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cumulonimbus

Reconstruction d’anciennes données de T°

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Bonjour à tous,

Comme j’en ai déjà parlé à plusieurs reprises dans des articles précédents, le plus grand problème d’une station météorologique installée depuis longtemps est l’homogénéisation des données, afin de rendre les mesures du passé comparables à celles du présent.

Sur une longue durée, une série de données parfaitement homogène n’existe pas. Même dans l’hypothèse d’une utilisation constante des mêmes instruments dans un même type d’abri situé exactement au même endroit, la série ne serait pas parfaitement homogène. En effet, l’environnement change avec le temps, il y a le phénomène de l’urbanisation croissante, mais la nature elle-même est également changeante. De petits arbres situés non loin du point de mesure peuvent avoir grandi ou, au contraire, des arbres existants peuvent avoir été déracinés par l’une ou l’autre tempête, à une époque donnée.

Le but recherché est donc d’arriver à des conditions de mesure le plus uniforme possible et, s’il n’est matériellement plus possible de reconstituer ces conditions, d’analyser de façon statistique les points de rupture et d’apporter des correctifs pour arriver à une série homogène.

Dans le présent article, je m’attaquerai à un vieux problème de la station d’Uccle, que j’ai également déjà évoqué à de nombreuses reprises, mais que j’ai étudié cette fois-ci de façon approfondie. Il s’agit de l’abri ouvert et de l’abri fermé.

Pour rappel : les conditions de mesure considérées comme correctes et reconnues actuellement au niveau international sont celles de l’abri fermé. Quel est alors le problème de l’abri ouvert ? Il s’agit en fait de rayonnement indirect qui pénètre dans l’abri ouvert par son ouverture au nord et que le thermomètre absorbe. Le thermomètre a donc, en journée, une température légèrement plus élevée que l’air. La nuit, c’est l’inverse qui se passe. Le thermomètre rayonne lui-même, comme tout autre objet d’ailleurs, et ce rayonnement s’échappe en partie par l’ouverture de l’abri au nord. Le thermomètre devient dont légèrement plus froid que l’air. Le phénomène est moindre la nuit que le jour, mais reste perceptible.

Vous verrez plus loin sous quelles conditions atmosphériques ce rayonnement est minimum ou maximum. Je me contenterai de dire ici que ce rayonnement est variable, ce qui implique que la différence de la température mesurée sous les deux types d’abri n’est pas constante non plus.

Comment procède-t-on pour corriger cette différence ? Lorsqu’une station météorologique change de méthode de mesure, elle mesure pendant tout un temps à la fois selon l’ancienne et la nouvelle méthode pour déterminer les différences, puis pour calculer la moyenne de ces différences et arriver ainsi à un correctif d’homogénéisation.

À Uccle, la comparaison entre les deux types d’abri s’est faite sur une très longue période, qui s’étend de 1968 à maintenant, c’est-à-dire 40 ans. Ceci a permis à l’IRM de mettre au point deux correctifs, qui ont chacun leur utilité bien précise.

Le premier correctif permet de corriger les moyennes mensuelles des maxima et des minima et sont donc calculés par mois. En décembre et en janvier, la différence entre les mesures dans les deux abris est minime en journée et le correctif pour les maxima est très faible, de l’ordre de 0 à 0,1°C. Durant les mois d’été, en raison du fort rayonnement, la différence est maximale et le correctif utilisé est de 1,4°C. Ce qui signifie que la moyenne de juillet 1952 par exemple, encore mesurée sous abri ouvert, sera ramenée à 23,5°C [24,9°C (sous l’abri ouvert) – 1,4°C (correctif) = 23,5°C (ce que la température aurait été si elle avait déjà été mesurée sous l’abri fermé)].

Le deuxième correctif permet de corriger la température pour chaque jour. Par exemple, pour corriger la température du 6 juillet 1952, il faut arriver à un correctif valable pour ce jour-là en particulier. Pour cela, on additionne toutes les températures observées un 6 juillet sous les deux abris pendant la période de leur coexistence (donc à partir de 1968). Ensuite on fait de même avec les deux jours précédents et les deux jours suivants, puis on fait la moyenne des différences sur le tout. Ce qui signifie que pour obtenir le correctif pour un 6 juillet, on fait la moyennes des différences de toutes les valeurs observées un 4 juillet, un 5 juillet, un 6 juillet, un 7 juillet et un 8 juillet. La valeur obtenue est de 1,4°C. Donc le 6 juillet 1952, où l’on a observé 37,1°C sous l’abri ouvert, on a obtenu une valeur de 35,7°C pour ce que cela aurait été sous l’abri fermé. Ceci a permis, entre autres, de confirmer le record du 19 juillet 2006, où les 36,2°C ont été supérieurs au 35,7°C de 1952 (valeur considérée comme homogénéisée). Il subsiste toutefois quelques problèmes sur lesquels je reviendrai.

Si l’on regarde de plus près la courbe des différences, au jour le jour, on voit qu’on obtient une courbe bien « lissée », avec des différences à leur minimum au début de l’hiver (0,0°C) et à leur maximum en été (1,4°C). Cela correspond exactement aux différences obtenues par les calculs mensuels, sauf que les correctifs sont plus précis au printemps et en automne. En avril par exemple, la différence est de 1,0°C. Pour les correctifs au jour le jour, la différence sera de 0,8°C au début du mois et grimpera lentement à 1,2°C à la fin du mois (l’inverse étant vrai pour les mois d’automne). En effet, la courbe des différences moyennes est parfaitement superposable à la courbe de la position du soleil au-dessus de l’horizon aux différentes saisons.

Pour les minima, la situation est plus complexe, mais en compensation, les écarts sont moindres. J’en parlerai plus loin.

Quelle est la fiabilité de ces correctifs ? Elle est très bonne pour la comparaison de longues périodes d’observation. Par exemple, si l’on veut étudier séparément l’évolution des maxima et des minima dans le cadre du réchauffement climatique, on peut disposer grâce à ces correctifs de données très homogènes, avec une marge d’erreur de 0,1°C seulement.

Si l’on veut reconstituer par rapport aux normes actuelles la série décennale 1951-1960, on obtient les résultats suivants (1er chiffre = moyenne des maxima, 2e chiffre = moyenne des minima) :

Janvier.. 05,1 -0,4

Février.. 05,1 -1,0

Mars..... 10,0 02,6

Avril.... 13,1 04,5

Mai...... 17,7 08,6

Juin..... 20,1 11,2

Juillet.. 21,9 13,2

Août..... 21,1 13,1

Septembre 19,2 11,0

Octobre.. 14,7 07,5

Novembre. 09,3 03,7

Décembre. 07,1 02,1

Cette série présente une incertitude de 0,1°C. Cela veut dire, par exemple, que la moyenne des maxima du mois de mai, au cours de la période 1951-1960, est de 17,1±0,1°C. Cela permet donc de très bien comparer cette série décennale à la série 1991-2000, ou à n’importe quelle autre série décennale.

Lorsqu’on applique ces correctifs à un mois d’une année précise, l’incertitude devient plus grande. En effet, l’écart de 0,7°C par exemple, que l’on applique aux maxima du mois de mars, oscille en réalité entre 0,4°C et 1,1°C. Ce qui revient à dire que l’incertitude est de 0,4°C environ autour de la moyenne. La valeur corrigée de la moyenne du mois de mars 1958 pourrait donc s’exprimer comme suit : 7,2±0,4°C. Cela reste mieux que prendre la valeur brute mesurée sous l’abri fermé, mais il faut malgré tout se dire que cette valeur se situe « quelque part » entre 6,8 et 7,6°C.

Pour l’ensemble des correctifs, l’erreur sera inférieure ou égale à 0,4°C dans à peu près 97% des cas (risque d’erreur légèrement plus élevé en été qu’en hiver). On peut donc prendre n’importe quelle valeur mensuelle corrigée (antérieure à 1968) et se dire que ce sera la valeur exacte à 0,4°C près.

Pour la correction au jour le jour, la situation est plus délicate. Pendant les mois d’été, où l’écart moyen entre les deux abris est de 1,4°C, l’écart au jour le jour oscille quant à lui entre 0,2 et 2,5°C (dans la très grande majorité des cas), ce qui veut dire que l’incertitude est de 1,2°C environ. On peut en déduire que la valeur calculée de 35,7°C du 6 juillet 1952 est en réalité de 35,7±1,2°C. Pris sous cet aspect, il n’est plus tout à fait certain que les 36,2°C du 19 juillet 2006 aient réellement été supérieurs à la température du 6 juillet 1952. Dans le cas extrême, cette dernière température pourrait avoir été 36,9°C, donc supérieure au « record » du 19 juillet 2006.

À quoi sont dues ces différences ? En effet, ces différences sont la combinaison de deux différences : une différence aléatoire et une différence liée à la saison et la situation atmosphérique.

La différence aléatoire est celle que l’on ne peut pas éviter. Même en utilisant la même instrumentation dans deux abris similaires, situés non loin l’un de l’autre, on obtiendrait ces différences. Elles sont de quelques dixièmes de degré, 0,5°C au maximum. Elles sont dues au fait que l’air, du point de vue de la température, n’est pas un mélange homogène. En effet, le sol réchauffe l’air par le bas et celui-ci devient turbulent. Des bulles d’air chaud montent et sont régulièrement remplacées par de l’air plus frais des alentours, qui se réchauffe à son tour, etc. C’est ce mécanisme-là qui donne naissance aux fameuses thermiques utilisées lors du vol à voile, mais aussi d’une façon plus générale à la convection. Ces irrégularités sont par ailleurs bien visibles sur les différents graphiques journaliers des stations de MétéoBelgique, où l’on voit très bien que la température oscille sans arrêt de quelques dixièmes de degrés, surtout par temps ensoleillé. Il suffit qu’une oscillation positive apparaisse au moment du maximum pour que celui-ci soit plus élevé. Si, au point de mesure juste à côté, l’oscillation a été négative au même moment, le maximum sera fatalement plus bas et cela, à quelques mètres de distance seulement. En d’autres termes, lorsqu’on observe un maximum de 27,8°C à Uccle, le maximum réel sur le plateau d’Uccle se sera situé quelque part entre 27,3 et 28,3°C. Par contre à l’endroit bien précis où la température a été mesurée, le maximum aura été effectivement de 27,8°C. Ces différences ne sont donc pas dues à l’imprécision des mesures, mais à la réalité très variable de la température de l’air.

La différence liée à la saison et la situation atmosphérique n’est, quant à elle, pas aléatoire du tout, mais bel et bien liée à la différence d’abri. Cette différence est, comme je le disais, due au rayonnement indirect qui influence le thermomètre dans l’abri ouvert, et elle dépend justement de la quantité de rayonnement émise ou reçue par ce thermomètre. Ici, je traiterai à part les maxima et les minima car la problématique est très différente.

Pour les maxima, la différence dépend en premier lieu de la saison. Le soleil très bas de décembre et janvier n’influence guère la température, alors qu’en mai, juin, juillet et août, le rayonnement indirect produit par le soleil situé très haut dans le ciel a de fortes répercussions sur la température mesurée. Encore faut-il que ce soleil soit présent, et pas caché derrière une couche de nuages. C’est là que réside la différence principale des variations au jour le jour des écarts de température. Par temps couvert, la différence entre les deux abris est le plus souvent inférieure à 0,5°C, même en plein été, alors que par temps ensoleillé, cette différence devient souvent supérieure à 1,5°C entre mai et août.

Pour déterminer cette différence, il suffirait donc de se référer aux données d’insolation et de trouver un algorithme qui calculerait la pondération de la différence… Ah ! Si tout était si simple…

En réalité, la différence entre les deux abris ne dépend pas de l’insolation totale au cours de la journée, mais de l’insolation juste au moment du maximum. Ce qui signifie qu’une insolation de 10 minutes sur une journée, si elle tombe au bon moment, peut induire une différence aussi grande que 15 heures d’insolation. Par contre, 3 ou 4 heures d’insolation situées en dehors de la plage horaire où le maximum a été atteint n’ont évidemment aucune influence sur ce maximum. En outre, d’autres facteurs interviennent. Un ciel parfaitement serein ne donne pas nécessairement la radiation maximale. La réverbération sur certains nuages peut encore augmenter le rayonnement indirect. Les plus difficiles à reconstituer sont les températures maximales lorsque la nébulosité tourne autour de 4 octas l’après-midi. Par air polaire direct, lorsque ces 4 octas sont constitué de cumulus congestus et de cumulonimbus éclatants, la différence entre les deux abris tend à devenir maximale. Bien des écarts supérieurs à 2°C ont été observés par ce type de temps, et de tels écarts ont même déjà été observés en dehors de l’été. En contrepartie, les mêmes 4 octas donnent des écarts moindres lorsqu’il s’agit de cirrostratus et d’altostratus translucidus. C’est vrai aussi dans le cas de cumulus qui apparaissent comme « délavés » en raison d’une brume ou d’une brume sèche. Un stratus qui se déchire temporairement en début d’après-midi avant de se reformer juste après peut dans certains cas donner une forte réverbération temporaire et de ce fait fortement influencer le maximum de la température, même en hiver.

En outre, le vent peut également jouer un rôle. Un vent soutenu tendra à diminuer les écarts car la meilleur conduction thermique diminue quelque peu l’excès de chaleur reçue par le thermomètre à la suite du rayonnement indirect. Une journée bien ensoleillée mais venteuse connaîtra donc un écart moindre. Toutefois, ce paramètre est presque impossible à prendre en compte parce que le vent est irrégulier. Si le vent est par moments plus calme à l’instant où le maximum est atteint, ce paramètre n’intervient plus.

Au vu de toutes ces variables, il est donc illusoire de reconstituer de façon précise des températures au jour le jour à l’aide d’un correctif moyen. Tout n’est pas perdu pour autant. Ce qui est le plus intéressant, en général, ce sont les records. Et ceux-là, par chance, se produisent presque toujours sous les mêmes conditions atmosphériques. Les records (et presque records) de chaleur sont pratiquement toujours liés à de l’air tropical continental ou tropical direct, avec un temps bien ensoleillé et un vent faible, tout au plus modéré. Ceci reste vrai pendant presque toute l’année, entre mi-février et mi-novembre (à Uccle). À la fin de l’automne et en hiver (fin février excepté), les records sont le fruit de vents méridionaux forts, soit de type tropical continental, soit de type tropical maritime perturbé. Dans les deux cas, la différence entre les deux abris sera faible en raison du vent et du faible rayonnement du soleil (au cas où il est présent).

Il devient donc parfaitement possible de reconstituer les extrêmes avec des incertitudes ne dépassant guère l’incertitude aléatoire qui est de 0,5°C environ.

Pour les minima, la situation est plus complexe. En effet, une « cassure » de 0,3°C environ a pu être observée dans la différence entre les deux abris à partir de 1983. En effet, avant cette date, les écarts oscillaient en moyenne entre 0,4°C (hiver) et 0,6°C (été). Après cette date, les écarts n’étaient plus que 0,1°C (hiver) et 0,2°C (été). L’explication réside principalement dans le fait que l’heure du relevé des maxima et minima n’était pas la même avant 1983 (8 h dans un cas et 9 h dans l’autre). Pourquoi l’heure du relevé peut-elle influencer les moyennes des minima ?

L’exemple ci-dessous permet de donner une explication.

Soient les températures horaires des journées A, B et C, qui sont consécutives.

Heu. J.A. J.B. J.C.

01 h 17,6 13,1 19,7

02 h 17,2 12,4 19,4

03 h 16,7 12,1 18,7

04 h 15,8 11,6 18,2

05 h 15,2 11,1 17,7

06 h 14,4 10,4 17,4

07 h 13,9 10,7 17,8

08 h 14,5 12,1 20,3

09 h 16,1 13,8 22,5

10 h 19,8 17,2 24,0

11 h 21,7 20,3 25,6

12 h 22,5 22,1 27,3

13 h 23,3 24,6 28,8

14 h 23,7 26,1 30,0

15 h 24,1 27,2 30,4

16 h 24,6 27,5 30,7

17 h 24,5 27,6 30,2

18 h 23,1 26,4 29,8

19 h 22,2 25,1 28,0

20 h 20,7 24,0 27,2

21 h 18,9 22,8 25,1

22 h 17,6 21,9 23,6

23 h 15,9 21,0 22,2

24 h 14,2 20,4 20,7

Le minimum de la journée A a été atteint à 7 h 23 avec 13,7°C

Le maximum de la journée A a été atteint à 16 h 40 avec 24,9°C

Le minimum de la journée B a été atteint à 6 h 12 avec 10,3°C

Le maximum de la journée B a été atteint à 17 h 10 avec 27,7°C

Le minimum de la journée C a été atteint à 5 h 50 avec 17,2°C

Le maximum de la journée A a été atteint à 15 h 30 avec 31,1°C

Lorsqu’on prend le relevé du maximum et du minimum le matin de la journée B, que ce soit à 8 h ou à 9 h, on y verra le maximum de la journée A, qui est de 24,9°C, et le minimum de la journée B, qui est de 10,3°C. Jusque là, pas de problème.

Lorsqu’on prend le relevé du maximum et du minimum le matin de la journée C, que ce soit à 8 h ou à 9 h, on devrait théoriquement y voir le maximum de la journée B, qui est de 27,7°C, et le minimum de la journée C, qui est de 17,2°C. Seulement, ces 17,2°C ne sont pas la température la plus basse de la période de 24 h. La température la plus basse, si le relevé a été pris à 8 h, sera la température à 8 h de la journée B, en l’occurrence 12,1°C. Par contre si le relevé a été pris à 9 h, la température la plus basse sera celle de 9 h lors de la journée B, qui est de 13,8°C. Comme tant les 12,1°C que les 13,8°C sont plus bas que les 17,2°C de la journée C, ce sont ces premières valeurs qui seront notées comme minimum. Donc il y aura une différence selon que les relevés sont pris à 8 h ou à 9 h. Cela se produit généralement lorsqu’une nuit douce suit une nuit froide, et le phénomène est à ce point récurrent qu'il influence les moyennes de 0,3°C environ.

Bien évidemment, ceci n’affecte en rien le minimum absolu du mois. Par contre, le jour qui suit ce minimum absolu pourrait être noté plus haut ou plus bas en fonction de l’heure d’observation (voir explication ci-dessus).

En ce qui concerne les écarts liés aux abris proprement dits, l’écart le plus grand sera observé par ciel serein et temps calme, surtout si le refroidissement est rapide et bref (courtes nuits d’été). Si le refroidissement est plus lent et s’inscrit dans la durée, la conduction thermique entre l’air et le thermomètre va jouer et réduire la perte de chaleur liée au rayonnement. Il s’ensuit que les écarts entre les deux abris sont moindres en hiver. Par temps couvert ou venteux, les écarts sont quasi nuls en toute saison.

Les records (et presque records) de froid sont presque toujours le fruit de courants polaires continentaux entre novembre et mars, avec un air qui tend à rester légèrement turbulent même la nuit. La différence entre les abris est alors de 0,1°C en moyenne. Aux autres saisons, il s’agit généralement d’air polaire direct sous influence anticyclonique. Le vent se calme très fort la nuit, le ciel se dégage et le refroidissement par rayonnement est très rapide. La différence moyenne entre les abris est alors de 0,5°C.

À la lumière de tout ceci, j’ai pu déterminer un correctif tant pour les maxima que pour les minima en situation extrême avec une marge d’erreur inférieure ou égale à 0,5°C dans plus de 90% des cas pour les maxima et dans la quasi totalité des cas pour les minima.

Pour ce faire, j’ai pris par décade les 5 maxima les plus élevés et les 5 minima les plus bas entre 1968 et 2005, puis j’ai calculé la moyenne des écarts entre abri ouvert et abri fermé pour chacune de ces décades. Ensuite, j’ai refait les calculs au niveau du mois entier, en prenant respectivement les 15 maxima et les 15 minima les plus extrêmes. La confrontation de ces 2 séries de valeurs m’ont permis de « lisser » la courbe par décade en éliminant les oscillations aléatoires. J’ai donc obtenu un correctif par décade, qui suit assez bien les écarts moyens journaliers calculés par l’IRM, mais avec des écarts légèrement plus élevées en journée en été. Dans cette courbe, les écarts les plus faibles sont de 0,1°C et se situent au début de l’hiver, les écarts les plus élevées sont de 1,6°C et se situent au début de l’été. Ces calculs n’ont évidemment pas comme but de remettre en question un quelconque aspect du travail de l’IRM. Ici, il s’agit de trouver l’écart adéquat par un type de temps déterminé, celui qui a entraîné le record de température. Il est clair que ces correctifs ne sont pas applicables pour reconstituer une série jour après jour, ni même des maxima ou minima mensuels si ceux-ci ne se rapprochent pas d’un record.

Voici donc la série des valeurs extrêmes d’Uccle reconstituée selon cette méthode, entre 1890 et 2007. Les valeurs à partir de 1968 sont bien entendu les valeurs réelles sous abri fermé puisque celui-ci existait à partir de ce moment.

Janvier.. 1. 14,5 (05/01/1999) -16,8 (08/01/1985)

Janvier.. 2. 15,2 (16/01/1947) -16,9 (20/01/1940)

Janvier.. 3. 14,3 (29/01/1967) -18,6 (23/01/1940)

Février.. 1. 18,5 (10/02/1899) -18,2 (07/02/1895)

Février.. 2. 18,3 (20/02/1990) -17,6 (14/02/1929)

Février.. 3. 19,6 (29/02/1960) -16,6 (23/02/1956)

Mars..... 1. 19,5 (06/03/1989) -10,9 (03/03/1890)

Mars..... 2. 22,5 (17/03/1990) -7,0 (13/03/1932)

Mars..... 3. 23,0 (29/03/1968) -7,4 (24/03/1899)

Avril.... 1. 25,2 (04/04/1946) -4,5 (06/04/1911)

Avril.... 2. 28,7 (15/04/2007) -4,7 (12/04/1986)

Avril.... 3. 27,9 (25/04/2007) -2,4 (21/04/1991)

Mai...... 1. 29,8 (09/05/1976) -1,7 (08/05/1944)

Mai...... 2. 31,0 (12/05/1998) -1,0 (12/05/1927)

Mai...... 3. 32,7 (24/05/1922) 0,2 (22/05/1955)

Juin..... 1. 32,9 (07/06/1996) 0,8 (01/06/1936)

Juin..... 2. 32,9 (20/06/2005) 2,5 (11/06/1955)

Juin..... 3. 37,2 (27/06/1947) 3,4 (27/06/1923)

Juillet.. 1. 35,5 (06/07/1952) 4,4 (01/07/1984)

Juillet.. 2. 36,2 (19/07/2006) 5,2 (12/07/1902)

Juillet.. 3. 34,9 (28/07/1921) 6,2 (21/07/1898)

Août..... 1. 35,3 (04/08/1990) 5,9 (06/08/1987)

Août..... 2. 35,0 (19/08/1932) 5,4 (13/08/1949)

Août..... 3. 33,6 (31/08/1929) 5,3 (24/08/1931)

Septembre 1. 33,7 (04/09/1929) 3,9 (10/09/1944)

Septembre 2. 31,5 (12/09/1919) 2,7 (16/09/1938)

Septembre 3. 28,9 (25/09/1895) 0,4 (24/09/1931)

Octobre.. 1. 27,1 (06/10/1921) -1,3 (07/10/1912)

Octobre.. 2. 25,7 (12/10/1990) -1,6 (20/10/1900)

Octobre.. 3. 23,7 (27/10/1937) -6,6 (28/10/1931)

Novembre. 1. 20,2 (04/11/1994) -5,5 (04/11/1980)

Novembre. 2. 20,3 (12/11/1995) -7,5 (19/11/1902)

Novembre. 3. 18,5 (25/11/2006) -12,7 (27/11/1890)

Décembre. 1. 16,0 (04/12/1953) -12,3 (05/12/1921)

Décembre. 2. 16,7 (16/12/1989) -15,7 (20/12/1938)

Décembre. 3. 15,5 (24/12/1977) -16,6 (30/12/1950)

Hélas, il ne m’a pas été possible de reconstituer les maxima les plus bas observés par décade. Les situations atmosphériques qui les déterminent sont trop différentes les unes des autres et les maxima bas, en été, peuvent être tout aussi bien liés à un ciel couvert et pluvieux (écart entre abris presque nul) qu’à des courants polaires directs (écart entre abris parfois supérieur à 2°C). Ici, devant l’importance des aléas, je n’ai pas cru utile de continuer les calculs.

Il en est de même pour les maxima au jour le jour (toutes situations atmosphériques confondues). Si l’on veut s’en faire une idée quand même, le mieux c’est d’utiliser les correctifs moyens de l’IRM, en tenant à l’esprit que l’aléas est de 1,2°C environ.

À cause de cela, il devient quasi impossible de connaître le nombre de jours de gel, d’hiver, d’été ou de chaleur pour des années antérieures à 1968. Par conséquent, il n’est pas possible non plus de déterminer les vagues de chaleur officielles anciennes. L’année 1919 est susceptible d’avoir connu la vague de chaleur la plus tardive jamais observée, du 9 au 13 septembre, mais la température du 10 septembre (31,2°C sous l’abri ouvert) donne une petite incertitude : elle peut avoir été tout juste au-dessus ou tout juste en-dessous du seuil des 30°C si elle avait été mesurée sous l’abri fermé. Cette incertitude empêche de déterminer si les critères d’une vague de chaleur officielle ont été remplis ou non (même si les 4 autres jours les remplissent à coup certain).

En résumé : les moyennes mensuelles des maxima et des minima peuvent être reconstituées au niveau décennal (et certainement trentenaire) avec une précision presque absolue. Ces mêmes moyennes peuvent être reconstituées avec une incertitude de 0,4°C environ au niveau annuel. Les températures de journées bien précises ne peuvent être reconstituées que si la situation atmosphérique est connue avec certitude, et uniquement si le ciel a été soit (quasi) serein, soit couvert. Sinon, les aléas sont trop grands.

La reconstitution des données avant 1890 posent le problème du déplacement de la station de Bruxelles vers Uccle. Comme la situation géographique n’est pas exactment la même, les différences peuvent être très grandes au niveau des minima (effet de vallée dans le premier cas, effet de plateau dans le second). Les températures proches de –19°C, voire de –20°C qui ont été relevées à plusieurs reprises à l’Oservatoire de Bruxelles n’ont probablement pas été aussi basses sur le plateau d’Uccle. En ce qui concerne la précision des mesures elles-mêmes, on peut signaler qu’entre 1878 et 1890, ces mesures ont été prises sous l’abri ouvert. Avant 1878, ces mesures ont été prises sans abri, à l’ombre et à 3,3 mètres du sol. Il n’existe plus de correctif fiable pour reconstituer ces données. Toutefois, en considérant l’écart moyen entre les maxima et les minima (et en prenant en compte le fait que les relevée concernaient une période de 24 h entre midi et midi), je dirais a priori que l’erreur est moindre que celle de l’abri ouvert. Je crois ne pas trop me tromper en affirmant que ces anciennes données sont fiables à 1°C près, à condition de considérer que ces relevés proviennent de Bruxelles (endroit de l’actuel Botanique) et non d’Uccle.

Cumulonimbus

Source des données utilisées : IRM.

Modifié par cumulonimbus

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Merci Cumulonimbus !!!

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