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L'automne en Belgique

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L’automne en Belgique

Introduction

Inconsciemment, on se souvient peut-être de l’année passée pour s’imaginer ce qu’est l’automne. Pourtant l’arrière-saison passée n’est absolument pas représentative du climat belge. Il s’agit là d’un automne tout à fait hors normes.

L’automne normal, et ce n’est un secret pour personne, voit sa température descendre progressivement. Seulement, cette température ne descend pas au même rythme partout. Dans la région côtière par exemple, la température descend moins rapidement qu’ailleurs dans le pays, ce qui fait qu’après septembre, il y fera en moyenne plus doux. Ceci aura également un impact sur les précipitations. Nous verrons cela plus loin.

Dans les Ardennes, par contre, la courbe descendante suit plutôt celle de l’intérieur du pays, avec quelques degrés en moins en fonction de l’altitude. Il existe cependant de nombreuses exceptions, notamment en raison des inversions thermiques.

Air continental et tropical continental

Lorsqu’une situation anticyclonique estivale s’est installée au mois d’août et persiste en septembre, le temps chaud résistera assez bien au début du mois de septembre, mais déclinera rapidement à partir du milieu du mois. En effet, les inversions thermiques formées au sol la nuit et le matin mettront de plus en plus longtemps à se résorber. Vers la fin septembre, cela se passe encore généralement avant la fin de la matinée alors qu’en octobre, il faudra souvent attendre le début de l’après-midi. À partir de la fin octobre, il arrive que l’inversion persiste toute la journée. Si l’air est sec, cela se remarquera par une brume sèche tenace. Si l’air est plus humide, le brouillard ou les stratus bas ne se dissiperont qu’au moment où l’inversion sera résorbée. Si elle persiste, la grisaille restera en place toute la journée, comme c’est souvent le cas en novembre par temps anticyclonique.

Dans la région côtière, la plaine humide favorise les inversions et les brouillards persistants sont plus fréquents. Les hauts plateaux ardennais par contre se situent souvent au-dessus de l’inversion et bénéficient d’un temps ensoleillé et très doux même en novembre, alors que le reste du pays reste dans le brouillard ou, tout au moins, dans la couche d’air frais.

Il va de soi que l’instabilité en journée, à l’intérieur des terres, diminue rapidement aussi avec la saison par ce type de temps. Si les orages au sein d’une masse d’air continental ou tropical continental peuvent encore avoir la force de l’été en début septembre, la convection deviendra de plus en plus difficile par la suite. Les orages frontaux qui mettent fin à une période de beau temps perdent en énergie aussi (contraste moindre entre l’air continental et l’air maritime qui suit). À partir d’octobre, il ne s’agit le plus souvent que de simples averses, sans orages. En novembre, il arrive que la fine couche froide emprisonnée sous l’inversion soit plus froide que l’air situé derrière le front froid. Ce dernier se transformera alors en pseudo-front froid avec juste un peu de pluie, et l’élimination du brouillard par la suite.

Dans le cas d’air continental tropical ou d’air tropical direct, les températures en basse et moyenne Belgique peuvent encore atteindre environ 34°C durant la première décade de septembre, 31°C au cours de la deuxième et 29°C durant la troisième. En octobre, ces valeurs sont respectivement de 27°C, 26°C et 24°C. En Campine et en Gaume, on peut rajouter 2°C à ces valeurs. À la côte, les valeurs peuvent être élevées aussi si la brise de mer n’intervient pas. Par très hautes températures en automne, le régime de brise de mer y est similaire à celui de l’été, avec toutefois une période de jour plus courte, au profit de la nuit.

En novembre, c’est souvent dans les Ardennes qu’on observe les plus hautes valeurs, proches de 20°C. Si le vent est suffisamment fort, les mêmes 20°C peuvent aussi être observés ailleurs dans le pays.

Pour les Hautes Fagnes, on peut dire en gros que 30°C sont possibles en septembre, 25°C en octobre et 20°C en novembre.

Air tropical maritime

L’air tropical maritime perd aussi progressivement son instabilité au cours de l’automne. Les températures, encore proches des 30°C au début septembre, n’atteindront plus que 22-23°C vers la mi-octobre, mais resteront autour des 16-18°C pendant tout le mois de novembre.

En septembre, les cumulonimbus pourront encore se former aisément. En octobre, on observera souvent des cumulus humilis et médiocris, avec beaucoup d’altocumulus (tout comme en septembre). En novembre, ce seront les stratocumulus qui s’offriront la plus grosse part du gâteau. Dans les éclaircies, on verra également les altocumulus.

Les perturbations tendront à se rapprocher plus de notre pays aussi, avec des passages plus nuageux et un risque de pluie (altostratus épais ou nimbostratus). En septembre, ces perturbations prendront encore un caractère instable à la suite des températures très élevées.

Vu la répartition des pressions (anticyclone à l’est et dépressions à l’ouest), on peut dire que le temps est en moyenne plus beau sur l’est du pays que sur l’ouest. Les courants tropicaux maritimes (voire directs) sont en outre plus fréquents en automne qu’aux autres saisons. Cela s’explique par un océan encore chaud qui favorise les basses pressions et un continent déjà plus froid qui favorise les hautes pressions.

Masses d’air atlantique perturbé

Si en septembre, ces masses d’air sont encore assez fraîches, elles sont déjà relativement plus douces que la moyenne des autres masses d’air en octobre. Cela ne veut nullement dire qu’il fait plus doux en octobre qu’en septembre, seulement que le refroidissement est assez lent. Au centre du pays, les températures en journée se situent en septembre entre 16°C et 21°C (presque comme au mois d’août par temps perturbé). En octobre, ces valeurs se situeront entre 12 et 17°C et en novembre, entre 8 et 14°C.

À la côte, il fera encore légèrement plus frais au début septembre, légèrement plus doux en octobre et nettement plus doux en novembre. Les températures minimales, quant à elles, y sont déjà beaucoup plus douces dès le début de l’automne. En outre, ces températures plus élevées favorisent les précipitations. En effet, l’automne est plus humide à la mer qu’à l’intérieur des terres alors qu’au printemps, c’est justement l’inverse.

Dans les Ardennes, le temps est plus froid en fonction de l’altitude. Il faudra toutefois tenir compte du fait que l’air, forcé à s’élever, se refroidit parfois davantage (adiabatique de 1°C par 100m) que le gradient de la masse d’air dans son ensemble. Il en résulte parfois un temps étonnamment froid dans les Hautes Fagnes. Les précipitations, par ce même phénomène d’ascension forcée, sont plus abondantes aussi. Tout à la fin de l’automne, la combinaison du fort refroidissement et des fortes précipitations peuvent donner par surprise des chutes de neige, difficilement prévisibles.

D’une façon générale dans le pays, on observe une alternance de passages perturbés (cirrus – cirrostratus – altostratus – nimbostratus avec pluie) et de passages instables (cumulus et cumulonimbus avec averses). Plus la saison avance, plus des stratocumulus risquent de masquer partiellement, pour un observateur au sol, la suite habituelle des nuages. En novembre, on verra classiquement défiler des stratocumulus, puis des nimbostratus avec pluie, puis des stratocumulus doublés de cumulus avec quelques éclaircies et quelques cumulonimbus donnant des averses, avant que les stratocumulus ne couvrent à nouveau entièrement le ciel lors du passage de la crête anticyclonique mobile. Lorsque le courant d’ouest faiblit, des stratus sont également fréquents, tant dans les secteurs chauds des perturbations que lors du passage des crêtes anticycloniques à l’arrière.

Les Ardennes connaissent des brouillards fréquents. En effet, ils se trouvent déjà dans les stratus, stratocumulus ou nimbostratus. Dans les environs immédiats de la mer, les cumulonimbus dans les ciels de traîne sont nettement plus actifs en raison de l’eau plus chaude. Les averses sont donc plus intenses, avec possibilité d’orages et même de grêle, le tout accompagné de vent soutenus, voire très forts.

La saison des tempêtes commence aussi en octobre. Dans nos régions, les plus fortes tempêtes donnent aux endroits exposés des vents moyens de 100 à 110 km/h avec des rafales jusqu’à 150 km/h (exceptionnellement 160 km/h).

Les courants polaires maritimes

Ces courants donnent un temps particulièrement désagréable sur nos régions, avec un vent froid soufflant par rafales et de très nombreuses averses. Les températures maximales se situent alors autour de 15°C vers la mi-septembre, 11°C vers la mi-octobre et 7°C vers la mi-novembre dans le centre du pays. À la côte, on pourra ajouter à cela environ 2°C tandis qu’il faudra retrancher 5 à 6°C pour les Hautes-Fagnes. La neige et le gel ne concernent toutefois que les Ardennes en fin de saison (automnale).

En général, les précipitations sont les plus intenses d’une part au littoral en raison de la mer plus chaude, et d’autre part sur les contreforts septentrionaux des Ardennes en raison de l’ascendance forcée de l’air.

Il faut toutefois savoir exactement quelle est la direction du courant à moyenne altitude. Si ce courant vient d’ouest-nord-ouest, la partie la plus occidentale du pays est protégée des averses en raison de l’écran formé par les Îles Britanniques. Il peut y faire même beau, avec quelques cumulus et des températures raisonnables pour la saison. C’est souvent le cas dans la région de Tournai, Ypres, Dixmude voire même Coxyde et la partie ouest de la côte belge. Par contre, si le courant est plutôt de nord-ouest, l’écran formé par les Îles Britannique ne joue plus et, notamment dans la bande côtière, les averses sont à nouveau très fortes.

Pour les Ardennes, par contre, cela ne fait aucune différence.

Masses d’air polaire direct

En automne, ces masses d’air s’apparentent aux masses d’air polaire maritime, mais avec encore quelques degrés en moins et des averses encore plus fortes. Des gelées deviennent alors possibles pour l’ensemble du pays, littoral excepté, dès la fin octobre. Les averses de neige, quant à elles, peuvent être extrêmement précoces (fin octobre au littoral, début octobre en moyenne Belgique et mi-septembre dans les Hautes Fagnes). Toutefois en basse et moyenne Belgique, la neige a du mal à tenir au sol en automne, même en novembre. Il arrive cependant que les averses sont tellement intenses que la neige n’a pas le temps de fondre et que les accumulations deviennent même impressionnantes. En 1973, on a observé 34 cm à Uccle à la fin du mois de novembre, tandis qu’on mesurait 81 cm à Botrange.

Plus récemment, en 2005, un polar low repris dans des courants polaires directs nous a valu 21 cm de neige à Uccle à la fin du mois de novembre.

Ce qui est caractéristique aussi avec ces masses d’air, ce sont les éclaircies nocturnes et le refroidissement qu’on note à l’intérieur des terres tandis que les averses, parfois orageuses, persistent au littoral. Il arrive même qu’on puisse observer de très loin ces éclairs à l’horizon, avec un ciel parfaitement étoilé au-dessus de nos têtes.

Masses d’air polaire continental

Il s’agit des courants de nord-est générés par un blocage « high over low ». En septembre déjà, ils nous donnent une impression de fraîcheur bien que les températures maximales soient encore légèrement au-dessus des normes grâce à l’ensoleillement. En fait, le lieu d’origine de ces masses d’air se refroidit très rapidement, ce qui rend l’air instable et turbulent en se réchauffant dans les basses couches lors de son parcours vers notre pays. Il en résulte un vent soufflant par rafales. La nuit, ce vent se calme et les températures minimales peuvent déjà se révéler très basses. Par la suite, en octobre et surtout en novembre, le temps devient froid même le jour, généralement avec du soleil mais parfois aussi avec des stratus (de turbulence) persistants.

Lorsque le courant de nord-est vient de suffisamment loin (réunion de l’anticyclone des Açores avec l’anticyclone de Sibérie), le temps peut devenir extrêmement froid. À Uccle, les premières gelées ont été observés au début du mois d’octobre. À la fin du mois d’octobre, il peut déjà faire –6°C et à la fin novembre, des température de -12 à –13°C ont déjà été observées (en 1890). Actuellement, -10 à –11°C devraient encore être possibles. Les premières gelées permanentes ont quant à elles été observées au début du mois de novembre.

Ailleurs dans le pays, ce sont surtout les vallées et les zones déprimées des hauts plateaux qui sont exposées aux températures très froides. À Elsenborn, -10°C sont déjà possibles en début novembre tandis qu’on y a déjà vu des températures proches de –16°C à la fin du mois.

D’ordinaire, les courants polaires continentaux sont très secs et il ne neige pas. Toutefois, des retours d’est sont possibles et ceux-là peuvent même donner de la neige très tôt. En 1975, on a observé des chutes de neige en divers endroits du pays entre le 10 et le 13 octobre, avec même 2 cm à Botrange le 11 octobre.

La côte connaît des conditions apparemment moins rigoureuses dans ce cas, puisque la température y est plus élevée et qu’on n’observe généralement ni neige, ni verglas. Toutefois, le contraste entre l’air froid et la Mer du Nord encore chaude est alors particulièrement marqué, ce qui rend l’air très turbulent, avec une impression de froid parfois plus forte qu’à l’intérieur des terres.

Conclusion

Ceci, bien sûr, n’est qu’un aperçu de ce qui peut exister en automne en Belgique. En tous cas, jusqu’à présent, je n’ai pu constater qu’une très mince corrélation entre les conditions estivales et celles de l’automne qui suit. Il est vrai qu’un été caniculaire augmente quelque peu la probabilité d’un automne chaud par des effets de retour (Mer du Nord restant longtemps trop chaude par exemple). Toutefois, des périodes chaudes en automne peuvent aussi se produire après un été médiocre. La seule vague de chaleur (5 jours > 25°C dont 3 > 30°C) qui s’est produite à Uccle en septembre date de 1919, après un été particulièrement mauvais.

Cumulonimbus

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Quel long article tongue.gif

Je m'en vais lire tout ça, mais je sais déjà d'avance que ça va me passionner thumbsup.gif

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De ce fait, très intéressant, je vais l'imprimer thumbsup.gif

Cumulonimbus, pour faire des articles comme ça, tu es un as laugh.gif

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Merci Cumulonimbus !!

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Merci Cumulonimbus pour cet article..... thumbsup.gif

En espérant voir de la snow.gif assez tôt cet automne!!! whistling.gif

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Merci vraiment interessent smile.gif

Et moi j'espere avoir le même automne que l'année passé rolleyes.gif

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Super bien complet et maintenant tu peux nous faire le même sur l'hiver !

tongue.giftongue.giftongue.gif

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