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Le froid en été

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Le froid en été

On dit qu'en 1816, il a neigé 3 fois à Bruxelles, en début juin, en début juillet et à la fin août.

Hélas, il n'existe aucun document officiel confirmant ces phénomènes. La seule chose qui est sûre, c'est que 1816 (un an après l'éruption du Tambora en Indonésie) a connu un été particulièrement frais, tant sur le continent européen que sur le continent américain.

Depuis 1833 tout au moins, il n'y a eu aucune situation météorologique qui aurait permis de la neige en basse et moyenne Belgique. Le témoignage d'un Bruxelles tout blanc le matin du 17 juin 1866 a été infirmé. Tout au moins, il ne s'agissait pas de neige. Il n'est pas exclu qu'il s'agissent d'une accumulation de grêle. Pour cela, il faudrait aller vérifier dans les anciennes données du XIXe siècle s'il a été fait état de nimbus ou de cumulocirrostratus qui, dans l'ancienne classification de nuages de Howard, correspondaient aux cumulonimbus les plus violents.

On a aussi fait état d'averses de neige à Hasselt (2 juillet 1879), à Turnhout (10 août 1887), à Gand (le 5 août 1888) et à nouveau à Gand (le 31 juillet 1893). Tout cela a été infirmé aussi, sur la base des températures trop élevées observées à Bruxelles (puis à Uccle) tant de jour que de nuit. Un quelconque phénomène neigeux à basse altitude était exclu. Encore une fois, il n'est pas exclu que de la grêle ait été confondue avec de la neige.

Dans les Ardennes par contre, la neige est encore possible en début juin. Ce fut le cas, notamment, en 1975 et en 1991. En 1923, on a même encore vu des flocons le 17 juin. Toutefois, aucun enneigement n'a jamais été observé au sol.

Le froid en été se caractérise donc avant tout par un temps très désagréable, souvent pluvieux et parfois venteux. Les courants polaires directs sont rares en été et ne donnent pas nécessairement les températures les plus froides, vu qu'il ne gèle que partiellement en été au pôle. Habituellement, les températures à Uccle oscillent autour de 8-9°C la nuit et autour de 16-17°C en jourmée pendant les mois de juillet et août. En début juin, cet air peut être nettement plus froid. Le 1er juin 1975, par air polaire direct, un minimum de -1°C a encore été observé à Braine-L'Alleud en Brabant Wallon. Le 3 juin 1991, la température maximale est restée coincée à 9,7°C à Uccle sous de très nombreuses averses.

Toutefois, les situations les plus mauvaises en été sont habituellement les suivantes :

- Une circulation perturbée atlantique avec un anticyclone des Açores très haut en latitude (à l'ouest de l'Irlande) donnant chez nous une circulation de nord-ouest.

- Un complexe dépressionnaire couvrant une grande partie de l'Europe de l'ouest (onde de Rossby mal placée pour nous).

- Une goutte froide en altitude qui s'obstine à rester au-dessus de nos têtes.

Souvent, ces trois situations s'alternent, voire se mêlent au cours d'un même été pourri.

La circulation de nord-ouest (alternance d'air atlantique septentrional et d'air polaire indirect) est encore plus défovable pour nous que l'air polaire direct en raison du manque d'insolation. Or c'est le soleil qui fait monter les températures en premier lieu en été. Un jour couvert donne des températures décevantes même par air méridional. Alors si l'air vient en plus de l'Atlantique nord...

C'est ainsi que des maxima particulièrement bas sont possibles. Le 10 juillet 1980, la température maximale n'a pas dépassé 13,4°C (insolation = 0h00). Le lendemain, il a fait 14,2°C avec une demi-heure de soleil.

Plus près de nous, le 11 juillet 2000, la température maximale a été de 13,4°C aussi, avec une insolation nulle également.

Les complexes dépressionnaires donnent d'ailleurs exactement le même type de temps, sauf en moins venteux, avec de l'air froid qui stagne sur nos régions. Son origine, sinon, est la même, et le manque d'insolation fait que le froid s'auto-entretient.

Un cas plus particulier est la goutte froide isolée, parfois de petite taille, qui reste coincée au-dessus de nos têtes en raison d'une situation de blocage défavorable pour nous. Dans ce cas, le froid se crée chez nous, alors qu'il peut faire chaud, ou tout au moins assez chaud, dans les pays avoisinants. Une telle goutte froide est en fait une basse pression en altitude et l'air s'y refroidit par détente. Ceci provoque une grande instabilité (air d'abord chaud à basse altitude), avec formation d'averses et d'orages persistants ou à répétition. Si la goutte froide ne bouge pas, les averses ne bougent pas non plus et l'air peut se refroidir très fort par la réunion de quatre facteurs :

- les fortes précipitations qui entraînent vers le bas l'air froid d'altitude ;

- l'évaporation partielle des précipitations qui renforcent le refroidissement ;

- l'absence (quasi) totale de soleil sous les nuages qui ne bougent pas ;

- le manque d'air en altitude se répercute dans les basses couches où la pression baisse à son tour si l'air des régions environnantes n'arrive pas à venir assez vite pour compenser. Cette baisse de pression détend l'air et contribue aussi à son refroidissement.

Une telle situation s'est notamment vérifiée les 28 et 29 août 1996, où la température maximale a, respectivement, atteint 14,8°C et 13,6°C sans qu'il n'y ait eu aucune coulée d'air septentrional, la goutte froide remontant à partir du sud-est. Mais il est tombé 113,1 mm d'eau au cours de ces deux jours (56,4 et 56,7 mm) avec 0 heure d'insolation pendant 3 jours (du 28 au 30). Dans les pays autour de nous, aucun maximum particulièrement bas n'a été observé pendant ces deux jours (et même pas partout en Belgique).

Des maxima inférieurs à 13°C ont été observés entre autres en 1909 et 1930, avec des valeurs tournant autour de 12°C (en juillet).

Les températures minimales très basses, quant à elles, sont souvent enregistrées à la fin d'une période de mauvais temps, lorsqu'un anticyclone se développe sur nos régions la nuit après une journée fraîche et pluvieuse. Ce fut le cas, par exemple, le 1er juillet 1984 avec 4,4°C à Uccle (ciel soudain serein avec fort rayonnement). Des gelées ont encore été observées dans les Ardennes ce jour-là.

Plus rarement, des minima bas sont observés par air polaire direct. Ce fut le cas le 6 août 1987 avec 5,9°C. Toutefois, cet air polaire direct était fortement teinté de temps anticyclonique, avec des averses très faibles.

La période de fraîcheur de la fin de ce juillet 2007 se situe très loin des phénomènes décrits ci-dessus.

Sources :

- IRM

- "Klimaatgemiddelde et weerextremen in Belgie" par L. Landuyt et G.D. Schietecat

- Post de Ethereal dans ce forum

- Divers posts de MarcV dans ce forum

Cumulonimbus

Edit : j'oubliais dans mes sources :

- Wetterzentrale Topkarten Archiv der NCEP Reanalysis

Modifié par cumulonimbus

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La période de fraîcheur de la fin de ce juillet 2007 se situe très loin des phénomènes décrits ci-dessus.

Super message une fois de plus Cumulonimbus. thumbsup.gif Toutefois, il me semble que la nuit de ce lundi à mardi a tout de même été particulièrement fraîche avec des températures qui se situaient aux alentours de +3 ou +4°c en certains endroits. La plus basse ayant été enregistrée à Bovigny avec un petit +1,6°c, ce qui n'est tout de même pas rien pour une fin juillet !

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Toutefois, il me semble que la nuit de ce lundi à mardi a tout de même été particulièrement fraîche avec des températures qui se situaient aux alentours de +3 ou +4°c en certains endroits. La plus basse ayant été enregistrée à Bovigny avec un petit +1,6°c, ce qui n'est tout de même pas rien pour une fin juillet !

Certes des températures basses ont été observées aux endroits exposés. Mais cela arrive souvent par temps simplement frais en journée, suivi d'une nuit sereine. Sur l'ensemble du pays, par contre, la nuit n'a pas été remarquablement froide.

Dans les situations extrêmes, il gèle carrément en plein été dans les fonds de vallées, tout comme les parties déprimées des hauts plateaux ardennais (Elsenborn). Le 1er juin 1984, si je me souviens bien, il a fait -1,2°C à Rochefort. Le 16 août 1994, il a fait 0,0°C à Elsenborn, et il doit exister d'autres exemples de gelées encore, peut-être même en Campine ou en Gaume. Il faudrait demander à Piet ou à Philippe. Je crois qu'ils ont ces données.

Cb

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Effectivement, il existe plusieurs autres exemples de gelées.

Pour 1984, à Rochefort, ce n'était pas le 1er juin, mais carrément le 1er juillet que l'on observait -1,2 degrés.

A la même date, on relevait -0,2 degrés au Mont-Rigi, nettement plus haut, mais dans une configuration de "sommet" de plateau.

Sinon, des gelées sous abri ont déjà bel et bien été relevés durant un été "météorologique" en Gaume ou en Campine avec, pour la Gaume, -0,6 degrés à Virton le 21 juin 1964 et, pour la Campine, -1,8 degrés le 1er juin 1975 à Kleine Brogel.

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Super bien décrit, avec toutes les situations météorologiques très bien commentées...mais on pourrait aussi retourner la question : la chaleur en été, jusqu'où ça peut aller ? thumbsup.gif

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