l’anémomètre de Lille monte jusqu’à 87 km/h. Les températures, après ces averses et orages, baissent assez fort. Cette fois-ci, c’est la bonne, on est vraiment dans l’air frais. Pour quelques jours tout au moins. En attendant, cela clôture l’épisode chaud qui vient d’être décrit. Conclusion On prend les mêmes et on se répète : les brusques remontées d’air subtropical, voire saharien, ont toujours existé, mais ce sont leur fréquence et leur intensité qui commencent à vraiment inquiéter. En Allemagne, dans le Land de Bade Wurtemberg, on a même réussi à atteindre les 30°C un 6 avril, avec 30,1°C dans la région du Rhin, plus précisément à Ohlsbach, près d’Offenburg. Cela pulvérise même le record national allemand qui, pour une première décade d’avril, était de 27,7°C (7 avril 2011 à Rheinfelden). À la station même d’Ohlsbach, les 30,1°C ont littéralement balayé le précédent record, qui était de 27,0°C (8 avril 2018) Autres records pulvérisés en Allemagne : Freiburg : 29,8°C (précédent record : 27,8°C le 06/04/1961) Emmendingen-Mundingen : 29,5°C (précédent record : 27,1°C le 07/04/2011) Lahr : 28,8°C (précédent record : 26,7°C le 06/04/1961) Stuttgart-Schnarrenberg : 27,3°C (précédent record : 25,3°C le 06/04/1961) Munich centre : 27,1°C (précédent record : 25,2°C le 07/04/2011) Munich aéroport : 26,7°C (précédent record : 24,8°C le 04/04/1953) Münster-Osnabrück : 26,4°C (précédent record : 24,3°C le 08/04/2018) En France aussi, on trouve des records pulvérisés : Bâle-Mulhouse : 29,9°C (précédent record : 26,7°C le 07/04/2011) Colmar-Meyenheim : 29,0°C (précédent record : 26,8°C le 01/04/2021) Strasbourg-Entzheim : 29,0°C (précédent record : 27,4°C les 06/04/1961 et 07/04/2011) Cela se passe de commentaire…
  11. cumulonimbus

    Complètement oublié...

    11 MARS 1981 – PHÉNOMÈNE BIZARROÏDE QUE L’HISTOIRE N’A PAS RETENU Le 11 mars 1981 au matin, notre pays est soumis au secteur chaud d’une perturbation, avec une poussée d’air exceptionnellement doux. Source : IRM Sous un vent fort (rafales jusqu’à 80 km/h) et de petites pluies ou bruines, les températures montent très haut à 7 heures du matin. Les 17°C sont atteints voire dépassés en de nombreux endroits. À Geel, on monte jusqu’à 17,2°C pendant qu’on atteint 17,0°C notamment à Angleur, Genk et Sint-Katelijne-Waver. Sur l’ouest des plaines, on observe généralement 15 à 16°C tandis qu’on atteint 16 à 17°C sur le centre et l’est des plaines. Dans l’Entre-Sambre-et-Meuse, les températures oscillent entre 14°C sur le plateau et 16°C dans les vallées. Source : IRM Pour certaines localités, on n’est pas si loin des extrêmes pour la saison (à l’époque) alors qu’il n’est que 7 heures du matin. En journée cependant, les températures ne montent plus, tendent même à descendre quelque peu, si bien que les maxima sont atteints en début de matinée. La pointe maximale est de 17,7°C à Dourbes, suivie d’Uccle avec 17,2°C. Cette douceur se décale ensuite vers l’Allemagne et l’est de la France où, grâce à l’heure plus avancée, des valeurs encore plus élevées sont observées. À 15 heures, on mesure 18,4°C à Cologne ; 19,1°C à Bonn et 20,2°C à Stuttgart. Une heure plus tard, on monte même à 22°C à Colmar. Un phénomène similaire se reproduit le 4 mars 1998, avec à nouveau des températures de 15 à 17°C le matin partout en plaine. Cette fois-ci aussi, la douceur se renforce en se décalant vers l’est et le sud-est en journée, avec 22°C à Strasbourg et à Colmar. En 1977 et en 2000, c’est même en décembre qu’on observe de telles douceurs le matin, avec 16,8°C à Kleine Brogel au matin du 24 décembre 1977 et 16,7°C au matin du 8 décembre 2000 à Sint-Katelijne-Waver. En 1977, la douceur ne s’ accentue en se décalant en journée vers l’est ; en 2000 par contre, certaines localités de France, de Suisse, d’Autriche et d’Allemagne (Bavière) connaissent des températures temporairement très élevées sous effet de foehn. Feldkirch (AT) monte à 20,7°C, Oberstdorf (DE) à 19,8°C et Chambéry (FR) à 19,5°C.
  12. 15 FÉVRIER 2024, DES TEMPÉRATURES REMARQUABLES, MAIS PAS EXCEPTIONNELLES Le 15 février 2024, un double front chaud nous place dans un air particulièrement doux pour la saison, avec des valeurs de 16 à 17°C sur une bonne partie du pays. Le premier front chaud traverse notre pays durant l’après-midi du 14 février, le second, aux petites heures du 15 février. Source : KNMI Le premier front chaud s’accompagne de pluies et de bruines, localement assez abondantes (7 mm à Gosselies entre 7 et 19h), avec des températures maximales qui, le 14 février, se situent entre 12 et 13°C en plaine et entre 8 et 10°C sur les hauteurs. Ces températures ne baissent pratiquement pas durant la nuit du 14 au 15 février. Le second front chaud s’accompagne également de pluies et de bruines, mais qui se concentrent essentiellement sur le nord du pays (6 mm à Stabroek entre 19 et 7h). Le ciel est souvent nuageux à très nuageux avec des bancs, parfois importants, de stratocumulus et altocumulus sous un voile de cirrostratus assez épais, à tendance altostratus translucidus. Ce voile s’effiloche parfois et, quand cela se produit en l’absence des stratocumulus et/ou altocumulus, le soleil peut faire quelques apparitions. Ces éclaircies ne sont cependant pas assez larges pour faire véritablement exploser les températures. On notera que certains de ces altocumulus présentent un caractère floccus, voire castellanus. Le matin, l’instabilité est même suffisante pour générer quelques cumulonimbus sur l’extrême nord du pays. Webcam MB – Beausaint – 15 février 2024 à 10h En Basse et Moyenne Belgique, les températures passent la barre des 15°C souvent autour de midi, mais ne montent pas tellement plus haut en après-midi. C’est vers 15 heures qu’il fait le plus chaud, avec des relevés, à ce moment, de 17,0°C à Sint-Katelijne-Waver et de 16,8°C à Zaventem et à Stabroek. C’est beaucoup, mais pas exceptionnel pour une deuxième décade de février. En 2019, on monte bien plus haut. Le 15 février de cette année-là, avec un soleil bien plus généreux sous un ciel serein, on atteint 18,1°C à Uccle et jusqu’à 19,1°C à Angleur. Quelques régions, comme l’extrême sud et l’extrême ouest du pays, souffrent cependant d’une inversion qui se résorbe mal avec des maxima qui n’arrivent pas à 15°C. Notons encore qu’à Uccle, on observe du 14 au 18 février 2019 une extraordinaire série de cinq jours consécutifs avec un maximum ≥ 15°C. À la fin du mois, ce sont même les 20°C qui sont dépassés avec 20,2°C le 26 février. Le lendemain, on atteindra même 22,1°C à Hastière et 22,0°C à Dourbes. Des températures très élevées sont aussi notées le 14 février 1998 avec 18,6°C à Dourbes et 18,5°C à Hastière. Uccle, ce jour, n’atteint « que » 16,5°C, mais montera jusqu’à 17,2°C le lendemain, 15 février. Stavelot, ce jour-là, affichera un remarquable 18,3°C. Le record décadaire d’Uccle appartient au 20 février 1990 avec 18,3°C. Des valeurs plus élevées sont notamment mesurées à Kleine Brogel (19,3°C), Gorsem (19,0°C), Deurne (18,8°C) et Koersel (18,7°C). Plus loin dans le temps, nous avons l’extraordinaire (pour l’époque) 14 février 1961 où, sous un grand soleil et quelques cirrus et altocumulus lenticularis, les observations synoptiques donnent 18,2°C à Kleine Brogel, 17,9°C à Deurne et 17,8°C à Uccle. Cette fois-là encore, il n’y en a pas pour tout le monde. À Virton, l’inversion reste coriace et le thermomètre ne dépasse pas 14,6°C. Enfin une valeur de la première décade de février, celle du 10 février 1899, reste la plus folle de toutes, avec 18,4°C à Uccle et des valeurs de 20-21°C à Liège et à Verviers, ainsi qu’au Barrage de la Gileppe.
  13. cumulonimbus

    Il y a 125 ans...

    IL Y A 125 ANS, L’EXTRAORDINAIRE 10 FÉVRIER 1899 Source : Met Office Parmi les vieux records de chaleur, il y en a bien peu qui font le poids par rapport aux actuels records, « boostés » par le réchauffement climatique. Mais quelques-uns sont restés, dont notamment le 10 février 1899. Sous un flux de sud-sud-ouest et un beau soleil après l’effilochement des cirrostratus* présents en matinée, les températures ont atteint 18 à 20°C à peu près partout dans le pays. * : les nuages, en 1899, étaient classés selon l’ancienne nomenclature de Luke Howard, comportant les cirrus, cirro-cumulus, cirro-stratus, cumulus, stratus, cumulo-stratus et cumulo-cirro-stratus. Transposition en nomenclature actuelle : Cirrus ≈ cirrus Cirro-cumulus ≈ cirrocumulus ou altocumulus Cirro-stratus ≈ cirrostratus ou altostratus translucidus Cumulus ≈ cumulus Stratus ≈ stratus ou altostratus opacus Cumulo-stratus ≈ stratocumulus avec ou sans cumulus ou fractus, ou nimbostratus si précipitations Cumulo-cirro-stratus ≈ cumulonimbus Ci-dessous, les températures observées dans le pays. Il s’agit de températures mesurées avec les instruments de l’époque, et souvent observées sous un abri ouvert (d’après L. Poncelet). Nous ne disposons malheureusement pas de métadonnées nous permettant de préciser quel abri a été utilisé où (sauf pour Uccle où c’était l’abri ouvert). Cependant, le rayonnement n’est pas encore très intense au début du mois de février, ce qui nous permet d’affirmer que les valeurs ci-dessous sont surestimées de 1°C au grand maximum. Voici les valeurs du 10 février 1899 telles que mesurées à l’époque : Liège : 21,4°C Flémalle-Haute : 21,2°C Verviers : 21,2°C Barrage de la Gileppe : 20,6°C Bourg-Léopold : 19,8°C Turnhout : 19,8°C Hechtel : 19,8°C Hasselt : 19,7°C Uccle : 18,7°C Le temps à Uccle a été décrit comme suit : « Le 10 février à 6 heures du matin, donc une heure avant le lever du soleil [à l’époque, l’heure belge était l’heure GMT], le thermomètre marquait le minimum de la nuit, soit 11,3°C. Deux heures plus tard, sous l’action de la chaleur solaire, il montait de 2°C (13,2°C), puis, des éclaircies s’étant produites dans le voile de cirro-stratus, il gagnait encore 1°C par heure (et même un peu plus) jusqu’à midi, moment de sa plus grande élévation. Le ciel se découvrait assez rapidement ensuite, et, à partir de 4 heures (coucher de soleil à 4 h. 48 m.), le rayonnement de la chaleur terrestre vers l’espace se déclarait assez énergiquement. Le maximum remarquable du 10 février a donc été la conséquence du minimum élevé de la nuit précédente, occasionné lui-même par des conditions spéciales d’état du ciel et de direction du vent régnant depuis deux jours ». A. Lancaster (« revue climatologique mensuelle », périodique « Ciel et Terre » de l’Observatoire Royal de Bruxelles). Notons enfin que des températures extraordinaires ont été également observées dans nos pays voisins, avec par exemple 22,0°C à Châteauroux (FR) ; 21,3°C à Besançon (FR) ; 20,7°C à Paris-Saint-Maur (FR) ; 20,4°C à Aix-la-Chapelle (DE) ; 19,6°C à Maastricht (NL) ; 19,6°C à Paris-Montsouris (FR) ; 19,2°C à Charleville-Mézière (FR) ; 19,0°C à Dunkerque (FR) ; 19,0°C à Münster (DE), 18,9°C à Londres (UK) ; 18,5°C à De Bilt (NL) et 18,3°C à Cambridge (UK). Au vu de ces données et tenant compte des remarques instrumentales formulées plus haut, on peut raisonnablement estimer que les températures en Belgique ont atteint 20 voire 21°C en région liégeoise, 19°C en Campine, 18°C en région Bruxelloise et 17°C au littoral (mais 18-19°C à l’ouest de la Côte Belge).
  14. 28 JANVIER 2024 : UNE JOURNÉE LOCALEMENT EXCEPTIONNELLE Alors que la deuxième décade de janvier 2024, avec –0,5°C de moyenne à Uccle, a été la deuxième plus froide sur les 30 dernières années, la troisième décade, avec 7,7°C, a été au contraire la deuxième la plus chaude sur ces mêmes 30 dernières années, toujours à Uccle. Au départ, les courants doux ont été humides avec la mise en place d’une circulation de sud-ouest entre des pressions le plus souvent hautes sur une vaste zone s’étendant de l’Espagne au sud de la Russie, tandis qu’une bonne activité dépressionnaire s’est développée sur l’Océan. Mais dès le 27 janvier, les hautes pressions s’étendent jusqu’à nos régions tandis que le 28 janvier, le placement des noyaux anticycloniques à l’est de nos régions nous place dans des courants tropicaux directs. Cet air chaud se fait surtout sentir en altitude. Dans la nuit du 28 au 29 janvier au-dessus de Beauvechain, la température s’élève à 15°C dans une couche d’air située entre 470 et 880 mètres d’altitude. On notera aussi les très exceptionnels 12°C relevés au niveau 850 hPa à 1590 mètres. Seul le 29 janvier 1966 a fait encore mieux avec 13°C, mais le niveau 850 hPa était situé plus bas, à 1390 mètres seulement. Si l’on ramène ces deux valeurs à une altitude standard de 1500 mètres, on peut dire que ces valeurs sont à peu de choses près équivalentes. Vers les 400-500 mètres d’altitude, c’est le 2 janvier 2022, avec 16°C, qui garde son record. En surface, en raison d’une inversion, la plupart des régions ne battent pas de records, avec des valeurs souvent comprises entre 11 et 14°C en plaine (13,1°C à Uccle), voire même 8 à 9°C sur l’ouest du pays, où le ciel est plus voilé. En Haute Belgique, les 10,5°C de Mont-Rigi sont une température très élevée pour les Hautes-Fagnes en janvier, même si l’on reste en-deçà du record (12,8°C le 17 janvier 1982). Mais c’est sur le versant nord des reliefs que les températures sont extraordinaires, avec des valeurs dépassant parfois 16°C. La cause : un pseudo-foehn. Source : blog d'Infoclimat C’est quoi, un pseudo-foehn ? Contrairement à un vrai foehn, qui décharge ses pluies sur un versant d’une chaine montagneuse et qui redescend, sec, sur l’autre versant en se réchauffant plus vite (adiabatique sèche), un pseudo-foehn est simplement un air doux situé sur un plateau au-dessus de l’inversion, qui en débordant de ce plateau colle un certain temps aux pentes et se réchauffe de 1°C par 100 mètres en descendant. C’est pourquoi les vallées et les contrebas de tels plateaux peuvent connaître, sur une assez mince frange, des températures très élevées. Dans le cas présent, l’air doux des Hautes-Fagnes (10,5°C à Mont-Rigi à 673 mètres) s’est retrouvé à 16,0°C à Membach-Baelen (252 mètres), soit un réchauffement de quelques 1,1°C par 100 mètres. Pourquoi tant ? Parce qu’en raison de la turbulence, un peu de l’air à 15°C (air « libre » en altitude) s’est mélangé à l’air collant à la pente, ce qui l’a rendu encore un peu plus chaud. La station de Gemmenich (Plombières) a fait encore un peu mieux, avec 16,1°C. Des stations comme Vaux-sous-Chèvremont et Chaineux sont également montées à 15°C. En plaine, le soleil trop faible n’a pas réussi à complètement résorber l’inversion. En Campine, la température est montée jusqu’à 13,8°C à Genk et 13,2°C à Koersel, mais seulement 9,9°C à Kleine Brogel. Dans la vallée de la Meuse, la température a atteint 13,2°C à Hastière et 14,0°C à Visé. Avec cela, le temps a été très beau, presque serein à l’est avec juste quelques cirrus, et plus voilé à l’ouest avec des cirrus plus épais.
  15. DEUXIÈME DÉCADE DE JANVIER 2024 : FROIDE AVEC UN ÉPISODE NEIGEUX SIGNIFICATIF DANS CERTAINES RÉGIONS 11 janvier 2024 Le 11 janvier se situe dans la prolongation des jours précédents : un temps beau mais froid. Les minima se situent le plus souvent entre –5 et –8°C dans tout le pays. Ponctuellement en Haute Belgique, on trouve des valeurs inférieures à –10°C. À l’opposé, en bordure immédiate de la mer, il gèle à peine avec –1°C à Zeebruges et –2°C à Dunkerque (mais déjà –5°C à l’aéroport de Middelkerke). Les températures ont d’abord quelque mal à remonter en matinée, mais passent ensuite à peu près partout la barre de 0°C l’après-midi. Pour finir, les maxima atteignent 3 à 4°C au littoral, mais aussi en Gaume, 3°C sur les Hautes-Fagnes et entre 0 et 2°C ailleurs. Le gel se maintient en journée sur une partie assez limitée de la Belgique, notamment sur le centre sud et le centre est du pays (–0,3°C à Beauvechain, –0,4°C à Ernage, –0,6°C à Gosselies, –0,8°C à Florennes, –0,9°C à Bierset). Temps beau et froid, mais sans neige, à Braine-l’Alleud Le temps est très beau avec un ciel serein. Au littoral cependant, des stratocumulus apparaissent dès l’après-midi. Ceux-ci se propagent ensuite sur le reste du pays, mais n’atteignent la plupart des régions qu’après le coucher du soleil (il s’agit alors souvent de stratus). On note alors un peu de bruine, qui devient verglaçante sur le centre et l’est du pays. 12 janvier 2024 Le temps reste anticyclonique, mais la masse d’air change. Après le passage de la faible occlusion qui nous a valu ces quelques précipitations en cours de nuit, l’air continental des jours précédents est remplacé par de l’air maritime en provenance de la Mer du Nord. C’est le dégel en Basse et Moyenne Belgique, mais on ne peut pas vraiment parler de douceur. Les maxima atteignent 6°C au littoral, 5°C en plaine sur l’ouest et 2°C en plaine sur l’est. Sur les reliefs par contre, il continue à geler même en journée. Le ciel est à présent couvert de stratus et stratocumulus (prédominance de stratus au sud, prédominance de stratocumulus au nord), avec brouillard à la clé en Haute Belgique. Une grande monotonie sur le pays, il n’y a qu’au littoral où les stratocumulus présentent un peu plus de variation. 13 janvier 2024 Le noyau de l’anticyclone se déplace de l’Océan vers la France avant de s’affaiblir. Les vents de surface souffle d’ouest à nord-ouest en mer et sur le littoral, et de sud-ouest à l’intérieur des terres. L’air acheminé reste humide et le ciel est couvert de stratus et de stratocumulus, distillant quelques petites bruines. Mais la douceur océanique ne parvient toujours pas à s’imposer. Les températures maximales ne dépassent guère 2 à 3°C en plaine et 4 à 5°C au littoral. En Haute Belgique, avec –2 à –3°C, les températures restent négatives toute la journée et les quelques précipitations qui tombent sont verglaçantes. 14 janvier 2024 On parle beaucoup de neige. On pensait d’abord à lundi (15 janvier), mais c’est de plus en plus mercredi (17 janvier) qui est pris comme point de mire. Les prévisions : « une perturbation ondulante (front polaire) remontera en cours de journée sur une large moitié sud du pays en donnant des chutes de neige faible à modérées de manière continue. Les cumuls pourront être assez importants notamment sur le relief. En cours d’après-midi et en soirée, il pourrait aussi donner ponctuellement des chutes de neige sur le reste du pays mais en plus faibles quantités. Enfin, dans cette configuration, une période de pluies ou pluies verglaçantes serait possible brièvement sur l’extrême sud du pays. » La question, c’est de savoir exactement où et combien. Le sud du pays est privilégié, mais on parle aussi du centre. « Wait and see », comme on dit dans ces cas-là. Ci-dessous, un exemple de prévisions : Source : Info Météo En attendant, le temps reste quelconque. Un front froid tente de traverser la Belgique, mais reste onduler sur l’ouest de notre pays. Le temps demeure désespérément gris sous les stratus. Quelques faibles chutes de neige donnent un blanchiment temporaire du sol. Sur les hauteurs, on note aussi du brouillard. Le littoral, situé à l’arrière du front, connaît une meilleure visibilité avec de vastes bancs de stratocumulus doublés par des cumulus. Il s’agit en fait d’un front froid « masqué », ce qui signifie qu’à l’arrière, il fait plus doux qu’à l’avant, dans les basses couches tout au moins. En bordure de mer, la température monte jusqu’à 6°C. À l’intérieur des terres, il fait par contre plus froid même que la veille, avec des maxima de 0 à 1°C en plaine et entre –3 et –5°C sur les hauteurs. Même si de nombreuses régions ont quelques traces de neige au sol, voire un léger saupoudrage, les endroits avec une vraie couverture neigeuse sont rares. Mont-Rigi vient d’acquérir une fine couche tandis que Sourbrodt est championne en la matière : depuis plusieurs jours, le sol y est au moins partiellement enneigé, et en ce 14 janvier, une couche complète s’y est reconstituée. 15 janvier 2024 On reste dans l’expectative de la neige. Et il en tombe déjà un peu, en ce 15 janvier. Le front froid a fini par passer et nous place dans une nouvelle poussée d’air polaire maritime. Comme la veille, ce côté maritime plus marqué de la masse d’air est à la base d’une petite remontée des températures. Sur l’ouest, où il n’y a pas eu de gelées nocturnes, les températures se stabilisent autour des 3°C, d’abord au littoral, puis sur toute la partie nord du pays vers midi. Mais sous les averses, ces températures redescendent et c’est bien souvent de la neige qui tombe. Sur l’ouest du pays, nous avons un véritable ciel de traîne avec cumulus et cumulonimbus. Plus vers l’est, les éclaircies se font plus larges, avec quelques altocumulus et stratocumulus, puis les cumulonimbus arrivent quand même avec, là, des averses de neige. À Braine-l’Alleud par exemple, une fine couche de neige est présente le matin, qui fond ensuite en grande partie avant de se reconstituer sous les averses de l’après-midi. Webcam MB – Braine-l’Alleud – 15 janvier 2024 à 16h30 Du côté de Liège, on observe une évolution similaire, avec 2 cm en fin de journée. Dans les Hautes-Fagnes par contre, c’est une véritable couche de neige qui se constitue, et qui finira par dépasser les 10 cm. 16 janvier 2024 La grande neige, où tombera-t-elle ? Essentiellement sur le sud, ou sur le centre du pays ? Les modèles ne concordent pas parfaitement. En attendant, la dépression Irène s’approche peu à peu, en restant à une latitude plutôt basse pour une dépression atlantique. Une partie au moins du pays devrait se retrouver au nord, et donc rester dans l’air froid. Source : KNMI Cela laisse d’abord notre pays dans de l’air polaire maritime, à présent favorablement influencé par de hautes pressions s’étendant de la France aux Balkans et se décalant vers l’est. La nuit a été froide avec des gelées généralisées (sauf en bordure immédiate de la mer). En Basse et Moyenne Belgique, les minima se situent le plus souvent entre –1 et –3°C, et vont jusqu’à –8°C sur les plus hauts plateaux. Les altostratus et altocumulus se dégagent en matinée et font place à un ciel très bleu avec des cumulus qui ne dépassent pas le stade d’humilis. Les températures maximales se situent autour de 5°C en bordure immédiate de la mer, entre 2 et 4°C en plaine et entre –3 et –4°C sur les hauteurs. Webcam MB – Braine-l’Alleud – 16 janvier 2024 à 14h Quand une fine couche de neige est présente, elle résiste assez bien au dégel de l’après-midi. En Campine, cette couche est parfois plus conséquente avec 5 cm à Koersel. Sur les Hautes-Fagnes, c’est déjà le vrai hiver avec 13 cm. Pendant la nuit, le ciel se couvre progressivement. À quand le vrai hiver pour les autres ? 17 janvier 2024 La neige est attendue pour aujourd’hui… Deux occlusions sont associées à la dépression Irène. L’une touche l’extrême nord de la France et l’autre passe un peu plus au sud. Source : KNMI Au niveau du sol, le contraste thermique se fait surtout au niveau de l’occlusion située plus au sud, avec au nord de celle-ci des températures proches, voire inférieures à 0°C, et au sud de celle-ci des températures montant rapidement jusqu’à 13 ou 14°C, localement même 15°C. Source : Kachelmann Wetter À faible altitude par contre, c’est l’occlusion située plus au nord qui marque la différence, si bien qu’au nord de celle-ci, il neige et au sud de celle-ci, il pleut. Dans la zone située entre les deux occlusions, la pluie tombe dans l’air froid situé près du sol, et sur un sol lui-même gelé, ce qui fait que cette pluie est parfaitement verglaçante. En Belgique à la mi-journée, cette limite passe un peu au sud de Charleroi et de Namur, et se prolonge vers l’est-nord-est pour passer un peu au sud de Verviers. Cette limite se trouvait un peu plus au sud en matinée, et redescendra à nouveau vers le sud en après-midi. Plus tard dans la nuit, les précipitations neigeuses finiriont par gagner l’ensemble du pays. Ci-dessous, la situation à 13 heures, avec les symboles de neige en bleu et les symboles de pluies verglaçantes en rouge. Source : Kachelmann Wetter À noter qu’à quelques dizaines de kilomètres au nord de l‘occlusion septentrionale, il n’y a plus aucune précipitation. L’ouest et le nord du pays n’ont pas reçu de neige. Les précipitations dans la bande pluvio-neigeuse se propagent vers l’est-nord-est en suivant les occlusions, et se laissent un peu attendre en début de journée. On observe d’abord un altostratus, qui évolue ensuite en nimbostratus pluvieux (gris avec fractus) ou neigeux (blanchâtre et uniforme) selon les endroits. Au nord-ouest de la zone de précipitations, l’altostratus persiste tout au long de la journée. Dans la bande neigeuse, les flocons commencent à tomber vers la mi-matinée au Hainaut, en fin de matinée sur le Brabant Wallon et à Bruxelles, et peu après midi au Limbourg. Ces chutes de neige sont parfois intenses. À Zaventem, on mesure 1 cm (avec en partie de la neige préexistante) à 13 h, 5 cm à 16h, 8 cm à 19h et 10 cm à 22h. En fin de compte, la couche s’épaissira à 11 cm, tout comme à Uccle. Bierset suit à peu près la même évolution, mais arrivera à 14 cm en deuxième partie de nuit. Quelques autres épaisseurs de neige, mesurées le lendemain à 8h : Koersel : 12 cm ; Gosselies : 10 cm mais 1 cm à Passendaele, située au bord extrême de la bande de précipitations. Dans les Hautes-Fagnes, la couche de neige passe de 12 à 23 cm. Au sud du pays, les pluies verglaçantes sèment le chaos. À Florennes, la neige se transforme en pluie verglaçante entre 11h et 14h. La température n’y atteint pas 0°C (max : –0,1°C°). À Saint-Hubert, il pleut tout au long de la journée, avec un maximum de température de –0,7°C. Ce n’est qu’en soirée que la pluie se transformera en neige. La couche de neige préexistante se dégrade d’aulleurs en journée, avant d’être renouvelée en soirée. À Dourbes, il n’a pas du tout de neige au sol en journée, ce n’est que la nuit suivante que le sol deviendrau blanc. Enfin dans la zone à l’ouest d’une ligne Courtrai – Gand – Stabroek, il n’y a pas (ou très peu) de neige, même pas dans le courant de la nuit suivante. Ci-dessous, une carte provisoire des hauteurs de neige dans le pays à 8h le 18 janvier 2024. Source : IRM Les températures dans le pays sont restées partout légèrement négatives même en journée. Il n’y a que le littoral, et une frange ouest et sud du pays qui sont passées légèrement au-dessus de 0°C. Et pour terminer, une image de Forest (Bruxelles) sous la neige, l’après-midi du 17 janvier 2024. Crédit photo : Robert Vilmos 18 janvier 2024 Commençons par les hauteurs de neige de ce matin, 18 janvier, telles que mesurées par l’IRM à 8 heures et par Skeyes ou Meteo Wing à 7 heures : 24 cm (8h) à Mont-Rigi 20 cm (8h) à Stembert (est de Verviers) 16 cm (8h) à Mazy (au sud de Gembloux) 15 cm (8h) à Ransberg (au nord-est de Tirlemont) 14 cm (7h) à Bierset 12 cm (7h) à Beauvechain 12 cm (7h) à Florennes 12 cm (8h) à Rhode-Saint-Pierre (au nord-est de Louvain) 12 cm (8h) à Koersel 12 cm (8h) à Herent (au nord-ouest de Louvain) 11 cm (8h) à Uccle 11 cm (7h) à Zaventem 11 cm (8h) à Sart-Bernard (au sud-est de Namur) 10 cm (8h) à Vaudignies (au sud de Chièvres) 10 cm (8h) à Korbeek-lo (à l’est-sud-est de Louvain) 10 cm (7h) à Gosselies 9 cm (8h) à Sivry 7 cm (8h) à Bièvre 5 cm (8h) à Gouvy 1 cm (8h) à Passendaele Le dégagement du ciel en fin de nuit sur certaines régions, au-dessus d’un sol enneigé, a fortement fait chuter les températures. Bien souvent, le froid ne se fait le plus intense qu’à 9 heures, voire même 10 heures du matin. Parmi les températures les plus basses, on observe –10,3°C à Chièvres (10h) ; –9,0°C à Diepenbeek (10h) ; –7,9°C à Ernage (10h) et –7,4°C à Retie et Kleine Brogel (9h). À Uccle, on observe –5,5°C (9h). Après cela, la température remonte rapidement en raison du côté maritime de l’air polaire, et il dégèle légèrement dans toute la moitié nord-ouest du pays avec des températures de 2 à 4°C. Dans la partie sud-est par contre, le gel se maintien. La neige, quant à elle, reste stable même là où le thermomètre grapille quelques degrés au-dessus de zéro. À Zaventem, la couche passe en journée de 11 à 9 cm. Beauvechain et Florennes restent à 12 cm, Bierset à 14 cm. Même le centre de Bruxelles est enneigé. Crédit photo : Robert Vilmos En journée, le temps est très instable dans la région côtière, Les cumulonimbus y sont nombreux, parfois même accompagnés d’arcus, et les averses sont de pluie, de grésil ou de neige. Parfois on observe un enneigement temporaire du sol. La visibilité, quant à elle, est très bonne, si bien qu’on voit de loin les différentes structures nuageuses. Vers l’intérieur des terres, certaines averses survivent, mais les éclaircies sont généralement plus larges. On observe quelques cirrus, et des cumulus souvent peu développés, avec parfois un peu de stratocumulus d’étalement, mais ici et là une convection plus marquée allant jusqu’à l’averse. Par ailleurs, les averses côtières sont visibles de très loin. Webcam MB – Bruxelles (Schaerbeek) – 18 janvier 2024 à 16h Sur l’est et le sud-est du pays, les brouillards et stratus ont parfois du mal à se dissiper. Du côté de Liège, le temps devient beau l’après-midi avec des cirrus et quelques stratocumulus d’étalement issus des averses occidentales. Dans les Cantons de l’Est, on note des stratus puis cumulus fractus avant un ciel très dégagé l’après-midi. En Ardenne par contre, la grisaille tend à persister. Dans cette partie du pays, même à basse altitude (vallées), la température ne dépasse généralement pas le zéro degré. 19 janvier 2024 Notre pays reste soumis à une circulation de nord-ouest, basculant vers l’ouest, qui contient un air inhabituellement froid pour ce secteur. L’Angleterre, l’Écosse et même l’Irlande connaissent des températures basses, avec des maxima qui, la veille, n’ont presque nulle part dépassé 5°C et qui ont été suivies, ce matin, par un gel quasi généralisé. En Belgique aussi, le gel est quasi généralisé (il n’y a qu’au littoral qu’il ne gèle pas), mais on observe de grandes disparités. Le ciel serein sur un sol enneigé a fait chuter les températures, mais parfois très temporairement, et à des heures fort différentes. À Ernage, la température plonge le soir pour atteindre –7,4°C à 22h, pour ensuite remonter à –3,6°C à 23h. À Schaffen, la température passe de –2,3°C à 0h à –6,5°C à 1h. Elle reste ensuite à ce niveau jusqu’à 4h avant de remonter. À Chièvres, la température est de –2,7°C à 5h et de –7,7°C à 7h avant de faire un plongeon supplémentaire jusqu’à –8,4°C à 9h. À ce moment, des températures inférieures à –10°C sont observées dans le nord de la France. 20 janvier 2024 Un matin localement très froid. Dans les Cantons de l’Est, on observe –19,3°C à 8h à Bullange (565m). Presqu’au même moment (8h10), on mesure –17,2°C à Cobru (457m), au nord-nord-est de Bastogne. La Gaume, toujours à 8h, enregistre des valeurs très basses aussi, avec –12,8°C à Buzenol, –14,1°C à Étalle et –14,9°C à Chiny-Pin (là, le minimum de –15,1°C a été atteint 20 minutes plus tôt). Quelques stations, expressément installées par BMCB dans les « trous à froid », c’est-à-dire des cuvettes, souvent inhabitées, connues pour l’accumulation de froid en cas de nuit radiative, notent des températures plus basses encore. Le lieu-dit « Am Grünen Kloster » (un peu au nord du Camp d’Elsenborn) enregistre –22,8°C tandis que Murrange (sur la bordure ouest de Bullange) enregistre –20,1°C. En l’absence de longues séries, il est évidemment impossible d’évaluer le degré d’exceptionnalité ou non de ces températures. Ailleurs dans le pays, les minima sont plus raisonnables, avec des valeurs de –2 à –4°C, localement –6°C en plaine et –10 à –15°C sur les hauteurs, avec –15,5°C à Elsenborn (7h50). La journée est belle, mais commence parfois avec des stratus ayant quelque mal à se dissiper. À Bruxelles, le ciel se dégage peu après 11h, à Cerfontaine dès 10h. De façon générale sur l’est et le sud-est du pays, le ciel est limpide dès le lever du soleil. Les cirrus, devenant plus nombreux l’après-midi en formant un voile, annoncent un prochain changement de temps. Webcam MB – Cerfontaine – 20 janvier 2024 à 16h Les cartes météorologiques sont déjà celles d’un temps hivernal doux, avec des basses pressions au nord-ouest et des hautes pressions au sud-est. Sauf que l’air doux n’a pas encore atteint nos régions. Mais cela ne saurait tarder, la nouvelle trajectoire des perturbations ne laissant plus aucune chance à l’air froid. Mais en attendant, en ce 20 janvier 2024, les températures restent basses, avec des maxima autour de 0°C en Basse et Moyenne Belgique, et entre –2 et –3°C sur les Hauts Plateaux. Source : KNMI Conclusion Le 21 janvier 2024 marque un jour de transition. Le dégel commence dès la nuit du 20 au 21 en Basse et Moyenne Belgique, atteint la Gaume en fin de matinée (là un minimum de –10,6°C avait encore été observé à Buzenol) et finit par se propager jusque dans les Hautes-Fagnes en soirée. La couche de neige, encore intacte partout (où il y en a) le matin, se dégrade fort durant l’après-midi en Basse et Moyenne Belgique et ne résiste que sur les hauteurs, où la fonte interviendra la nuit suivante. Sur le graphique d’Uccle, on peut voir l’extrême rapidité de la remontée des températures entre 10h (21/01) et 10h (22/01). Source : IRM La cause en est l’arrivée rapide de dépression atlantique « Isha », accompagnée de vents forts. Pendant la nuit du 21 au 22, de nombreuses rafales de 80 voire 90 km/h ont observées. En d’autres termes, la transition aura été de courte durée. Pas de dégel classique donc, lent et accompagné de brouillard, de bruine et de neige fondante au sol, qui fait longtemps splash splash à chaque pas. Quant à la période neigeuse que nous venons de connaître, on peut en dire que dans notre ancien climat, on en voyait une d’équivalente à Uccle un peu moins d’un hiver sur deux. Maintenant, il a fallu attendre onze ans pour en revoir un de cette ampleur. Autrement dit, la neige et le froid se font de plus en plus rares, mais ne disparaissent pas. En terme de froid d'ailleurs, cette 2e décade de janvier se termine sur une moyenne de –0,5°C. Est-ce exceptionnel par rapport au climat d'aujourd'hui ? Non. Pas encore. Des années relativement récentes ont réussi à faire beaucoup mieux. Notamment la période 2009-2013 a été riche en neige et parfois même émaillée d’une véritable vague de froid, comme en février 2012.
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