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Les Forums de MeteoBelgique
Piet

Les inversions

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Belle illustration ce matin de la notion un peu trop "fourre-tout" que l'on fait avec les inversions (la t° minimale dans les stations synoptiques belges a été la plus basse à Elsenborn avec -7.9°C...).

Dans les situations hivernales, on entend souvent le terme "inversion" quand deux types d'inversions viennent en réalité se coupler.

-La première est une inversion dite "de rayonnement": le sol s'est refroidit par émission d'infrarouge (non compensés s'il n'y a pas de couche nuageuse pour renvoyer une partie de ces infrarouges vers le bas) et a refroidit par la même occasion l'air proche de ce sol. En l'absence de vent pour brasser le tout, les basses couches vont se refroidir fortement et, durant les fins de nuits claires et sans vent, on retrouvera au-dessus du sol une inversion de rayonnement, quelle que soit la saison (en été aussi, même si elle sera moins marquée).

En général, on la retrouve sur maximum 300m d'épaisseur au-dessus du sol et elle se résorbe en cours de journée si le rayonnement solaire est suffisant.

INVERSION DE RAYONNEMENT (la courbe de gauche est celle des t° de rosée):

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-La deuxième est une inversion dite "de subsidence": on peut la retrouver partout où des mouvements subsidents (descendants) sont présents et notamment dans les zones soumises à un régime anticyclonique.

Cette inversion est présente en altitude et, plus la subsidence perdure, plus cette inversion peut descendre et devenir marquée (parfois 10 à 15°C sur 100 à 200m).

En général, l'inversion de subsidence ne s'aventure guère en dessous de 1000 à 1500m selon la saison et, sous celle-ci, subsiste une couche plus turbulente (aux saisons où le soleil n'est pas trop faiblard, les mouvements convectifs dans les basses couches en journée aident à maintenir cette inversion suffisamment haute).

INVERSION DE SUBSIDENCE:

user posted image

-Si les basses couches sont humides, cette inversion s'accompagne souvent d'une couche de stratocumulus confinée en dessous (qui peut se dissiper partiellement ou totalement si le réchauffement diurne est suffisant, mais pourra ensuite se reformer par étalement des nuages cumuliformes l'après-midi).

-Si les basses couches sont humides et instables (essentiellement le jour), il s'agit plutôt d'un mixte de cumulus doublés de stratocumulus (étalement des cumulus sous l'inversion, comme indiqué juste au-dessus).

-Si les basses couches sont sèches, c'est souvent du ciel bleu ou tout au plus de petits cumulus à faible extension verticale ("de beau temps").

Il existe évidemment des centaines de nuances entre ses comportements "types", mais il faut rentre dans l'interprétation des sondages pour les illustrer et ce n'est pas le but ici

Au passage, on remarque souvent au niveau de cette inversion un changement de direction et un renforcement du vent.

Cette inversion se distingue d'autre part des inversions frontales car elle s'accompagne d'une remontée des t° en air libre avec l'altitude, mais en parallèle d'une descente vertigineuse des t° de rosée avec l'altitude (au-dessus de cette inversion, on rentre dans de l'air asséché par les mouvements subsidents).

Une inversion liée à un front chaud s'accompagne par exemple d'une zone (souvent saturée et accompagnée de nuages stratiformes) où les t° remontent avec l'altitude (ou ne décroissent pratuqement plus), TOUT COMME les t° de rosée.

INVERSION FRONTALE:

user posted image

Revenons-en à l'inversion que nous appellerons sympatiquement " l'inversion de la boulangère":

Il arrive, particulièrement à cette période de l'année et durant les situations anticycloniques persistantes, que l'inversion de rayonnement près du sol n'arrive plus à se résorber: la durée du jour est trop courte et les rayons solaires trop obliques (presque "horizontaux") pour réchauffer efficacement le sol. Les nuages bas et le brouillard peuvent de surcroît limiter encore plus tout réchauffement diurne (mais ils empêcheront également durant les nuits que le mercure chute encore davantage).

Bref, on se retrouve avec des basses couches froides, stables, souvent humides (nuages bas, brouillard givrant). Le vent et la turbulence dans ces basses couches sont faibles, voire nulles.

Si la situation y est propice, l'inversion de subsidence va descendre de plus en plus et "surmonter" l'inversion de rayonnement (histoire d'en remettre une couche!).

On retrouve alors au niveau des sondage une inversion persistante et très marquée (généralement le résultat d'une superposition de l'inversion de rayonnement et de l'inversion de subsidence, comme expliqué juste avant).

Ajoutons aussi que la subsidence n'est pas toujours la seule responsable.

Souvent, le réchauffement en altitude s'expliquera par la subsidence, mais aussi parfois par l'advection d'air doux (indépendemment de la subsidence) à divers niveaux et dont profitera seulement l'Ardenne, cet air doux n'arrivant pas à "décoller" la pellicule d'air froid et lourd qui stagne en plaine.

INVERSION DE LA BOULANGERE (ce n'est pas son vrai nom...je dis ça au cas où):

user posted image

C'est alors que les gens utilisent souvent le terme générique d' "inversion" car, bien que des inversions soient présentes à d'autres moments et à diverses altitudes (en plus des cas cités plus hauts, on pourrait encore parler de l'inversion de t° permanente qu'il existe au niveau de la tropopause, etc etc), c'est durant ces périodes qu'elles apparaissent comme les plus spectaculaires et les plus "palpables" pour nous.

-Un des effets néfastes

L'effet le plus néfaste de ce type de temps est la pollution. En effet, cette inversion joue comme un couvercle empêchant les polluants de se dispercer verticalement et l'absence de vent dans les basses couches n'aide pas davantage leur dispersion horizontale.

Si la situation perdure, les particules polluantes s'accumulent et la qualité de l'air devient déplorable. Comme ces particules jouent le rôle de noyaux de condensation et que leur concentration augmente, les stratus peuvent finir par donner des précipitations avec des épaisseurs (du stratus...) qui, en tant normal, seraient trop faibles pour donner ces précipitations.

C'était le cas à Liège ce matin où de fins flocons tombaient (le phénomène est souvent plus marqué près des zones polluées où les noyaux de condensation sont plus nombreux).

Avec tout celà, le mieux dans ce genre de situation de monter sur les hauteurs de l'Ardenne. L'air y sera moins pollué, plus doux et plus sec.

-Mais là aussi, il faut éviter les généralités...

Certes l'Ardenne connaîtra des températures globalement plus douces durant ces phénomènes d'inversion. Cette différence s'expliquera essentiellement par la présence d'air plus doux et plus sec (donc se réchauffant plus facilement la journée) en altitude, à laquelle viendra parfois se rajouter la différence d'ensoleillement si la Basse Belgique reste coincée sous les nuages bas.

Durant la nuit, les sommets des plateaux ardennais vont conserver des températures assez douces, mais attention, comme notre relief connaîtra des nuits claires, peu venteuses et que l'air en altitude est très sec (donc favorable à refroidissement plus marqué la nuit), on notera de forts contrastes d'un endroit à l'autre et les cuvettes d'altitude continueront de se refroidir nettement la nuit (formation à l'échelle locale de véritables petits "lacs d'air froid").

Dans les stations synoptiques belges, la minimale la plus basse de ce matin n'était pas observée en Basse Belgique, mais au camp militaire d'Elsenborn (570m) avec -7.9°C alors qu'à quelques km de là, le plateau des Hautes Fagnes n'est presque pas descendu sous 0 degré.

Une station comme l'aérodrome de Spa (490m), située dans un site se refroidissant moins durant ce type de nuit (surtout par vent de sud-est), a enregistré une minimale de +1.6°C, soit presque 10°C d'écart avec Elsenborn...

Biensûr, la pellicule d'air froid qui s'est reformée dans les dépressions d'altitude est mince (et surmontée d'air très doux), de sorte que la t° remonte généralement en flèche dans ce type de sites (Elsenborn peut très bien observer un maximum supérieur aux crêtes avoisinantes, pourtant bcp plus douces la nuit).

Bref, si une inversion de température sur un sondage (donc en "air libre") se traduit souvent par une inversion de température au niveau des observations météo sur le plancher des vaches, il y a quand même de grosses nuances à apporter.

Un sommet (surtout s'il est "pointu" et "isolé") va en général suivre l'évolution des températures en air libre (sans que sa t° soit exactement celle de la t° en air libre), tandis que là où l'influence du sol est plus prépondérante (dans la plupart des cas), les évolutions se feront souvent plus en amplitude par ciel clair, avec une infinité de nuances en fonction du type de site (vallées, cuvettes, plateaux, versant nord, versant sud), de l'insolation, de la vitesse du vent, de l'exposition du site par rapport au flux général, de la présence de neige au sol (refroidissement nocturne plus marqué et réchauffement en journée limité par cette couche de neige), etc etc etc...

Et encore etc...

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Super explications Piet ! Merci. thumbsup.gif

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Merci pour cet exposé très clair Piet! thumbsup.gif

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Merci Piet,tes explications sont claires et détaillées.

Je les ai copiées dans mes documents.

Je ne t'apprend rien en te disant qu'ici à Chênée(vallée),le soleil perce difficilement à travers le brouillard...Et lorsqu'on aperçoit son disque dans la brume,on constate que cette dernière se déplace dans le sens NO/SE,et non dans le sens du vent d'Est.

Le sol reste gelé depuis deux jours;dans l'air,à 1M50,j'observe -2°5C. et la pression de 1036H.P. a tendance à légèrement baisser.

Bon après-midi. thumbsup.gif

Modifié par papa110

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Merci beaucoup Piet pour cet article qui convient tout à fait aux circonstances thumbsup.gif

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Merci wink.gif

Toutefois, pour mes poumons, je regrète parfois dans ce genre de situation de ne pas vivre en Ardenne.

Si ces chiffres vous parlent, je vous conseille d'aller jeter un oeil aux concentrations en particules fines sur le site d'IRCEL-CELINE...

les 725 ug/m3 ont été atteints à Marchienne-au-Pont ce 20/12 en millieu d'après-midi (en valeur instantannée, pas en valeur moyenne): peut-être du jamais vu, même là-bas...

Encore actuellement 325 ug/m3 pour la moyenne des 24 dernières heures (quand on sait que la norme que l'on recommande de ne pas dépasser est de 50 ug/m3...).

Et même si les pics sont atteints dans ce genre de lieu, ne nous y trompons pas, toute la basse Belgique est touchée par cette infecte pollution.

@JF: tu es sûr de vouloir faire ton jogging demain matin?

Modifié par Piet

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les 725 ug/m3 ont été atteints à Marchienne-au-Pont ce 20/12 en millieu d'après-midi (en valeur instantannée, pas en valeur moyenne): peut-être du jamais vu, même là-bas...

Cette station enregistre souvent le taux de pollution le plus élevé.

Elle se trouve non seulement au carrefour de la N90 (route de Mons) et de la N579, et à côté des usines de Thy-Marcinelle sad.gif

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les 725 ug/m3 ont été atteints à Marchienne-au-Pont ce 20/12 en millieu d'après-midi (en valeur instantannée, pas en valeur moyenne): peut-être du jamais vu, même là-bas...

Cette station enregistre souvent le taux de pollution le plus élevé.

Elle se trouve non seulement au carrefour de la N90 (route de Mons) et de la N579, et à côté des usines de Thy-Marcinelle sad.gif

Ils en ont parlé hier sur la Une, et bien Charleroi bat de nouveau les reccords pour toute la Belgique. dry.gif Je vais aller à l'école avec une combinaison pour aller rechercher mon bulletin, c'est plus sûr. laugh.gif

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les 725 ug/m3 ont été atteints à Marchienne-au-Pont ce 20/12 en millieu d'après-midi (en valeur instantannée, pas en valeur moyenne): peut-être du jamais vu, même là-bas...

Cette station enregistre souvent le taux de pollution le plus élevé.

Elle se trouve non seulement au carrefour de la N90 (route de Mons) et de la N579, et à côté des usines de Thy-Marcinelle sad.gif

Ils en ont parlé hier sur la Une, et bien Charleroi bat de nouveau les reccords pour toute la Belgique. dry.gif Je vais aller à l'école avec une combinaison pour aller rechercher mon bulletin, c'est plus sûr. laugh.gif

Et bien moi je vais prendre mon APN, et je vous ferai une belle photo du "smog" sur Charleroi. Hier du col de Landelies, on pouvait voir toute la crasse accumulée dans le ciel carolo.

Mais d'après ce que j'ai entendu dire, les usines de Thy-Marcinelle tournent maintenant en régime réduit, et ce en raison de la pollution.

Mais les deus prochains jours s'annoncent très mauvais au niveau pollution sad.gif

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les 725 ug/m3 ont été atteints à Marchienne-au-Pont ce 20/12 en millieu d'après-midi (en valeur instantannée, pas en valeur moyenne): peut-être du jamais vu, même là-bas...

Cette station enregistre souvent le taux de pollution le plus élevé.

Elle se trouve non seulement au carrefour de la N90 (route de Mons) et de la N579, et à côté des usines de Thy-Marcinelle sad.gif

Ils en ont parlé hier sur la Une, et bien Charleroi bat de nouveau les reccords pour toute la Belgique. dry.gif Je vais aller à l'école avec une combinaison pour aller rechercher mon bulletin, c'est plus sûr. laugh.gif

Et bien moi je vais prendre mon APN, et je vous ferai une belle photo du "smog" sur Charleroi. Hier du col de Landelies, on pouvait voir toute la crasse accumulée dans le ciel carolo.

Mais d'après ce que j'ai entendu dire, les usines de Thy-Marcinelle tournent maintenant en régime réduit, et ce en raison de la pollution.

Mais les deus prochains jours s'annoncent très mauvais au niveau pollution sad.gif

Et il y a aussi la vitesse des voitures: si j'ai bien compris hier à la tv, les voitures ne peuvent plus dépasser une certaine vitesse et ce à cause de la pollution.

Je me demande si a sert vraiment à grand chose ou pas...? huh.gif

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undefinedElle se trouve non seulement au carrefour de la N90 (route de Mons) et de la N579, et à côté des usines de Thy-Marcinelle

Hé bien non elle se trouve sur la place de Marchienne au pont en contre-bas du pont qui enjambe la Sambre sur le chemin de hallage, par léger vent elle capte les gaz des pots d'échapements arrêter aux feux rouge, voir sur www.irceline.be (localisation) en bas l'image à droite la place et à gauche la Sambre dans le fond de l'image à droite des caravannes des gents de voyage)

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Ce matin, 16 ° de différence entre la station de Bellevaux (alt. 330m) et la station de Botrange (alt 670m), ces deux stations sont situées à une dizaine de km l'une de l'autre!

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Le plus intéressant encore dans ce genre de situation, ce sont les contrastes qu'il existe entre deux points d'altitude similaire.

Un exemple: les minima et maxima obervés à l'aérodrome de Saint-Hubert et au camp militaire d'Elsenborn...

Aérodrome de Saint-Hubert (+/- 550m): min -0.6°C / max +9.7°C / amplitude 10.3°C

Camp militaire d'Elsenborn (+/- 570 m): min -9.7°C/ max +11.8°C / amplitude 21.5°C

De part les différences de site, l'un reste influencé par la subsidence la nuit (sommet de plateau) et garde des minima modestes alors que l'autre descend en flèche car il collecte l'air froid. Comme cette "flaque" d'air froid est très mince et surplombée d'air doux, la température d'Elsenborn remonte très rapidement en journée et rattrape les doigts dans le nez sa station rivale...

Au meilleur moment de cette remontée, la t° d'Elsenborn a grimpé de 6.3°C en une heure.

Et au passage, quelle amplitude (+21.5°C) à cette saison!

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On se paie une des plus belles inversions qu'on a jamais eue.

Un exemple: j'habite à 200 mètres, et j'ai eu - 5,0°C ce matin. Et Météomax, qui habite aussi à 200 mètres, a eu dans les -7 je pense (il confirmera s'il passe sur le forum ce soir wink.gif )

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On se paie une des plus belles inversions qu'on a jamais eue.

Un exemple: j'habite à 200 mètres, et j'ai eu - 5,0°C ce matin. Et Météomax, qui habite aussi à 200 mètres, a eu dans les -7 je pense (il confirmera s'il passe sur le forum ce soir wink.gif )

Oui je peux confirmer, hier la température minimale que ma station a enregistrée fut -7.6°C à 7h14.

Très bel exemple d'inversion smile.gif

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